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ment, des facultés rationnelles et un entendement pour interroger leur âme, c'est s'être suffisamment révélé à chacun d'eux (112). La doctrine des philosophes, et surtout la doctrine des platoniciens, présentait un point de fait à l'appui de cette théorie; et l'on sent par conséquent de quel intérêt il pouvait être pour les apôtres du christianisme d'accréditer l'assertion de saint Justin, et de présenter Platon comme un simple écolier qui, instruit à l'école de Moïse et des prophètes, spécialement inspirés de Dieu, n'avait fait que consigner par écrit ce que lui avaient enseigné ses maîtres. On va voir en effet dans quels termes s'exprime à cet égard Clément d'Alexandrie, qui suivit de près saint Justin. Ce passage nous allons le prendre dans son Admonition aux Gentils. Clément d'Alexandrie apos

trophe Platon et lui dit : « Tu as beau << faire pour dissimuler quels furent << tes maîtres, je les connais : la géo« métrie tu l'as apprise en Egypte; << l'astronomie à Babylone (113); tes << formules d'enchantement chez les << Thraces; les Assyriens t'ont éga<<lement enseigné beaucoup de cho<< ses; tout ce qu'il y a de bon dans «tes lois, et ton opinion sur l'exis<<tence de Dieu, c'est aux Hébreux «que tu en es redevable (114). » Celse, ce fameux antagoniste du christianisme naissant, était un de ceux qui pressaient avec le plus de vigueur l'argument dont nous venons de parler; aussi les Pères de l'église eurentils grand soin de proscrire et de faire disparaître son livre, ainsi que tant d'autres; car on sait comment les choses se passèrent à cet égard lorsque les chrétiens furent les plus forts,

et que Constantin, cet empereur de fameuse mémoire, se fut déclaré pour eux. Celse faisait sans doute valoir cet argument; aussi Origène ne manqua pas, dans l'ouvrage polémique qu'il écrivit contre lui, de lui opposer l'assertion de Justin, martyr, et de Clément d'Alexandrie (115). Sur la foi de ces trois autorités cette assertion devint si banale parmi les apôtres du christianisme, que Platon fut quelquefois désigné par des métonimies analogues. Tantôt on l'appela le philosophe disciple des He breux (116); tantôt le Moïse Atticisant ou le Moïse Attique (117). Les Pères qui suivirent Origène et Numénius regardèrent comme un fait ce qui n'était d'abord qu'une assertion on la retrouve cette assertion dans plusieurs des écrits du fameux Eusèbe de Césarée, qui joua un si

beau rôle ecclésiastique (118) sous le règne et par la faveur de Constantin ; on la retrouve dans le second livre des Thérapeutiques de Théodoret, dans le premier livre de l'ouvrage de Saint-Cyrille contre l'empereur Julien. Un fait que nous ne devons pas négliger de consigner ici, c'est que le zèle des Pères de l'église pour l'assertion de Justin, martyr, fut poussé au point, dans la vue de la corroborer par des circonstances accessoires, que saint Ambroise, réfutant un ouvrage des platoniciens de son temps, dans lequel ces platoniciens avaient démontré que toute la doctrine morale de Jésus Christ, qu'ils étaient obligés d'admirer, était empruntée des ouvrages de Platon (119); Saint-Ambroise répéta ce que tant de Pères de l'église avaient affirmé avant lui, que Platon avait emprunté tout ce qu'il avait de

bon dans ses ouvrages des livres de Moïse et des écrits des prophètes, dont il avait eu connaissance en Egypte; et pour donner, comme de raison, un plus haut degré de probabilité à ce conte de saint Justin, saint Ambroise y ajouta de son cru que Platon avait été de pair à compagnon avec le prophète Jérémie en Egypte, et que c'était ce prophète qui lui avait fait connaître les livres saints (120).

Quoi! Platon de pair à compagnon avec Jérémie! Il faut en convenir, c'est de la part d'un Père de l'église un anachronisme d'une force vraiinent remarquable. Fixons en effet les dates, après avoir préalablement posé un fait historique incontestable; savoir, que depuis long-temps, à l'époque où vivait Jérémie, les Hébreux s'étaient mis à l'unisson avec le reste des peuples de la terre pour la

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