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travaux passés (1): et au reste, ne doutant point que V. A. R. ne ménage l'affaire comme il faut, je suis avec dévotion, Madame, de V. A. R., etc., etc.

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LEIBNIZ.

P.-S. Je n'aurois rien à adjouster à une longue lettre que j'ay pris la liberté d'escrire à V.'A. R. sur un suject de quelque conséquence, si la Gazette ne m'avoit appris la mort de l'archevesque de Cantorbéry, et la nomination que le Roy a faicte de M. l'évesque de Lincoln, pour remplir ce grand poste. Cela doit faire changer les mesures à l'esgard des personnes; et je croy que, si V. A. R. veut prendre l'affaire en main, il faut qu'Elle en parle elle-mesme au nouveau primat, mais sans faire paroistre que j'y aye la moindre part. Le zèle et les lumières de V. A. R. y suffisent.

Comme le nouveau primat est d'un âge, comme je croy, à se pouvoir promettre d'achever l'ouvrage s'il le commence, je croy qu'il en sera d'autant plus disposé. Il sera bon qu'il paroisse que l'affaire vient entièrement des Anglois : et elle en sera mieux receue du Roy et de la Nation. Mais je croy que le secret sera tousjours bon au commencement.

(1) Leibniz, après avoir presque entièrement renoncé, à cause des empêchements existants, à la réunion des protestants avec les catholiques, se tourna vers la Prusse et l'Angleterre, et travailla surtout, depuis, avec l'évêque Ursinus et Yablonski, d'une part, et Molanus, de l'autre, à la réunion des sectes protestantes entre elles. Nous avons donné cette dernière lettre de 1716, année de sa mort, qui indique et résume cette nouvelle tendance aussi belle, mais plus inexécutable que l'autre. (Guhrauer, Deustche Schriften, t. II ) N. E.

FIN DU DEUXIÈME VOLUME.

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EXPLICATION SOMMAIRE DE L'APOCALYPSE

PAR LEIBNIZ

D'après l'original autographe inédit de Hanovre.

Janvier 1677.

Comme je méditois récemment sur l'Apocalypse, j'ay pensé qu'il falloit poser cette règle d'interprétation: Il est vray-semblable que tous les événemens, autant que cela se peut faire, se doivent entendre de choses contemporaines à Jean. On sait en effect que souvent les prophètes, quand ils semblent parler de faicts esloignés et pris au sens large, ont en vue des choses prochaines et assez restreintes, ce dont il ne faut pas s'estonner, parce que cette pompe des mots va bien à leur majesté. La deuxième remarque est que l'Apocalypse doit estre regardée comme un des escrits composés avec le plus d'art que nous ait laissés l'antiquité. Il y a une telle simplicité de langage, une telle propriété de mots, une si grande majesté de pensée et de telles lumières du discours, qu'on ne peut la lire attentivement sans l'admirer et sans estre émeu jusqu'au fond de l'âme. C'est un style qui rappelle celuy de Platon, dont le dialogue sur l'immortalité de l'âme, le Phédon, en poussa quelques-uns à embrasser la mort volontaire; celuy de Virgile, dont les vers sur la mort de

Marcellus firent couler les larmes de Livie. Aussi je m'asseure que beaucoup de ces fanatiques qui, dans ce siècle et le précédent, saisis d'un faux enthousiasme, parurent aux uns des fanatiques et aux autres des prophètes inspirés, furent poussés par une lecture et une méditation assidue de l'Apocalypse, et je ne doute pas que grande n'ait esté sa puissance sur les premiers chrestiens, pour la consolation desquelles elle fut escrite; mais, si ce grand art de la composition y est manifeste, il faut se garder de toute explication froide, forcée et minutieuse. Enfin je regarde comme prouvé et reconnu par tous que, par Babylone, il entend les Romains. Je passe les chapitres I, II, III, car ils se prestent au sens littéral, et, quant à chercher une explication facile de quelques détails, cela est inutile et peu convenable: telle est, par exemple, l'explication de Grotius, qui veut que les quatre animaux signifient les autres apostres, et les vingt-quatre prestres certains prestres vivans, tandis que ceux qu'il introduit comme siégeant en permanence devant le throsne de Dieu ne paroissent pas estre vivans. Il n'est pas nécessaire que certaines personnes soyent icy désignées par les quatre animaux d'Ézéchiel ou les vingtquatre vieillards. Double est le nom des patriarches ou des apostres; il paroist donc les avoir adjoustés ensemble. J'aime assez le commentaire d'Irénée sur le mot Aativos, qui renferme 666. L'Évangéliste dit que c'est le nombre de l'homme: or le mot latin est un nom; on comprend très-bien que l'apostre ait préféré ce mot, Aareivos, à celuy-cy, Ro manus, qui auroit eu le tort d'exprimer trop clairement sa pensée. L'explication de Grotius me plaist sur l'animal.

Il veut sans doute parler de l'empire, troublé sous Othon et Vitellius, et restauré par Vespasien; de mesme Grotius explique ingénieusement par l'autre animal, qui est le serviteur du premier et cause d'idolâtrie, la magie d'Apollonius, qui estoit célèbre en Asie au temps du Christ, comme son rival, et qui nuisoit ainsi beaucoup aux chrestiens, et l'on comprend l'importance de ces faicts qui touchoient de si près à l'apostre. Mais il faut parcourir avec ordre l'économie de tout l'ouvrage. Si l'on obmet les lettres aux Églises

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