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» point le bon grain, et la tempête n'arrache » point un arbre solidement enraciné: c'est la ⚫ paille légère que le vent emporte.... C'est ainsi que les fidèles sont éprouvés, et que les infi» dèles sont découverts: c'est ainsi qu'avant même » le jour du jugement il se fait ici une séparation des justes d'avec les injustes, et que le bon » grain est séparé d'avec la paille. » C'est ce que l'expérience montre sensiblement. Quels hommes font les schismes et les hérésies? Ce sont des hommes savants, curieux, critiques, pleins de leurs talents, animés par un zèle âpre et pharisaïque pour la réforme, dédaigneux, indociles et impérieux : ils peuvent avoir une régularité de mœurs, un courage roide et hautain, un zèle amer contre les abus, une application sans relàche à l'étude et à la discipline; mais vous n'y trouverez ni douceur, ni support du prochain, ni patience, ni humilité, ni vraie oraison. « O Père, Seigneur » du ciel et de la terre, s'écrie Jésus-Christ', je >> vous rends gloire de ce que vous avez caché » ces choses aux sages et aux prudents, et que » vous les avez révélées aux petits. » Il dit encore 2: « S'il y a un enfant de paix, c'est sur lui » que votre paix reposera. »

| romaine: sans raisonner, il instruit plus que tous les savants qui raisonnent. On goûte en lui la bénignité du Sauveur, la douceur et la modestie de Jésus-Christ. Il fait sentir que l'Église qui porte de tels saints n'est pas stérile; et qu'elle est encore, selon la promesse, pleine de l'esprit des premiers siècles.

L'estime et l'amitié que j'ai pour vous, monsieur, m'engagent à demander souvent deux choses à Dieu; souffrez que je vous le dise ici. La première est qu'il vous fasse la grace de rendre à la véritable Église visible ce qui lui est dû. Ce n'est pas assez de l'aimer, de l'estimer dans votre cœur, de ne lui point imputer les excès que d'autres lui imputent, et de trouver de la consolation à participer à son culte quand vous le pouvez: il n'a jamais été permis de sortir de son sein si elle n'est pas idolâtre, et il n'est pas permis de retarder à y rentrer si cette idolâtrie est imaginaire. L'esprit du Sauveur est un esprit de paix, d'amour et d'union; il a voulu que les siens fussent consommés dans l'unité: il ne s'est pas contenté d'une unité intérieure et invisible, il a voulu une unité intérieure et extérieure tout ensemble, en sorte que ce fût à ce signe visible

Je suis, monsieur, très-sincèrement, tout à et éclatant qu'on reconnût ses vrais disciples '.

vous.

LETTRE VII.

Nécessité de rendre au plus tôt à la véritable Église la soumission qui lui est due: avoir en horreur cette réforme sèche et hautaine qui rompt l'unité, sous prétexte de

remédier aux abus : marcher dans la voie de la pure foi, qui porte à l'humilité et à la défiance de soi-même.

Il est vrai, monsieur, que j'allai à Bruxelles l'automne dernière; mais ce voyage fut si imprévu et si précipité, que je n'aurois pu vous en avertir à temps. Dieu sait quelle joie j'aurois eue de vous voir et de vous entretenir.

Je ne connois point assez les éditions de saint François de Sales pour pouvoir dire quelle est la meilleure; il y en a un grand nombre: il faudroit se donner la patience de les comparer toutes en détail, et de choisir sur chaque morceau celle qui se trouveroit la plus ample et la plus exacte. Vous savez qu'il y a dans l'ancienne édition de Lyon un dix-huitième entretien qui n'est pas ailleurs. Je suis ravi de voir que vous aimiez tant ce bon saint. Si les protestants le lisoient, il leur ôteroit peu à peu leurs préventions contre l'Église

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Ainsi malheur à ceux qui se séparent ou qui demeurent séparés de la tige qui porte la sève dans toutes les branches! Malheur à ceux qui partagent en deux ou qui laissent dans la division ce que Jésus-Christ a voulu faire un !

Remarquez, s'il vous plaît, que les plus grands saints, et les écrivains de la vie intérieure, qui ont eu les plus touchantes marques de l'esprit de grace, étoient, comme saint François de Sales, dans la communion romaine, et prêts à mourir plutôt que d'en sortir. Les ames humbles et pacifiques, qui ne vivent que de recueillement et d'amour, sont toujours petites à leurs propres yeux, et ennemies de la contradiction; elles sont bien éloignées de s'élever contre le corps des pasteurs, de décider, de condamner, de dire des injures, comme Luther et Calvin en ont dit d'innombrables. Leur style n'a rien d'âcre, ni de piquant, ni de dédaigneux. Ils n'entreprennent point une réforme sèche, critique et hautaine, qui aille à rompre l'unité, et à soutenir que l'époux a répudié l'épouse. S'ils voient quelques abus ou quelque superstition dans les particuliers, ils en gémissent avec douceur et le gémissement de la colombe est toujours discret et modeste; elle ne

Joan.. XII, 33.

gémit que par un amour tendre et paisible. Alors de telles ames gémissent en secret avec l'épouse, loin de pousser des cris scandaleux contre elle. Elles n'élevent jamais leur voix dans des disputes présomptueuses, elles ne disent point que l'Eglise s'est trompée pendant divers siècles sur le sens de l'Écriture, et qu'elles ne craignent point de se tromper en expliquant le texte sacré contre la décision de cette ancienne Église: au contraire, ces ames sont dociles et toujours prêtes à croire qu'elles se trompent; leur cœur n'est qu'amour et obéissance. Les dons intérieurs, loin de leur inspirer une élévation superbe et un sentiment d'indépendance, ne vont qu'à les anéantir, qu'à les rendre plus souples et plus défiantes d'ellesmemes, qu'à leur faire mieux sentir leurs ténèbres et leur impuissance, enfin qu'à les désapproprier davantage de leurs pensées. Oh! combien ont-elles horreur du zèle amer et de tous les combats de paroles! Au lieu de la dispute, elles emploient l'insinuation, la patience et l'édification; au lieu de parler de Dieu aux hommes, elles parlent des hommes à Dieu, afin qu'il les touche, qu'il les persuade, et qu'il fasse en eux ce que nul autre n'a pu faire. L'oraison supprime toutes les disputes. Dans la véritable oraison personne n'abonde en son sens, chacun fait taire sa propre raison. C'est l'esprit d'oraison qui est l'ame de, tout le corps des fidèles; c'est cet esprit unique et commun qui réuniroit bientôt à l'Église mere toutes les sectes, si chacun, au lieu de disputer, se livroit au recueillement. D'un côté, voyez la pure spiritualité de saint François de Sales; de l'autre, voyez ses principes sur l'Eglise dans ses Controverses: c'est le même saint qui parle avec l'onction du même esprit de vérité dans ces deux sortes d'écrits. Tels sont ces aimables saints qui ont été nourris et perfectionnés dans le sein de l'Église mère. Ne voulez-vous pas être de leur communion, et aimer comme eux la mère qu'ils ont si tendrement aimée? Il faut devenir comme eux simple et petit enfant, pour sucer le lait de ses mamelles. Le lait qui coule, c'est l'esprit d'amour et d'oraison; l'esprit d'oraison et l'esprit d'unité sont la même chose. Cherchez tant qu'il vous plaira hors de cette sainte unité, vous n'y trouverez guère que des cœurs hautains, contentieux et desséchés ; vous y trouverez des docteurs secs et éblouis de leur science, qui languissent sur des questions sans fin, et qui s'évaporent dans leurs propres pensées; vous y trouverez des pratiques exactes et sévères en certains points de discipline; vous y trouverez l'horreur de certains

vices grossiers; vous y trouverez une attention curieuse au sermon, et un chant de Psaumes qui excite l'imagination, avec des prières où les paroles arrangées et multipliées frappent les auditeurs: mais vous n'y trouverez point cette oraison tout intérieure qui a fait chez nous tant de grands saints. Il est vrai que vous remarquerez chez nous beaucoup de docteurs vides de Dieu et pleins d'eux-mêmes, beaucoup d'ignorance et même de superstition dans les peuples: mais la vraie Église n'est pas exempte de scandales. Il faut laisser croître le mauvais grain avec le bon jusqu'à la moisson, de peur qu'une réforme téméraire n'arrache le bon grain avec le mauvais, et qu'elle ne ravage au lieu de réformer. La vraie Église est celle qui nourrit le pur grain mélé avec l'ivraie, et qui tolère l'ivraie dans l'espérance que le Seigneur en séparera un jour luimême le pur grain. Encore une fois, monsieur, ce n'est que dans l'Église catholique que vous trouverez cette oraison que vous aimez tant, et qui vous donne un si grand attrait d'amour pour Dieu. Ailleurs on parle, on chante, on loue Dieu, on raisonne, on dispute, on exhorte, on fait des réglements : dans l'ancienne Église, on se tait, on se rapetisse, on rentre dans l'enfance par simplicité, on se compte pour rien, on s'anéantit, on est l'holocauste d'amour. Le nombre de ces ames, dont le monde n'est pas digne, est petit, il est vrai; mais enfin il n'est que là. Comparez ces saints avec les réformateurs, et avouez la différence : il n'y a que l'unité qui porte de tels fruits.

La seconde chose que je vous souhaite, c'est que vous marchiez dans la voie de pure foi, pour éviter toute illusion. Prenez garde que la plupart des ames qui s'imaginent marcher par cette voie n'y marchent point; on tient infiniment plus qu'il ne paroît aux expériences intérieures qu'on fait. Si on n'est en garde contre soi-même, on tend toujours insensiblement à chercher un appui et une certitude intérieure dans ses goûts, dans ses sentiments les plus vifs, et dans toutes les choses qui ont saisi l'imagination. On regarde son propre goût comme un attrait de grace, ses propres vues comme des lumières surnaturelles, et ses propres desirs comme des volontés de Dieu. On s'imagine que tout ce qu'on éprouve en soi est passif, et imprimé de Dieu: par-là on se fait insensiblement à soi-même une direction intérieure fondée sur l'inspiration immédiate. Il n'y a plus ni autorité ni loi extérieure qui arrête et qui puisse contrebalancer cette inspiration. Voilà le danger du fana

jette sans regret une feuille d'arbre qu'on a cueillie sans y être attaché ; mais on ne jetteroit pas de même un diamant faux qu'on auroit acheté comme étant d'un grand prix. Quand on a besoin de juger, on tâche de le faire avec conseil, et sur toutes les lumières tant naturelles que surnaturelles qu'on a alors. Quand on a fait devant Dieu le moins mal qu'on a pu, on est encore tout prêt à se laisser montrer par autrui qu'on s'est trompé et qu'on a manqué à toutes les règles. Si on est dans cette docilité, pour toutes les choses communes de la vie, à l'égard de toute personne qui nous reprend, à combien plus forte raison doit-on être, par cette désappropriation intérieure, dans une docilité sans réserve et dans une absolue soumission d'esprit à l'égard de cette Église visible, qui aura, par les promesses, l'autorité de Jésus-Christ jusqu'à la fin des siècles! Tels sont les petits enfants, les enfants bien aimés. L'onction leur enseigne tout, parce qu'elle leur enseigne au-dessus de tout à sentir leur ignorance et leur impuissance, à écouter l'Église et à ne se point écouter eux-mêmes, à croire ce qu'elle enseigne et non ce qu'ils ont pensé. Cette profonde leçon, que l'onction intérieure leur donne, comprend toutes les autres; elle contient toute vérité, et les préserve de toute erreur. Dieu cache ses vérités aux sages et aux prudens, c'est

tisme, pour les ames qui se croient désappropriées et transformées sans l'être : si elles l'étoient, leur véritable désappropriation les éloigneroit infiniment de cette illusion par laquelle elles s'approprient leur lumière, et s'en font un appui pour être indépendantes. Oh ! que les profondes ténèbres de la pure foi sont bien différentes de cette fausse voie! On ne voit rien de particulier, et on ne cherche à rien voir: on se contente de croire comme les plus petits d'entre le peuple; on ne sait qu'obéir, que se laisser contredire et cor=riger, que se défier de soi, que sentir sans cesse son impuissance totale; on n'a aucun besoin de chercher curieusement dans l'avenir pour se consoler du présent, ni de se flatter de prédictions. Quand on a le cœur pleinement content de la seule volonté de Dieu en chaque moment de la vie, on n'a besoin de rechercher aucun soutien dans ces vues de l'avenir; on mérite d'y être trompé, dès qu'on les cherche par une inquiétude secrète, dans l'état présent où la seule volonté de Dieu ne suffit pas à un cœur malade. Mais cette vue de foi si nue est le plus long et le plus grand de tous les martyres; il faut s'y laisser dépouiller de tout ce qui console et qui soulage la nature. Il est facile de = parler affectueusement de cet état ; mais il est terrible de le porter jusqu'à la mort. En cet état, si on faisoit des miracles, on les feroit sans s'y ar-à-dire à ces docteurs superbes qui veulent juger rêter; on les feroit par pure fidélité, comme on pratique les vertus les plus journalières, complant pour rien ce qu'on a fait, et passant outre pour continuer à être fidèle. En cet état, l'homme reçoit ses bonnes pensées comme d'emprunt, de même qu'un pauvre se couvriroit d'un manteau prêté charitablement. Cet homme n'est pourtant ni inconstant ni irrésolu : mais sa fermeté ne vient d'aucune confiance en sa propre lumière; au contraire, c'est par défiance de sa propre lumière et par simple docilité qu'il est tranquille dans la main de Dieu. Sa voie est toute fondée sur la désappropriation de ses propres vues, qui seroient toujours incertaines : ainsi ce n'est point par une décision fondée sur les forces de son esprit qu'il se détermine avec tant de paix et de constance, mais par simple fidélité à la lumière du moment présent, et par le retranchement de toutes les recherches inquiètes de l'amour-propre. En cet état, loin de se passer de l'autorité de l'Église, on sent de plus en plus le besoin d'être porté sans cesse entre ses bras, comme un petit enfant : on n'est jamais surpris de voir qu'on s'est trompé ; on le confesse de bon cœur : on quitte sans peine une pensée qu'on avoit sans appropriation on

l'Église, au lieu de se laisser juger par elle. En même temps il révéle aux petits ses miséricordes, parce qu'il se complaît dans leur petitesse : ils sont bienheureux, parce qu'ils sont pauvres d'esprit et qu'ils se sont désappropriés de leurs propres lumières et de leur propre volonté, comme un homme riche doit se désapproprier de ses trésors, quand il se donne à Dieu dans un désert. Oh! qu'il seroit beau de voir tous les biens en commun pour l'esprit comme pour le corps; et que chacun ne regardât pas plus sa pensée, son opinion, sa science, ses lumières, ses vertus et ses plus grands sentiments comme son bien particulier, que de bons religieux regardent comme propres les biens de la communauté dont ils usent pour leurs besoins! C'est ainsi que les saints dans le ciel ont tout en Dieu, sans avoir jamais rien à eux. C'est un bien infini, et commun dont le flux et reflux fait l'abondance et le rassasiement de tous les bienheureux; ils reçoivent chacun selon sa mesure; ils

renvoient tout. Dieu est lui seul toutes choses en tous, et rien n'est à aucun de ceux qu'il comble de biens; ils sont tous dénués dans cette possession de l'infini. Leur béatitude vient de leur pauvreté ; l'une et l'autre est parfaite. Si les hommes.

entroient ici-bas dans cette pauvreté d'esprit, et dans cette communauté des dons les plus spirituels, on verroit tomber toutes les disputes et tous les schismes; on ne réformeroit l'Église qu'à force de se reformer soi-même; il n'y auroit plus de savants présomptueux et jaloux de leur science; on ne peuseroit, on ne goûteroit, on ne voudroit tous ensemble qu'une même chose; un seul esprit, qui seroit celui d'amour et de vérité, seroit l'ame de tous les membres du corps de l'Église, et les réumiroit intimement; on se déféreroit, on se supporteroit réciproquement; on n'entendroit plus ees froides paroles de tien et de mien; nous serions tous pauvres et riches tout ensemble dans l'unité, pauvres sans murmure et sans jalousie, riches sans envie et sans distinction; nous serions les enfants doux et humbles de cœur, qui trouveroient le repos de leurs ames; ce seroit un petit commencement de la nouvelle créature, et du paradis réservé au siècle futur. Prions, monsieur, pour un si grand bien; je le souhaite pour vous et pour votre ami que vous m'avez nommé; et je serai toute ma vie du fond du cœur tout à vous.

LETTRE VIII.

Sur l'infaillibilité de l'Église et sa perpétuelle visibilité : combien le schisme est criminel devant Dieu : jusqu'à quel point un Protestant converti peut dissimuler ses sentiments, et s'abstenir des actes extérieurs qui sont en usage parmi les catholiques.

ne demande que ce qui lui est accordé dans ces paroles. Voilà une Église qui, selon les promesses, sera toujours visible, et gouvernée par les légitimes successeurs des apôtres. Voilà une succession non interrompue. Ces successeurs des apôtres ont eux seuls le droit du sacerdoce; tout autre ministre est un usurpateur du ministère. Dieu a promis que cette Église visible, ou ce corps des pasteurs, n'établira jamais des erreurs damnables par une loi publique... et qu'il ne sera jamais permis à la hiérarchie de rien imposer aux fidèles nuisiblement au salut. Qu'y a-t-il de plus consolant, de plus aimable et de plus décisif que cet aveu? Que peut-on craindre dans le sein de cette véritable mère qui enfante des saints à Jésus-Christ son époux, depuis tant de siècles sans interruption, puisqu'il est promis qu'elle ne décidera jamais rien nuisiblement au salut de ses enfants? Il n'y a plus qu'à l'écouter, qu'à la croire, qu'à vivre, et qu'à mourir entre ses bras.

II. Les événements répondent aux promesses. Cette Église n'a jamais décidé contre les vérités du culte le plus pur et le plus parfait; elle les a même autorisées dans les écrits de divers saints. Il est vrai qu'elle a condamné dans les derniers temps plusieurs livres qui traitent de la vie intérieure ; mais on doit croire, sans hésiter, qu'elle les a bien condamnés. Leurs principes peuvent être excessifs, et mener à l'illusion; ceux mêmes qui ont été peut-être écrits avec la plus grande pureté d'intention et la plus sincère horreur de tout excès

Je vous conjure, Monsieur, d'avoir la bonté de sont sans doute dangereux par leurs expressions, mander les choses suivantes à M***.

1. Ses amis font un grand pas, dont je le félicite, et je remercie Dieu. Par exemple, je suis charmé de lire ces paroles: (Dieu a promis, à la vérité, qu'il ne souffriroit jamais que le corps des pasteurs en général établit des erreurs damnables par une loi publique et un décret uniforme.) (Nous ne doutons nullement que Dieu ne veille toujours sur l'Église, de manière qu'il ne sera jamais permis à la hiérarchie de rien imposer aux fidèles nuisiblement au salut.) (La Synagogue n'avoit jamais rien établi, par un décret uniforme et universel, contraire à la loi divine.) (Ce n'est pas que nous voulions dire, avec les donatistes et les puritains, que l'Église est invisible, et qu'elle ne consiste que des seuls justes élus : nullement. Il y aura toujours sans doute une Église visible sur la terre, gouvernée par les légitimes successeurs des apôtres, et qui ont seuls le droit du sacerdoce.) Quiconque pense ainsi, n'est pas loin du royaume de Dieu, qui est l'Église catholique; cette Eglise

et induisent même en erreur, faute d'être assez mesurés, puisque l'Église les juge tels. Elle ne condamne point le culte parfait; elle ne décide point nuisiblement au salut; sa décision ne peut rejeter la vérité. Donc il n'y a qu'à accepter sa décision avec la plus humble docilité. On ne voit que trop d'écrivains mystiques qui vont trop loin dans leurs expressions, et dont le langage, pris à la lettre, blesse la foi ; il y en a même qui suivent leur imagination et leurs fausses expériences pour se croire affranchis des règles générales: on voit en eux l'illusion et le fanatisme. L'Église a raison d'être alarmée; il y a peu de mystiques qui suivent la voie de la pure foi, sans s'arrêter à aucune lumière ni sentiments extraordinaires pour mourir sans cesse à eux-mêmes dans la simplicité évangélique : ceux qui sont réduits par l'amourpropre sont utilement réprimés par la condamnation de l'Église, et ceux qui ne veulent point être attachés à leur propre sens font un excellent usage de l'humiliation que l'Église leur donne.

D'ailleurs cette sainte mère ne condamne nullement ce qui est réellement pur, parfait, et éloigné de l'illusion.

séparés de l'ancienne Église qu'en préférant leur propre pensée, sur le texte sacré, à l'autorité de toute l'Église visible. S'ils n'eussent point embrassé III. Le schisme ou séparation est, selon le con- ce principe d'indocilité et d'indépendance, ils n'ausentement unanime des Pères, le crime le plus roient jamais pu faire leur séparation : ainsi il est énorme. L'époux sacré ne veut qu'une seule épouse. essentiel au schisme que chaque schismatique déDe quel droit en a-t-on fait plusieurs? Il a demandé cide ainsi dans son cœur : « Je me sépare de l'anà son Père que cette épouse fût toujours une, et » cienne Église pour m'attacher à la nouvelle, non consommée en unité. En vain, pour excuser le » parce que j'attribue à la nouvelle la promesse schisme, on accuse cette Église d'être adultère et » d'infaillibilité que je ne veux point attribuer à l'anidolâtre : cette accusation est fausse. L'Église n'é- »cienne, mais parce que je crois qu'aucune Église tablira jamais des erreurs damnables, elle ne » n'a cette promesse d'infaillibilité, et que c'est décidera jamais nuisiblement au salut. Se séparer » moi qui dois discerner le sens des livres divins, d'une mère si innocente, à laquelle seule appar- » pour y former moi-même ma foi en les examinant. tient le droit du sacerdoce, c'est imiter la ré- » Les pasteurs peuvent m'aider à entendre ce texte; volte impie de Coré, de Dathan et d'Abiron. Saint >> mais ils peuvent aussi me tromper, comme l'anPaul dit aux fidèles avec douleur : J'apprends qu'il | » cienne Église m'a trompé en se trompant elley a des schismes ou divisions parmi vous'. Il dit » même. Je dois les écouter avec déférence et res-ailleurs: Qu'il n'y ait point de schismes entre » pect; mais enfin ils ne sont point infaillibles, vous 2. Il dit encore ces paroles: Afin qu'il n'y» et la finale décision doit, indépendamment d'eux, ait point de schismes dans le corps, et que tous les membres conspirent mutuellement pour s'entr'ai-» der les uns les autres...... Or, vous êtes le corps de Jésus-Christ, et chacun de vous est un de ses membres". C'est donc déchirer le corps de JésusChrist que de diviser son Église. D'un autre côté, saint Jude assure que ceux qui imitent la révolte de Coré, c'est-à-dire les schismatiques, se paissent eux-mêmes, sont des nuées sans eau que les vents emportent çà et là; et des arbres d'automne, sans fruit, doublement morts et déracinés..... Ceux-là, dit-il, SE SÉPARENT EUX-MÊMES. En effet, toutes les sectes séparées de l'ancienne Église sont des rameaux qui, étant coupés et ne recevant plus la nourriture du tronc vivant, tombent, se dessèchent, et meurent aussitôt. On n'y trouve plus l'esprit de recueillement, de prière et d'humilité; tout y est régularité extérieure, critique sévère, et hauteur pharisaïque. A quoi a servi la prétendue réforme des protestants? Elle n'a produit que scandale, que trouble, qu'incertitude, que disputes, qu'indifférence de religion, sous prétexte de tolérance mutuelle, et enfin qu'irréligion presque dans tout le Nord. Voilà les nuées sans eau, et les arbres déracinés.

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» venir de l'Esprit de Dieu, qui me fera entendre le texte des Écritures. » Voilà précisément ce qui distingue le protestant séparé de l'ancienne Église, d'avec le catholique qui demeure dans son sein. Le catholique forme sa foi par pure autorité ; le protestant forme la sienne par pur examen: l'un ne fait qu'écouter et croire ce que l'autorité décide; l'autre examine et décide lui-même indépendamment de toute autorité. Il ne pourroit jamais se séparer, s'il ne supposoit pas qu'il juge mieux que l'Église. Le schisme est donc fondé sur ce jugement téméraire et présomptueux : « J'entends mieux le texte » sacré que l'ancienne Église, et je ne la quitte » que pour interpréter les saintes Écritures, indé» pendamment de son autorité; il faut préférer la » parole de Dieu à toute autorité humaine. » Ainsi, à proprement parler, chaque protestant fait luimême son schisme personnel: il ne rejette point l'autorité de l'ancienne Église, pour se soumettre aveuglément à l'autorité de la nouvelle ; mais il se rend juge entre ces deux Églises opposées, et il conclut, après un examen d'entière indépendance, pour la nouvelle contre l'ancienne : c'est lui qui, tenant le texte sacré en main, décide, fixe luimême sa croyance, choisit une Église, et fait par sa décision son schisme contre celle qu'il rejette. Encore une fois, il faut bien se garder de croire qu'il accorde l'autorité infaillible à la nouvelle Église en la refusant à l'ancienne : c'est ce qui seroit le comble de l'extravagance et du délire. Il exclut également toute autorité infaillible de ces deux Églises, et il se détermine uniquement par sa propre décision sur les Écritures. Si ce parti

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