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1474081

VAND COLLEGE

APR 10 1899
LIBRARY

Walker fund

(x)

PRÉFACE

ANS une étude préliminaire sur saint Paul, peut-être eût-il été difficile de bien comprendre ses épitres qui remplissent une grande partie de notre tome dixième. Ce dernier volume de traduction renferme aussi les Actes des Apôtres, tout préoccupés de Paul, racontant ses courses à travers le monde, et la façon dont il sema partout l'évangile du royaume. Sans lui que serait-il advenu? La secte nouvelle se serait bornée à vivre et à se développer en Israël. Le jour où Paul déclara que la foi et la grâce sauvaient et non les œuvres de la loi mosaïque, que la circoncision des cœurs était seule indispensable et non celle de la chair, il décréta le christianisme universel; il fonda en réalité la Férusalem annoncée par les pro

phères, laquelle, dans son immense enceinte, pavée de saphirs et d'émeraudes, devait recevoir toutes les na

tions.

Élargis le lieu de ta tente

et qu'on étende les tentures de ton pavillon;

ne les retiens pas!

Allonge tes cordes, assure tes pieux !

(Is., LIV, 2.)

C'est à ces objurgations d'Isaie qu'obéit Paul en supprimant l'étroit judaisme, et en donnant à l'ancienne Sion des dimensions telles qu'elle pút contenir le monde

même des Gentils.

Ce qui distingue Paul, c'est qu'il a tenu sa mission de Jésus directement. Le ressuscité l'a créé apótre et non le collège de Jérusalem. Aussi tout en écoutant Pierre et Jacques Obliam, il leur résiste, défendant ses principes, travaillant à sa manière, et d'après ses propres inspirations, à la diffusion de la nouvelle doctrine.

Cela ressort, du reste, de la vie de Paul que nous allons décrire, dans ses événements principaux et dans sa suite.

* Actes, IX.

Paul était né à Tarse, ville de l'Asie Mineure*,

l'an 10 ou 12 de notre ère. Depuis longtemps sa famille avait quitté le bourg galiléen de Gischala, pour s'établir dans la commerçante cité de Cilicie où les Juifs foisonnaient, attirés là par les facilités du négoce et de l'enrichissement. Le père de Paul possédait le titre de citoyen romain, récompense sans doute des services qu'il avait dù rendre aux armées romaines dans leurs conquêtes. Il avait donné à son fils le nom de Saul ou Saül, en souvenir du roi d'Israël, sorti de Benjamin, y ajoutant, selon l'usage, le nom latin le plus rapproché par le son du nom hébreu.

La famille de Paul professait le plus farouche phari

saïsme.

Malgré sa passion pour le commerce, Tarse possédait des écoles de rhétorique où s'enseignait le grec classique. Combien peu Paul dut les fréquenter! et comme éclate bien en sa personne la répugnance qu'éprouvaient les Juifs pieux à se mêler aux civilisations étrangères! Il n'y a en effet presque rien d'hellénique dans la phrase de Paul, tout embarrassée d'archaismes et où partout se montre un écrivain qui pense en syrochaldaique. L'apòtre traversera le monde des Gentils sans en rien prendre, ni la belle ordonnance du discours, ni le soin de ne point répéter à l'infini les mêmes idées et les mêmes expressions.

Pourvu d'une culture purement nationale, élevé dans les stricts principes du pharisaisme et le respect unique

de la loi, Paul était fort au courant de toutes les subtilités et de toutes les querelles de la théologie juive. Comme ses coreligionnaires et comme beaucoup d'hommes distingués, à cette époque, il avait, dans son enfance, appris un métier qu'il exerçait en même temps qu'il s'adonnait à des études libérales. On ne voyait alors aucune contradiction entre la science et le travail des mains. Paul

nous le savons par lui-même confectionnait ces grosses toiles de Cilicie, d'où est venu le nom de cilice*.

De bonne heure, il se rendit à Jérusalem où il suivit l'enseignement de Gamaliel. Fanatique comme tout bon pharisien, il persécuta la secte nouvelle, devint avec sa nature ardente le plus apre ennemi des disciples de Jésus. On sait le rôle qu'il joua dans le martyre de Stéphane. Pris de délire, il demanda des lettres qui lui permissent de poursuivre les Juifs de Damas, entrés dans l'Église. Un certain roi, Arétas Philhellène, souverain de Pétra, s'était emparé de la belle ville, à la mort de Tibère (16 mars 37), et y avait mis un ethnarque`

Qu'arriva-t-il à Paul aux approches de Damas? Grace à ses fontaines, à ses vivifiantes eaux vives, la cité blanche nage dans la verdure. Mais avant de l'atteindre, quel soleil écrasant! Ses rayons pèsent comme des poids énormes sur la tète du voyageur, et peuvent

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* Actes, XVIII, 3; I Cor., IV, 12; I Thess., 11, 9; II Thess., III, 8. ** Actes, IX.

*** II Cor., XI, 32.

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