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que

grand bonheur et pour un coup de la Providence la nation gallicane ne s'est pas encore précipitée par aucun acte authentique, et qu'il y a tant de peuples qui s'opposent à certaines décisions de mauvais aloy.

Jugez vous-mesme, Monseigneur, je vous en conjure, lesquels sont meilleurs catholiques, ou ceux qui ont soin de là réputation solide et pureté de l'Église et de la conservation du christianisme, ou ceuxqui en abandonnent l'honneur, pour maintenir, au péril de l'Église mesme et de tant de millions d'âmes, les thèses qu'on a espousées dans le party. Il semble encore temps de sauver cet honneur, et personne n'y peut plus que vous. Aussi ne croy-je pas qu'il y ait personne qui y soit plus engagé par des liens de conscience, puisqu'un jour on vous reprochera peut-estre qu'il n'a tenu qu'à vous qu'un des plus grands biens ait esté obtenu. Car vous pouvez beaucoup auprès du Roy dans ces matières, et l'on sçait çe que le Roy peut dans le monde. Je ne sçay si ce n'est pas encore l'intérest de Rome mesme : tousjours est-ce celuy de la vérité.

Pourquoy porter tout aux extrémités, et pourquoy récuser les voyes qui paroissent seules conciliables avec les propres et grands principes de la catholicité, et dont il y a mesme des exemples? Est ce qu'on espère que son party l'emportera de haute lutte? Mais Dieu sçait quelle blessure cela fera au christianisme. Est-ce qu'on craint de se faire des affaires? Mais, outre que la conscience passe toutes choses, il semble que vous avez des voyes seures et solides pour faire entrer les puissances dans les intérests de la vé

rité. Enfin je crains de dire trop quand je considère vos lumières, et pas assez quand je considère l'importance de la matière. Il faut donc en abandonner le soin et l'effect à la Providence, et ce qu'elle fera sera le meilleur, quand ce seroit de faire durer et augmenter nos maux encore pour longtemps. Cependant il faut que nous n'ayons rien à nous reprocher. Je fais tout ce que je puis, et, quand je ne réussis pas, je ne laisse pas d'estre très content. Dieu fera sa saincte volonté, et moy, j'auray faict mon devoir. Je prie la divine bonté de vous conserver encore longtemps, et de vous donner les occasions, aussi bien que la pensée, de contribuer à sa gloire, autant qu'il vous en a donné les moyens. Et je suis avec zèle, Monseigneur, vostre très humble et très obéissant serviteur,

LEIBNIZ.

P. S. Mon zèle et ma bonne intention ayant faict que je me suis émancipé un peu dans cette lettre, j'ai cru que je ne ménagerois pas assez ce que je vous dois, si je la faisois passer sous d'autres yeux en la laissant ouverte. J'adjouste encore seulement que toutes nos ouvertures ou propositions viennent de vostre party mesme. Nous n'en sommes pas les inventeurs. Je le dis, afin qu'on ne croye point qu'un poinct d'honneur ou de gloire m'intéresse à les ser. C'est la raison, c'est le devoir.

pous

CXXIII

LEIBNIZIUS REINERO VLOSTORF S. D.

Ex autographo nondum edito, quod nunc etiam in bibliotheca Hanoverana servatur.

Dabam Viennæ, 17 decembris 1700.

Maxime reverende Domine, fautor honoratissime, Nolui ex his regionibus discedere antequam tibi per litteras agerem gratias pro omnigeno mihi adhibito favore, et porro me tibi commendareni. Sed et imminentia festa ipsumque annum instantem cum aliis compluribus tibi opto ex sententia evenire, et cum integra valetudinis constantia, etiam commoda quæque afferre. Si quid uspiam ad tua jussa possim, nihil mihi erit gratius quam invenire occasionem qua tester quam tibi sim obstrictus. Rem quæ tractata est spero recte processuram, et quæ interim in Republica aut adversa aut et prospera evenere, illa quidem non esse obstitura, et hac via etiam esse adjumento futura. Vale, et fave.

LEIBNIZIUS.

▲ Monsieur de Vlostorf, official de Monseigneur l'évesque de Neustadt.

1701

Leibniz soulève un incident relatif à Molanus. - Réponse de Bossuet. Bossuet, après avoir remanié ses écrits iréniques et en avoir composé un nouveau traité intitulé: De professoribus confessionis Augustanæ ad repetendam veritatem catholicam disponendis, les adresse au pape Clément XI, qui voulait s'en servir pour la conversion d'un duc de SaxeGotha. Reprise de la polémique avec Leibniz. Les soixante-deux raisons en faveur du concile de Trente rétorquées par Leibniz contre ce concile. Les deux lettres de Leibniz no CIX et CXXVI.

-

CXXIV

LEIBNIZ A BOSSUET.

Revu d'après l'original autographe de la bibliothèque royale de Hanovre.

A Wolfenbuttel, ce 21 juin 1701.

Monseigneur,

J'ay eu l'honneur d'apprendre de Monseigneur le prince héritier de Wolfenbuttel, que vous aviez tesmoigné de souhaicter quelque communication avec un théologien de ces pays-cy. Son Altesse Sérénissime y a pensé, et m'a faict la grâce de vouloir aussi escouter mon sentiment là-dessus: mais on y a trouvé de la difficulté, puisque M. l'abbé de Lokkum mesme paroissoit ne vous pas revenir (1), que nous sçavons

(1) Les éditeurs de Bossuet font observer qu'il est difficile de deviner sur quoi Leibniz a pu soupçonner M. de Meaux de ne vouloir pas traiter avec Molanus. N. E.

estre sans contredict celuy de tous ces pays cy qui a le plus d'authorité, et dont la doctrine et la modération ne sont guères moins hors du pair chez nous. Les autres qui seront le mieux disposés n'oseront pas s'expliquer de leur chef d'une manière où il ait autant d'avances qu'on en peut remarquer dans ce qu'il vous a escrit. Et comme ils communiqueront avec luy auparavant, et peut-estre encore avec moy, il n'y a point d'apparence que vous en tiriez quelque chose de plus avantageux que ce qu'on vous a mandé. La pluspart mesme en seront bien esloignés, et diront des choses qui vous accommoderont encore moins incomparablement; car il faut bien préparer les esprits pour leur faire gouster les voyes de modération, outre qu'il faut, Monseigneur, que vous fassiez aussi des avances qui marquent vostre équité; d'autant qu'il ne s'agit pas proprement, dans nostre communication, que vous quittiez à présent vos doctrines, mais que vous nous rendiez la justice de reconnoistre que nous avons de nostre costé des apparences assez fortes pour nous exempter d'opiniastreté, lorsque nous ne sçaurions passer l'authorité de quelques-unes de vos décisions. Car si vous voulez exiger comme articles de foy des opinions dont le contraire estoit receu notoirement par toute l'antiquité, et tenu encore du temps du cardinal Cajetan, immédiatement avant le concile de Trente, comme est l'opinion, que vous paroissez vouloir soustenir, d'une parfaicte et entière égalité de tous les livres de la Bible, qui me paroist destruicte absolument et sans réplique par les passages que je vous ay envoyés, il est impossible qu'on vienne au but; car vous avez

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