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dans le désert, en punition de son ingratitude, avant d'avoir accès dans la terre promise 1. Ecoutons le Seigneur, qui ordonne à son prophète Ezéchiel de demeurer couché quarante jours sur son côté droit, pour figurer la durée d'un siège qui devait être suivi de la ruine de Jérusalem.

Deux hommes, dans l'Ancien Testament, ont la mission de figurer en leur personne les deux manifestations de Dieu: Moïse, qui représente la Loi, et Elie, en qui est symbolisée la Prophétie. L'un et l'autre approchent de Dieu le premier sur le Sinaï 2, le second sur Horeb 3; mais l'un et l'autre n'obtiennent accès auprès de la divinité, qu'après s'être purifiés par l'expiation dans un jeûne de quarante jours.

En nous reportant à ces grands faits, nous arrivons à comprendre pourquoi le Fils de Dieu incarné pour le salut des hommes, ayant résolu de soumettre sa chair divine aux rigueurs du jeûne, dut choisir le nombre de quarante jours pour cet acte solennel. L'institution du Carême nous apparait alors dans toute sa majestueuse sévérité, et comme un moyen efficace d'apaiser la colère de Dieu et de purifier nos âmes. Elevons donc nos pensées au-dessus de l'étroit horizon qui nous entoure; voyons tout l'ensemble des nations chrétiennes, dans ces jours où nous sommes, offrant au Seigneur irrité ce vaste quadragénaire de l'expiation; et espérons que, comme au temps de Jonas, il daignera, cette année encore, faire miséricorde à son peuple.

Après ces considérations relatives à la mesure du temps que nous avons à parcourir, il nous faut maintenant apprendre de la sainte Eglise sous quel

I. Num. XIV, 33. 2. Exod. xxiv, 18.- 3. III Reg. xix, 8.

symbole elle considère ses enfants durant la sainte Quarantaine. Elle voit en eux une immense armée qui combat jour et nuit contre l'ennemi de Dieu. C'est pour cela que le Mercredi des Cendres elle a appelé le Carême la carrière de la milice chrétienne. En effet, pour obtenir cette régénération qui nous rendra dignes de retrouver les saintes allégresses de l'Alleluia, il nous faut avoir triomphé de nos trois ennemis : le démon, la chair et le monde. Unis au Rédempteur, qui lutte sur la montagne contre la triple tentation et contre Satan lui-même, il nous faut être armés et veiller sans cesse. Afin de nous soutenir par l'espérance de la victoire et pour animer notre confiance dans le secours divin, l'Eglise nous propose le Psaume quatre-vingt-dixième 2, qu'elle admet parmi les prières de la Messe au premier Dimanche de Carême, et auquel elle emprunte chaque jour plusieurs versets pour les différentes Heures de l'Office.

Elle veut donc que nous comptions sur la protection que Dieu étend sur nous comme un bouclier; que nous espérions à l'ombre de ses ailes"; que nous ayons confiance en lui, parce qu'il nous retirera des filets du chasseur infernal qui nous avait ravi la sainte liberté des enfants de Dieu; que nous soyons assurés du secours des saints Anges, nos frères, auxquels le Seigneur a donne ordre de nous garder dans toutes nos voies", et qui, témoins respectueux du combat que le Sau

I. Temps de la Septuagésime, pag. 247, 2. Ps. Qui habitat in adjutorio, dans l'Office de Complies. -3 Scuto circumdabit te veritas ejus. A None. 4. Et sub pennis ejus sperabis. A Sexte. 5. Ipse liberavit me de laqueo venantium. A Tierce. 6. Angelis suis mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis tuis. A Laudes et à Vépres.

LE CARÊME.

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veur soutint contre Satan, s'approchèrent de lui, après la victoire, pour le servir et lui rendre leurs hommages. Entrons dans les sentiments que veut nous inspirer la sainte Eglise, et durant ces jours de combat, recourons souvent à ce beau cantique qu'elle nous signale comme l'expression la plus complète des sentiments dont doivent être animés, dans le cours de cette sainte campagne, les soldats de la milice chrétienne.

Mais l'Eglise ne se borne pas à nous donner ainsi un mot d'ordre contre les surprises de l'ennemi; pour occuper nos pensées, elle offre à nos regards trois grands spectacles qui vont se dérouler jour par jour jusqu'à la fête de Pâques, et nous apporter chacun ses pieuses émotions avec l'instruction la plus solide.

D'abord, nous avons à assister au dénouement de la conspiration des Juifs contre le Rédempteur: conspiration qui commence à s'ourdir et qui éclatera le grand Vendredi, lorsque nous verrons le Fils de Dieu attaché à l'arbre de la Croix. Les passions qui s'agitent au sein de la Synagogue vont se manifester de semaine en semaine; et nous pourrons les suivre dans leur affreux développement. La dignité, la sagesse, la mansuétude de l'auguste victime nous paraîtront toujours plus sublimes et plus dignes d'un Dieu. Le drame divin que nous avons vu s'ouvrir dans la grotte de Bethlehem va se continuer jusqu'au Calvaire; et pour le suivre, nous n'aurons qu'à méditer les lectures de l'Evangile que l'Eglise nous proposera jour par jour.

En second lieu, nous rappelant que la fête de Pâques est pour les Catéchumènes le jour de la nouvelle naissance, nous reporterons notre pensée à ces premiers âges du christianisme où le Ca

rême était pour les aspirants au Baptême la dernière préparation. La sainte Liturgie a conservé la trace de cette antique discipline; et en entendant ces magnifiques lectures des deux Testaments, à l'aide desquelles on achevait la dernière initiation, nous remercierons Dieu, qui a daigné nous faire naître dans ces siècles où l'enfant n'a plus à attendre l'âge d'homme pour faire l'épreuve des divines miséricordes. Nous songerons aussi à ces nouveaux Catéchumènes qui, de nos jours encore, dans les contrées évangélisées par nos modernes apôtres, attendent, comme aux temps anciens, la grande solennité du Sauveur vainqueur de la mort, pour descendre dans la piscine sacrée et y puiser un nouvel être.

Enfin, nous devons, pendant le Carême, nous remettre en mémoire ces Pénitents publics, qui, expulsés solennellement de l'assemblée des fidèles le Mercredi des Cendres, étaient, dans tout le cours de la sainte Quarantaine, un objet de préoccupation maternelle pour l'Eglise, qui devait, s'ils le méritaient, les admettre à la réconciliation le Jeudi saint. Un admirable corps de lectures, destiné à leur instruction et à intéresser les fidèles en leur faveur, passera sous nos yeux; car la Liturgie n'a rien perdu non plus de ces fortes traditions. Nous nous rappellerons alors avec quelle facilité nous ont été pardonnées des iniquités qui, dans les siècles passés, ne nous eussent peut-être été remises qu'après de dures et solennelles expiations; et, songeant à la justice du Seigneur, qui demeure immuable, quels que soient les changements que la condescendance de l'Eglise introduit. dans la discipline, nous sentirons d'autant plus le besoin d'offrir à Dieu le sacrifice d'un cœur véritablement contrit, et d'animer d'un sincère esprit

de pénitence les légères satisfactions que nous présentons à sa divine Majesté.

Afin de conserver au saint temps du Carême le caractère de tristesse et de sévérité qui lui convient, l'Eglise, durant un grand nombre de siècles, s'est montrée très réservée dans l'admission des fêtes à cette époque de l'année, parce qu'elles portent toujours en elles un élément de joie. Au ive siècle, le concile de Laodicée marquait déjà cette disposition dans son cinquante-unième Canon', ne permettant de faire la fête ou la Commémoration des Saints que les samedis ou les dimanches. L'Eglise grecque s'est maintenue dans cette rigueur; et ce n'est que plusieurs siècles. après le concile de Laodicée qu'elle s'en est enfin relâchée en admettant, au 25 mars, la fête de l'Annonciation.

L'Eglise Romaine alongtemps retenu cette discipline, du moins en principe; mais elle a admis. de bonne heure la fête de l'Annonciation, et ensuite celle de l'apôtre saint Mathias, au 24 février. On l'a vue, dans les derniers siècles, ouvrir son calendrier à d'autres fêtes encore dans la partie qui correspond au Carême, mais cependant avec une grande mesure, par égard pour l'esprit de l'antiquité.

La raison qui a rendu l'Eglise Romaine plus facile dans l'admission des fêtes des Saints en Carême, est que les Occidentaux ne regardent pas la célébration des fêtes comme incompatible avec le jeûne, tandis que les Grecs sont persuadés du contraire. C'est pourquoi le samedi, qui est toujours pour les Orientaux un jour solennel, n'est jamais chez eux un jour de jeûne, si ce n'est

I. LABB. Concil., tom. I.

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