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U.§.A.

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139096

FEB 8 1910

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653

1859
V.2

INTRODUCTION

de réunion.

De toutes les méthodes proposées pour lever ce Des Méthodes grand schisme d'Occident qui dure encore, Leibniz, après les avoir toutes passées en revue dans un écrit spécial qui ouvre ce second et dernier volume de la correspondance avec Bossuet, trouve celle de M. l'ẻvêque de Tina la plus raisonnable, et la préfère à celle de M. de Meaux, connue sous le nom de Méthode d'exposition ou d'éclaircissement, qu'il n'écarte pas entièrement, mais qu'il déclare insuffisante. Il a lui-même énuméré dans cet écrit les diverses méthodes d'union qui avaient été proposées, et il les a comparées les unes aux autres. Voici le résultat de ses analyses.

Les voies de dispute et de rigueur, qui ne valurent jamais rien, une fois écartées, et celle d'une tolérance mutuelle admise en principe, trois voies restaient, qui pouvaient conduire à une réunion paci

fique des protestants avec les catholiques. La première est la voie de l'exposition, qui consiste en éclaircissements des difficultés proposées sans permettre jamais de remettre les principes ou le dogme en question (1), méthode excellente, nous dit Leibnitz, pour faire disparaître les malentendus, et dont Bossuet et Molanus avaient donné de beaux essais sur la justification et le sacrifice: mais aussi méthode insuffisante, qui s'applique plutôt aux controverses verbales qu'aux difficultés réelles. La seconde voie est celle de la déférence ou de la condescendance, lorsqu'un parti cède à l'autre sur certains points. Par cette voie on peut obtenir et on avait obtenu, en effet, d'importantes concessions, non sur le dogme, mais sur la pratique, et des promesses salutaires pour la réforme des abus si constamment réclamée dans

l'Église et hors de l'Église. Ne parlons ici que pour

mémoire de la voie de l'accommodement ou de transaction, qui a presque toutes les avenues fermées, dit Leibniz, et arrivons à la troisième qui est celle de l'abstraction ou suspension, qui écarte provisoirement, et jusqu'à plus ample informé, certaines questions controversées, comme celles de la supériorité du pape à l'égard des conciles et de la conception immaculée de la Sainte-Vierge, que l'Église n'avait point encore décidées. Dans l'opinion des protestants, cette voie, qui laisse ces questions en suspens jusqu'à

(1) Bossuet, p. 75, 35: « Id autem erit commodissimum quod vix ulla nova decreta condi, sed per expositoriam et declaratoriam viam aptas et consentaneas interpretationes afferri oporteat, ut confessionis Augustana defensores ad se ultro rediisse et sua constituta hausisse videantur. >>

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la décision du prochain concile œcuménique, doit venir au secours des deux autres, en certains cas permis, pour abréger leurs longueurs : « Car nous convenons, dit Leibniz, qu'il faut poser pour le fondement de toute la négociation que chacun doit faire icy de son costé le plus extrême effort sur soy-mesme qu'il luy soit possible sans blesser sa conscience, en faisant voir pour les autres la plus grande condescendance qu'on puisse avoir sans offenser Dieu.» Principe excellent et bien capable, s'il était admis des deux parts, d'avancer ce grand œuvre de la réunio pour obvier aux grands maux que le schisme a fait naître, c'est-à-dire à la perte de tant de milliers d'âmes et à tant d'effusion de sang chrestien, sans parler d'autres misères que ce schisme a causées, et pourra causer encore, s'il n'est arresté. »

Leibniz juge, en les rapportant à cette règle unique, les trois méthodes employées par Spinola, Bossuet et les protestants pour lever ce grand schisme et venir à une réunion définitive. Il ne dissimule pas sa préférence pour. celle de l'évêque de Tina. Réunir des déclarations positives en grand nombre de beaucoup de princes protestants; se soumettre d'avance à un jugement de l'Église universelle assemblée en concile général; sonder les esprits pour une réunion préliminaire en attendant les décisions du concile futur, afin que la hiérarchie fût rétablie; recueillir les sentiments des docteurs tant catholiques que protestants sur les conditions de cette réunion; trouver les moyens de conciliation,

media compositionis; s'efforcer d'amener ainsi par degrés insensibles, et en consultant leur humeur, les protestants à recevoir le concile de Trente; tâcher enfin de faire prononcer les protestants sans s'expliquer soi-même, et de faire agréer de Rome leurs propositions les plus douces et les plus discrètes, propositiones novellorum ac discretiorum (1): telle est la méthode au plus haut point conciliante et vraiment irénique de l'évêque de Tina, que Guhrauer condamne sans la bien connaître, mais qui, presque adoptée par Rome à un certain moment, favorablement accueillie par quatorze princes protestants, et couronnée de succès en Hongrie, aurait sans doute réussi en Allemagne sans le malheur des temps et les complications de la politique.

La méthode de Bossuet, plus simple, plus radicale, plus cartésienne enfin, s'en sépare complétement. On peut dire qu'elle était le renversement de la première Bossuet n'admet pas la réunion préliminaire, il ne veut rien qu'une exposition dogmatique et tous les éclaircissements que les protestants pourraient désirer: « La grande difficulté à laquelle je vous ay souvent représenté qu'il falloit chercher un remède, écrit-il à Leibniz (2), c'est, en parlant de réunion, d'en proposer des moyens qui ne nous fissent point tomber dans un schisme plus dangereux et plus irrémédiable que celuy que nous tascherions de guérir.

(1) C'est le titre même d'un mémoire approuvé par le pape et les cardinaux. (Voir t. I, p. 39.)

(2) Tome II, p. 386.

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