Obrazy na stronie
PDF
ePub

CHAPITRE VIII.

Restauration du pélerinage de Cadouin.

Sancta syndo non senescit,
Cùm ipsa sit linea,
Sed miro modo valescit
Tanquam si sit aurea,

Le saint Suaire ne vieillit pas : et quoique composé d'un lin fragile, il dure merveilleusement comme s'il était d'or.

(Antienne d'un ancien office du saint Suaire de Cadouin).

Monseigneur l'Évêque de Périgueux écrivait, il y a « Une peu de temps, aux fidèles de son diocèse : relique insigne repose depuis des siècles dans l'église paroissiale de Cadouin. C'est un des linceuls qui servirent à l'ensevelissement du corps inanimé du Sauveur. Ce précieux monument de notre Rédemption a été vénéré de tout temps par la piété catholique; il

[blocks in formation]

l'est encore aujourd'hui. Mais nous voudrions imprimer un élan plus vif et plus général à la dévotion · dont il est l'objet, et accroître ainsi le nombre des pieux pélerins qui fréquentent son antique sanctuaire.

« Les paroles nous manquent pour rendre tout ce que nous sentons de reconnaissance envers cette aimable Providence, qui a daigné conserver à notre bien aimé diocèse l'inappréciable trésor du saint Suaire. Il est là toujours ce monument sacré des souffrances et de la mort de Jésus-Christ ; il est là dans cette chère église de Cadouin, sous ses voûtes hospitalières, qui l'abritent depuis si longtemps: il est là, tel absolument que le décrivait, il y a plus de deux cents ans Mgr de Lingendes, tel aussi qu'il a toujours existé dans l'abbaye; il est là, montrant à tous par la nature de son tissu, son origine orientale; par sa victoire sur le temps et les événements, l'action divine qui protége sa fragile exis'ence : et enfin, par les empreintes toujours visibles du sang et des aromates, et la cruauté des bourreaux et le dévoue ment des disciples du Sauveur.

« Et maintenant, nos frères bien-aimés, c'est à vous-même, c'est à vos sentiments de piété que nous» venons faire un premier appel. Se glorifier d'un tré

sor, quand on le possède, c'est peu, il faut en user. Or, comment mettrez-vous à profit la présence du saint Suaire parmi vous ? Par le moyen de pieux pélerinages que vous pouvez faire de temps en temps, selon les loisirs de votre état, au sanctuaire où il repose.

<«< La pratique des pélerinages est une des plu anciennes et des plus autorisées qui soient dans l'Eglise; voilà pourquoi les siècles de foi la tenaient en si grand honneur. Et nous, n'avons-nous pas aussi nos passions à vaincre, nos obstacles à surmonter ? Nos proches et nos amis ne sont-ils plus atteints des maladies de l'âme et des infirmités du corps, dont nous ayons à demander pour eux la guérison? Eh bien, voilà ce qui mettait à la main de nos pères le bâ'on du pélerin. Ils allaient, pleins d'une foi simple, confiante et soumise, aux sanctuaires bénis, que Dieu avait choisis de préférence pour montrer aux hommes sa puissance et la gloire de ses saints. Arrivés, ils priaient, se confessaient el communiaient; et souvent leurs demandes étaient exaucées ; et toujours ils revenaient meilleurs.

Certes, nos très chers frères, le bras de Dieu n'est pas raccourci, et sa Providence ne permet pas que rien périsse dans son Eglise de ce qui est utile à la

[ocr errors][merged small]

sanctification des âmes. Quoique le sens de la foi se soit malheureusement bien affaibli dans le siècle présent, la pieuse pratique des pélérinages semble y avoir retrouvé la faveur qu'elle avait perdue depuis longtemps; elle se propage de jour en jour dans tous les rangs de notre société catholique. Pourquoi le sanctuaire de Cadouin autrefois si renommé, le plus fréquenté peut-être qu'il y eut en France pendant deux siècles, pourquoi cet antique et vénérable sanctuaire serait-il exclu aujourd'hui de la bénédiction commune? Ah! laissez-nous le dire, nous espérons mieux de la libéralité divine et de la piété catholique. C'est dans cette confiance que nous nous proposons de célébrer dans l'église de Cadouin une grande solennité en l'honneur du saint Suaire. » (Lettre pastorale du 29 juin).

L'objet de cette fête, annoncée par Monseigneur l'Évêque de Périgueux, était la translation du saint Suaire dans une châsse magnifique, récemment acquise (53) et la restauration du pélerinage. Le vent mauvais qui ne cessa de souffler au XVIIIe siècle di-' minua sans l'interrompre le flot des fidèles visiteurs. La Révolution profana l'église sans la détruire, assassina le prieur et brûla en place publique l'histoire du couvent, les titres et les manuscrits. Le

principal, l'essentiel, le saint Suaire fut heureusement caché et échappa ainsi à la fureur des impies. Une fois de plus il est rentré dans sa demeure chérie. Il fallait relever cet antique pélerinage; cette restauration si désirable était depuis plusieurs années dans les vœux de tous (54). La gloire devait en revenir à Monseigneur DABERT; la Providence l'avait choisi pour accomplir cette œuvre magnifique. Son appel fut entendu de tout le diocèse. Le cinq septembre 1866, dès le matin, une affluence extraordinaire encombrait Cadouin et ses alentours. Ne pouvant trouver place dans les hôtelleries les pélerins campaient partout, dans les prés, sous les arbres, au milieu des bois, dans les rues et sur les p'aces publiques. On porte à dix mille le nombre des fidèles accourus en cette circonstance; deux cent cinquante prêtres entouraient Monseigneur; enfin des prélats, venus de loin, ajoutèrent aux pompes de ce jour l'éclat de leur présence : c'étaient NN. SS. GUIBERT, archevêque de Tours et FRUCHAUD, évêque de Limoges Mgr l'archevêque célébra la messe solennelle au milieu d'une foule immense qui remplissait les trois nefs qe la vieille église; à côté des évèques, les prètres accomplissaient les cérémonies et chantaient les mélodies sacrées. On y voyait des représentants le

« PoprzedniaDalej »