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mortelle. Au Concile de Nicée, les saints Évangiles étaient exposés avec respect au milieu de la salle des délibérations; quinze siècles après, au Concile de Trente, on suivit encore cette tradition conciliaire inspirée par la foi et la piété; mais on plaça sur l'estrade, auprès du livre divin, la Somme du Docteur Angélique.

Or voici la doctrine de saint Thomas sur la prérogative du Pontife romain dans l'enseignement de la foi:

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« Le souverain Pontife étant le Chef de toute l'Église, institué par Jésus-Christ, c'est à lui qu'il appartient principalement de donner le Symbole de la foi et de « réunir le Concile général. Il est nécessaire de donner «< une nouvelle édition du Symbole, afin d'arrêter les «< erreurs qui s'élèvent. Cette publication du Symbole appartient à l'autorité de celui qui a le droit de dé<< terminer finalement les choses qui sont de foi, en <<< sorte qu'elles soient tenues d'une foi inébranlable par << tous. Ceci donc appartient à l'autorité du Souverain « Pontife, auquel sont renvoyées les questions majeures <«<et plus difficiles qui s'élèvent dans l'Église, ainsi qu'il est dit dans le Décret, Lib. de Baptismo, Cap. « Majores. C'est pour cela que le Seigneur (Luc. xxn), « dit à Pierre, qu'il a établi souverain Pontife: « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas; et lorsque « tu seras converti, confirme tes frères. Et la raison de ceci est que la foi de toute l'Église doit être une,

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<< selon cette parole, I ad Cor. 1: Dites tous la même

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chose, et qu'il n'y ait point de division entre vous. Or

«< cette unité ne pourrait se conserver, si lorsqu'une

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question s'élève sur la foi, elle n'était pas décidée << par celui qui préside à toute l'Église, afin que par là « même, la sentence soit fermement gardée par toute l'Église. C'est pour cela que la nouvelle édition du

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Symbole appartient à la seule autorité du souverain << Pontife, ainsi que toutes les autres choses qui regar« dent l'Église tout entière, comme de réunir le Con❝cile général et ce qui est de même genre (1). »

Il ne se peut, j'imagine, rien de plus précis, ni de plus clair. Le sentiment de l'Ange de l'École est formel; il faut le prendre tel qu'il est. M. Dollinger ose dire que saint Thomas a été induit en erreur par des

(1) Cum summus Pontifex caput sit totius Ecclesiæ a Christo institutus, ad illum maxime spectat Symbolum fidei edere, sicut etiam generalem Synodum congregare.

Respondeo dicendum, quod sicut supra dictum est, nova editio Symboli necessaria est ad vitandum insurgentes errores. Ad illius ergo auctoritatem pertinet editio Symboli, ad cujus auctoritatem pertinet finaliter determinare ea quæ sunt fidei, ut ab omnibus inconcussa fide teneantur. Hoc autem pertinet ad auctoritatem summi Pontificis, ad quem majores et difficiliores Ecclesiæ quæstiones referuntur, ut dicitur in Decretali, Lib. De Baptismo, c. Majores. Unde et Dominus, Luc. XXII, Petro dixit, quem summum Pontificem constituit, Ego pro te rogavi, Petre, ut non deficiat fides tua: et tu aliquando conversus, confirma fratres tuos. Et hujus ratio est: quia una fides debet esse totius Ecclesiæ; secundum illud I ad Cor. 1: « Id ipsum dicatis omnes, et non sint in vobis schismata. » Quod servari non posset, nisi quæstio de fide exorta determinetur per eum qui toti Ecclesiæ præest: ut sic ejus sententia a tota Ecclesia firmiter teneatur. Et ideo ad solam auctoritatem summi Pontificis pertinet nova editio Symboli; sicut et omnia alia quæ pertinent ad totam Ecclesiam; ut congregare Synodum generalem, et alia hujusmodi (2-2, quæst. I, art. x).

textes apocryphes; c'est une triste défaite (1). Dans cet Article, le Docteur Angélique s'appuie sur le texte même de l'Évangile, et le Chapitre Majores qu'il allègue est un passage très-authentique de saint Gélase. Il est donc acquis à notre thèse que le prince de l'École lui est favorable autant qu'il est possible de l'être.

(1) Nul doute que l'on ne rencontre çà et là, dans les écrits de saint Thomas et dans ceux des Théologiens et controversistes anciens, un certain nombre de passages attribués aux saints Pères, et que depuis deux siècles la critique a démontrés apocryphes. Au moyenâge, et jusqu'après le xvIe siècle, on n'avait pas les éditions correctes dont nous jouissons aujourd'hui, et les collections littéraires complètes n'existaient nulle part. On devait donc forcément errer dans certaines questions de fait. Baronius et Bellarmin eux-mêmes, malgré le pas immense qu'ils ont fait faire à la critique, ont dû payer le tribut à cette insuffisance des moyens de contrôle. Il nous siérait mal néanmoins de regarder de notre hauteur ces grands hommes auxquels la science est si redevable. Il en est de saint Thomas comme des deux illustres auteurs que je viens de rappeler. Accordons volontiers que la preuve peut quelquefois manquer par un de ses arguments secondaires; mais elle se rachète surabondamment par l'ensemble. Au reste, l'Article de saint Thomas qui vient d'être cité est aussi irréprochable au point de vue de la critique qu'à celui de la logique; en sorte qu'il vient à point pour établir dans toute sa netteté le sentiment du prince des théologiens sur la question.

L'insistance de M. Dællinger sur l'absence de critique chez les défenseurs de l'infaillibilité du Pape, est d'une complète injustice, après les travaux si corrects de toute façon des Orsi, des Ballerini, des Mamachi, des Zaccaria, des Veith, des Muzzarelli, etc. Nul ne lui contestera que la connaissance personnelle de l'antiquité ecclésiastique ne soit un élément nécessaire à tout théologien sérieux. L'étude des Docteurs scolastiques est indispensable; mais elle ne saurait suffire à elle seule, particulièrement dans les questions qui ont rapport à l'autorité du Souverain Pontife. Si l'on ne possédait les Pères et les Conciles que par des extraits en quelques lignes, recueillis de seconde main, on se verrait souvent exposé à citer des auto

Il serait long et fastidieux d'insérer ici la liste de plusieurs milliers d'auteurs de tous pays qui ont soutenu cette même doctrine depuis saint Thomas jusqu'aujourd'hui. Il suffira de mettre en avant un seul nom, celui de Suarez en qui, dit Bossuet, on entend toute l'École. Voici le sentiment du Doctor eximius.

rités qui n'en sont pas. C'est ainsi qu'on lisait ces jours-ci, dans une excellente Revue, un prétendu passage de saint Athanase qui n'a jamais appartenu à ce saint Docteur, mais qui est extrait d'une lettre apocryphe que l'on ne trouve que dans les spuria de ses œuvres. L'article est d'ailleurs excellent; mais, en présence des ennemis, or regrette que de telles imprudences, qui ne sont pas absolument rares aujourd'hui, échappent aux défenseurs des doctrines romaines.

Ce n'est pas que, dans une autre école, on ne soit exposé à rencontrer aussi de ces traits qui révèlent tout d'un coup la faiblesse des études de nos jours sur l'antiquité chrétienne. Je me rappellerai toujours l'impression que je ressentis en lisant dans le Correspondant d'avril 1867, un article intitulé: Femmes savantes et Femmes studieuses. On y disait que Clément d'Alexandrie avait été disciple d'Hypatie, sans avoir l'air de se douter que deux siècles séparaient ces deux personnages, et que la docte Hypatie, dont on vantait le christianisme, avait été au ve siècle le dernier représentant de la philosophie païenne. La mort tragique de cette femme célèbre a pourtant été assez reprochée aux chrétiens depuis Voltaire jusqu'aujourd'hui, pour qu'il soit naturel d'en tenir compte. C'était de saint Cyrille d'Alexandrie, si indignement calomnié à propos de ce triste événement, qu'il y aurait eu lieu de se préoccuper, et non de chercher à créer des rapports entre l'infortunée Hypatie, et l'illustre docteur de l'École chrétienne d'Alexandrie au deuxième siècle. M. Dællinger n'est pas infaillible, tant s'en faut; mais s'il eût été consulté alors, je ne doute pas qu'il ne se fût fait un devoir de donner un conseil utile à l'auteur de l'article. Mais peut-être aussi son hypercriticisme allemand se fût-il insurgé contre la phrase qui suit, dans laquelle il est question de sainte Catherine, et eût-il reproché à l'auteur de donner dans la légende. Je ne me chargerais pas de les mettre d'accord.

« C'est une vérité catholique que le Pontife définissant « ex Cathedra est une Règle de foi qui ne peut errer, « savoir quand il propose authentiquement quelque « chose à l'Église comme devant être cru de foi divine. « Ainsi enseignent aujourd'hui tous les docteurs catholiques, et je pense que cette doctrine est certaine « en matière de foi (1). »

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L'École française, ainsi que je l'ai établi plus haut, n'apporte dans cet accord qu'une très-faible dissonance. Elle a commencé tard, elle a eu de longues intermittences, et elle se trouve indirectement compromise par les actes sévères de trois Papes contre la Déclaration de 1682, et directement par la condamnation de la proposition Futilis et toties convulsa, par Alexandre VIII. En outre, elle s'est dissoute insensiblement dès le siècle dernier dans la polémique pastorale contre les appelants, lorsqu'on a entendu les évêques français, dans leurs Mandements enseigner contre les sectateurs de Quesnel 1° Que le jugement dogmatique du Pontife romain est identique à celui du Saint-Siége, et que la distinction entre le Siége et la personne ne doit pas être admise; 2° que Jésus-Christ a accordé à Pierre et à ses successeurs une stabilité immuable et inébranlable dans la foi, et que cette solidité est le principe de celle de l'Église elle-même ; 3° que l'effet

(1) Nihilominus veritas Catholica est, Pontificem definientem ex Cathedra esse regulam fidei, quæ errare non potest, quando aliquid authentice proponit universæ Ecclesiæ, tanquam de fide divina credendum: ita docent hoc tempore omnes catholici Doctores, et censeo esse rem de fide certam. De fide, Disput V, sect. VIII.

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