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La préfence de Dieu calme l'efprit, donne un fommeil tranquile, & du repos même pendant le jour, au milieu de tous les travaux.

Quand on a trouvé Dieu, il n'y a plus rien à chercher dans les hommes; il faut faire le facrifice de fes meilleurs amis: le bon ami eft au-dedans du cœur; c'eft l'époux qui eft jaloux, & qui écarte tout le refte.

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Il ne faut pas beaucoup de tems pour aimer Dieu, pour fe renouveller en fa préfence, pour élever fon cœur vers lui, ou l'adorer au fond de fon cœur, pour lui ofrir ce que l'on fait, & ce Luc. XVII. que l'on soufre; voilà le vrai Roïaume de Dieu au-dedans de nous, que rien ne peut troubler.

21.

Quand la diffipation des fens, & la vivacité de l'imagination, empêchent l'ame de fe recueillir d'une maniere douce & fenfible, il faut du moins fe calmer par la droiture de la volonté ; alors le défir du recueillement, eft une efpéce de recueillement, qui fufit: ik faut fe courner vers Dieu, & faire avec une droite intention tout ce qu'il veut que l'on faffe.

Il faut tâcher de reveiller en foi de tems en tems, le défir d'être à Dieu,

de toute l'étendue des puiffances de notre ame; c'est-à-dire, de notre esprit pour le connoître, & pour penfer à lui, de notre volonté pour l'aimer. Défirons auffi que nos fens extérieurs lui foient confacrés dans toutes leurs opérations.

Prenons garde de n'être point trop long-tems ocupés volontairement, foit au-dehors, foit au-dedans, à des chofes inutiles, qui caufent une fi grande diftraction au cœur & à l'efprit, & qui tirent tellement l'un & l'autre hors d'eux-mêmes, qu'ils aïent peine à y rentrer pour trouver Dieu.

Dès que nous fentons que quelque objet étranger nous donne du plaifir & de la joïe, féparons-en notre cœur ; & pour l'empêcher de prendre fon repos dans cette créature, préfentons-lui auffi-tôt fon véritable objet, & fon fouverain bien qui eft Dieu même. Pour peu que nous foïons fideles à rompre intérieurement avec les créatures, c'est-à-dire, à empêcher qu'elles n'entrent jufques dans le fond de l'ame, que notre Seigneur s'est réservé pour y biter, & pour y être refpecté, adoré, & aimé ; nous goûterons bien-tôt la joïe pure, que Dieu ne manquera pas de

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donner à une ame libre & dégagée de toute afection humaine.

Quand nous apercevons en nous quelques défirs empreffés pour quelque chofe que ce puiffe être, & que nous voions que notre humeur nous porte avec trop d'activité dans tout ce qu'il y a à faire, ne fût-ce que pour dire une parole, voir un objet, faire une démarche; tâchons de nous modérer, & demandons à notre Seigneur, qu'il arrête la précipitation de nos pensées, & l'agitation de nos actions extérieures; puifqu'il a dit lui-même, que fon efpris n'habite point dans le trouble.

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Aïons foin de ne prendre pas trop part à tout ce qui fe dit & fe fait, & de ne nous en pas trop remplir; car c'eft une grande fource de diftractions. Dès que nous avons vû ce que Dieu demande de nous dans chaque chofe qui fe préfente, bornons-nous-là, & féparons-nous de tout le refte. Par-là nous conferverons toujours le fond de notre ame libre & égal, & nous retrancherons bien des chofes inutiles qui embaraffent notre cœur, & qui l'empêchent de fe tourner aifément vers

Dieu.

Un excellent moïen de fe conferver

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dans la folitude intérieure, & dans la liberté de l'efprit, c'eft, à la fin de chaque action, de terminer là toutes les réfléxions qui en proviennent, les retours de l'amour propre, tantôt de vaine joïe, tantôt de trifteffe; parce qu'ils font un de nos plus grands maux. Heureux à qui il ne demeure rien dans l'efprit que le néceffaire, & qui ne ne penfe à chaque chofe que quand il eft tems d'y penfer ! Alors c'eft plutôt Dieu qui en réveille les efpéces par l'impreffion, & par la vûë de fa volonté qu'il faut acomplir, que notre efprit lui-même qui fe met en peine de les prévenir, & de les chercher. Enfin, acoutumons-nous à nous rapeller à nous-mêmes durant la journée, & dans le cours de nos emplois par une fimple vûë de Dieu. Tranquilifons par-là tous les mouvemens de notre cœur, dès que nous le voïons agité. Séparons nous de tout plaifir qui ne vient point de Dieu. Retranchons les penfées & les rêveries inutiles. Ne difons point de paroles vaines. Cherchons Dieu au-dedans de nous, & nous le trouverons infailliblement, & avec lui, la joïe & la paix.

Dans nos ocupations extérieures

foïons encore plus ocupés de Dieu que de tout le refte. Pour les bien faire, il les faut faire en fa préfence, & les faire toutes pour lui. A l'afpect de la majefté de Dieu, notre intérieur doit fe calmer & demeurer tranquile. Une parole du Sauveur calma autrefois tout d'un coup une mer agitée. Un regard de lui vers nous, & de nous vers lui, devroit faire encore tous les jours la même chose.

Il faut élever fouvent fon cœur vers Dieu : il le purifiera, il l'éclairera, il le dirigera. C'étoit la pratique journaPf. XV. 8. liere du faint Prophête David. J'avois toujours, dit-il, le Seigneur devant mes yeux. Difons encore fouvent ces belles paroles du même Prophète. Qui eft ce que je dois chercher dans le Ciel & fur la terre, finon vous? O mon Dieu vous -êtes le Dieu de mon cœur & mon unique partage pour jamais.

Il ne faut point atendre des heures libres où l'on puiffe fermer la porte. Le moment qui fait regretter le recueillement, peut le faire pratiquer auffi-tôt. Il faut tourner fon cœur vers Dieu d'une maniere fimple, familiere, & pleine de confiance. Tous les momens les plus entrecoupés font bons en tout tems,

Pf. LXXII. 25. 26.

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