Obrazy na stronie
PDF
ePub

XII. La Colombe et la Fourmi.

L'AUTRE 'AUTRE exemple est tiré d'animaux plus petits.

Le long d'un clair ruisseau buvoit une colombe: Quand sur l'eau se penchant une fourmis y tombe; Et dans cet océan 1 l'on eût vu la fourmis

1

S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La colombe aussitôt usa de charité.

Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire 2 où la fourmis arrive.
Elle se sauve. Et là-dessus

(nus: Passe un certain croquant 3 qui marchoit les pieds

(1) La grande mer, par rapport à la fourmi.

(2) Pointe de terre ou de roche qui avance dans la mer. (3) Un paysan. En 1637,

sous Louis XIII, il se fit un soulevement de quelques communes dans le Périgord et la Saintonge, qui, sous pré texte de liberté, ne vouloient

[ocr errors]

Ce croquant, par hasard, avoit une arbalête.
Dès qu'il voit l'oiseau de Vénus,

Il le croit en son pot, et déja lui fait fête.
Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,
La fourmis le pique au talon.

Le vilain 4 retourne la tête:

La colombe l'entend, part, et tire de long.
Le soupé du croquant avec elle s'envole:
Point de pigeon pour une obole.

plus payer de subsides, et se
nommoient croquants. De là
ce nom a été employé pour
désigner en général un pau-
vre paysan, un villageois.

(4) Mot ancien, qui signifie un paysan. De VILLA, maison de campagne, a été formé VILLANUS, qui n'est que de la basse latinitė.

XIII. L'Astrologue qui se laisse tomber
dans un puits.

Un astrologue un jour se laissa choir
Au fond d'un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête?

Cette aventure en soi, sans aller plus avant, Peut servir de leçon à la plupart des hommes. Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes

Il en est peu qui fort souvent

Ne se plaisent d'entendre dire

Qu'au livre du destin les mortels peuvent lire.
Mais ce livre, qu'Homere et les siens ont chanté,
Qu'est-ce,
, que le hasard parmi l'antiquité,
Et parmi nous la providence?

Or du hasard il n'est point de science:

S'il en étoit, on auroit tort

De l'appeller hasard, ni fortune, ni sort;
Toutes choses très incertaines.

Quant aux volontés souveraines

De celui qui fait tout, et rien qu'avec dessein, Qui les sait, que lui seul? Comment lire en son sein? 'Auroit-il imprimé sur le front des étoiles

Ce que

que la nuit des temps enferme dans ses voiles? 'A quelle utilité? Pour exercer l'esprit

De ceux qui de la sphere et du globe ont écrit?
Pour nous faire éviter des maux inévitables?
Nous rendre, dans les biens, de plaisirs incapables?
Et, causant du dégoût pour ces biens prévenus',
Les convertir en maux devant qu'ils soient venus?
C'est erreur, ou plutôt c'est crime de le croire.
Le firmament se meut, les astres font leur cours,
Le soleil nous luit tous les jours,

Tous les jours sa clarté succede à l'ombre noire,
Sans que nous en puissions autre chose inférer
Que la nécessité de luire et d'éclairer,

D'amener les saisons, de mûrir les semences,
De verser sur les corps certaines influences.
Du reste, en quoi répond au sort toujours divers
Ce train toujours égal dont marche l'univers?
Charlatans, faiseurs d'horoscope,

Quittez les cours des princes de l'Europe: Emmenez avec vous les souffleurs tout d'un temps,

(1) Anticipés par notre imagination.

(2) Les chymistes qui s'amusent à chercher la pierre

2

philosophale, c'est-à-dire le moyen de convertir les métaux communs en or.

Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.
Je m'emporte un peu trop : revenons à l'histoire
De ce spéculateur qui fut contraint de boire.
Outre la vanité de son art mensonger,
C'est l'image de ceux qui bâillent aux chimeres
Cependant qu'ils sont en danger,

Soit pour eux, soit pour leurs affaires.

« PoprzedniaDalej »