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cher monsieur, le cœur de votre évêque vous est encore ouvert; venez le consoler par votre repentir et l'assurance d'un sincère retour. Ah! si vous saviez tout ce que votre égarement me cause de douleurs amères, votre plus longue obstination n'y met<trait pas le comble en m'obligeant de prononcer con<tre vous les peines de droit; car je vous en préviens, monsieur, c'est pour la dernière fois, votre réponse ‹ à ma présente lettre, ou à défaut, votre conduite réglera celle que j'aurai à tenir vis-à-vis de vous.

Je prie Dieu qu'il vous éclaire et vous touche par sa puissante grâce. Comptez, monsieur, que je n'ai de plus grand désir que de vous recevoir dans mes ‹ bras. >

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(Suit la signature de † G.-J. évêque de Pamiers).

RÉPONSE.

MONSEIGNEUR,

Serres, 3 avril 1841.

J'ai l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous avez bien voulu m'adresser en réponse à celle que j'eus l'avantage de vous écrire en date du 8 mars.

Je suis bien sensible, Monseigneur, à l'intérêt que vous voulez bien prendre à ma réputation. Je vous remercie surtout du vœu que vous formez en terminant votre lettre, en demandant à Dieu que sa grâce puissante me touche. C'est, en effet, cette puissante et libre grâce de Dieu qui est venue me chercher dans les épaisses ténèbres où j'ai longtemps vécu, pour jeter en moi la pure lumière de la vérité, telle qu'elle est contenue dans les saints Evangiles; et je désire maintenant vivre et mourir selon la règle qui nous est tracée par la Parole de Dieu. Je ne sais; mais je ne puis croire que ce soit là ce que vous appelez une résolution étrange, contraire aux principes non-seulement de la foi, mais

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encore de simple bon sens, la plus déshonorante pour ‹ ma réputation, la plus scandaleuse pour les fidèles <et la société ! ! ! ! »

Ah! Monseigneur, veuillez prendre garde que c'est une résolution basée sur la Parole de Dieu que vous qualifiez de la sorte. Vous appelez aussi futiles et rebattus, les motif contenus dans ma lettre du 8 mars. Permettez-moi de vous dire qu'il vaudrait mieux, pour l'honneur de l'église romaine, y répondre d'une manière victorieuse que d'employer des épithètes qui ne persuadent personne. N'oubliez pas, Monseigneur, que c'est de l'Eglise de Rome et non de l'Eglise de Christ que je me suis détaché pour retourner vers la loi et le témoignage de Dieu. J'aurais cru que la loyauté et la franchise de ma conduite envers vous et votre conseil, m'auraient mis à l'abri du reproche de fausseté que vous m'adressez; et par là vous m'obligez à rappeler des faits, que par charité chrétienne, j'aurais voulu laisser dans l'oubli. Je vais donc, puisqu'il le faut, suivre pied-à-pied les assertions de votre lettre pour y répondre.

Ainsi prenez-vous soin (dites-vous), de justifier le ⚫ pressentiment que l'on avait sur votre compte. >

J'aurais été bien aise, Monsieur, de connaître qu'elle est ou quelles sont les personnes que désigne ce pronom on. Cependant il n'y a aucune importance à cela, étant bien persuadé, comme je le suis, qu'au lieu de pleurer sur ce que vous appelez mon aveuglement, ces hommes peu sincères en sont intérieurement tous réjouis, parce qu'ils croient que ma conversion à la foi pure et simple de l'Evangile va leur ouvrir, non une carrière de liberté chrétienne; mais bien elle leur fournira (par votre relâchement) une occasion favorable pour se livrer sans crainte à leurs passions.

Si quelqu'un a pressenti ce qui vient d'arriver, pourquoi ne me tendait-il pas une main secourable pour m'empêcher de tomber? Où était pour lui la charité du Samaritain? Ah! Monseigneur, je vous entends, vous

me répondez tout bas à l'oreille: Mon enfant, c'est un prêtre... Je le crois, Monseigneur!

Ainsi, justifiez-vous, (dites-vous), les reproches que naguère j'ai eu occasion de vous faire devant mon conseil, où pour toute défense vous n'avez pré‹ senté que des dénégations.

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Pardon, Monseigneur, pardon, et permettez-moi de rappeler, dans ma mémoire, les griefs dont je fus accusé le 12 janvier dernier. Nous verrons à la fin, si je n'ai eu que des dénégations à donner pour toute défense.

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1o J'ai été accusé d'avoir critiqué des actes émanės de l'autorité diocésaine. A cette accusation, je répondis: c'est possible, et je demandai quels étaient ces actes? L'abbé Doubaud dit : « On ne les a pas mention‹ nés. › Personne n'insistant à ce sujet, je crus garder le silence moi-même. Je vous le demande, où est ici ma dénégation?

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2o Je fus accusé d'avoir dit que j'avais honte d'être prêtre. Je me fis un plaisir de répondre : c'est vrai; où est donc ma dénégation? Soit dit en passant, qui n'aurait pas honte d'être prêtre, aujourd'hui, que l'avarice et l'inconduite de beaucoup de prêtres ont tué la foi du peuple?

3o Je fus accusé d'avoir tenu des discours immoraux. Je répondis: c'est possible, mais je ne me les rappelle pas. M. l'abbé Doubaud me fit à ce sujet les observations les plus justes en me supposant coupable; et je lui répondis que St-Jacques, dans sa lettre, nous dit que si quelqu'un ne pèche pas par la langue, c'est un homme parfait; que je me considėrais bien éloigné de cette perfection; et l'abbé Doubaud n'insista plus Où est ici ma dénégation, Monseigneur? Attendu surtout qu'après m'être bien examiné, j'écrivis à M. l'abbé Faur, vicaire général, pour lui avouer que je me reconnaissais réellement coupable de ce grief, puisque m'étant un jour trouvé dans une société où un prêtre s'égayait en chantant un verset de chanson contre le purgatoire; je me crus obligé de

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lui dire que les prêtres qui tiennent le plus au purgatoire, sont ceux qui ont des femmes à nourrir. » Ce propos est immoral, je l'avoue, Monseigneur, mais encore une fois, où est ici ma dénégation?

4o Je fus accusé de ne fréquenter que de mauvais prêtres. Mais je me hâtai de nommer les prêtres que je visitais et qui me visitaient, et je demandai quels étaient ces mauvais prêtres?- Votre vénérable conseil garda le silence et passa outre. Dites-moi, je

vous prie, où est ma dénégation?

5° Je fus accusé de ne pas réciter mon office. A cette accusation, je ne répondis ni oui, ni non. Le oui aurait trop senti l'hypocrisie, et le non aurait été un pur mensonge, puisque je n'ai mis mon bréviaire de côté que le 8 mars, c'est-à-dire lorsque j'ai vu votre acharnement contre moi.-Rendons cependant justice à mes dénonciateurs; car ils ont pu croire et par conséquent dire sans mentir que je ne récitais pas mon office, puisque je choisissais toujours pour lieu de prières, ou la sacristie ou ma chambre; n'ayant jamais pu me résoudre à prendre pour cela ni les places publiques, ni les chemins, pas même le jardin ou le parc de monsieur ou de madame de***, et cela parce que j'avais lu dans l'Evangile de St Math. VI, 5 et 6. Et toi quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synago<gues et au coin des rues, afin d'être vus des hom‹ mes.... Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père..............) Encore ici, où est ma dénégation, Monseigneur? 6o Je fus accusé de ne fréquenter dans ma paroisse que des personnes irréligieuses.

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Je nommai de suite les familles que je visitais de temps en temps, savoir: les Comminge, les Peybernès, les Pauly, les Bonnefont, les Cassé dit Pourroufat, les Piquemal, les Bergaï, les Laurens, etc., etc. Impossible, Monseigneur, de considérer ces familles comme irréligieuses. Pour moi, je les regarde comme

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bonnes chrétiennes, qui, à la vérité, s'ennuient à l'église en voyant un homme à l'autel se tournant à droite et à gauche en pirouettant, sans qu'elles puissent comprendre ni ce qu'il y fait, ni ce qu'il y dit, non plus que le prêtre qui l'ignore souvent lui-même. Ces familles ne sont pas irreligieuses, Monseigneur, puisqu'elles n'ont d'autre désir que de pratiquer la religion telle Jésus-Christ l'a instituée. Ces familles ne sont pas irréligieuses, puisque leur cœur brûle du feu sacré de la charité. J'invoque ici le témoignage irréfragable de nos frères indigents, qui ne vont jamais frapper en vain à la porte de leurs maisons; et vous savez, Monseigneur, que la charité est le fruit de la foi.

que

Encore ici, je vous le demande, Monseigneur, où est ma dénégation?

7° Je fus accusé de n'exiger rien pour honoraires de messes, enterrements, mariages, etc. etc.

Impossible à moi, Monseigneur, d'avoir nié ce grief; car vous savez que je n'ai jamais eu le courage de dire à qui que ce soit: Paie, sans quoi je ne veux pas rendre les honneurs de la sépulture à ton parent, à ton ami, etc. Paie, sans quoi je ne prierai pas Dieu pour toi, pour ton père, pour ta mère, etc., etc. Apporte-moi de l'argent, sans quoi il n'y a pas de ciel pour toi. Non, non, je n'ai jamais eu ce courage.

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En voilà bien assez, Monseigneur, pour vous prouver que je ne me suis pas toujours défendu par des dénégations.

Quant à ce qui regarde les instances que M. l'abbé Dupré, desservant l'église de St-Vallier, m'a faites pour m'engager à rétracter ce que je vous ai écrit en date du 8 mars, je vous dirai qu'elles ont été aussi persuasives que ma résolution a été ferme. Je suis, réellement fâché de n'avoir pas pu faire céder mes convictions aux désirs de cet ami. Oui, cela me fut impossible.

Quant à la position que je me suis faite et que Sa Grandeur croit fausse, ne vous en inquiétez pas, Mon

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