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de la race d'Abraham qui n'avoient point voulu pren dre part à leur ivresse, leur faisant souffrir tous les maux du mépris; et quand ils avoient épuisé ce moyen, ils exerçoient encore sur eux d'indignes violences. Mais les enfans de la race d'Abraham restoient fidèles et supportoient tout avec joie.

Revenus de cette première ivresse, les peuples alloient s'affliger, et tomber dans la désolation; mais l'exterminateur (1) leur versa avec encore plus de libéralité que jamais de ce dernier vin de la prostitution, et il ne cessa de les enivrer que lorsque les liens de la société humaine furent tous dissous, jusqu'aux plus foibles. Car c'étoit là sa mission, et il la remplissoit avec une horrible exactitude.

Alors l'exterminateur se retira du monde, et le monde tomba dans la désolation. Il ne restoit à tous ceux qui avoient bu du vin de l'exterminateur, ni la force d'aimer la vie, ni la force de désirer la mort. Et le monde ressembloit à un vieillard débauché qui rit des illusions de sa jeunesse, et qui gémit de n'en avoir plus de nouvelles.

Pour les enfans de la race d'Abraham, ils parcou roient les diverses nations, chantant des cantiques à la gloire du Seigneur. Louez Dicu! louez Dicu! peuples de la terre, disoient-ils, car il accomplit toutes choses comme il avoit résolu de le faire dès le commence

(1) L'esprit des révolutionnaires depuis 1814 jusqu'à la fin qui n'est point encore arrivée.

par

ment. Voilà maintenant que le voile du temple va se déchirer, que le sens des prophéties va s'éclaircir pour tous; faites donc pénitence, nations dont la force vient d'être brisée, rois sans sceptre, princes sans puissance, faites tous pénitence pendant le peu de jours qui vous est accordé, afin que s'il y en a un seul parmi vous qui mérite d'être sauvé, il le soit par vos prières et par votre humiliation. Et toutes ces multitudes prostituées, frappées d'une honteuse stupeur, entendant ces chants d'allégresse des enfans de la race d'Abraham, les suivoient comme un vil troupeau suit le pasteur les rois, les princes, les grands de la terre, ceux qui en imposoient aux peuples de vaines sciences, tout étoit confondu. L'envie de dominer et la crainte d'obéir effacées dans le cœur de l'homme, avoient aussi effacé tous les rangs, et celle masse confuse ressembloit à ces tourbillons de sable que le vent promène dans les déserts. Les cantiques des saints interrompoient seuls la monotonie de ce désolant spectacle unis à Dieu de tout leur cœur, ils ne s'apercevoient pas que tout ce qu'il y avoit d'hommes sur la terre les suivoit machinalement, ne demandant qu'à leur obéir, pour au moins s'arracher à leur néant. Mais les vains respects de ces multitudes prostituées dont ils étoient le seul refuge, ne leur inspiroient ni pitié ni amour; inaccessibles à la vaine gloire que les hommes se donnent les uns aux autres, tout entiers à leur mission qui étoit de rallier dans le temps prescrit tout ce qui restoit de la race sainte,

ils répétoient sans cesse : Louez Dieu! louez Dieu! peuples de la terre, car il accomplit toutes choses comme il avoit résolu de le faire dès le commencement. Enfans d'Abraham, prêtez l'oreille à nos chants, venez, venez grossir la troupe des élus, le temps de la dispersion est achevé.

Tels étoient les chants de triomphe et d'allégresse de la race sainte ! Et moi qui les entendois, je voyois se grossir au milieu de ces multitudes confuses, la troupe des élus. D'abord dispersés, ils formoient une multitude infinie de petits groupes mais comme tous alloient au temple du Dieu très-haut, ces petits groupes se réunissoient successivement, et l'on voyoit la race sainte brillante de joie et d'amour se diriger vers l'immensité de Dieu comme un fleuve majestueux qui traverse d'horribles déserts.

Tel étoit l'état du parvis spirituel lorsque j'ai écrit ces choses. Or ce qui se passe dans le monde intellectuel se passe ensuite dans le monde réel, comme le savent les voyans.

SENTENCES ET MAXIMES.

Les paroles des sages sont comme des aiguillons, comme des clous enfoncés profondément: c'est le pasteur unique qui nous les a données par la sagesse des maîtres.

(Ecclésiaste, ch. 12. V. 11.)

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