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ciens mercenaires et capricieux, il devient inutile de discuter avec eux sur l'objet de leur préférence, car ces chanteurs sont connus depuis longtemps (1).

Cependant pour que les membres du clergé ou les simples amateurs puissent connaître l'excellence et la valeur du chant grégorien, il faut qu'ils se soient appliqués à son étude sous un maître instruit et qu'ils y aient apporté le plus grand soin. C'est parmi les prêtres qu'il faut chercher cet amour et cette aptitude avant que le goût du chant se répande chez le peuple. Il faut d'abord que le peuple voie ce chant apprécié et admiré par le clergé comme un héritage de ses saints prédécesseurs, avant qu'on exige de lui qu'il accorde à cette musique l'attention qu'elle mérite. Il est donc à désirer que l'étude et la pratique du plain-chant occupent de nouveau une place dans les séminaires, quoiqu'il ne soit pas convenable à un simple prêtre de prétendre donner des conseils à ses supérieurs.

Quelle belle et noble occupation, quel emploi utile et chrétien que l'étude du plain-chant pour des laïques qui voudraient consacrer leur talent musical au service de l'Église ? Que de dames mêmes pourraient passer des moments agréables en étudiant l'accompagnement du chant sur l'orgue et en l'enseignant aux enfants des écoles! Notre grand but en Angleterre doit être de pouvoir former un chant collectif : or, l'Ordinaire de la Messe, les Vêpres, les Litanies et les Proses du Salut nous offrent, pour ainsi dire, des moyens divins d'atteindre ce but. Tout laïque intelligent pourrait, sans de trop grandes difficultés et avec un peu d'étude, devenir capable de former des chantres qui puissent chanter le plain-chant de la Messe. Il n'est pas besoin d'être prophète pour leur prédire que la sympathie du peuple viendrait bientôt récompenser ces nobles efforts. Car il ne faut pas supposer un seul instant que l'art moderne ait, lorsqu'il s'agit de se concilier la sympathie populaire, des moyens de lutter contre le chant religieux qui est si agréable et si doux.

Cependant nous ne devons pas oublier qu'on ne saurait passer

(1) V. la lettre de M. Orton à un de ses amis.

de la théorie à la pratique sans être dirigé par des gens vraiment compétents en tout ce qui peut être nécessaire à la restauration d'une œuvre si intimement liée au culte chrétien. Rien ne serait plus contraire à l'esprit que nous voulons faire naître, et rien ne serait plus regrettable qu'un essai de restauration mal organisé, irréfléchi et par trop précipité. Plus une chose hors d'usage depuis longtemps a de valeur, plus sa restauration demande de prières, de ferme persévérance et de piété. Tout essai qui ne rentrerait pas dans ces conditions aurait probablement le même sort que la première tentative des Israëlites pour entrer dans la terre promise. Chi va sano va piano, dit le proverbe italien. Telle a toujours été la marque caractéristique du progrès d'une idée divine se réalisant parmi les hommes.

Si quelques personnes se trouvent portées à exercer leurs talents et leurs connaissances dans cette œuvre de miséricorde, nous croyons que leurs efforts doivent avoir pour base la conviction calme et réfléchie, mais cependant claire et positive, qu'elles ont entrepris la réalisation de l'idée du chant telle qu'elle existe dans l'esprit de Dieu. Car il leur faudra certainement, pour repousser les appréciations fausses et peu bienveillantes qui viendront quelquefois troubler leurs travaux, pouvoir répondre à cette question qui leur sera faite au surplus par un bon motif : Où voulez-vous en venir ? Quel est votre but? - Nous voulons nous associer à la grande pensée qui règne dans le Rituel et dans son chant, c'est-à-dire à l'incarnation et au sacrifice du Fils de Dieu. Si le Rituel et son chant se sont trouvés dès le commencement associés à la pensée des souffrances du Rédempteur, s'ils en ont été pendant tant de siècles et s'ils en sont encore la seule commémoration vraiment touchante, il serait imprudent de croire que l'effort (quel que soit l'esprit d'humilité qui l'inspire), par lequel nous tenterons de lui rendre l'honneur qui lui appartient de droit, soit exempt de toute participation à la croix et à la passion de notre divin Sauveur. Si, comme le prétendent quelques-uns, il n'y a aucune inspiration divine dans ce chant, on ne sera pas longtemps sans y découvrir cette prétendue stérilité, quand on viendra à en faire l'essai; si, au contraire, il est inspiré par l'Es

prit divin, il deviendra une source de joies et de satisfactions intérieures que rien ne viendra tarir, et qui croîtra chaque jour à mesure que l'œuvre produira les fruits par lesquels Dieu, dans sa miséricorde, bénira et fera prospérer une œuvre qui n'a d'autre but que de réaliser ses propres desseins.

Ce désir de restauration du chant grégorien n'est pas purement national. Mgr Parisis, le profond et savant évêque d'Arras, en fit le sujet de sa Lettre pastorale de 1846, et ses sentiments sont fortement partagés par le clergé de France. L'on sait que le primat de Belgique désire ardemment cette restauration et qu'il emploie depuis longtemps une partie de son clergé à poursuivre cette réforme que vient de compléter une édition corrigée des Antiphonaires romains approuvée et recommandée par le Saint-Père lui-même. En Italie les travaux de Baïni et d'Alfieri, en France les savants articles du chanoine Jouve (1), ceux de M. Danjou et de ses amis (2), les ouvrages de M. Fétis et de M. l'abbé Janssen en Belgique ont ravivé l'intérêt qui s'attachait à la restauration du chant grégorien. En Angleterre, l'usage exclusif du plainchant dans le grand séminaire de Maynooth, grâce au zèle de son digne directeur, ne peut que porter d'heureux fruits. En Allemagne, Mortimer (3), W. Maslon (4), Forkel (5), ont par leurs travaux attiré l'attention du peuple allemand dont les chants dérivés du chant grégorien, en ont en grande partie conservé les principes. Si ce désir existe aussi en Angleterre, c'est un symptôme de notre sympathie pour les penseurs, les savants, les sages et les hommes vertueux des autres nations, et, nous l'espérons, un signe de notre zèle pour la religion.

Plaise à Dieu, dans sa miséricorde, d'inspirer de nouveau à nos prêtres l'amour des chants de leur Rituel, de ces chants si fréquemment unis aux objets principaux de leurs prières. Plaise à Dieu de leur donner l'énergie et la sagesse qui conviennent

(1) Annales archéologiques, publiées par Didron aîné.

(2) Revue musicale.

(3) Mortimer, Der Choral Gesang.

(4) W. Maslon, der Gregorianische Gesang.

(5) Forkel, Einleitung zu der Geschichte des Kirchlichen Musik,

aux disciples d'un si grand saint (S. Grégoire)! Qu'ils se dévouent, sous son patronage, à la tâche d'enseigner le chant aux pauvres et aux ignorants, dont les musiciens modernes n'ont jamais cru devoir s'occuper, et qu'ils conservent toute la dévotion qui est due à la bienheureuse Vierge que saint Augustin appelle avec tant d'amour « Tympanistria nostra. »

Si, après un essai convenable, on s'aperçoit que l'esprit saxon n'est plus ce qu'il était, que ce chant qui faisait couler les larmes de S. Augustin a perdu son ancienne vertu, que le peuple l'a définitivement abandonné pour se jeter du côté des œuvres modernes, alors le partisan du chant grégorien sera le premier à se soumettre à l'esprit du temps, et il se contentera de s'occuper, dans un but purement chrétien, d'un art si noble, donné par un Créateur plein de miséricorde, retrouvé par un Rédempteur plein d'amour, dirigé et approuvé par l'Esprit-Saint, par la très-sainte Trinité et par un Dieu béni dans les siècles des siècles.

Mais jusqu'à ce que l'essai ait été fait avec bonne foi et que les résultats en aient été évidents, le partisan du chant grégorien tient à ses espérances: que le musicien n'en soit pas surpris.

BIBLIOGRAPHIE MUSICALE

La bibliographie que nous offrons au public est puisée dans l'ouvrage que le cardinal Bona a écrit sur la musique. Nous n'avons pas eu la prétention de donner une bibliographie complète de l'histoire de la musique religieuse. Nous avons cru faire une chose utile en donnant l'indication d'ouvrages fort peu connus pour la plupart, et qui cependant offrent un grand intérêt à ceux qui s'occupent de l'étude de cette branche de l'art. Cette bibliographie comprend un très-grand nombre d'auteurs et embrasse les temps qui se sont écoulés depuis le siècle d'Homére jusqu'au xvII. Elle serait donc suffisante pour faire une histoire générale de la musique sacrée, si le docte auteur avait joint à sa prodigieuse lecture celle des théoriciens et des manuscrits du moyen âge.

Le titre de chaque ouvrage est plus complet et plus exact que dans les catalogues bibliographiques, parce qu'il a été copié scrupuleusement sur les volumes eux-mêmes, de telle sorte que le lecteur qui désirerait se procurer pour ses études tel ou tel des dits ouvrages est assuré de les trouver dans les bibliothèques.

Nous saisissons cette occasion pour témoigner ici toute notre gratitude à M. Alphonse Pauly, dont les connaissances spéciales nous ont été d'un grand secours pour ce genre de travail. Les fonctions qu'il remplit à la Bibliothèque Impériale, avec autant de zèle que d'intelligence, lui ont permis de nous fournir les ren

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