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peuple. Et si ces nouvelles confédérations, qui se seroient formées dans ce débris, n'eussent point ébranlé les points fondamentaux, selon M. Jurieu elles n'auroient point été schismatiques; Timothée et Tite n'auroient eu rien à leur reprocher. C'est en vain et injustement que l'un auroit voulu encore faire l'œuvre d'un évangéliste, et que l'autre aurait repris avec toute autorité de commander. Ils sont déposés. Le peuple a usé de son droit; et soit qu'il en est usé bien ou mal, les mtnistres, qui u'ont d'autorité que par lui, demeurent sans pouvoir.

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CHAPITRE VI.

Réponse à quelques objections des ministres Du Moulin, Claude et Jurieu.

Les protestants ne manquent jamais de supposer un cas qu'ils croient fort embarrassant pour nous. Si un vaisseau plein de chrétiens, disentils, faisoit naufrage sur la côte d'une île déserte et inconnue sans avoir de pasteurs, ne pourroientils point en faire parmi eux? faudroit-il qu'ils n'eussent jamais ni église, ni ministère, ni sacrements?

qui administrent ces deux sacrements, que les anciens en sont exclus par la discipline, et que ce fut l'absolue nécessité d'avoir un pasteur pour baptiser l'enfant du sieur de La Ferrière, sans les superstitions et cérémonies de l'Église romaine, qui fit élire Jean le Masson pour premier ministre de leur nouvelle église de Paris. Ces femmes pouvoient être enceintes, et accoucher de plusieurs garçons dans l'île déserte. Cependant elles font naturellement entre elles une église qui ne peut consister, sinon qu'il y ait des pasteurs qui aient la charge d'enseigner. Leur sexe n'a pas moins le droit naturel de toute société que eclui des hommes. En Jésus-Christ, il n'y a ni mâle ni femelle'. Comment M. Jurieu décidera-t-il de ce cas? Mais je n'ai encore qu'à lui opposer ma supposition sur l'Écriture, qui est toute semblable à celle qu'il fait sur les pasteurs. Je suppose que ces chrétiens n'ont aucune Bible, et n'en peuvent jamais avoir. Ce sont des matelots et des soldats grossiers et ignorants, des marchands qui n'ont qu'un souvenir très-confus et très-superficiel de l'Écriture, et qui ne savent pas même lire. La referont-ils à leur mode, comme on veut qu'ils fassent un nouveau ministère? ou bien se passeront-ils de l'Écriture? Qu'on me réponde. Si on dit qu'ils se sauveront sans Écriture, je dirai de même qu'ils se sauveront aussi sans pasteurs. Mais enfin, comme le besoin ne leur donne pas un titre pour refaire l'É

Mais ils devroient observer que le baptême, qui, selon eux et selon nous, est le premier des sacrements, et celui qu'on peut moins se dispen-criture, il ne leur en donne point aussi pour re

ser de recevoir, n'est pas nécessaire à salut selon eux ; et, selon nous, peut être administré au besoin par des laïques, et même par des femmes. En voilà assez pour conserver le christianisme dans cette île éloignée, jusqu'à ce que ces chrétiens, reconnoissant la situation des lieux et des terres voisines, pussent bâtir quelque petit vaisseau pour aller chercher du secours. Cependant la simplicité de leur foi, les exhortations domestiques et fraternelles, enfin l'esprit d'union avec les églises où le ministère fleurit, les conserveroient dans l'unité, sous l'autorité du corps des pasteurs.

Mais je veux bien aller plus loin, et supposer que ces pauvres chrétiens fussent hors d'espérance de pouvoir avoir jamais de vaisseau ni de communication avec les églises pourvues de pasteurs que s'en suit-il de là? Que s'il n'y a que des femmes qui soient échappées du naufrage, elles sont en droit, selon M. Jurieu, d'imposer les mains à quelqu'une d'entre elles, et de l'ériger en pasteur pour administrer le baptême et la cène. Il sait que dans son église il n'y a que les pasteurs

faire le ministère pastoral. L'un est la révélation de Dieu; l'autre est son dépôt et sa commission. L'un et l'autre ne peut jamais être suppléé par l'autorité humaine: il faut, pour l'un et pour l'autre, que Dieu parle lui-même. On voit par-là combien sont inutiles contre nous ces exemples tant vantés, puisqu'ils retombent sur les protestants. Qu'ils les abandonnent donc, et qu'ils remarquent avec nous que la Providence, qui veille sur les chrétiens, n'a jamais permis que le cas qu'ils nous objectent soit arrivé tant il est attaché à la promesse, que les troupeaux ne seront jamais sans quelque pasteur avec qui Jésus-Christ les endoctrine. Mais si le cas qu'on m'oppose, n'est jamais arrivé, celui que j'objecte aux protestants n'est pas de même; car saint Irénée nous représente des peuples barbares, qui étoient parfaits chrétiens, et qui n'avoient aucun livre canonique écrit en leurs langues. Enfin si le ministère vient, comme nous l'avons prouvé, non de la simple élection du peuple, mais de la commission expresse

Gal., m, 28.

de Jésus-Christ attachée à l'ordination successive, il est manifeste que, dans l'extrême besoin, le peuple ne peut non plus se faire un ministère nouveau qu'une Bible nouvelle.

M. Jurieu nous reproche les papes simoniaques et intrus du dixième siècle, avec le schisme d'Avignon, qui semblent avoir interrompu la succession de nos pasteurs. Mais il me permettra de lui dire que quand on connoît nos principes, ceux de l'antiquité et ceux mêmes de sa prétendue réforme, comme il doit les connoître, on ne doit pas proposer cette objection comme une vraie difficulté.

Tout le monde convient que quand on parle de la succession des pasteurs, on parle des ministres dont chacun en particulier a reçu l'imposition des mains de quelque autre ministre qui l'avoit reçue d'un autre; en sorte qu'on remonte ainsi sans interruption jusqu'aux apôtres. D'ailleurs tout le monde convient, et des protestants même, que l'imposition des mains d'un ministre vicieux est valide. Qu'avons-nous donc à prouver pour justifier notre succession? qu'il n'y a jamais eu d'interruption dans l'imposition des mains des pasteurs. C'est ce que les protestants n'oseroient nous contester. Ils savent que les papes intrus et vicieux du dixième siècle avoient reçu l'ordination valide. Qu'ils soient tant qu'on voudra illégitimes et nuls pour l'exercice de la juridiction; n'importe c'est ce qui n'entre point dans notre question. On prouveroit seulement par-là que le siége de Rome auroit été vacant de droit, et rempli de fait par des évêques véritablement consacrés, et véritablement capables d'exercer les fonctions, quoique peut-être ils n'eussent pas un droit véritablement légitime d'exercer en ce lieu leur épiscopat. Si un des ministres qui ont été autrefois à Charenton usurpoit maintenant une chaire dans quelque église de Hollande, au préjudice du pasteur établi selon les règles dans cette église, il seroit vrai ministre selon les protestants, mais faux ministre de cette église-là. Il en est de même de ces intrus dont nous parlous. Ils étoient évêques vraiment consacrés, et capables par conséquent d'en consacrer d'autres véritables comme eux. Il n'y avoit que leur droit d'exercer le ministère dans une telle église qui étoit mal fondé, selon la discipline ecclésiastique.

Les papes et les autres évêques des deux obédiences d'Urbain et de Clément avoient aussi l'imposition des mains successive, s'il m'est permis de parler ainsi. Jamais Urbain n'a prétendu que Clément n'eût été validement ordonné, et qu'il ne fût

véritable évêque. Jamais Clément n'a douté qu'Urbain n'eût reçu le même caractère. Mais se reconnoissant tous deux réciproquement évêques, ils disputoient pour savoir lequel de ces deux évêques devoit exercer légitimement les fonctions pontificales dans le siége romain. Ce seroit abuser de la patience du lecteur, que de s'étendre davantage pour montrer que ce schisme entre des ministres bien ordonnés n'a point interrompu l'ordination successive qui distingue nos pasteurs de ceux des protestants.

CHAPITRE VII.

Des paroles de saint Paul sur les élections. Quand nous viendrons aux élections de l'ancienne Église, nous montrerons que l'évêque qui imposoit les mains étoit regardé comme le priucipal électeur. C'est par cette raison que l'évêque, dans nos ordinations, où les anciennes formes restent encore, écoute d'abord l'archidiacre qui lui rend compte de ceux qui sont proposés. Puis l'évêque dit : Nous avons élu, etc. Enfin il consulte le peuple pour savoir s'il s'oppose à l'élection faite. Cette puissance de l'évêque paroît dès le temps de saint Paul. Cet apôtre écrit à Timothée : N'impose point hâtivement les mains sur aucun 1, comme porte la version de Genève, c'est-à-dire choisissez avec de grandes précautions ceux que vous ordonnerez, de peur de vous charger des fautes des ministres que vous auriez ordonnés sans les bien connoître. Vous voyez donc qu'il donne à l'évêque le choix du ministre aussi bien que l'ordination. Il donne encore au même Timothée un pouvoir sans restriction pour choisir les pasteurs, quand il dit : « Et les choses que tu >> as entendues de moi entre plusieurs témoins, >> commets-les à des gens fidèles qui soient suffi»sants pour enseigner aussi les autres 2. » C'est Timothée, non apôtre, mais simple pasteur ordinaire, comme ceux de notre siècle, qui doit confier le dépôt de la doctrine et du ministère à ceux qu'il jugera capables de le conserver dans sa pureté. Le même qui impose les mains choisit. L'élection populaire n'est qu'une espèce d'information préalable sur les mœurs de celui qui sera élu et ordonné, ou un desir du peuple qu'on ne doit suivre qu'avec connoissance de cause.

Saint Paul parle à Tite comme à Timothée; et

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on voit partout la même règle exactement suivie, avec un dessein clairement marqué. Que tu établisses, dit-il', des anciens de ville en ville. Quoique je me serve ici de la version de Genève pour citer à messieurs les protestants le texte qui leur est le plus familier et le moins suspect, ils ne doivent pas s'imaginer que saint Paul ne parle que d'établir des anciens semblables à ceux de leurs églises. Leur traducteur a affecté d'éviter le mot de prêtres, dont nous nous servons après toute l'antiquité; il n'a pas songé que celui d'anciens, comme ils le prennent parmi eux, n'a aucune proportion avec ceux dont le nouveau Testament parle. Leurs anciens, selon leur discipline, ne sont point pasteurs, et n'ont aucune fonction pastorale; au lieu que ceux dont saint Paul parle ici, sont évêques. Il ajoute2 : « A savoir s'il y a quelqu'un qui soit irrépréhensible, mari d'une » seule femme, ayant des enfants fidèles, non ac>> cusés de dissolution, ou qui ne se puissent ranger; car il faut que l'évêque soit irrépréhensible, etc. » C'est donc Tite, évêque, laissé en Crète par saint Paul, qui doit établir des évêques dans les villes. Il doit choisir ceux qui sont irrépréhensibles, et qui ont les autres qualités marquées. Outre que voilà déja le choix de l'évêque donné formellement à Tite, il faut encore observer que le mot d'établir est général et absolu. Il renferme également le choix et la consécration.

Remarquez aussi que saint Paul, en cet endroit, donne des règles pour choisir ceux qu'on fera pasteurs. C'étoit le lieu de marquer le droit du peuple, ou du moins de ne rien dire qui pût l'affoiblir et le rendre douteux. Il falloit même nécessairement, en réglant les élections, donner ces règles à ceux qui devoient les pratiquer. Si le peuple devoit élire, c'étoit au peuple qu'il falloit s'adresser. Il falloit dire: Exhortez le peuple à ne confier le ministère qu'à des hommes irrépréhensibles; comme nous voyons que saint Paul charge Timothée d'avertir les pères et les mères, les maris, les femmes et les enfants, les riches et les autres personnes de chaque condition, de remplir, leurs devoirs. Ici, tout au contraire, saint Paul, sans faire aucune mention du peuple, dit absolument: Que tu établisses des anciens, c'est-à-dire des évêques, à savoir s'il y a quelqu'un d'irrépréhensible, etc.

Ce qui est encore très important à considérer, e est que parmi tant d'Épitres des apôtres, où ils donnent, dans un détail si exact, des règles pré

Tit., 1, 5. * prid., 6, 7

cises pour les devoirs des peuples, et où ils marquent souvent jusqu'aux dernières circonstances des devoirs des laïques, jamais ils n'ont parlé de ce que les peuples sont obligés de faire pour les élections des pasteurs. Si elles avoient appartenu aux peuples, rien n'eût été plus essentiel que de les instruire de la manière de remplir ce devoir, puisque de l'élection des pasteurs dépend la conduite de tout le troupeau. Je sais bien que messieurs les protestants se trompent, quand ils veulent que tout ce qui est nécessaire soit expressément marqué dans les Écritures; mais leur principe se tourne contre eux en cette occasion. Si le ministère appartient aux peuples, il est étonnant que l'Écriture, qui instruit les peuples si exactement sur tous leurs devoirs, ne leur parle jamais des élections, et ne leur recommande rien, à l'égard des pasteurs, qu'une humble soumission. De plus, si nous n'avions pour nous que le silence des Écritures, peut-être pourroit-on contester: mais ce qui décide, c'est qu'elles ont parlé amplement. Quand elles instruisent expressément et en détail sur les élections, elles ne font aucune mention du peuple; elles ne parlent qu'aux évêques. Dans tous les discours que l'histoire des Actes rapporte, et dans dix-huit Épitres des apôtres aux peuples fidèles, nous ne trouvons aucune trace d'instruction sur la manière d'élire les pasteurs. Il reste trois Épîtres de saint Paul à des évêques. Là se trouvent plusieurs fois répétées toutes les règles des élections; là saint Paul donne aux évêques qu'il instruit toute l'autorité de choisir et d'ordonner, comme nous l'avons vu, ceux qu'ils jugeront propres à être pasteurs. Les protestants disent donc ce que l'Écriture n'a jamais dit sur les élections, quoiqu'elle ait souvent parlé expressément de cette matière, lorsqu'ils assurent qu'elles appartiennent au peuple; et nous, à qui ils reprochent de ne suivre point l'Écriture, nous disons à la lettre ce qu'elle dit, quand nous soutenons que c'est aux pasteurs à établir d'autres pasteurs qui perpétuent le ministère, puisque saint Paul charge si formellement les deux évêques Timothée et Tite de choisir et d'ordonner d'autres évêques dans toutes les villes.

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ple, et qu'il conclut que c'est le peuple qui fait les pasteurs, puisque l'ordination n'est qu'une simple cérémonie, dont on pourroit se dispenser. Quand même l'ordination ne seroit point essentielle, tout son édifice tomberoit par les fondements, puisque la seule élection suffit, comme nous venons de le montrer, pour faire voir que c'est le corps des pasteurs, et non pas le peuple, qui établit d'autres pasteurs pour la succession du ministère. Il sera facile d'aller plus avant, et de prouver que l'ordination est essentielle.

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fut extraordinaire et miraculeuse; mais l'imposition des mains, par laquelle la prophétie s'accomplit, et par laquelle la grace fut répandue sur Timothée, étoit une ordination commune, à laquelle toutes les ordinations d'évêques doivent être conformes. Vouloir que cette grace ait été miraculeuse et extraordinaire, c'est supposer ce que l'Écriture ne dit ni ne donne prétexte de croire. Que l'amour de la vérité élève ici nos frères audessus de tous leurs préjugés contre notre doctrine; qu'ils se rendent humblement attentifs et dociles à la force des paroles de l'apôtre, dans leur sens littéral et le plus naturel, puisque le Saint-Esprit nous les a données pour nous instruire sur l'ordination des pasteurs.

Voilà une grace donnée par l'imposition des mains, et par conséquent une grace pour le ministère. Ce n'est point une grace passagère qui puisse se perdre par les mauvaises dispositions de celui qui l'a; c'est un don fixe qui est en lui pour les autres. Il peut le rallumer, c'est-à-dire l'exercer avec un renouvellement de ferveur. Mais enfin, avant même qu'il le rallume, ce don subsiste en lui, et rien ne l'efface car saint Paul dit, le don qui est en toi, et non pas qui a été en toi. C'est ce qui fait dire à saint Augustin que l'ordination est un sacrement. Ses paroles sont trop importantes pour n'être pas rapportées dans toute leur étendue. Parménien avoit dit « que celui qui » sort de l'Église ne perd pas le baptême, mais >> seulement le droit de le conférer, c'est-à-dire › qu'il perd seulement le sacerdoce. On ne peut, >> répond saint Augustin, montrer par aucune >> raison, que celui qui ne perd pas le baptême » puisse perdre le droit de le conférer : car l'un et

Saint Paul, voulant animer Timothée dans ses fonctions, lui rappelle jusqu'à deux fois, dans deux courtes Épîtres, le souvenir de la grace attachée à son ordination. «Ne néglige point, dit-il, « le don qui est en toi, qui t'a été donné par pro⚫phétie, par l'imposition des mains de la compagnie des anciens. » Et encore : « Je t'admoneste » que tu rallumes le don qui est en toi par l'im» position de mes mains 2. » Il est constant que ce don est un don du Saint-Esprit, et une grace pour le ministère. C'est ce que signifie le terme grec zápisμatos. Voilà la grace répandue sur Timothée par l'imposition des mains. Qu'on ne dise pas que c'est par l'imposition des mains de l'Apôtre, qui avoit une vertu extraordinaire : vous , voyez qu'il dit la même chose de l'imposition des mains du presbytère ou des anciens. Qu'on ne dise point aussi que c'est par la prophétie : saint Paul, dans le dernier endroit, n'en parle point, et montre la grace répandue par la seule imposition des mains. Qui ne sait que ces paroles, par la prophétie, signifient selon la prophétie? La prophétie ne donnoit pas la grace: elle l'avoit seulement promise. C'est par l'imposition des mains qu'elle est actuellement reçue. Saint Paul dit au v. 48 du» l'autre est un sacrement; l'un et l'autre est donfer chap. de la 4re Épître : « Mon fils Timothée, » je te recommande ce commandement, que, selon les prophéties qui auparavant ont été de toi, » par elles tu fasses devoir de guerroyer en cette » bonne guerre. » Vous voyez que quelqu'un des fidèles qui avoient alors le don de prophétie, avoit prédit que Timothée seroit un jour un saint évêque. Saint Paul l'exhorte à accomplir cette prédiction dans la milice sainte où il doit combattre. C'est selon cette prophétie que Timothée fut ordonné évêque par l'imposition des mains de saint Paul; et c'est par cette imposition des mains qu'il reçut la grace. Ainsi il n'y a pas ombre de prétexte pour soutenir que c'est à cause de la prophétie que la grace lui fut donnée. La prophétie

. I. Tim., WV, 14. 2 II. Tim., 1, 6,

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» né à l'homme par une certaine consécration; » l'un quand il est baptisé, l'autre quand il est » ordonné. Et c'est pourquoi dans l'Église catho» lique il n'est permis de réitérer ni l'un ni l'au» tre; car si quelquefois les pasteurs qui viennent » de leur parti sont reçus pour le bien de la paix, >> après avoir renoncé à l'erreur du schisme, et » qu'on ait jugé à propos qu'ils remplissent les » fonctions qu'ils remplissoient auparavant, on »> ne les a point ordonnés de nouveau; mais leur » ordination, comme leur baptême, est demeurée » entière, parce que le vice de la séparation a été » corrigé par la paix de l'unité, mais non pas les >> sacrements, qui sont vrais partout où ils sont. Quand l'Église juge utile que leurs pasteurs ve

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* Cont. Ep. Parmen., lib. 11, cap. xin, n. 28.

»> nant à la société catholique n'y exercent point | sert encore des mêmes expressions au commence

ment de son premier livre du baptême1, où il suppose toujours que l'évêque qui a reçu l'ordination ne peut la perdre en sortant de l'Église, et qu'il l'exerce efficacement, quoiqu'il pèche en l'exerçant hors de l'unité. S'il faut encore ajouter à l'autorité de toute la tradition, dont saint Augustin est témoin, l'aveu des protestants mêmes, on n'a qu'à lire Calvin. « Quant est de l'imposi» tion des mains, dit-il 2, qui se fait pour intro» duire les vrais prêtres et ministres de l'Église en » leur état, je ne répugne point qu'on ne la re>> çoive pour sacrement; car c'est une cérémonie » prise de l'Écriture pour le premier, et puis la» quelle n'est point vaine, comme dit saint Paul, » mais est un signe de la grace spirituelle de » Dieu. Ce que je ne l'ai pas mis en compte avec » les deux autres, c'est d'autant qu'il n'est pas ordinaire ni commun entre les fidèles, mais par » un office particulier. »

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» le ministère, le sacrement de l'ordination ne leur » est pourtant pas ôté, mais il demeure sur eux. » C'est pourquoi on ne leur impose point les » mains au rang du peuple, de peur de faire in» jure, non à l'homme, mais au sacrement: et si » quelquefois on le fait par ignorance, on ne l'ex>>>cuse point avec opiniâtreté, mais on se corrige >> après l'avoir reconnu. » Ensuite saint Augustin compare le caractère des sacrements à l'inscription de la monnoie, et à la marque militaire imprimée chez les Romains sur le corps d'un soldat; et il ajoute : « Est-ce que les sacrements de Jé» sus-Christ sont moins fixes que cette marque » corporelle, puisque nous voyons que les apos»tats mêmes ne sont point privés de leur baptême? » car, quand ils reviennent par la pénitence, on >> ne le renouvelle point, et par conséquent on » juge qu'ils n'ont pu le perdre... Que si l'un et >> l'autre est un sacrement, comme personne n'en » doute, pourquoi ne perd-on pas l'un en per» dant l'autre ? Il ne faut faire injure à aucun de » ces deux sacrements. » Ne nous lassons pas de montrer la doctrine de toute l'antiquité par saint Augustin. Voici comment il parle encore, au nom de toute l'Église, dans le livre du Bien conjugal. C'est une comparaison qu'il fait du caractère imprimé par le sacrement de mariage, avec le caractère imprimé par le sacrement de l'ordination. « Comme si, dit-il 2, on faisoit l'ordination d'un » clergé pour assembler un peuple; quoique dans » la suite le peuple ne s'assemble point, le sacre»ment de l'ordination demeure néanmoins dans » ceux qui ont été ordonnés; et si, pour quelque » faute, quelqu'un d'entre eux est ôté de sa fonc-rémonies à l'institution du Sauveur, et au-delà de » tion, il n'est pas néanmoins privé du sacrement l'inspiration du Saint-Esprit? Auront-ils cru sans » du Seigneur, qui lui a été une fois imposé, et fondement que la grace étoit attachée à cette cé» qui y demeure, quoique pour son jugement. » rémonie? L'y ont-ils reconnue sans en avoir été C'est donc par la consécration qu'on reçoit le mi-instruits par le Sauveur même, ou par quelque nistère, selon saint Augustin, comme on reçoit la révélation? Ce qui donne ou du moins qui scelie qualité de chrétien par le baptême. Le caractère par l'institution divine la grace du ministère, de l'ordination est ineffaçable; c'est pourquoi il selon saint Paul, n'est-il qu'une cérémonie hune peut être réitéré. Ce n'est point un raisonne-maine? Pourquoi nos frères séparés croient-ils ment de ce père : c'est la foi de l'Église universelle qu'il explique au nom de tous les chrétiens, tantôt contre les manichéens, tantôt contre les donatistes. C'est un fait constant et une discipline générale qu'il rapporte. Personne n'en doute, dit-il. S'il s'est fait quelque chose de contraire, c'est par ignorance. Bien loin de le soutenir, on le condamne et on le corrige. Le même Père se

Loc. cit., n. 29.

De Bono conjug., cap, xxiv, n. 32.

Quelle passion de nous contredire empêche donc les protestants de parler, avec saint Augustin, comme nous sur l'ordination? Qu'est-ce qu'un sacrement, sinon un signe sensible et divinement institué, auquel la grace est attachée, comme nous le disons, ou qui est le sceau de la grace reçue, comme parlent nos frères séparés? Peut-on douter que le signe de l'imposition des mains, qui étoit de l'institution divine dans l'ancienne loi, n'en soit encore dans la nouvelle ? Elle est observée par une pratique constante et uniforme des apôtres pleins du Saint-Esprit, et religieux observateurs de ce que Jésus-Christ leur avoit enseigné. Dira-t-on qu'ils ajoutoient des cé

que le baptême et l'eucharistie sont des sacrements, sinon à cause que l'Écriture nous marque des effets de grace attachés à ces deux signes institués par l'esprit de Dieu? La même Écriture nous marque une grace attachée à l'imposition des mains. Pourquoi done refuser de croire que l'esprit de Dieu, qui a institué deux sacrements pour faire naître et pour nourrir les chrétiens, en a

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