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de chaque section, s'unir tellement entre eux qu'ils aiment mieux passer plusieurs nuits à peu de distance les unes des autres, que d'appeler à leur aide une autre section : « Nous sommes douze ou quinze dans notre section, disent-ils gaiement, nous nous suffirons bien dans notre village. »

Les statuts de l'association sont si simples et d'une application si facile, ils répondent si bien aux idées et aux besoins des habitants de nos campagnes, que l'association marche sans aucune espèce d'embarras. Depuis trois ans, plus de cinq cents nuits ont été passées par les associés, auprès de quinze personnes différentes, sans qu'il en soit résulté de fatigue pour personne et sans qu'aucune plainte se soit fait entendre. Si toutes les familles ne font pas partie de l'association, c'est qu'il y a des caractères malheureux qui ne peuvent se résoudre à agir comme tout le monde; et il faut le dire aussi, à la honte de l'humanité, c'est qu'il y a des gens assez égoïstes, pour ne jamais vouloir rendre aucun service à personne.

Il est inutile d'ajouter que l'association a grand soin de ne pas admettre parmi ses membres les gens tarés, d'une probité douteuse ou de mauvaises mœurs; il y aurait de trop graves inconvénients. L'association soigne charitablement ces gens-là, mais elle ne s'en sert pas.

Telle est, Monsieur, notre petite association. En beaucoup d'endroits, il en existe sans doute d'à peu près semblables, sous une dénomination ou sous une autre. Peutêtre serait-il à désirer de les voir se multiplier et se répandre dans les campagnes et dans les centres manufacturiers où elles pourraient rendre de grands services. Le principal mérite de notre association est sa grande simplicité, qui rend partout son établissement facile. Je ne doute pas, Monsieur, que les personnes qui, comme vous, s'occupent depuis longtemps d'œuvres de bienfaisance, n'y trouvent beaucoup de choses à changer et à perfectionner. Je vous

la soumets telle qu'elle est. Puisse cette œuvre, à peine ébauchée, recevoir entre vos mains habiles son entier développement, pour la gloire de Dieu et le soulagement de l'humanité souffrante; c'est le vœu de celui qui est avec respect et affection, Monsieur, votre très-humble et trèsobéissant serviteur.

Planches (Orne), 20 novembre 1852.

A. TOUROUDE,

Curé de Planches.

LA COMPASSION,

ASSOCIATION POUR LE SOULAGEMENT DES MALADES.

STATUTS.

ART. 1er. Une association est formée en la paroisse de Planches, diocèse de Séez (Orne), pour le soulagement corporel et spirituel des malades.

ART. 2. Les associés se rendront tous les soins et les services qu'imposent la religion et l'humanité, et prendront pour règle de leur conduite, cette maxime: Faites aux autres ce que vous voudriez qu'on vous fit à vous-mêmes.

ART. 3. Les associés se concerteront pour visiter pendant le jour et assister les malades, surtout ceux qui sont pauvres et abandonnés, et, si l'état des malades l'exige, ils passeront la nuit auprès d'eux chacun à leur tour.

ART. 4. Pour éviter autant que possible les longues courses et la perte de temps, les associés seront répartis en sections (autant de sections qu'il y a de villages).

ART. 5. La liste des associés sera dressée par sections et par lettres alphabétiques et inscrite dans un registre ouvert à cet effet. Chacun sera appelé auprès des malades suivant son rang d'inscrip

tion.

ART. 6. Il y aura dans chaque section une personne dépositaire de la liste de la section qui se chargera de prévenir les associés et de s'entendre avec eux pour le jour et l'heure où ils devront se rendre auprès des malades.

ART. 7.

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Lorsqu'un associé tombera malade, il sera d'abord visité et soigné par les associés de sa section, et au besoin, si la maladie se prolonge, par les membres des sections les plus voisines.

ART. 8. —Lorsqu'un associé aura passé la nuit auprès d'un malade, il en sera tenu note et sur la liste de la section et sur le registre général de l'Association, avec mention de la maison et de l'époque où il aura rempli ce devoir de charité.

ART. 9. Si, à cause de ses occupations ou de sa santé, un associé ne peut passer la nuit, il pourra se libérer de cette obligation en donnant un franc qui sera employé à payer une garde-malade prise parmi les associés et, autant que possible, d'après le choix et l'indication du malade.

ART. 10. Si un associé, après avoir été prévenu, refusait saus motifs graves, de SC rendre auprès d'un malade ou de se faire remplacer, il serait considéré par ce fait, comme ayant renoncé aux avantages de l'Association et son nom serait effacé de la liste des associés.

ART. 11. Tous les habitants de la paroisse sont appelés à faire partie de l'Association; mais quiconque aura négligé de se faire inscrire parmi les associés dans le cours du présent mois, et qui attendrait à être malade pour demander à y entrer, ne pourra y être admis que du consentement des as ociés, et, s'il est dans l'aisance, qu'après avoir payé, en faveur des pauvres malades, une indemnité

qui sera réglée par les associés convoqués à cet effet. Les mêmes conditions seront aplicables à tout étranger qui viendrait s'établir dans la paroisse, après qu'on lui aura donné un mois pour réfléchir, à partir du jour où il aura été invité à entrer dans l'Association.

ART. 12. - Cette association est faite non par tête, mais par maison, et profite à tous les membres de la famille habitant ensemble.

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ART. 13. L'Association ayant été érigée en Confrérie par Monseigneur Rousselet, évêque de Séez, la fête patronale de l'Association sera celle de la Visitation. L'office sera célébré chaque année sous le rit prescrit dans le Bref (rit solennel). Ce jour-là, il y aura salut solennel et le chant des litanies de la très-sainte Vierge après la béné diction du très-saint Sacrement.

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ART. 14. Chaque année, le lendemain de la fête de la Visitation, s'il est possible, il sera célébré solennellement un service funèbre pour les associés décédés.

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ART. 15. Après la célébration de ce service, les associés se réuniront pour entendre le compte rendu de ce qui a été fait dans le cours de l'année et pour délibérer sur tout ce qui pourrait avoir rapport à l'Association. Le rapport de l'œuvre et copie du compte rendu seront transmis à Monseigneur l'évêque.

Vu et approuvé par nous, évêque de Séez.

A Séez, le 18 mars 1850.

CAR. FRID., EPISC. SAGIENSIS.

Par Monseigneur :

SOULBIEU,

Chanoine honoraire, secrétaire,

L'HOSPICE DE SAINT-MARTIN DE BEAUPREAU.

Tandis que nos économistes se fatiguent à la recherche d'un problème insoluble, l'extinction du paupérisme; tandis que la charité officielle fait de louables efforts, mais trop souvent des efforts infructueux, pour secourir les classes malheureuses, la charité chrétienne multiplie son action sous toutes les formes, l'étend sur tous les points du territoire, et embrasse dans son immense affection toutes les misères et toutes les souffrances.

L'Anjou, en particulier, voit tous les jours augmenter le nombre de ces œuvres pieuses, dont les fondateurs ne recherchent ni le bruit ni la renommée, mais se contentent de répandre autour d'eux, sans qu'au loin on s'en puisse douter, des secours de toute sorte, des encouragements, et ces consolantes paroles qui rendent à ceux-ci l'espérance, à ceux-là l'unique chose qui la puisse remplacer : la résignation chrétienne.

Nous venons parler aujourd'hui d'une de ces œuvres, et montrer ce que deviennent les entreprises humaines lorsqu'elles s'appuient sur la religion et sur la foi. Comme nous l'avons dit plus haut, les fondateurs d'œuvres semblables à celle dont nous allons parler n'ont en vue ni la gloire ni les intérêts de ce monde, et loin de rechercher les applaudissements, leur charité toute chrétienne aime à s'envelopper de mystère, et pour eux l'aumône la mieux faite est celle qui n'a que Dieu et le pauvre pour témoins. Mais s'ils n'ont besoin que du témoignage de leur conscience; si non moins humbles qu'ils sont dévoués, ils appellent sur eux l'ombre et le silence avec autant d'ardeur que d'autres en mettent à s'entourer d'éclat et de lumière, il est bon et utile

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