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apartenons au monde, & que nous n'avons point l'efprit de JESUS-CHRIST. Quelle pitié de renoncer en aparence au monde, & d'en conferver les fentimens Jaloufie pour l'autorité, amour pour la réputation qu'on ne mérite pas, diffipation dans les compagnies, recherches des commodités qui flatent la chair, lâchetés dans les éxercices chrétiens, inaplication à étudier les vérités de l'Evangile. Voilà le monde ; il vit en nous, & nous voulons vivre en lui, puifque nous défirons qu'on nous aime, & que nous craignons qu'on nous oublie. Heureux le faint Apôtre, pour quite monde étoit crn- Gal. VI, 14cifié,& qui l'étoit auffi pour le monde !

Quel bonheur de fçavoir combien le monde eft méprifable! C'eft facrifier à Dieu peu de chofe que de lui facrifier ce fantôme. Qu'on eft foible quand on ne le méprife pas autant qu'il le mérite. Qu'on eft à plaindre, quand on croit avoir beaucoup quité en le quitant. Tout Chrétien y a renoncé par fon batême. Les perfonnes Religieufes & retirées, ne font que fuivre cet engagement avec plus de précaution que les autres. C'eft chercher le port que de fuir la tempête.

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Joan. XIV.

27.

IX. JOU R.

Je vous laiffe ma paix. Je vous donne ma paix, non comme le monde la donne. Jefus-Chrift.

Tous les hommes cherchent la paix; mais ils ne la cherchent pas où elle eft. La paix que fait efpérer le monde eft auffi diférente & aulli éloignée de celle qui vient de Dieu, que Dieu luimême eft diférent & éloigné du monde: ou plutôt, le monde promet la paix, mais il ne la donne jamais. Il préfente quelques plaifirs paffagers; mais ces plaifirs coûtent plus qu'ils ne valent. JESUS-CHRIST feul peut mettre l'homme en paix. Il l'acorde avec luimême il lui foumet fes paffions: il borne fes défirs: il le confole par l'ef pérance des biens éternels: il lui donne la joïe du faint Efprit: il lui fait goûter cette joïe intérieure dans la peine même. Et comme la fource qui la produit eft intariffable, & que le fond de l'ame où elle réfide eft inacceffible à toute la malignité des hommes, elle devient pour le Jufte un tréfor que perfonne ne lui peut ravir.

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dans la pof

que

La vraïe paix n'est
feffion de Dieu; & la poffeffion de
Dieu ici-bas, ne fe trouve que dans la
foûmiffion à la foi, & dans l'obéïflan-
ce à la loi. L'une & l'autre entretien-
nent au fond du cœur un amour pur
& fans mélange. Eloignez de vous tous
les objets défendus. Retranchez tous
les défirs illicites. Banniffez tout em-
preffement & toute inquiétude. Ne dé-
firez que Dieu. Ne cherchez que Dieu;
& vous goûterez la paix. Vous la goût-
terez malgré le monde. Qu'est-ce qui
vous trouble? La pauvreté, les mé-
pris, les mauvais fuccès, les croix in-'
térieures & extérieures. Regardez tour
cela dans la main de Dieu, comme de
véritables faveurs qu'il diftribue à fes
amis, & dont il daigne vous faire part.
Alors le monde changerà de face pour
vous, & rien ne vous ôtera votre paix.

X. JOU R.

Faites ceci, & vous vivrez. Jefus- Luc. X. 28 Chrift.

Souvent l'on dit qu'on voudroit fçavoir ce que l'on a à faire pour fe perfectionner; mais dès que l'efprit de Dieu nous l'enseigne, le courage nous

manque pour l'éxécuter. Nous fentons bien que nous ne fommes pas ce que nous devrions être. Nous voïons toutes nos miferes; elles fe renouvellent tous les jours: cependant on croit faire beaucoup en difant qu'on veut fe fauver. Ne comptons pour rien toute volonté qui ne va pas jufqu'à facrifier tout ce qui nous arrête dans la voie de Dieu. En vérité est - on digne des biens éternels, quand on ne fait que les vouloir d'une maniere vague? Pourroit-on prétendre à ce prix les moindres fortunes temporelles. O folie de l'homme qui a crû avoir le Ciel pour rien! On paffe fa vie à parler de Dieu, & à faire de beaux projets. La mort vient, & nous trouvera les mains vuides de bonnes œuvres. Seigneur, qui me donnera des aîles de colombe pour m'élever au-dessus de moi-même, & pour chercher mon repos dans le fein de mon Dieu ?

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239

AVIS

A une perfonne engagée à la Cour.

Es chaînes d'or ne font pas moins

que les

fer

L

On eft exposé à l'envie, & l'on eft digne de compaffion. Votre captivité n'eft en rien préférable à celle d'une perfonne qu'on tiendroit injuftement en prifon. La feule chofe qui doit vous donner une folide confolation, c'est que Dieu vous ôte votre liberté ; & c'eft cette confolation même, qui fou tiendroit dans la prifon, la perfonne innocente dont je viens de parler. Ainfi vous n'avez rien au-deffus d'elle qu'un fantôme de gloire, qui ne vous donnant aucun avantage éfectif, vous met en danger d'être ébloui & trompé.

Mais cette confolation de vous trouver par un ordre de Providence, dans la fituation où vous êtes, eft une confolation inépuifable. Avec elle rien ne peut jamais vous manquer ; par elle les chaines de fer fe changent, je ne dis

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