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si scandalisés, que plusieurs d'entre vous n'y sont plus rentrés, tandis que bon nombre d'autres ne s'y rendent qu'avec regret et par respect humain, en attendant des jours meilleurs. Vous avez reconnu alors que cette voix n'était point celle d'un disciple de Celui qui a dit : « Aimez-vous les uns les autres. C'est en << cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes dis« ciples'.

Vous avez reconnu que cette doctrine n'était point celle de Celui qui, par amour pour les hommes, est né dans une crêche; et qui, quelques instants avant que d'aller rendre le dernier soupir sur une croix, dit à son cher disciples Pierre, qui venait de frapper de son épée un des soldats du Grand-Prêtre : « Reamets ton épée dans le fourreau 2 car tous ceux qui a prendront l'épée périront par l'épée 3. »

Non, non, chers amis, cette voix qui vous a ordonné de détruire les protestants n'est point celle d'un ministre de notre bon Sauveur, ce n'est pas non plus sa doctrine, mais bien la voix et la doctrine d'un rejeton de ces prêtres qui ont, pendant une trop longue série de siècles, ensanglanté une grande partie de notre globe. Espérons, avec la grâce de Dieu, que quelle que soit la férocité de ces ennemis du genre humain, leur doctrine sanguinaire ne trouvera plus d'écho dans notre belle France, notre chère patrie, et que la voix de ces prêtres-là restera toujours éteinte ainsi que les feux de leur inquisition. Vous savez aujourd'hui à quoi vous devez vous en tenir à leur égard. Impossible donc aux prêtres de vous convaincre par leurs mensonges. Quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, ne vous troublez point; et la plus noble vengeance que nous puissions exercer contre eux, la seule qu'il

1 Év. saint Jean XII, 34. 2 Év. saint Jean XVIII, 11. ' Saint Matth. XVII, 52.

nous soit permis d'employer, la seule qui les terrassera, qui les écrasera, c'est de pousser du plus profond de notre cœur cette prière que notre bon Sauveur expirant sur la croix adressa à Dieu son père, pour ceux qui le faisaient mourir dans des tourments qui font frémir la nature : « Père, dit-il, pardonne-leur, parce <qu'ils ne savent ce qu'ils font. »

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Pour moi, je pardonne de tout mon cœur toutes les injures que des prêtres ont vomies contre moi tant en public qu'en particulier. Vous les avez entendues, vous aussi, habitants de Gannac, et vous en avez été tous indignés. Depuis cette époque, je n'ai jamais pu discontinuer de me demander comment ces soi-disant ministres de Jésus-Christ ont pu communier en ayant leur cœur gonflé par la colère et leur bouche remplie de l'écume de leur rage.

La religion descendue du ciel nous ordonne de nous considérer tous comme frères, et d'aimer nos plus cruels ennemis. Hélas! par leurs discours, les prêtres nous enseignent le contraire de ce que cette religion nous prescrit. A les entendre, on dirait vraiment qu'ils ne cherchent qu'à rallumer les feux de leur inquisition qu'ils ont eux-mêmes éteints par le trop grand nombre de victimes qu'ils y ont jetées.

Est-ce ainsi qu'agissait notre divin Sauveur, chers habitants de Serres! Oh! non; car si jamais cet homme-Dieu a fait éclater son indignation contre quelqu'un, ce n'a été que contre ceux qui avaient changé sa maison de prières en une caverne de voleurs', contre les princes des prêtres et les pharisiens hypocrites qui avaient porté l'abus des lois jusqu'au dernier point2.

Matth. XXI, 12, 13. 2 Matth. XXIII.

Habitants de Serres! j'ai autorisé parmi vous la libre circulation du Nouveau Testament en langue connue de vous. J'ai avec vous et vos enfants lu et médité, tant en public qu'en particulier, quelques chapitres de ce livre sacré. Voilà, dit-on, une faute grave qui m'a mérité la malédiction de la cour épiscopale. Mais, dites-moi, je vous en prie, quel mal y a-t-il là?

Si le prêtre Esdras arracha de l'oubli les lois anciennes et les apporta devant le peuple', quel mal puisje avoir commis en arrachant moi aussi de l'oubli et en mettant sous vos yeux le livre qui renferme la loi de grâce, la BONNE NOUVELLE DU SALUT gratuit, livre qui, de l'aveu même de quelques philosophes, est le seul qui forme l'honnête homme?

Si Moïse n'a fait aucun mal, en abandonnant dans le désert le troupeau de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madian, pour aller arracher les Israélites, ses frères, de l'esclavage où la tyrannie du roi Pharaon les avait réduits', quel mal puis-je avoir commis moimême en abandonnant le troupeau du pape pour vous délivrer et pour vous sortir moi-même de la servitude où cet imposteur nous a dévotement réduits?

Si Zorobabel n'a fait aucun mal en contribuant au rétablissement du temple de Jérusalem, quel mal puis-je faire moi-même en contribuant, autant qu'il est en moi, au rétablissement de la religion telle que Jésus-Christ l'a donnée à nos pères?

Si les Daniel, les Amos, les Samuel, et tant d'autres âmes magnanimes n'ont fait aucun mal en sacrifiant tout pour l'honneur de la religion, quel mal feronsnous nous-mêmes en sacrifiant tout pour reconquérir la religion telle que Jésus-Christ l'a donnée à nos pères, et que l'évêque de Rome leur a peu à peu enlevée

1 Néhémie VIII. ? Exode III. ' Esdras III.

en y ajoutant des dogmes et des cérémonies de sa fabrique?

Cependant, à peine ma démission de prêtre romain fut-elle connue, que quelques prêtres se hâtèrent de publier que je n'avais quitté leurs drapeaux que pour donner un libre essor à des passions déréglées, ou bien par intérêt.

Mais habitants de la ville d'Ax, de Massat et de Serres, dites-moi, je vous prie, vous ai-je jamais scandalisés par une conduite déréglée?

Et vous prêtres, dites-moi, est-ce qu'en défendant vos Dieux et vos chimériques cérémonies, vous êtes exempts de passions?...... N'est-ce pas peut-être les passions qui vous ont rendus vils et odieux aux yeux du peuple?

Vous m'avez accusé d'avoir, par intérêt, quitté les drapeaux de Sa Sainteté le roi de Rome.—Mais, habitants de la ville d'Ax, de Massat et de Serres, ditesmoi, je vous prie, ma voix a-t-elle jamais fait retentir vos églises pour vous demander quelque chose? Vous ai-je jamais imposé d'infâme casuel!

Et vous, prêtres accusateurs, dites-moi, je vous prie, êtes-vous exempts d'intérêt? Je ne le pense pas, car ce sont ordinairement des refus de sépulture, de bénédiction de mariage, de messe pour les morts, qui portent le peuple à crier contre votre avarice. Bien plus, vous poussez votre cupidité jusqu'à priver vos paroissiens, faute d'argent, de la messe du dimanche'.

Le Conseil municipal de la ville de Massat (Ariége) ne jugea point à propos, en 1841, de voter la somme de cent francs en faveur des desservants des paroisses de Biert et du Port. Ces prêtres s'en plaignirent à leur évêque qui les autorisa à supprimer la messe matinale du dimanche. L'autorisation du prélat fut exécutée. —De là je dis que de deux choses l'une: ou l'évêque de Pamiers reconnait que la messe est nécessaire au salut, ou il ne le reconnaît pas. Dans

Cependant, selon moi du moins, vous faites bien d'en agir ainsi : car vous prouvez par ce seul fait, que vous considérez votre ministère comme un pur métier, et vos messes comme une pure marchandise. « Point d'argent, point de messe, » voilà votre devise.

Comme à vous, messieurs les abbés, l'Eglise romaine m'a ouvert ses trésors et ses richesses, mais à ses trésors et à ses richesses, j'ai préféré les vérités évangéliques, quoiqu'elles ne procurent que persécutions et souffrances. Pouvait-il en être autrement? Notre bon Sauveur ne nous en a-t-il pas prévenu d'avance? N'est-ce pas lui qui nous dit : « Vous êtes <«< heureux lorsque les hommes vous chargeront de << malédictions, qu'ils vous persécuteront, qu'ils dia ront faussement toute sorte de mal contre vous à « cause de moi; réjouissez-vous alors, et tressaillez a de joie, parce qu'une grande récompense vous est « réservée dans le ciel'. >

Habitants de Serres et de Gannac, je le demande qui a organisé un charivari contre nous? Ce sont les prêtres. Qui a porté quelques femmes et quelques enfants à nous insulter, à nous injurier, à nous lapider? Ce sont les prêtres. Qui a sollicité M. le maire d'user de son autorité pour empêcher nos réunions religieuses? Ce sont les prêtres. Qui a invoqué la gendarmerie? Ce sont les prêtres. Ce sont eux qui, pour défendre leurs arguments, pour protéger leur religion et leurs Dieux, ont besoin de l'assistance du sabre!!! - Mahomet n'employa-t-il pas les mêmes

le premier cas, l'évêque aurait dû ordonner aux desservants de dire la messe, ce qui aurait été plus édifiant que de la supprimer. Par cet acte, l'autorité diocésaine nous prouve qu'elle ne croit point à l'efficacité de la messe et qu'elle la regarde comme inutile; car il n'est pas à présumer que l'évêque veuille damner les âmes.

Saint Matth. V, 11, 12.

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