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Nous prodiguons les honneurs,
Leur faisons la reverence,
Et, sous meilleure esperance,
Nous introduisons entre eux
Pour les allecher aux jeux;
Apres. tant de mignardise
Nostre malice déguise,
Que le pigeon ne peut pas
Libre eschapper de nos laqs,
Ains d'une idolatre envie
Consume en perdant sa vie.
Mais comme le changement
Apporte un contentement,
Ainsi le languide espace
De nos tours de passe-passe
Nous porte de tous costez
Es jeux de paulme hantez.
Là toute nostre caballe
Fait une partie esgalle,
Puis deguisant tout respect,
Met la victoire en suspect,
Et faict que le jeu varie
Jusques à ce que l'on parie.
Mais aussi tost que l'on voit
Ou bien seulement qu'on oit
Le clinquetis des pistoles,
Nous commençons les briscoles.

L'un tire dans le tambour,
L'autre d'un expert destour,
Pendant qu'au tiers il babille,
Laisse mettre dans sa grille.
L'autre en criant fait du feu,
Desrobe quinze d'un jeu,
Si bien que cette industrie
Nous faict gaigner la partie,
Et juger à plus de voix

Que nous sommes vrays matois.
D'ailleurs, lors qu'en la despouïlle
Chascun de nous se despouïlle,
Et que pour s'apparier
Il nous faut approprier,
Par l'incertaine inconstance
D'une inesperee chance,
Nous faisons chaque fois sept,
Mesmes avecque le cornet.

Si nous voulons faire treize
Contre ceux qui disent preze,
D'un dé mis entre deux doigts,
Nous faisons six, quatre ou trois.
Aussi si quelqu'un s'estime
D'estre sçavant à la prime,
Au cent et au reversis,

Au brelan, au jeu de six,

Au tric trac avec les femmes,
Nous faisons Jean des deux dames,
Ou bien, s'il en est besoin,
Jean de rencontre et de coin,
Avecques Margot la fendue,
Qui, s'estant bien defendue,
Fait juger au plus de voix
Que nous sommes vrais matois.

La Caballe des Matois, v. 13. (La Ga-
zette. A Paris, jouxte la coppie im-
primée à Rouen par Jean Petit, 1609,
in-12, pag. 48.)

Il y a un fait très-curieux à signaler dans l'histoire des enfants, suppôts ou compagnons de la matte : c'est que Charles IX en fit appeler, « un jour de festin et bal solennel, dix ou douze des plus fins et meilleurs coupeurs de bourse et tireurs de laine, » pour les voir travailler aux dépens des invités. Ce fait est rapporté par Brantôme', qui, dans un autre endroit, nous apprend que le maréchal de Strozzi voulant jouer un tour à quelqu'un de la cour, le fit dévaliser par « des capitaines matois qu'il avait empruntés, qui çà, qui là, assistés par un matois serrurier, si fin et habile à crocheter serrures qu'il n'en fut jamais un tel. »

Dans ce même Brantôme on lit: «La premiere année que le roi Charles neufviesme fut roy, nous veismes pendre un enfant de la matte là mesme, qui avoit dérobé six vaisselles d'argent de la cuisine de M. le prince de la Roche-surYon.» (Des Dames gallantes, huitiesme discours; dans les OEuvres complètes de Brantôme, pag. 453, col. 2.)

MEC, s. m. Maître, roi.

1 Des Hommes, IVe livre, chap. XIII. (Œuvres complètes de Brantôme, édit. du Panthéon littéraire, tom. Ier, pag. 568, col. 1.)

2 Ibid., Ier livre, Capitaines estrangers, chap LXIX. (Ibid., pag. 168, col. 1.)

MEC DE LA ROUSSE, s. m. Préfet de police.

MEC DES MEC, s. m. Dieu. Cette expression, qui correspond au primo maggio du fourbesque, signifie, à proprement parler, roi des rois.

MÉCANISER, v. a. Vexer, tourmenter. Nous trouvons le germe de cette locution populaire dans un passage des Vies des dames illustres, de Brantôme, qui, parlant de Marie Stuart à demi couverte d'un morceau de drap de bure qu'on avait arraché de la table du jeu de son billard, s'écrie: « Quelle mæquaniqueté, voire animosité et indignité, de ne luy en avoir voulu achepter ung noir un peu plus digne d'elle!» (OEuvres complètes de Brantôme, édit. du Panthéon littéraire, tom. II, pag. 145, col. 1.) MÈCHE, s. f. Moitié, demi. Ancien provençal, meich; provençal, actuel, miech; ital. mezza.

MÉCHI, s. m. Malheur.

Apocope de notre ancien mot meschief (anglais mischief), qui avait le même sens.

MÉDAILLON, s. m. Postérieur.

Il n'y a point ici, comme on pourrait le croire, de sale allusion; ce mot a plutôt pris naissance d'une expression proverbiale qui avait cours dans le xvII° siècle, du moins s'il faut s'en rapporter à Oudin, qui donne renverser la médaille avec le sens de monstrer le derriere, et le revers de la médaille traduit par ce dernier mot. Voyez les Curiositez françoises, à Médaille et à Revers.

Les Italiens disent, dans le même sens, il revescio della medaglia.

MÉDECIN, s. m. Avocat.
MÉDECINE, s. f. Plaidoyer.
MELON, s. m. Niais, lourdaud, stu-
pide; ital., mellone.

Être un melon répond à l'ancienne exMèche est également employé dans ces pression avoir un cœur de citrouille, locutions populaires : il y a mèche, il n'y qu'on trouve employée déjà par Tertula pas mèche, qui correspondent à celles- lien contre Marcion, peponem cordis loco ci: il y a moyen, il n'y a pas possibilité. habere, avoir un melon à la place du Dans le langage typographique, lors- cœur. Le plus bizarre, c'est que Thersite, que des ouvriers viennent proposer leurs se moquant des Grecs, les appelle aussi services dans quelque imprimerie, ils de-noves, melons', injure qu'Érasme n'oumandent s'il y a mèche, c'est-à-dire si blie pas de mentionner dans ses adages, l'on peut les occuper. Les compositeurs au mot лénwv. demandent s'il y a mèche pour la casse; et les pressiers, s'il y a mèche pour la presse. Voyez le Dictionnaire du bas-langage, tom. II, pag. 122.

Dans cette acception, le mot mèche est ancien :

Soit mis dedans ceste caverne,

On sait que madame de Sévigné écrivait de son fils: «C'est un cœur de citrouille fricassé dans la neige,» expression qui avait peut-être déjà cours à la halle 2. A

1 Iliade, ch. II. v. 235.

2 Certes il me répugne de croire que l'élégante marquise soit allée puiser à celte source impure; mais il n'en est pas moins vrai que l'expression que je signale se trouve à la pag. 26 d'un ignoble recueil Moralité de la vendition de Joseph, etc., intitulé Riche-en-gueule, ou le nouveau Vadé. A Pa

De nul honneur il n'y a maiche.

signat. G .i. verso.

ris, 1821, in-12.

la même époque, un poëte satirique disait de Colbert:

Un potiron de cour que le soleil fait naître,
De simple serviteur devint ministre et maître.

Le Tableau de la vie et du gouvernement de
messieurs les cardinaux Richelieu et Maza-
rin et de monsieur Colbert, etc., édit. de
M. DC. XCIV., pag. 183.

MENÉE, s. f. Douzaine. On trouve menée dans le Roumanz de Claris et de Laris (Ms. de la Bibl. nat. no 75345, folio 99 verso, col. 2, dernier vers), et mesnée dans les Chroniques de sire Jean Froissart, liv. III, chap. XIII, ann. 1388 (tom. II, pag. 402, col. 2); mais je ne crois pas que ces mots aient rien de commun, si ce n'est la physionomie, avec le terme d'argot.

MENESTRE, S. f. Potage.

Un potage s'appeloit de la jafle, à présent c'est de la menestre. (Le Jargon, édit. de 1660, de la veuve du Carroy et de Jean Musier.)

Faut-il me veoir icy reduit

A n'avoir rien, ny cru, ny cuit,
Que la menestre et la salade?

Édit. de M. DC. XLIII., st. LXVII,
pag. 36.

Un contemporain prie Dieu de le préserver de ces bonnes tables «où, de peur de s'échauffer en mangeant sa soupe, on voit sans aucune pitié morfondre une misérable menestre dans l'attente d'un tardif benedicite.» (Les Avantures de monsieur d'Assoucy, tom. Ier, chap. v, pag. 142.)

A la même époque, Scarron écrivait, v. 41 de sa satire contre un nommé Baron:

L'ingrat époux lui fit taster
D'une menestre empoisonnée.

On lit dans la satire X de Regnier:

Mon docteur de menestre, en sa mine attérée,
Avoit deux fois autant de bras que Briarée.

Enfin Théophile a dit :

Cette expression, empruntée à l'italien minestra, est l'une de celles qui cho-Et pensant que j'estois friand comme les chats,

quaient si fort Henri Estienne:

CELT... N'y aura-il point aussi un peu de menestre? PH. Je ne suis pas menestrier le soir : c'est à dire menestrophague. (Deux Dialogues du nouveau langage françois, italianizé, pag. 296.)

Quelle que fût l'indignation de cet ennemi des novateurs en fait de langage, menestre prit racine dans le nôtre. Jean Baudoin fait dire à Lucien :

... le repas estoit plein de plusieurs et divers

mangers extremement bons... comme de la do

dine, de la menestre, et d'autres telles saulces friandes et delicates, etc. (Les Œuvres de Lucian, etc. Paris, Richer, 1613, in-4o, liv. 1er, folio 256 recto.)

Me souhaitoient alors à tous les mille diables,
Que ce que j'estois maigre estoit d'estre affamé,
Que n'ayant rien de gras au museau que le nez,
D'un si grand appetit je pourrois en repaistre
Que je les mangerois defaillant leur menestre.

L'Importunité. A une damoiselle. Satyre. (Le
Parnasse satyrique du sieur Theophile.
M. DC. LX., petit in-12, pag. 313.)
MÉQUARD, S. m. Commandant.
MÉQUER, V. a. Commander.

Comme mec, ces mots dérivent du fourbesque maggio, qui signifie Dieu, roi, seigneur, pape, docteur, et qui vient sans doute du latin major. On trouve mage, avec la signification de grand, de principal, dans Pantagruel, liv. Ier,

Plus tard, Saint-Amant disait dans sa chap. XXIX, où Rabelais dit que le corps Rome ridicule: de Loup-garou « tumba comme une gre

nouille sus le ventre en la place mage de ladicte ville, etc. Aujourd'hui mage n'est plus usité que dans cette expression, juge mage, titre qu'on donnait, dans plusieurs provinces, au lieutenant du sénéchal, et par lequel, encore en Savoie, on désigne les présidents de tribunaux

d'Assoucy, tom. Ier, chap. I, pag. 65, dérive d'une supercherie pratiquée par les mendiants au xv1° siècle. Voyez le Supplément du Catholicon, chap. Ix; il y est parlé « des quemands et belistres qui, pour abuser le monde, mettent de la paille en leurs souliers, se salpoudrants les jambes pour mieux trembler le grelot'. »

On dit encore proverbialement et figurément mettre du foin dans ses bottes, pour amasser beaucoup d'argent dans un emploi, y faire bien ses affaires. Cette

Aussy... il avoit eclissé l'estat du juge criminel d'avecques le civil, pour le donner à un nommé la Borie, lequel estant le juge mage de ceste ville avoit il y a trente ans.... Ledict juge mage y vouloit aller, etc. (Lettre du seigneur de Bourdeille au roy Henry III [1574], à la suite des Œuvres complètes de Brantôme, édit. du Panthéon lit-locution, qui s'emploie ordinairement en téraire, tom. II, pag. 574, col. 1.)

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parlant d'un gain illicite, est certainement dérivée de l'autre, à laquelle elle a succédé. M. Quitard, qui a tenté de l'expliquer, me paraît avoir totalement échoué. N'y aurait-il point ici un jeu de mots sur fœnus?

MEULARD, S. m. Veau.

De l'italien molle, faible, délicat. MEURT-DE-FAIM, s. m. Petit pain. MEZÈRE, pron. Moi, mot donné par le Dictionnaire argotique du Jargon. MÉZIÈRE, s. m. Simple, nigaud.

Ce mot vient indubitablement du vol à l'américaine, où l'un des acteurs, qu'on désigne en argot sous le nom de jardi

çais qu'avec peine, s'adresse au sinve en l'appelant mézière, au lieu de monsieur.

Depuis l'année 1805, dit M. de la Mé-nier, et qui affecte de ne parler le fransangère, il y a très-peu d'hommes qui portent de la poudre; et dix ans plus tôt les femmes y avaient tout à fait renoncé. Dict. des Prov. françois, 2 édit., pag. 289.)

MÉSIGUE, MÉSIGO, pron. Moi. Messe du diable, s. f. Interrogatoire que l'on fait subir à un accusé.

METTRE DE LA PAILLE DANS SES SOULIERS. Voler d'une certaine façon.

Cette expression, qui nous a été conservée dans les Aventures de monsieur

Dans le siècle dernier, ce nom était celui d'un caissier des fermes générales, qui signait tous les billets de la compagnie. Un mézière était en France un effet courant qui valait de l'argent comptant. Voyez le Colporteur... par M. de Chevrier, Londres, sans date, pag. 165.

1 Satyre Menippée, édit. de M. DCCC. XXIV., in-8°, pag. 307.

2 Dictionnaire... des proverbes français, pag. 164.

MICHAUD, S. m. La tête.

Pour le mal de teste.
Malo testus, c'est mal de teste.
Pour la guarir prendre vous fault
De bon vin sans faire la beste,
Et l'avallez, soit froid ou chaut;
Puis vous couchez le cul en haut,

Et que la teste pende en bas :

Ainsi sera guary Michaut.

Qui ne le croit, damné n'est pas.

La vraye Medecine qui guarit de tous maux, etc. A Rouen, chez Loys Costé, 1602, in-12, pag. 5.

Pour guarir une femme jalouse.
Si vostre femme est trop jalouse
Et qu'elle crie incessamment,
Je vous conseille qu'on la touse,
S'elle joue son enragement.
Puis luy frottez le fondement
D'ortie griesche par temps chaud,
Et puis soudain l'entendement
Luy reviendra audit Micaut.

Ibid., pag. 16.

Quelle peut être l'origine de cette expression? Je n'en trouve pas d'autre qu'une allusion aux balles ou boulets, que l'on appelait autrefois, par plaisanterie, miches du couvent militaire 1: or,le peuple de nos jours ne dit-il pas, en parlant d'une tête : Quelle balle! voici une bonne balle?

MICHE, s. f. Dentelle.

Allusion à la blancheur et aux trous du pain blanc.

MICHÉ, S. m. Particulier qui a du michon ou de l'argent, individu qui paye les faveurs des filles :

Il faut cependant trouver quelque miché qui prenne la moitié de st'enfant, etc. (Le Porteur d'eau, comédie, parmi les Œuvres badines complettes du comte de Caylus, tom. X, pag. 551.)

Curiositez françoises, au mot Miche. Voyez aussi tom. 1, 1re série, pag. 125, de la collection Cimber et Danjou.

Angelique et Rosette,
La petite Paquette,
Les panaches à leurs têtes,
Rue des deux Ecus,

Elles vont à l'ordinaire
Pour des michés faire, etc.

Le Changement des tétes, chanson de
carnaval de Baptiste le Divertissant,
chansonnier du Pont-neuf dans la
dernière moitié du xvIIIe siècle.

Dans la même chanson sont encore ces couplets :

VI.

La petite Fanchette
Et la grande Manette
Hier au soir s'apprêtèrent
Pour aller au bal.
Un miché elle arrête
Pour boire chopinette.
Voyant ces deux têtes,
Il se trouve mal.

Ah! changez-moi ces têtes, etc.

VII.

Les fillettes murmurent
Sur ces têtes à fritures,
Et voyant les allures

Des têtes rasées,
Ces jeunes demoiselles
Pour paroitre plus belles
Aux yeux des michés.
Changez-moi toutes ces têtes, etc.

Ce mot n'était autrefois que le nom de Michel, tel que le prononçait le peuple:

Par les outils de ma victoire

Dont, grace à monsieur saint Miché,
J'ay serpent horrible embroché,
Rends ce trait, rends cette arbaleste.

Ovide travesty, etc. Les Amours d'Apo-
lon et de Daphné. (OEuvres de mon-
sieur d'Assoucy. A Paris, chez Tho-
mas Jolly, M. DC. LXVIII., in-12, pag.
60, 61.)

L'arcainge Miché vargeti Lé meuble du logi

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