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NÉCROLOGIE

Nous avons à enregistrer une mort regrettable pour les amis de l'iconographie: celle de M. Duchesne aîné, conservateur du cabinet des estampes de la Bibliothèque Impériale. M. Duchesne entré à la Bibliothèque du Roi en 1787, a passé par tous les rangs de la hiérarchie avant d'arriver au titre de conservateur, et sa vie entière s'est écoulée dans la perpétuelle préoccupation de classer, d'enrichir, d'orner le dépôt auquel il était attaché. Les journaux ont loué à l'envi les services et le dévouement de M. Duchesne, et voici en quels termes l'un d'eux annonce la nouvelle de sa mort:

M. Duchesne ainé, conservateur du cabinet des Estampes, vient de succomber après quelques jours de maladie dans sa 76 année tous les habitués des salles iconographiques savent avec quelle urbanité et quel affectueux empressement M. Duchesne accueilloit le public. Digne successeur de M. Jolly qu'il a longtemps suppléé, c'est à lui qu'il faut faire honneur de l'ordre qui règne aujourd'hui dans cet important dépôt : ordre incomparable qu'on peut souhaiter à d'autres départements de la Bibliothèque Impériale et qui permet aux employés de satisfaire immédiatement aux exigences les plus diverses. Outre l'immense travail de classification et de rangement auquel M. Duchesne a consacré 60 ans de sa vie, on lui est redevable de nombreux ouvrages qui lui ont assigné un honorable rang dans la science. Nous n'en citerons que deux : Le Voyage d'un Iconophile, et surtout son Essai sur les Nielles, livre curieux qui le premier a ramené l'attention des artistes sur les trayaux si finis des orfèvres florentins au xve siècle. M. Duchesne aîné qui laisse en portefeuille de précieuses recherches sur l'iconographie n'étoit pas seulement un littérateur de science et de goût, c'étoit un homme profondément honnête et bon, d'un désintéressement rare et d'une urbanité parfaite, et dont la fin toute chrétiennne a dignement couronné la longue et laborieuse carrière.

ET

CATALOGUE DE LIVRES RARES ET CURIEUX DE LITTÉRATURE, D'HISTOIRE, ETC., QUI SE TROUVENT EN VENTE

A LA LIBRAIRIE DE J. TECHENER,

PLACE DU LOUVRE, 20.

FÉVRIER-1855.

22. ARS MEMORANDI per figuras Evangelistarum, in-fol. mar. fauve, fil. tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 3,200 fr. Exemplaire bien complet et très-bien conservé de la première des deux éditions de ce bizarre livre, à juste titre considéré comme le premier dans lequel, longtemps avant l'invention de l'imprimerie, on ait eu l'idée de réunir plusieurs feuillets de gravures en bois, pour en former un volume non manuscrit. Les figures ont été coloriées dans le temps. Volume trèsprécieux, de la plus haute importance xylographique qui n'existe en France que dans quelques bibliothèques publiques.

23. ÆSOPI Phrygis fabulæ elegantissimis eiconibus veras animalium species ad viuum adumbrantes. Lugduni, J. Tornaesium, 1582; in-16, vél........... 18- -)) Exemplaire bien conservé d'une édition ornée de jolies petites figures gravées sur bois et qui contient encore, outre les fables d'Esope avec la traduction latine à côté : Gabriæ Græci Fabello, Batrachomyomachia Homeri Galeomachia Tragedia Græca, hæc omnia cum latina interpretatione; nunc primum accesserunt Auieni antiqui autoris fabulæ (latinæ) nusquam antehac editæ.

24. CAMPANUS. Franç. Campani collensis quaestio Virgiliana. Parisiis, 1541; pet. in-8, cart. . . . . . . .

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Quæstio virgiliana, per quam diligentiss., poctac negligentia, quam Tucca et Varus, ac cæteri hactenus obiecerunt, absoluitur: et fine qua multa in diuina Eueide ad hanc diem obscurissima loca, sed in secundo

«< préambule, qu'il a distingué la seconde augmentation, ainsi <«< que la première (celle de la quatrième édition), par des mar<< ques particulières, et comme l'on pourroit craindre que le a progrès de ses caractères n'allât à l'infini, il ajoute à toutes « ces exactitudes une promesse sincère de ne plus rien hasarder « en ce genre.

« Néanmoins, dans la sixième édition, il hasardoit encore « d'assez nombreuses additions, et s'excusoit en disant qu'il « avoit moins pensé à faire lire quelque chose de nouveau qu'à « laisser un ouvrage plus complet, plus fini et plus regulier, à « la postérité. En même temps, afin de dissimuler autant que « possible l'accroissement du volume, il faisoit imprimer en « types très fins la traduction de Théophraste, qui étoit deve<<nue l'objet secondaire, s'abstenoit de mettre sur le titre cora rigée et augmentée, puis confondoit les articles nouveaux avec « les anciens, en ne laissant subsister que la seule marque pri«mitive J, qui désignoit 997 caractères. Parmi les nouveaux << se trouvoit un grand nombre de portraits; ceux si connus du << riche et du pauvre, du distrait, de l'hypocrite; ceux de La << Fontaine, de Corneille, de Santeul, des hommes à manies; « de nouvelles et vives attaques contre le prince d'Orange. « Mais, en augmentant ses Caractères, La Bruyère supprimoit « au dixième chapitre du souverain ou de la république, ce<«<lui du favori disgracié, composé de deux paragraphes, dont « le premier, déjà inséré dans la première édition, avoit été << réimprimé avec le second dans les quatrième et cinquième « éditions.

« La septième édition porte sur le titre revue et corrigée, on « auroit dû mettre aussi augmentée. A la fin du volume, une « table fait connoître les articles ajoutés, dont les principaux « sont: Emile, ou le parfait modèle de l'homme de guerre: « Roscius ou les hommes publics, que se disputoient certaines « femmes de la cour; plusieurs portraits de coquettes, de pru «des, de dévotes; l'image poétique d'un bon prince, dans le « berger qui soigne et défend son troupeau; une suite d'argu

«<ments aussi forts que bien déduits, au dernier chapitre, « pour démontrer l'existence de Dieu. Il y avoit dans la sep« tième édition, 1073 caractères. L'auteur avoit encore sup« primé un des anciens, celui du vrai dévot (chapitre de la « Mode) et en avait reporté une partie à l'article du Faux « dévot.

« La huitième édition, revue, corrigée et augmentée, présena toit à la suite des Caractères, les discours de réception à « l'Académie françoise, accompagné d'une longue préface apo« logétique. Une main, figurée en marge, indiquoit les nou<< veaux articles, et au-dessous de la première on lisoit : Mar« que que l'on a exigée de moi pendant le cours de cette édiation. Il paroît que la censure exigeoit ces marques distinctives « pour faciliter son examen. Les additions étoient moins nom« breuses que dans la précédente édition, mais encore très re« marquables. C'étoient Cydius, le bel esprit, où l'on crut << reconnaître Fontenelle; Clitiphon, l'homme d'affaires inabor«dable, opposé au philosophe accessible et bienveillant ; le bel

apologue de Zénobie, le courtisan ambitieux; le plaideur « Antagoras; le charlatan Carro Carri, le délicieux portrait « d'Artenice, en forme de fragment...

« On voit qu'à partir de la quatrième édition, l'auteur avoit « continuellement amélioré son ouvrage, tourmenté comme le << sont tous les esprits supérieurs, du besoin de la perfection. « Non content de corriger, il ajoutoit sans cesse, de sorte que « le livre, à son origine de 360 pages et 418 caractères, « étoit devenu un fort volume de 800 pages, qui contenoit « 1119 Caractères. Il faut observer aussi que, dans chaque « nouvelle édition, la plupart des articles composant les chapi« tres, se trouvoient transposés; et qu'à la huitième édition a peu conservoient leurs place primitive.

« Ces transpositions fréquentes prouvent que La Bruyère « vouloit donner à sa composition une sorte d'enchaînement a logique qui se conciliât avec la variété. Quelquefois un Ca«ractère précède et fait naître une réflexion morale, quelque

« fois il en est la conséquence, et l'auteur met en action ce « qu'il vient d'établir en maxime. C'est la suite insensible dont « il parle dans son préambule (page 129). Un tel soin pour << assortir tant de fragments divers, vaut bien à notre avis, la « difficulté des transitions dont Boileau, prétend-on, lui repro«choit de s'être affranchi.

«La Bruyère mourut au commencement de 1696. Son li« braire, Michallet, qui avoit privilége pour vingt ans, publia « la neuvième édition, que l'auteur put encore revoir, car elle « parut peu de jours après sa mort, suivant l'Histoire des ou« vrages des Savants, de Bayle (Rotterdam, 1696). Elle ne dif« féroit de la huitième que par quelques légères variantes qui << attestoient néanmoins l'intention de l'auteur. Elle étoit donc «< encore revue et corrigée, ainsi que portoit le titre, mais non « plus augmentée. La Bruyère avoit considéré son livre comme « complet et terminé.

« La dixième édition de 1699, est la dernière donnée par << Michallet, qui mourut lui-même peu de temps après. Elle « étoit conforme à la précédente. Il existe une contrefaçon de « cette édition, mais elle se reconnoît aisément à l'infériorité « du papier et de l'impression. >>

J'ai sous les yeux toutes les éditions originales de La Bruyère, et j'ai pu m'assurer de la justesse des observations qui précédent. Comme on le voit, c'est peu à peu, pendant le cours des huit dernières années de sa vie, que cet habile écrivain perfectionna sans cesse son ouvrage, mettant à profit les observations qui lui étoient faites. Les critiques ne manquèrent pas à un succès aussi complet que légitime; on vit paroître aussi plusieurs imitations. La malignité publique ne tarda pas à chercher dans les Caractères le portrait ou la satire d'une foule de personnages d'importance. Bientôt chacun voulut avoir le livre pour y écrire à la marge le nom de celui que l'auteur avait si bien dépeint. En vain prit-il soin de protester contre ces interprétations malicieuses, le public s'y obstina et la vogue n'en fut que plus grande.

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