et à l'immortalité; il ne reste plus à l'humanité qu'à comprendre les termes de cette révélation admirable qui lui a été gratuitement donnée. Et comme les moyens de la comprendre et de la réaliser lui ont été en même temps enseignés, vouloir maintenant en revenir auxefforts de l'esprit humain, et prétendre obtenir par eux ce que l'on possède déjà par un don tout gratuit de la bonté de Dieu, ce n'est plus qu'un acte d'extravagance, d'orgueil et d'impiété.

N'est-ce pas une chose aussi clairement démontrée pour les bons esprits qu'une proposition de mathématiques, que l'humanité ne peut être régie que par une doctrine d'ensemble et à priori; et que les intérêts personnels n'ont rien à y voir, puisque c'est cette doctrine d'ensemble et à priori qui les crée, et à qui il appartient par conséquent de les régler au moyen de ceux qui la possèdent dans le plus haut degré ?

Je crois avoir dit ici sur le système représentatif tout ce qui est utile pour en fonder solidement la critique aux yeux des personnes qui aiment à s'entendre avec peu de paroles. Je ne recherche ni le suffrage, ni l'attention des autres.

Du pouvoir des majorités.

Le pouvoir des majorités est intolérable, parce que Jésus-Christ seul ayant définitivement constitué l'humanité,

il n'y a plus à délibérer, mais à confronter; ce qui ne peut se faire que par ceux qui savent, et qui en outre sont reconnus par qui de droit pour savoir.

Il est intolérable, parce que la minorité peut avoir raison, et qu'il est encore plus ordinaire que la minorité et la majorité n'aient raison ni l'une ni l'autre.

Il est intorérable enfin, parce qu'il enchaîne la qualité dans les odieux et ignobles liens de la quantité; et que par un supplice d'un genre tout moderne, il finit toujours par étouffer la qualité, après l'avoir douloureusement réduite à la mesure de la quantité,

De l'élection par la voie des majorités.

L'élection par la voie des majorités prétend élever, pour leur donner le pouvoir, toutes les notabilités, qui, au jour où elle se fait, importent à la conservation et à l'amélioration de l'état du pays.

Mais ce genre d'élection, de quelque manière qu'on le combine, ne donnant qu'accidentellement ce résultat, ne peut pas être regardé comme une solution admissible par des esprits accoutumés à quelque précision.

L'élection académique, qui attire ce qui lui est égal ou supérieur, ou du moins ce qui lui paroît suscep tible de le devenir, n'est pas moins vicieuse, puisqu'elle est réduite, comme la précédente, à procéder par voie

de majorité, et à accorder fictivement à cette voie l'infaillibilité; bien qu'il soit impossible à des individus faillibles, en quelque nombre qu'on les réunisse, et sous quelque forme qu'on les combine, de la jamais posséder.

Ainsi par une aberration d'esprit aussi inconcevable qu'intolérable, la transmission du pouvoir par la voie des majorités, est obligée de laisser régler les choses qui lui importent le plus, au moyen d'une infaillibilité fictive accordée systématiquement; tandis qu'elle la refuse à qui la possède réellement, c'est-à-dire à l'admirable hiérarchie organisée par et sur la révélation de Jésus-Christ.

De tout ceci se tire cette conséquence rigoureuse, que toute action par voie de majorité ou par assentiment du plus grand nombre, est une action déterminée par voie d'impiété ou d'athéisme; la voie des majorités étant une négation de la révélation, et une substitution grossière, ignoble et incertaine de la science humaine à la science divine.

Au reste, il est utile ici que l'on fasse cette réflexion, que dans tous les pays les plus soumis en apparence à l'autorité des majorités, tout s'y fait et ne peut s'y faire en réalité que par voie de corruption; l'autorité des majorités ne pouvant jamais être qu'une jonglerie inadmissible pour tout homme qui sait comment les choses se font.

De l'élection des papes.

Les papes, il est vrai, s'élisent aujourd'hui et depuis long-temps par voie de majorité ou par acclamation, ce qui est peu différent.

Sans doute l'élection de saint Pierre a été parfaite dans tous ses points, puisque c'est Jésus-Christ luimême qui l'a choisi. Mais depuis saint Pierre, il ne s'est presque plus trouvé d'hommes qui osassent se charger de la responsabilité d'un tel choix. C'est donc le SaintEsprit qui y pourvoit malgré les apparences; et cela se prouve très-bien. Mais l'infirmité du mode d'élection n'en subsiste pas moins dans ces apparences.

Il ne nous est pas permis d'en dire davantage sur une question aussi grave, encore que ce ne soit qu'une question de discipline, qui a déjà varié plusieurs fois, et peut encore varier.

De la transmission du pouvoir par la voie charnelle.

Avant Jésus-Christ, la transmission du pouvoir par la voie charnelle, toujours vraie en elle-même, et selon l'ordre et la volonté de Dieu, étoit en outre seule convenable pour établir le bon ordre dans l'humanité, ou

plutôt pour en préparer l'établissement. Mais depuis Jésus-Christ et par Jésus-Christ même, elle a été frappée d'une telle subalternité, qu'elle est devenue pour les chrétiens un mode auquel ils se résignent.

Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi? dit Jésus-Christ; et en une autre occasion: Ma mère mon frère, ma sœur, c'est celui qui fait la volonté de mon père qui est au ciel.

Si donc tous les hommes croyoient en Jésus-Christ, la loi de propriété et la loi d'héritage seroient sans motif et sans but, bien que nul ne les doive respecter davantage que le vrai chrétien à l'époque où elles sont encore nécessaires.

Quant à ce mélange incohérent, et bizarre jusqu'au grotesque, de la voie charnelle et de la voie élective; il convient autant aux enfans du siècle d'en faire l'objet de leur admiration, qu'il convient peu aux enfans de Dieu (tout en le respectant comme ordre établi) d'y porter la plus petite attention; si ce n'est peut-être pour s'assurer qu'ils n'ont rien à y prendre, rien à en attendre, et surtout rien à en craindre.

Des Jésuites.

Le besoin de monter l'eau de la Seine sur les arcades de Louvecienne étant donné, l'ancienne machine de Marly qui remplissoit ce but, n'est plus aujourd'hui