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ture sont une même chose. Les idées créent et sont créées. Dieu est appelé la fin de toutes choses, « parce que toutes doivent retourner en lui pour y reposer éternellement, et ne plus former qu'une seule substance identique et immuable. Et de même qu'Abraham et Isaac n'ont pas chacun une nature qui leur est propre, et que la même nature leur est commune à tous deux, de même tous les êtres créés n'ont qu'une même substance, et cette substance « est Dieu. 1 »

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Jusqu'ici c'est le panthéisme dans toute son audace. Voici maintenant des opinions très-hardies sur différentes questions; puis des prophéties qui annoncent un âge nouveau, un règne meilleur, le règne du Saint-Esprit; prophéties que l'Évangile éternel de l'abbé Joachim, publié à la fin du douzième siècle, commençait à répandre et à accréditer dans le monde; et, enfin, au milieu de ces prédictions bizarres, quelques-unes des conséquences immorales du mysticisme, poussé jusqu'à ses dernières limites.

1. Omnia sunt Deus: Deus est omnia. Creator et creatura idem. Ideo creant et creantur. Deus ideo dicitur finis omnium quod omnia reversura sunt in ipsum ut in Deo immutabiliter conquiescant, et unum individuum atque incommutabile permanebunt. Et sicut alterius naturæ non est Abraham, alterius Isaac, sed unius atque ejusdem: sic dixit omnia esse unum et omnia esse Deum. Dixit enim, Deum esse essentiam omnium creaturarum. GERSON, De Concordia metaphysicæ cum logica, tome IV, part. II, p. 826. — Cf. GERSON, Sermo 37, tome III, part. III, p. 1282.

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Ils disaient que le corps du Christ n'est pas plus « dans le pain de l'autel que dans tout autre pain ou « dans un objet quelconque; ils disaient que Dieu était dans l'âme d'Ovide, aussi bien que dans l'âme de «S. Augustin; ils niaient la résurrection des corps, « affirmant qu'il n'y a ni Paradis, ni Enfer, mais que celui qui croit à leur Dieu possède le Paradis, et que celui, au contraire, qui commet un péché mortel, « porte l'Enfer en lui-même, comme on porte dans la bouche une dent gâtée. Ils disaient que c'est une « idolâtrie d'élever des autels aux saints et d'encenser les images; ils raillaient ceux qui baisent les os des « martyrs; ils osaient proférer aussi le plus grand des blasphèmes contre le Saint-Esprit, duquel vient toute pureté et toute sainteté. Si quelqu'un est dans le Saint-Esprit, disaient-ils, et qu'il commette le péché de fornication ou qu'il se souille d'une autre manière, ce n'est pas un péché pour lui, parce que le

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Saint-Esprit, qui est Dieu, est dans son cœur. C'est « le Saint-Esprit qui opère toutes les actions chez tous « les hommes. Ce n'est pas tout: ils allaient jusqu'à chacun d'eux était le Christ et le Saint

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ils enseignaient que les sacrements du

corpus

1. Dicebant non aliter Christi esse in pane altaris, quam in alio pane et qualibet re. Sicque Deum locatum fuisse in Ovidio, sicut in Augustino. Negabant resurrectionem corporum, dicentes, nihil esse Paradisum neque Infernum, sed, qui haberet cognitionem Dei in se quam ipsi habebant, habere in se Paradisum,

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nouveau Testament étaient désormais finis et que le temps du Saint-Esprit avait commencé, etc.... 1 »

David de Dinan, disciple d'Amaury, professait les mêmes idées que son maître, mais avec des expressions différentes. Dieu est, disait-il, la matière de

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qui vero mortale peccatum, habere Infernum, sicut dentem putridum in ore. Altaria sanctis statui et sacras imaginines thurificari, idolatriam esse dicebant. Eos qui ossa Martyrum deosculabantur, subsannabant. Maximam etiam blasphemiam ausi sunt dicere in Spiritum sanctum, a quo omnis munditia est et sanctitas. Si aliquis est in Spiritu S., aiebant, et faciat fornicationem aut aliqua alia pollutione polluatur, non est illi peccatum, quia ille Spiritus, qui est Deus, est in eo. Ille operatur omnia in omnibus. Unde concedebant, quod unusquisque eorum esset Christus et Spiritus sanctus.“ CÆSARII HEISTERBACENSIS Exemplorum memorabilium, lib. V, c. 22, cité par DUBOULLAY, Histor. univers. Parisiens., tome III, p. 48. 1. In hoc ergo tempore, dicebant, testamenti novi Sacramenta finem habere et tempus sanctus Spiritus incepisse : Quo dicebant, confessionem, baptismum. Eucharistiam et alia, sine quibus salus haberi non potest, locum de cetero non habere, sed unumquemque tantum per gratiam Spiritus sanctus interius sine actu aliquo exteriori inspiratam salvari posse. Charitatis virtutem sic ampliabant, ut id, quod alias peccatum esset, si in virtute charitatis fieret, dicerent jam non esse peccatum. Unde et stupra et adulteria et alias corporis voluptates in charitatis nomine committebant, mulieribus cum quibus peccabant, et simplicibus quos decipiebant impunitatem peccati promittentes, dominum tantummodo bonum et non justum prædicantes." RIGORDUS, De Gestis Philippi Augusti, ad annum 1209, cité par DUBOULLAY, Histor. univers. Parisiens., tome III. Cf. DUPLESSIS D'ARGENTRE, Collectio judiciorum de novis erroribus. Paris, 1728, ad annum 1202, p. 126.

toutes choses. S. Thomas d'Aquin et Albert le Grand parlent de lui; ce dernier cite un ouvrage qui lui appartient et qui porte ce titre : De tomis, id est de divisionibus.

Voilà, à peu près, tout ce que nous savons sur l'école d'Amaury de Chartres. On peut soutenir, il est vrai, que nous ne devons pas une foi entière aux autorités qui nous ont transmis ces détails, et qu'une étude sur Amaury le déchargerait peut-être de bien des accusations qui pèsent sur sa mémoire. Toutefois il semble incontestable qu'il professait le panthéisme le plus décidé : à défaut de documents plus sûrs, le mouvement sorti de ses doctrines et de son enseignement serait une preuve suffisante. J'y reviendrai tout à l'heure. Voyons d'abord quels rapports il y a entre les théories de Jean Scot et le panthéisme d'Amaury; et sachons si c'est bien dans le De divisione naturæ qu'il faut chercher l'origine des erreurs que je viens de rapporter.

Les historiens du temps et les théologiens qui condamnèrent Amaury de Chartres, déclarent tous que ces doctrines de l'impie Amaury sont empruntées à Jean Scot1. On ne peut nier, en effet, que les ouvrages de Scot Érigène ne fussent alors dans bien des mains. Une bulle du pape Honorius III, en 1225, rapporte

1. JAC. THOMASII Origines hist. philosophicae et ecclesiastica, p. 113.

que l'évêque de Paris lui a signalé un livre, intitulé Periphysis, livre tout rempli d'hérésies, justement condamné au concile de Sens, et qui est étudié avec empressement dans les couvents et dans les écoles. 1 Ce livre n'est autre que le De divisione naturæ. Le titre du livre de David de Dinan, De tomis, id est de divisionibus, indique aussi une imitation évidente de Scot Érigène. En outre, dans les principes d'Amaury de Chartres et de son école, tels qu'ils nous ont été rapportés, il est manifeste qu'Amaury avait étudié et reproduit, en les défigurant, plusieurs passages de la philosophie de Jean Scot. On ne peut nier, enfin, que Scot Érigène n'ait été condamné quinze ans avant cette bulle d'Honorius III, en 1220, parce qu'Amaury de Chartres et David de Dinan avaient abusé de ses paroles.

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Voilà bien des autorités, à ce qu'il semble; dironsnous donc les écrits de Scot Érigène sont la source du panthéisme d'Amaury et de toutes les erreurs sorties de cette école? Non, et je soutiens, au contraire, contre les historiens que je viens de citer,

1. TENNEMANN, Geschichte der Philosophie, Bd. VIII, S. 322.— GUIZOT, Cours d'histoire moderne, histoire de la civilisation en France, 29. leçon. La Bulle d'Honorius III est citée dans la Chronique d'Albéric, Alberici Chronicon, apud LEIBNITZ, scriptores germanicarum, p. 514.

rerum

2. DUPLESSIS D'ARGENTRE, Collectio judiciorum de novis erroribus, part. II, p. 197.

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