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condamnation pour les pécheurs impénitens. Elle ne renouvelle et ne confirme pas seulement notre obligation de faire pénitence; mais elle nous apprend encore comment nous la devons faire. Elle nous en montre les qualités, et elle nous fait voir qu'elle doit être austère et humiliante, et renfermer tout ensemble la douleur et l'humiliation. Elle nous apprend ce que nous devons faire, et à quoi nous devons nous exposer pour détruire en nous le péché. Elle nous apprend encore, que l'homme pécheur mérite par son péché tout ce qu'il y a de confusion et de douleur; ensorte que toutes celles qu'il peut souffrir en cette vie, de quelque nature qu'elles soient, sont infiniment au-dessous de ce qu'il mérite; qu'il a perdu tout droit à la jouissance, et même à l'usage des créatures ; que lorsqu'il est privé de tout, il n'est réduit qu'à l'état qui lui convient; enfin, que la recherche des plaisirs illicites et la jouissance déréglée des créatures n'en méritent pas seulement la privation, mais qu'elles méritent de plus de ressentir de la douleur ; et qu'ainsi les maux et les peines sont le partage des pécheurs,

§. VI.

Obligation que nous avons de souffrir à l'exemple de Jésus-Christ.

JÉSUS-CHRIST en souffrant pour nous, nous donne un exemple que nous devons suivre (1); et nous ne pouvons être ses disciples, si nous ne marchons après lui en suivant ses pas. Ainsi Jésus-Christ, bien loin de nous décharger de souffrir en souffrant pour nous, nous en a imposé l'obligation (2); ensorte même qu'une des raisons pour lesquelles il a souffert, ç'a été pour nous engager par son exemple à le faire. Rieu, en effet de plus puissant que cet exemple. C'est la raison pour laquelle le grand Apôtre fait aux fidèles cette touchante exhortation: Courons par la patience dans cette carrière qui nous est ouverte, jetant les yeux sur Jésus l'auteur et le consommateur de la foi, qui dans la vue de la joie qui lui étoit préparée, ou, qui au lieu de la vie tranquille et heureuse dont il pouvoit

(1) 1. Pierre, II, 21. (2) Luc, XIV, 27.

jouir, a souffert la croix en méprisant la honte et l'ignominie (1). Ainsi Jésus-Christ dans sa passion n'est pas seulement notre victime et notre Sauveur, il est encore notre modèle et notre docteur. Il n'est donc pas possible de jeter les yeux sur les souffrances du Sauveur, sans comprendre l'obligation que l'on a de souffrir. Si le Fils de Dieu, le saint par excellence, l'auteur de toute sainteté, et dont le péché n'a jamais pu approcher, a néanmoins souffert des peines si terribles, seulement pour s'être chargé des péchés des hommes et avoir voulu les expier, que ne doivent point souffrir les pécheurs eux-mêmes

sont si coupables? Dans quelle confusion ne devons-nous pas être, quand nous lui comparons notre mollesse, notre sensualité, notre délicatesse? Comment osons-nous nous plaindre de quelques injures, de quelques mauvais traitemens, de quelques injustices, de quelques maux, de quelques donleurs, en comparant ce que nous souffrons avec ce que Jésus-Christ a souffert, que nous méritons avec ce qu'il méri

(1) Hébr. XII, 1.

ce

toit? Cependant nous sommes très-sensibles à la plus légere infirmité, à la plus petite injure, au moindre mépris: une humiliation nous trouble, une injure nous met hors de nous-mêmes une maladie nous impatiente et nous fait murmurer. Comment ne rougissonsnous pas plutôt, et ne nous condamnons-nous pas, en regardant la petitesse de nos souffrances avec la grandeur de celles de Jésus-Christ?

Il est important de considérer l'étendue de l'obligation que nous avons de souffrir, et il ne faut pas la restreindre à souffrir seulement les maux que la Providence nous envoie. Notre devoir est de marcher courageusement dans la voie de la justice et dans l'accomplissement de nos devoirs, sans jamais nous en détourner par la crainte des maux dont nous serions menacés, et qui pourroient nous arriver. Il ne faut pas se laisser aller à regarder comme des objets de terreur et de tristesse, les peines que Dieu nous envoie, mais plutôt comme des sujets de joie et de consolation: et de quelque nature qu'elles soient, infirmités, maladies, pertes de biens, humiliations, et autres semblables, un

chrétien sait s'en consoler, et même s'en réjouir, plutôt que s'en affliger, parce qu'alors il est conforme à JésusChrist souffraut.

Ces dispositions sont nécessaires, mais elles ne suffisent pas. Il faut de plus, se priver volontairement des plaisirs et des biens du monde auxquels on peut renoncer, et mener, autant que l'on peut, une vie dure et laborieuse. Il n'y a rien de plus honteux à un chrétien, que de vivre dans le luxe, la mollesse et la bonne chère, sous quelque prétexte que ce soit, après que Jésus-Christ a enduré de si vives douleurs, qu'il a été abreuvé de fiel et de vinaigre dans l'extrémité où il se trouvoit. Il n'est rien de plus indécent à un chrétien que de passer sa vie dans les plaisirs, les divertissemens et le jeu, après que Jésus-Christ a expiré sur une croix dans le comble de la douleur. Cette obligation de souffrir à l'exemple de JésusChrist, comprend généralement tous les chrétiens dans quelqu'état, et de quelque condition qu'ils soient; et c'est une illusion grossière et très-dangereuse que de s'imaginer qu'il y ait dans le monde des personnes à qui il soit per

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