PANDOR E. Le néant, d'où je fors à peine, Eft cent fois préférable à ce préfent cruel; JUPITER. Quoi! méconnaiffez-vous le Maître du tonnerre? Dans les Palais des Dieux regrettez-vous la Terre? PANDOR E. La Terre était mon vrai féjour; JUPITER. Non, vous n'en connaiffez qu'une image infidelle, Dans un Monde indigne de lui. Que l'Amour tout entier, que fa flamme éternelle, Dont vous fentiez une étincelle, De tous fes traits de feu nous embrafe aujourd'hui. PANDORE. Je les ai tous fentis; du- moins j'ofe le croire; Ah! vous avez pour vous la grandeur & la gloire ; Vous êtes Dieu, l'encens doit vous fuffire; Vous êtes Dieu, comblez mes vœux. Un Dieu doit faire des heureux. JUPITER. Je veux vous rendre heureufe, & par vous je veux l'être. Plaifirs, qui fuivez votre Maître, Miniftres plus puiffans que tous les autres Dieux, Déployez vos attraits, enchantez fes beaux yeux. Plaisirs, vous triomphez dès qu'on peut vous connaître. (Les Plaifirs danfent autour de Pandore en chantant ce qui fuit. ) CHOEUR. Aimez, aimez, & régnez avec nous; UNE VOIX. Sur la Terre on pourfuit avec peine CHOEU R. Aimez, aimez, & régnez avec nous; Le Dieu des Dieux eft feul digne de vous. UNE UNE VO IX. Les fleurs immortelles Ne font qu'en nos champs. Ici n'ont point d'ailes. CHOEUR. Aimez, aimez, & régnez avec nous; PANDOR E. Oui, j'aime, oui, doux plaifirs, vous redoublez ma flâme; Mais vous redoublez ma douleur. Dieux charmans, fi c'eft vous qui faites le bonheur, Allez au Maître de mon ame. JUPITER. Ciel! Ciel! quoi mes foins ont ce fuccès fatal? Jupiter, arme-toi du foudre; Pren tes feux, va réduire en poudre Promethée eft armé, les Titans furieux Menacent les voûtes des Cieux; Ils entaffent des monts la maffe épouvantable. Appro Approche de ces lieux. JUPITER. Je les punirai tous... Seul je fuffis contre eux. PANDORE. Quoi, vous le puniriez, vous qui caufez fa peine? JUPITER. Marchons, & que la foudre éclate devant moi. PANDORE. Cruel! ayez pitié de mon mortel effroi; JUPITER (à Mercure.) Pren foin de conduire Pandore. J'éprouve les horreurs qui menacent le Monde. (Il fort.) PANDORE feule. O jour de ma naiffance! ô charmes trop funeftes! Défirs Défirs naiffans, que vous étiez trompeurs! Amour, qui m'as fait naître, apaise tant d'allarmes ; Enchaîne & défarmes La Terre & les Cieux. Fin du troifiéme Acte. ACTE |