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ous entrons, par ce nouveau volume, dans le saint temps du Carême ; mais telle est la richesse de la Liturgie dans cette saison, qu'il nous a été impossible de conduire le lecteur au delà du samedi de la quatrième semaine. La semaine de la Passion et la Semaine sainte, qui complètent les quarante jours de la pénitence annuelle, demandent à être traitées avec des développements que nous n'eussions pu introduire dans ce volume sans le conduire à des proportions par trop exagérées..

Son étendue est déjà considérable, bien qu'il ne comprenne que les deux tiers de la carrière que nous avons à parcourir. Nous l'avons intitulé le Carême; néanmoins les deux semaines qui nous restent à traiter sont aussi comprises dans le Carême; on peut même dire qu'elles en sont la partie principale et la plus sacrée. Toutefois, en attribuant le nom de Carême à cette première section, nous n'avons fait que ce que fait la Liturgie

elle-même, qui ne maintient cette dénomination que jusqu'au samedi de la quatrième semaine, donnant aux deux semaines suivantes les noms de Semaine de la Passion et de Grande Semaine. Notre volume suivant sera donc intitulé: La Passion et la Semaine sainte.

Nous faisons des voeux pour que nos lecteurs, déjà initiés, par le Temps de la Septuagésime, aux fortes et salutaires pensées que l'Eglise cherchait dès lors à leur suggérer, pénètrent maintenant dans l'esprit du Carême, à l'aide des lectures sacrées qui vont leur être proposées chaque jour. Nous y avons joint notre humble glose; mais telle est l'abondance de la doctrine qui ressort de cet enseignement séculaire, qu'il nous a fallu nous borner à relever seulement quelques traits. Des développements plus complets nous eussent contraint à écrire un volume entier pour chaque semaine. On rencontre aujourd'hui si peu de personnes qui possèdent la clef des saintes Ecritures, que souvent les choses qui étaient les plus familières à nos pères sont aujourd'hui totalement ignorées de leurs descendants. Daigne le Seigneur bénir nos faibles essais, et répandre sur les catholiques de France cet esprit d'intelligence des choses saintes qui nourrit la foi et féconde la vie chrétienne!

LE CARÊME

CHAPITRE PREMIER.

HISTORIQUE DU CARÈME.

N donne le nom de Carême au jeûne de quarante jours par lequel l'Eglise se prépare à célébrer la fête de Pâques; et l'institution de ce jeûne solennel remonte aux premiers temps du Christianisme. Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même l'a inauguré par son exemple, en jeûnant quarante jours et quarante nuits dans le désert; et s'il n'a pas voulu, dans sa suprême sagesse, en faire un commandement divin qui dès lors n'eût plus été susceptible de dispense, il a du moins déclaré que le jeûne imposé si souvent par l'ordre de Dieu dans l'ancienne loi serait aussi pratiqué par les enfants de la loi nouvelle.

Un jour, les disciples de Jean s'approchèrent de Jésus et lui dirent: « Pourquoi, tandis que << nous et les pharisiens jeûnons fréquemment, vos disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus daigna leur répondre: « Est-ce que les enfants de l'Epoux peuvent être dans le deuil, tandis que l'Epoux

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LE CARÊME.

I

<«< est avec eux ? Il viendra un temps où l'Epoux << leur sera enlevé, et alors ils jeûneront1. »

Aussi voyons-nous, par le livre des Actes des Apôtres, les disciples du Sauveur, après la fondation de l'Eglise, s'appliquer au jeûne et le recommander aux fidèles dans les Épîtres qu'ils leur adressent. La raison de cette conduite est facile à saisir. L'homme est demeuré pécheur, même après l'accomplissement des mystères divins par lesquels le Christ a opéré notre salut; l'expiation est donc encore nécessaire.

C'est pourquoi les saints Apôtres, venant au secours de notre faiblesse, statuèrent, dès le commencement du christianisme, que la solennité de la Pâque serait précédée d'un jeûne universel; et l'on détermina tout naturellement pour cette carrière de pénitence le nombre de quarante jours, que l'exemple du Sauveur lui-même avait marqué. L'institution apostolique du Carême nous est attestée par saint Jérôme 2, saint Léon le Grand 3, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Isidore de Séville, etc., bien qu'il y ait eu à l'origine des variétés assez considérables dans la manière d'appliquer cette loi.

On a vu déjà, dans le Temps de la Septuagésime, que les Orientaux commencent leur Carême avant les Latins, parce que leur coutume étant de ne pas jeûner les samedis, ni même les jeudis en certains lieux, ils sont contraints, pour former le nombre de quarante jours, à ouvrir la carrière de la pénitence dès le lundi qui, chez nous, suit le dimanche de Sexagésime. Ces sortes d'exception sont du nombre de celles qui confirment la règle. Nous

1. MATTH. IX, 14, 15.

2. Epist. xxvII ad Marcellam. 3. Serm. II, v, ix, de Quadragesima. 4. Homil. Paschal.

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- 5. De ecclesiast. officiis, lib. VI, cap. xIx.

avons fait voir aussi comment l'Eglise latine, qui, encore au vie siècle, ne jeûnait que trente-six jours sur les six semaines du Carême, le jeûne du dimanche ayant été de tout temps prohibé dans l'Eglise, a cru devoir ajouter postérieurement les quatre derniers jours de la semaine de Quinquagésime, afin de former rigoureusement le nombre de quarante jours de jeûne.

La matière du Carême ayant été traitée souvent et avec abondance, nous sommes contraint d'abréger considérablement les détails dans l'exposé historique que nous faisons ici, afin de ne pas dépasser les proportions de cet ouvrage; nous ferons en sorte cependant de ne rien omettre d'essentiel. Puissions-nous réussir à faire comprendre aux fidèles l'importance et la gravité de cette sainte institution, qui est destinée à remplir une si grande part dans l'œuvre du salut de chacun de nous !

Le Carême est un temps spécialement consacré à la pénitence; et la pénitence s'y exerce principalement par la pratique du jeûne. Le jeûne est une abstinence volontaire que l'homme s'impose en expiation de ses péchés, et qui, durant le Carême, s'accomplit en vertu d'une loi générale de l'Eglise. Dans la discipline actuelle de l'Occident, le jeûne du Carême n'est pas d'une plus grande rigueur que celui qui est imposé aux Vigiles de certaines fêtes et aux Quatre-Temps; mais il s'étend à toute la série des quarante jours, et n'est suspendu que par la solennité du dimanche.

Nous n'avons pas besoin de démontrer à des chrétiens l'importance et l'utilité du jeûne; les divines Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament déposent tout entières en faveur de cette sainte pratique. On peut même dire que la tradi

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