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la mort de l'évêque Adhémar revint au profit spirituel et bonheur de cette province.

Si on voulait savoir comment et en quel lieu fut gardé le saint Suaire depuis la Résurrection de JésusChrist jusqu'au septième siècle, où il fut sauvé des flammes, il suffirait de remarquer qu'au rapport de saint Athanase, deux ans avant que les Romains se fussent emparés de Jérusalem, les fidèles avertis par des révélations célestes sortirent en grand nombre de la ville et se retirèrent en d'autres provinces, emportant avec eux les saintes reliques et autres objets précieux; que plus tard, au témoignage d'Eusèbe, sous l'empire de Trajan, ils y retournèrent. En l'année 636, les Mahométans entrèrent dans la cité sainte, mais elle ne se rendit qu'à la condition, faite par l'évêque Sophronius, que les chrétiens pourraient y exercer librement leur religion. En effet, dit Baronius (an 643), les fidèles gardèrent leurs églises et les pélerins y venaient de toutes parts. Le saint Suaire fut donc fidèlement gardé et on put suivre sans peine les détails de son histoire.

Enfin, depuis qu'il fut sauvé miraculeusement des flammes, sous le roi Mahuvias, jusqu'à la première croisade, où il fut acheté par l'évêque Adhémar, nous avons quatre siècles. Que devint le saint Suaire pen

dant ce temps? Nous savons que les chrétiens de Jérusalem le gardèrent dans une église; plus tard il fut transféré à Antioche, et il faut admettre que ce fût vers l'an 1000, au temps où les fidèles étaient affligés par les Mahométans, qui en haine de la religion détruisirent l'église du Saint-Sépulcre (12). La tradition du saint Suaire dût se conserver avec soin puisque l'évêque Adhémar le reconnut, se le procura et ne voulut le confier qu'à sa mort à un prêtre de son église, qui à son tour, comme nous l'avons dit, le légua, avec son histoire, à un ecclésiastique du Périgord.

CHAPITRE III.

Hommages nombreux et éclatants rendus au saint Suaire.

Ave, Syndo speciosa,
Regale Sudarium,
Quo quievit pretiosa
Veri Regis omnium
Christi caro gratiosa;
Laus, salus et gaudium.

Salut, linceul précieux, Suaire royal, où reposa la chair divine et immaculée du vrai Roi du monde. Louange à vous, notre salut et notre joie.

(Antienne d'un ancien office du st Suaire de Cadouin.)

Nous avons à dérouler dans ce chapitre les nombreux triomphes de notre sainte relique; nous y verrons les rois et les peuples travailler ensemble à sa glorification.

Il faut parler d'abord de la belle église bâtie en

son honneur. Lorsque le saint Suaire fut porté à Cadouin, dit Tarde, c'était seulement un petit monastère de moines blancs qui vivaient d'aumônes sous l'autorité de l'évêque diocésain. En 1106, ce prélat leur accorda l'église de la Salvetat pour la posséder à perpétuité et elle devint plus tard l'église paroissiale de Cadouin. Neuf ans après, en 1115, ils furent reçus dans l'ordre de Citeaux. L'abbaye de Pontigny envoya une colonie de religieux à Cadouin et se l'affilia. Les moines se mirent à l'œuvre en 1118 pour la construction de l'église; elle fut très-solennellement consacrée en 1154 par les évêques de Périgueux, d'Agen et d'Angoulême, en présence de onze Abbés. Dédiée à la très-sainte Mère de Dieu, protégée par elle et abritant le Suaire de son Fils, elle était doublement vénérable. Elle a bravé les siècles et les révolutions; elle est debout sous nos yeux et nous pouvons l'admirer encore. Très-remarquable par son architecture qui est en plein cintre, elle a la corniche en damier, qui se retrouve dans toutes les églises romanes. La voûte seule est en ogive primitive. Des voyageurs venus de Jérusalem ont affirmé qu'elle rappelait, par quelques lignes, l'église du Saint-Sépulcre. Le chœur est parfait et les enroulements en feuillage des cinq croisées qui l'éclairent sont d'une grande délicatesse.

A la voûte de ce choeur se trouve une admirable peinture c'est une fresque représentant la résurrection de Jésus-Christ; à la sortie du tombeau de'x anges lui présentent des encensoirs d'or: elle est sur un fond d'azur (13). A côté de l'église est le cloître intérieur du monastère, vrai bijou de la renaissance, malheureusement dégradé dans la partie du couchant. Tous les détails du trône de l'abbé se rapportent à la passion de Jésus-Christ (14).

Dieu seul connaît le mouvement qui s'est produit autour du saint Suaire. Lui seul peut savoir les prières, les soupirs des fidèles, le nombre et les pas des pélerins, les miracles opérés et les témoignages de piété laissés dans l'abbaye. Les anciens historiens se plaignent du naufrage qui a englouti les riches traditions de Cadouin. Ce qui en est resté en donne néanmoins une idée.

Quatorze souverains pontifes ont consacré par leurs bulles la dévotion à notre saint Suaire. On cite Clément III, Innocent III, Alexandre IV, Boniface VIII, Urbain V, Grégoire XI, Innocent VIII, Clément VII, Jules II, Paul III, Léon X et Alexandre VI (15); il faut y ajouter Pie IX. L'objet de ces bulles est d'exciter en toutes manières la piété des fidèles à honorer la sainte relique de Cadouin. Elles accordent

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