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qu'elle ait été donnée à tous les apôtres sans excep- | bornes. Les apôtres alloient suivant que l'Esprit tion. Si tous avoient eu cette inspiration actuelle, tous auroient écrit; car ils ne résistoient point à l'inspiration. Plusieurs d'entre eux néanmoins ne nous ont rien laissé d'écrit. D'ailleurs cette inspiration, qui peut ne se trouver pas dans de vrais apôtres, peut aussi se trouver dans d'autres hommes qui n'ont point eu l'apostolat. Les prophètes l'ont eue. Saint Marc et saint Luc, qui n'étoient que simples disciples, en ont été remplis. Qui ne voit donc que cette inspiration étoit, comme le don des miracles, entièrement accidentelle à l'apostolat, et qu'elle donnoit seulement un éclat extraordinaire aux personnes, sans toucher à leur ministère ?

Il est vrai que les apôtres, qui ne paroissent pas avoir eu tous également l'inspiration d'écrire, ont eu néanmoins, sans exception d'aucun, l'inspiration immédiate du Saint-Esprit pour plauter la foi, et pour conduire les églises; mais cette inspiration étoit, comme celle d'écrire, entièrement personnelle aux apôtres, et accidentelle à leur ministère. Combien l'Église a-t-elle eu de pasteurs qui avoient de continuelles révélations pour la conduite de leurs troupeaux ! Il ne faut qu'ouvrir les Épitres de saint Cyprien, pour trouver les révélations fréquentes qui l'instruisoient sur la discipline de son église. Ces révélations ne changeoient pas néanmoins la nature de son ministère; et on ne peut pas dire que le ministère de saint Cyprien fût d'un autre ordre et d'une autre nature que le ministère des autres évêques ses collègues, quoique les graces répandues sur lui le rendissent personnellement un pasteur plus extraordinaire que les autres de son temps et de son pays. Je n'ai garde de prétendre que les révélations de saint Cyprien aient été aussi hautes, aussi pleines et aussi continuelles que celles des apôtres. Je suppose que les apôtres ont été en ce genre encore plus éminents au-dessus de lui, qu'il ne l'a été audessus des plus communs pasteurs. Mais enfin, puisqu'il ne s'agit que du plus ou du moins, dans une grace qui est purement personnelle, et qui ne touche le ministère qu'accidentellement, il faut toujours conclure que le ministère de saint Cyprien n'étoit pas d'une nature différente de celui de tous ses collègues, et que le ministère des apôtres mêmes n'étoit pas, dans son fond, différent de celui qui avoit passé d'eux jusqu'à saint Cyprien.

Cette inspiration immédiate des apôtres pour planter la foi, et pour la cultiver dans tout l'univers, donnoit à chacun d'eux un pouvoir sans

les envoyoit; et comme l'inspiration divine est au-dessus de toute règle humaine, ils n'avoient d'autres bornes de leur juridiction et de leurs travaux que celles qui leur étoient marquées par l'Esprit de Dieu. Ainsi cette puissance si étendue n'étoit qu'une suite naturelle et nécessaire de cette inspiration, qui étoit, comme nous venons de le voir, purement accidentelle, et ajoutée à la nature du ministère. De plus, cette mission donnée au college apostolique pour annoncer l'Évangile à toute créature, a passé au collége épiscopal qui lui a succédé. Les mêmes paroles qui donnent la mission aux uns, la donnent aussi aux autres; ils n'ont point d'autre titre, et le titre commun est également sans restriction pour tous. C'est donc par la tradition toute seule que nous savons que chaque évêque n'a pas personnellement la puissance sans bornes que les apôtres avoient reçue, et qu'ils sont bornés au troupeau particulier que l'Église leur marque. Qui ne consulteroit que l'Écriture n'y trouveroit en rigueur aucune différence à cet égard entre les apôtres et les pasteurs qui leur ont succédé : car les apôtres, dans leurs Épîtres mêmes, qui règlent le détail de la discipline, n'ont jamais marqué des bornes à la juridiction des pasteurs qu'ils ont établis. Si Timothée et Tite paroissent attachés à des troupeaux particuliers, ne voit-on pas que les apôtres ont été do même? Chacun d'eux s'étudioit, autant qu'il le pouvoit, dans ces commencements, à n'entrer point dans la moisson d'autrui, et à n'édifier pas sur un fondement étranger. L'ordre le vouloit ainsi. Vous voyez saint Pierre, qui, nonobstant sa vigilance sur tout le troupeau de Jésus-Christ, prend singulièrement en partage les Juifs. Saint Paul est destiné pour les gentils. Saint Jacques le Mineur se borne à l'église de Jérusalem. Saint Jean s'attache aux églises d'Asie, et principalement à celle d'Éphèse, dont il a été appelé l'évêque par les anciens. Les autres se dispersent, et partagent entre eux l'univers. Ainsi l'Écriture ne marque aucune différence, pour la puissance d'évangéliser, entre les apôtres et leurs successeurs. Cette différence, que les protestants supposent avec tant de confiance, et qui est tant vantée dans leurs écrits, ne peut être prouvée que par la tradition, si abhorrée parmi eux. Étrange effet d'une haine aveugle, qui appelle à son secours, contre l'Église, ce qui élève l'Église même au-dessus de tout, et qui se tourne à la ruine de la réforme ! Qu'ils cessent donc de supposer ce que la traditions seule enseigne, ou qu'ils rougissent de blas

phémer contre cette tradition, s'ils continuent de la supposer.

Quoique les apôtres fussent immédiatement inspirés pour annoncer les mystères, ils n'agissoient pourtant pas toujours, dans les choses de conduite, par une actuelle inspiration. Saint Pierre, répréhensible au jugement de saint Paul qui lui résiste en face, en est une preuve qui ne sera jamais oubliée. Il n'est pas question d'alléguer ici la sainteté des apôtres, puisqu'il s'agit, non des dispositions personnelles des ministres, mais de la nature du ministère. Faire dépendre l'autorité des pasteurs de leur sainteté, ce seroit retomber dans une erreur semblable à celle des Vaudois. Judas, avare et perfide, n'étoit pas moins véritablement apôtre que ses collègues. Combien voit-on, dans la suite des siècles, de saints pasteurs qui n'étoient point apôtres !

ont établis d'autres pasteurs, et leur out communiqué les clefs. Voilà le droit des apôtres, transmis tout entier et sans réserve à leurs successeurs. Timothée et Tite n'étoient ni apôtres ni évangélistes cependant écoutez saint Paul, qui dit à l'un: Les choses que tu as entendues de moi entre plusieurs témoins, commets-les à des gens fidèles qui soient suffisants pour enseigner aussi les autres '. Il dit à l'autre : Que tu établisse des anciens, c'est-à-dire sans difficulté des pasteurs, de ville en ville 2. Les apôtres n'en faisoient pas davantage.

Ainsi il est manifeste que le ministère apostolique, quoique orné accidentellement par des dons extraordinaires et personnels qu'on en peut détacher, étoit dans son fond et dans sa nature le même qui a passé dans leurs successeurs. Et c'est en vain que M. Claude dit: Il y a donc une grande » différence entre ces deux ministères : l'un pré

Mais enfin, indépendamment du don des miracles, de l'inspiration particulière, de la mis-» cède l'Église, et l'autre la suit. » Peut-on voir sion universelle, enfin de la sainteté et de tous les autres dons personnels attachés aux apôtres, la grande promesse de Jésus-Christ regarde un ministère qui étoit dans les apôtres, et qui ne devoit point finir avec eux. Ces dons étoient passagers. Les apôtres qui les avoient reçus devoient mourir bientôt. Cependant c'est leur ministère même qui ne mourra jamais, et qui demeurera inaltérable dans leurs successeurs. Allez, dit Jésus-Christ', instruisez toutes les nations, les baptisant, etc.; et voici, je suis avec vous jusques à la consommation du siècle. Voilà un ministère unique et éternel, quoique les graces miraculeuses et extraordinaires, qui étoient extérieures au ministère, ne dussent pas être éternelles. Voilà les promesses faites aux apôtres, non en qualité d'hommes extraordinaires, miraculeux et inspirés, mais en qualité de pasteurs dont le ministère ne finira qu'avec le monde.

Les apôtres, dira-t-on, avoient ce droit, nonseulement de conduire le troupeau, mais encore de lui donner eux-mêmes de nouveaux pasteurs pour leur succéder. Il est vrai, et c'est par-là qu'on doit reconnoître que le ministère se perpétuoit indépendamment du peuple. Mais cette puissance d'établir des pasteurs, qu'on ne peut refuser aux apôtres, il faut la reconnoître tout de même dans leurs successeurs. Les apôtres ont fait des pasteurs, et ont disposé des clefs : c'est ce que l'Écriture montre. La même Écriture ne montre pas moins que les pasteurs qui leur ont succédé

* Matth., XXVII, 49

une preuve moins concluante que celle-là? Il est question de savoir si le ministère des apôtres n'est pas le même que celui de leurs successeurs; et pour montrer que ce n'est pas le même, il supposc que celui des successcurs a suivi l'Église, au lieu que l'autre l'a précédée. Mais, à moins qu'on ne prouve d'ailleurs que c'étoient deux ministères, je n'ai qu'à lui répondre que le ministère des pasteurs ordinaires a précédé l'Église en la personne des apôtres, puisqu'ils ont le même ministère continué. Le ministère d'Aaron avoit sans doute précédé cette Église judaïque qui reçut l'ancienne loi après avoir été assemblée en Égypte. En vérité, pourroit-on dire que le ministère d'Aaron étoit différent de celui de ses successeurs, précisément parce que l'un a précédé l'Église, et que l'autre la suit?

M. Claude ajoute: « L'un est immédiatement >> communiqué par Dieu; l'autre est communiqué » par le moyen des hommes. » J'aimerois autant dire que l'humanité d'Adam n'étoit pas la même humanité que celle de ses enfants, parce que Dieu seul a formé l'un, et que les autres sont venus par une génération successive. Si Jésus-Christ a voulu multiplier et perpétuer le ministère par douze premiers pasteurs, auxquels il ait attaché la génération spirituelle et successive, comme il a multiplié et perpétué le genre humain par un seul homme, en y attachant la génération charnelle et successive, pourquoi faire sur l'un une difficulté qu'on auroit honte de faire sur l'autre?

I Tim., II, 2.. 2 Til., 1. 3.

Continuons d'écouter M. Claude. « L'un a l'in» dépendance, l'autorité souveraine et l'infaillibi»lité pour son partage; l'autre est exposé aux » vices, aux déréglements, aux erreurs et aux » foiblesses humaines, inférieur et dépendant de l'Église. L'un est divin en toute manière, et » l'autre est en partie divin et en partie humain. » Pour les vices des particuliers, nous avons déja remarqué qu'ils regardent personnellement les ministres, et non le ministère. Les foiblesses que l'Évangile marque dans les apôtres, pendant la vie de Jésus-Christ, ne les empêchoient pas d'être apôtres. Après sa mort, nous voyons encore les particuliers se contredire et se reprendre,tels que saint Pierre et saint Paul, saint Paul et saint Barnabé. Mais enfin M. Claude avoue que le ministère du collège des apôtres avoit l'indépendance, l'autorité souveraine et infaillible. Il ne reste plus qu'à savoir comment il pourra prouver que ce ministère, divin en toute manière, indépendant, souverain, infaillible, n'a point passé à leurs successeurs, et que ceux-ci n'ont eu qu'un ministère inférieur, dépendant, en partie divin, et en partie humain. Voilà une étrange chute du ministère. Il falloit au moins la prouver clairement par l'Écriture. Mais M. Claude veut être cru sans preuve. Ce seroit pourtant à lui à trouver ces deux ministères si différents marqués dans l'Écriture, et à nous montrer des promesses faites dans le texte aux apôtres en général, qui ne passent point à leurs successeurs. Qui vous écoute m'écoute, regarde les pasteurs de tous les siècles. Le Caté-nistère pastoral. Les mêmes paroles qui établissent chisme des protestants de France le dit formellement, au dimanche quarante-cinquième. Le synode de Dordrecht l'a reconnu aussi, et s'en est servi contre les remontrants. Quand Jésus-Christ a dit: Quiconque reçoit celui que j'aurai envoyé, me reçoit; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé1; il a parlé pour les pasteurs de tous les siècles. Les protestants n'oseroient nier que la mission de chaque pasteur ne soit divine, et qu'il ne soit l'envoyé de Jésus-Christ, comme JésusChrist est celui de son père. Voilà ce qu'on ne peut révoquer en doute, « si ce n'est toutefois, comme » dit saint Cyprien 2, que quelqu'un ait assez de » témérité sacrilége et d'égarement d'esprit pour » penser que l'évêque soit établi sans le jugement » de Dieu. » Si Jésus-Christ dit aux apôtres Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant, etc., et voici que je suis avec vous, ces paroles ne regardent pas moins les successeurs des

| apôtres que les apôtres mêmes, puisque les apôtres ne pouvoient point enseigner et baptiser euxmêmes jusqu'à la fin du siècle, eux qui ont vécu peu d'années après la mort de Jésus-Christ. C'est en vain que M. Claude soutient qu'ils sont encore nos pasteurs, et qu'ils nous enseignent dans leurs écrits qui sont leurs chaires'. Dans leurs écrits ils ne baptisent point jusqu'à la consommation du siècle; et ce seroit une trop grande obstination que de nier que la promesse regarde leurs successeurs. Ce que Jésus-Christ a dit à saint Pierre regardoit aussi sans doute tout le corps des pasteurs. Je vous donnerai, dit-il, les clefs du royaume des cieux, et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aux cieux; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aux cieux. Il ne s'agit pas d'examiner ici ce que nous prétendons sur la primauté de saint Pierre. Nous convenons avec les protestants que les clefs sont données en sa personne à tous les pasteurs. M. Jurieu le dit luimême. C'est précisément par la force de ces paroles que le ministère se forme. C'est sur ces paroles que nos frères fondent le droit que leurs pasteurs prétendent avoir d'excommunier les fidèles indociles. Mais Jésus-Christ donna-t-il deux sortes de clefs, les unes aux apôtres, indépendamment du peuple; les autres au peuple, pour commettre dans la suite des pasteurs dépendants de lui? On ne trouve dans ces paroles aucune trace de distinction entre deux ministères, ou entre deux manières différentes de donner le même mi

'Joan., XIII, 20. Epist., LI, ad Anton.

les apôtres pasteurs indépendants, souverains, infaillibles, selon les expressions de M. Claude, établissent leurs successeurs: elles ne disent pas un seul mot pour les uns plus que pour les autres. Pourquoi les croire si efficaces et si étendues pour les apôtres, si impuissantes et si restreintes pour leurs successeurs, qu'elles regardent comme eux sans distinction? Il faut que les protestants avouent que l'Église a duré, pendant la vie des apôtres sous cette forme que nous prétendons qui subsiste encore. Le peuple fidèle, pour qui le ministère étoit établi, vivoit soumis à ce ministère, sans avoir aucune liberté d'en disposer. L'autorité divine, me dira-t-on, avoit dépouillé le peuple de son droit. Voilà donc le peuple dépossédé, et les ministres indépendants. Sur quel titre le peuple, dépossédé par une institution divine qui ne distingue jamais les premiers pasteurs des autres,

• Réponse aux Préjugés, pag. 342.
Matth., XVI, 49,

peut-il reprendre la possession qu'il a perdue? | du corps des pasteurs abattu, ou à le raffermir

quand il sera chancelant? Tout au contraire, il assure que le corps des pasteurs est donné avec le ministère pour soutenir les élus mêmes. Voici ses paroles. Je les rapporte selon la version de Genève, parce qu'elle est plus familière et moins suspecte aux protestants. « Lui-même done a » donné les uns pour être apôtres, les autres

Dans le texte évangélique tout est unique, un seul ministère, une seule sorte de clefs, une seule manière de les recevoir et de les exercer. Pourquoi imaginer des différences que l'Écriture ne fait point? Si deux hommes étoient appelés à une succession par un testament dont les clauses ne marquassent jamais aucune distinction entre eux, pourroit-on dire que le droit de l'un seroit plus» pour être prophètes, et les autres pour être grand que le droit de l'autre? L'égalité des termes du titre seroit une preuve invincible de l'égalité des droits. Pourquoi donc supposer des inégalités entre les premiers pasteurs et ceux qui les suivent; puisque l'institution commune, prise religieusement à la lettre, rend tout égal?

Quoi donc ! diront les protestants, vous prétendez que le corps des pasteurs, dans la suite de tous les siècles sans interruption, est souverain et infaillible, comme le collége des apôtres? Oui, sans doute. D'où venoit aux apôtres cette infaillibilité qu'ils avoient, non en qualité d'auteurs canoniques, ou de prophètes, ou d'hommes inspirés de Dieu, mais en qualité de pasteurs? Elle n'est point promise à chacun d'eux en particulier.

Les promesses sont communes, et nous les avons déja vues souvent. Enseignez, baptisez, je suis avec vous. Voilà les promesses qui les regardent en qualité de pasteurs ; mais elles les regardent tous également, et en corps. Ils n'ont point reçu d'autres promesses d'infaillibilité que celle-là, et celle-là leur est commune avec leurs successeurs. Je suis, dit-il, avec vous jusqu'à la fin des siècles. Ainsi l'assemblée des pasteurs peut dire en tout temps ce que l'assemblée des apôtres disoit au concile de Jérusalem': Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous. Quand les hommes parlent ainsi, ils se fondent non sur leur propre force, mais sur la promesse qui soutient leur infirmité. Les apôtres le disoient humblement, et leurs successeurs peuvent le dire de même.

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» évangélistes, et les autres pour être pasteurs >> et docteurs, pour l'assemblage des saints, pour » l'œuvre du ministère pour l'édification du » corps de Christ, jusqu'à ce que nous nous ren» contrions tous en l'unité de la foi et de la con»> noissance du Fils de Dieu, en homme parfait, » à la mesure de la parfaite stature de Christ; afin » que nous ne soyons plus enfants flottants, et » étant démenés çà et là à tout vent de doctrine, » par la piperie des hommes, et par leur ruse à » cauteleusement séduire. » Comment parlent les protestants? Ils soutiennent qu'il peut arriver, et qu'il est même arrivé dans ces derniers temps, que le corps des pasteurs ayant corrompu le ministère, il a fallu que le peuple ait redressé le corps des pasteurs, et qu'il ait formé un ministère nouveau. Comment parle saint Paul? Précisément comme les catholiques. Il dit que Dieu donne des apôtres, des prophetes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs. Voilà la perpétuité marquée par cette suite de conducteurs qu'il a donnés à son peuple dès l'origine de la religion. Remarquez qu'après avoir nommé les prophètes et les apôtres, il nomme les pasteurs et les docteurs, tant ceux que les apôtres ont établis de leur temps, que ceux qui leur succèdent dans toute la suite des siècles. Il les met ensemble sans distinction pour le gouvernement des élus. Ce n'est pas le peuple qui les prend, c'est Dieu même qui les donne. Mais pourquoi les donne-t-il? cst-ce simplement pour instruire et pour éditier les élus? est-ce afin que les élus profitent de leur doctrine autant qu'ils la jugeront saine, et qu'ainsi les élus puissent ou continuer ou révoquer leur commission, comme ils le croiront à propos? Non. Tout au contraire, c'est afin que les élus qui seroient eux-mêmes flottants, démenés çà et là à tout vent de doctrine, exposés à la piperie et à la séduction des nouveaux docteurs, soient soutenus dans la simplicité de la foi par l'autorité et par les décisions du corps des pasteurs. Qu'on ne dise donc pas que la

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» temps et hors temps. Reprends, tance, exhorte >> en toute douceur d'esprit et de doctrine; car il » viendra un temps qu'ils ne souffriront point la » saine doctrine, mais ayant les oreilles chatouil» leuses, ils s'assembleront des docteurs selon » leurs desirs » (la note marginale de Genève dit: ils s'entasseront des docteurs les uns sur les autres ), « et détourneront leurs oreilles de la vé» rité, et se tourneront aux fables. Mais toi, veille >> en toutes choses, endure les afflictions, fais l'œu» vre d'un évangéliste. » Vous voyez par ces paroles, que le malheur des derniers temps sera que les peuples, détournant leurs oreilles des enseignements des pasteurs déja établis, se feront euxmêmes des docteurs nouveaux, qu'ils entasseront selon leurs desirs; c'est-à-dire qu'ils voudront, non pas se soumettre à la doctrine des docteurs établis, mais se faire eux-mêmes des docteurs nouveaux, selon la doctrine qu'ils voudront suivre. Que doit faire alors Timothée? doit-il croire que le ministère appartient au peuple, et que le peuple a un droit naturel de se faire conduire par les pasteurs qu'il juge les plus convenables? Tout au contraire. C'est lorsque le troupeau se révoltera ainsi, et voudra entasser des docteurs selon ses desirs, que le pasteur doit soutenir davantage son autorité. Mais toi, veille, dit-il, en toute choses, fais l'oeuvre d'un évangéliste. C'est encore dans le même sens que cet apôtre dit à Tite: Admoneste, et reprends avec toute autorité de commander 2. Peut-on marquer rien de plus absolu et de plus indépendant du peuple?

promesse de la perpétuité de la foi est attachée | parle. « Prêche la parole, dit-il ; insiste en aux élus par le titre de leur élection. Il est vrai que cette perpétuité de la foi est promise en faveur des élus; mais elle ne doit pas venir par leur canal, c'est par celui des pasteurs, sans lesquels les élus mêmes seroient séduits et corromproient le sens des Écritures. Qu'on ne dise point aussi qu'au moins les élus ne renverseroient pas les points fondamentaux. Sans l'autorité des pasteurs les élus seroient des enfants flottants, c'est-à-dire le jouet de toutes les opinions incertaines, démenés çà et là à tout vent de doctrine, c'est-à-dire emportés, comme un vaisseau l'est par la tempête, dans tous les excès des doctrines les plus monstrueuses, où leur foi feroit naufrage. Vous voyez que nulle espèce d'erreur n'est exceptée dans des termes si forts et si généraux. Ces pasteurs leur sont donnés pour les garantir de la piperie des hommes, c'est-à-dire pour les empêcher de suivre de nouveaux docteurs, qui ne manquent jamais de promettre qu'ils expliqueront mieux l'Écriture que les anciens. Mais cette autorité fixe des pasteurs peut-elle avoir quelque interruption? Non sans doute; car alors les élus mêmes, séduits, ou par la subtilité des faux docteurs, ou par leur propre esprit tenté de présomption, seroient démenés çà et là à tout vent de doctrine. Mais jusques à quel temps doit durer cet ordre de pasteurs, qui, bien loin de pouvoir être ébranlé, est le soutien inébranlable des élus mêmes? Saint Paul le décide clairement. « Jusqu'à ce, dit-il, que nous » nous rencontrions tous en l'unité de la foi et de » la connoissanee du Fils de Dieu, en homme par» fait, à la mesure de la parfaite stature de Christ. >> C'est encore, comme cet apôtre le dit au même lieu, « pour l'assemblage des saints et pour l'édi»fication du corps de Christ, » c'est-à-dire, selon la note marginale de la Bible de Genève, pour l'entier assortiment de ce corps; ce qui signifie clairement que cet ordre où les élus, bien loin de relever le ministère des pasteurs, doivent être sans cesse soutenus par cette autorité du corps pastoral, subsistera sans interruption jusqu'au dernier jour, où Jésus-Christ, rassemblant tous les saints, trouvera en eux l'intégrité de son corps mystique, et jugera le monde. Je n'ajoute rien au sens naturel et littéral des paroles de l'Apôtre: elles expriment d'elles-mêmes toute l'étendue du dogme catholique.

Selon le système des protestants, les bons pasteurs mêmes, tels que Timothée et Tite, n'ayant que le droit et la commission du peuple, le peuple auc'est-à-dire, seroit pu révoquer leur commission toutes les fois qu'il l'auroit voulu. Quand même le peuple les auroit révoqués pour s'attacher à de faux docteurs, le ministère de Timothée et de Tite, quoique légitime, eût cessé par la révocation du peuple. Il est vrai qu'en ce cas, selon les protestants, l'autorité des nouveaux docteurs auroit été nulle à cause de leurs erreurs; mais celui des bons pasteurs n'en auroit pas été plus ferme. Ce qui en fût arrivé, c'est que le ministère des uns et des autres seroit tombé en même temps, et que l'Église seroit demeurée sans ministère. Celui des faux docteurs eût été nul par la córruption de leur doctrine, celui des bous docteurs eût été nul aussi par la révocation du pouvoir qui leur étoit confié par le

Écoutons encore saint Paul, qui parle à Timo thée sur ce même principe. Remarquez toujours que ce n'est pas à un apôtre, mais à un pasteur ordinaire, comme ceux qu'on voit aujourd'hui, qu'il

II. Timoth., IV, 2, 3, 4, 5. * Tit., II, 43.

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