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fant... Il faut le combattre par le germe incorruptible de la parole de Dieu. L'Église ne s'oppose pas à la diffusion de la science humaine, mais elle sait qu'un peu de vérité divine conduit bien mieux les âmes à leur fin véritable; elle leur enseigne le Credo, et alors elle peut les abandonner et leur dire : Va, fais ce que Dieu voudra, coupe le bois, taille la pierre, tu as en toi l'encens qui t'élèvera jusqu'à Dieu; va, et tu seras plus grand que tout ce que tu rencontreras devant toi, excepté le plus saint que toi, et tu ne plieras le genou que devant la sainteté.

La myrrhe, que présentent encore les mages, est une substance qui conserve les corps; symbole de la vertu, cette substance céleste qui seule assure l'immortalité. Donnez donc pour embaumer l'âme des enfants et l'encens de la vérité et la myrrhe de la vertu, ou au moins l'or qui facilitera l'œuvre totale de la rédemption des enfants. Contribuons à leur donner cette famille spirituelle qui seule remplace la famille temporelle et que l'Etat ne peut fonder, mais bien la religion seule.

On a dit laissons la misère dévorer la misère. Tout homme qui arrive dans un monde trop plein est condamné à mort par la nature... pourquoi le ressusciter, l'enlever aux oiseaux de proie? Voilà dans ces mots le chef-d'œuvre de la sagesse appelée un gouvernement du bien-être ou du malaise social.

Laisserons-nous monter le fleuve qui dévore? Non, car la parole de vie nous a été confiée; elle nous a dit: Touche et ressuscite, touche et pardonne, et partout où je trouve une misère je touche pour la guérir, et je suis certain qu'en agissant ainsi, j'accomplis nonseulement l'ordre de mon maître, mais encore celui de l'humanité véritable. Ne nous reposons pas sous prétexte que les flots de la misère sont trop pressés; combattons-la ainsi que le vice, c'est Dieu qui donnera l'accroissement à nos travaux; d'ailleurs nous pouvons au moins sauver des âmes, et si le sang du Christ ne peut donner à tous les biens de la terre, il est assez fécond pour donner à tous les biens de l'éternité.

BÉNÉDICTION DE LA CRÈCHE SAINT-ANTOINE,

RUE DU FAUBOURG-SAINT-ANTOINE, 170.

Discours de M. l'abbé Bautain.

Le 1er décembre dernier, une touchante cérémonie avait lieu dans le faubourg Saint-Antoine, pour l'installation de la crèche SaintAntoine dans un nouveau local. Un autel avait été dressé dans la Crèche; les bonnes sœurs, les berceuses, et quelques pauvres mères tenant leurs enfants dans les bras, étaient présentes; les dames de l'œuvre et les membre de son conseil d'administration faisaient les honneurs de la séance. MM. le maire et ses adjoints, les clergés de Sainte-Marguerite et de Saint-Ambroise avaient été invités, ainsi que le conseil d'administration de la Société générale des Crèches, et mesdames les présidentes et trésorières des autres Crèches.

Le beau temps favorisait la fête, et les salles étaient à peine assez grandes pour contenir le nombreux auditoire.

A deux heures, M. l'abbé Bautain, vicaire général, est introduit. Après avoir béni les salles, les berceaux, et les enfants, il a prononcé le discours suivant:

MESSIEURS,

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Mgr l'archevêque de Paris m'envoie bénir la Crèche que vous venez de transporter dans ce nouveau local, si bien approprié à sa destination. Digne disciple de celui qui a dit: «Laissez venir à moi les petits enfants; ne les empêchez point de m'approcher, parce que le royaume du ciel est pour ceux qui leur ressemblent, » le vénérable pontife aurait aimé à venir bénir lui-même ces berceaux, les personnes qui les ont établis, et celles qui les soignent; mais

de graves affaires l'ont retenu ailleurs, et il m'a donné l'honorable et douce mission de le représenter au milieu de vous. Je vous apporte donc, Messieurs, avec la bénédiction de votre archevêque, l'expression de ses vœux et de toute sa sympathie pour votre œuvre.

Cette œuvre est belle, Messieurs, elle est touchante, et elle réussira, parce qu'elle est chrétienne. Son nom lui portera bonheur, car elle s'appelle comme le berceau de Jésus-Christ, la Crèche; elle prend son origine et son caractère à la source même de la rédemption du monde, dans l'étable de Bethléem. Oui, c'est une heureuse pensée, une pensée vraiment chrétienne que de réunir dans un asile commun les enfants des pauvres ouvriers, que leurs mères ne peuvent soigner à cause de la nécessité de gagner leur pain de chaque jour, et de fournir ainsi à ces enfants, sous les ailes de la charité, des mères auxiliaires qui pourvoient aux besoins incessants de leur âge.

Cependant, Messieurs, permettez moi de vous le dire, il y aurait quelque chose de mieux encore: c'est que celles que la nature a fait mères le fussent complétement, le jour comme la nuit, et qu'avec le lait qu'elles sont chargées de donner à leurs enfants, elles pussent aussi, dans tout le cours de la journée, leur prodiguer ces tendres et chaudes caresses, vives expressions d'un cœur maternel, et que rien ne peut suppléer; ce qui serait mieux encore, c'est que la famille eût son lieu, son foyer, sa vivante atmosphère, animée par l'union des parents, et où les enfants puiseraient de bonne heure, avec l'esprit de famille, l'amour de leurs parents et la vraie fraternité. Voilà ce que nous regrettons vivement, même au milieu de la Crèche ; et c'est pourquoi, toute belle, tout utile qu'elle est, et quelque bien qu'elle fasse, nous ne pouvons y voir qu'on remède à un grand mal, qu'elle ne pourra jamais entièrement guérir.

Ce mal, Messieurs, c'est l'affaiblissement, la dissolution de la famille, et la famille est la base de la société. Plusieurs causes y concourent aujourd'hui, mais nous ne pouvons les énumérer en ce moment. Qu'il nous suffise d'en désigner d'eux, qui ne sont pas les moins actives: la première est l'immoralité des parents, trop souvent divisés entre eux par le désordre; et vous savez qu'il est écrit, Toute maison divisée en elle-même tombera ; » la seconde, qui se joint souvent à la première, c'est le travail dans les fabriques, pour la femme comme pour l'homme, en sorte que, dès le matin, chacun va de son côté; on ne se retrouve que le soir, dans les ténèbres, avec tous les inconvénients de la misère, et il n'y a plus de chez-soi pour personne, ni pour les parents ni pour les enfants. Aussi les uns et les autres s'habituent à ne tenir à rien; plus de fixité, plus de foyer commun, plus de lien domestique, plus de traditions, plus de souvenirs de famille. Les hommes s'isolent comme les animaux, presque au sortir du sein de leur mère, et ils s'accoutument de bonne heure à la vie égoïste du besoin ou du plaisir.

A cela que faire, Messieurs? Nous ne pouvons pas empêcher le progrès et le développement de l'industrie, dont aujourd'hui les puissants et dispendieux moteurs demandent un grand travail en commun pour dépenser toutes leurs forces et réparer tous leurs frais. C'est une suite de nos inventions modernes, si magnifiques d'ailleurs. Mais vous le voyez, aux plus belles choses il y a des inconvénients graves; aux plus brillantes médailles il y a un revers; et le revers ici, le revers de notre industrie si puissante, si éclatante et si féconde, c'est la destruction du travail individuel, et par conséquent la ruine ou au moins l'affaiblissement de la famille.

A ce mal, Messieurs, vous opposez la Crèche comme remède, et vous faites bien. Elle ne le guérira pas complé

tement, sans doute, mais elle en détruira une partie, et, en compensation du préjudice fait à la société par la famille affaiblie et presque abolie, elle lui procurera quelques avantages, qui sont précieux de nos jours.

Messieurs, on ne voit communément dans les Crèches qu'une espèce de nourrisserie, où l'on donne aux enfantspauvres qui y sont reçus pendant le jour tous les soins maternels que leurs propres mères ne peuvent leur donner ; et alors on s'attendrit avec raison en voyant ces pauvres innocents si bien fournis de tout ce qui leur est nécessaire, pendant que leurs parents travaillent librement à gagner le pain du jour. Messieurs, permettez-moi de vous le dire, ce n'est là cependant que la partie matérielle, le corps de la Crèche. Il y a aussi dans la Crèche une âme, un esprit, une vie morale, et c'est surtout par ce côté qu'elle nous. semble le plus digne d'estime et d'admiration.

Quand la Crèche est bien tenue, bien dirigée, c'est-àdire avec un esprit chrétien, à la fois doux et ferme, et qui sait maintenir l'ordre par la règle, en même temps qu'elle prodigue aux enfants tous les soins dus à leur faiblesse, elle devient, Messieurs, pour les hommes qui viennent de naître, la première école de respect. «Heureux, dit l'Écriture, celui dont le cou a été courbé de bonne heure par le joug de la loi! heureux celui qui a senti et accepté la discipline dès ses plus jeunes années; » car la vie de l'homme, comme celle de la société, ne peut être heureuse et utile que si elle est bien ordonnée, et l'ordre n'existe partout que par l'obéissance à la loi et la soumission à la discipline. Si le désordre nous tue, Messieurs, c'est que nous ne savons plus accepter et respecter la loi. On met son indépendance à la braver, tandis que la véritable indépendance, ou la liberté, consiste à n'obéir qu'à elle. Voyez, Messieurs, il n'y a plus rien de fort aujourd'hui parmi nous que ce qui est discipliné, l'armée et le clergé. C'est

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