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lequel on ne voit que Dieu, comme on ne voit que la lueur du soleil, quand l'air disparaît dans la lumière qui l'inonde. Non pas que Dieu ne soit dès aujourd'hui présent en toutes choses; mais, depuis la chute, chargés que nous sommes des pensées de la chair, l'esprit obscurci de vaines imaginations, ce divin spectacle nous est caché jusqu'au jour de la grâce. Quand on parle de ces questions si sublimes, les hommes qui vivent charnellement, s'emportent aussitôt et s'écrient: « Doctrine insensée! Quoi! le Dieu « invisible, immatériel, incorruptible, peut descendre de lui-même et se créer en toutes choses! il est descendu dans toutes les misères, dans toutes les cor«ruptions de ce monde! » Ils parlent ainsi, parce qu'ils vivent eux-mêmes misérablement et loin de la vérité. Our, en effet, quand la vérité ne nous éclaire pas, nous ne voyons que mal, misère, corruption, erreur; mais ceux qui vivent pieusement, et pieusement comprennent la science, aperçoivent le monde tout illuminé par des clartés merveilleuses, ils le voient tel qu'il est en Dieu, bon, pur, parfait, immaculé, et cette doctrine, obscure pour les autres, les enchante de la plus douce lumière.1

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1. De divis. nat., lib. III, 20, p. 243.

CHAPITRE V.

LE MONDE VISIBLE.

Les causes premières ont été créées dans le Verbe; il faut les voir à l'œuvre, elles vont produire leurs effets dans le travail des six jours.

spiritus

que

des

Nous avons vu dans la Genèse les premières paroles du récit de Moïse: In principio fecit Deus coelum et terram - terra autem erat invisibilis et vacua Dei ferebatur super aquas. Moïse ne parlait ici causes premières, tant qu'elles étaient encore invisibles; ces mots désignaient leur premier état, leur incompréhensible magnificence au sein des secrets conseils de Dieu. Mais tout à coup il dit: et dixit Deus fiat lux et facta est lux.2

Quelle est cette lumière qui se fait, et qui succède aux ténèbres primitives? Ce n'est pas autre chose que l'apparition des causes dans leurs effets. Dieu a dit : fiat lux; c'est comme s'il avait dit: que les causes premières, invisibles, inaccessibles, se manifestent dans des formes, dans des genres, dans des créatures visibles. Et facta est lux : les causes, les principes invisibles se sont manifestés. Et divisit Deus a tenebris,

1. De divis. nat., lib. III, 24, p. 250.

2. Ibidem, loc. cit.

Dieu a séparé la connaissance des effets de l'obscurité de leurs causes. Et vidit Deus lucem quia esset bona, c'est-à-dire, qu'il a plu à Dieu que les causes invisibles se révélassent aux anges et aux hommes. Appellavitque lucem diem et tenebras noctem, il a donné le nom de jour aux effets, aux apparitions que les hommes peuvent connaître, et il a appelé nuit, ces principes qui leur sont cachés. Factumque est vespere et mane dies unus; car, bien que ces causes soient incompréhensibles et que leurs effets soient clairs et lumineux, leur nature est pourtant la même : il n'y a pas deux natures, l'une déposée dans les causes premières, l'autre créée dans les effets de ces causes : c'est une même création, obscure pour nous quand elle est dans les desseins, dans la pensée du Créateur, claire et intelligible quand elle s'est produite au dehors. 1

Tel est l'œuvre du premier jour. Continuons, en suivant le récit de la Bible. L'œuvre du second jour est la création du firmament, qui sépare les eaux supérieures des eaux inférieures. Quel est le sens de ces paroles? Ni S. Basile, ni S. Augustin, qui le contredit, ne donnent une opinion satisfaisante. Sans vouloir les réfuter, exposons librement notre avis. 2

Toutes les choses créées rentrent dans trois catégo

1. De divis. nat., lib. III, 25, p. 252, 253. 2. Ibidem, lib. III, 26, p. 254.

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ries: elles sont ou esprit, ou matière, ou un composé de matière et d'esprit. Ce sont là les éléments constitutifs du monde. Dans ses causes, le monde est uniquement esprit; dans les corps, il n'est que matière. Il faut, entre ces deux régions, un monde intermédiaire. Ce sont les éléments simples, lesquels ne sont ni tout à fait matière, puisque ce sont eux qui soutiennent cette matière corruptible; ni tout à fait esprit, puisque c'est d'eux que proviennent les corps. Or, ces eaux supérieures dont parle la Genèse, c'est le monde intellectuel; l'Écriture le déclare par ces mots et aquæ quæ suprà cœlum sunt, laudant nomen Dei. Les eaux inférieures, c'est le monde de la matière; et ce firmament qui les sépare, ce sont les éléments simples, également éloignés de l'un et de l'autre monde, qui forment le lien entre eux, et transmettent au monde des corps ce qu'ils ont reçu du monde invisible et qu'ils lui rendront plus tard. Le législateur leur a donné le nom de firmament, parce que, dans la ferme et indivisible simplicité de leur être, ils soutiennent l'abîme des causes intelligibles, et que, retenant, attirant à soi les corps périssables, ils les empêchent de se dissoudre à l'infini. C'est pourquoi Dieu a dit : fiat firmamentum in medio aquarum, c'està-dire, qu'il y ait la solidité des éléments simples entre la profondeur des idées invisibles et le flux éternel de la matière fragile; et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux, c'est-à-dire, qu'il sépare les idées simples,

incorruptibles, éternelles, d'avec les corps composés, fragiles, périssables. 1

Ne confondons pas les causes simples et les éléments simples. Les causes simples sont en dehors du temps et de l'espace, tandis que les éléments simples sont dans le temps et dans l'espace. Les causes simples ne reçoivent pas d'accidents, les éléments simples peuvent en recevoir; ils n'y sont pas soumis dans les universaux, mais ils le sont dans les individus. 2

C'est là le sens véritable de ce passage de l'Écriture, et il ne faut pas croire, comme quelques-uns, qu'il y ait des eaux au-dessus des étoiles.

Le troisième jour, Dieu dit: Congregentur aquæ sub cœlo sunt in locum unum, et appareat arida, factumque est ità.

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Il s'agit des eaux inférieures, et nous avons vu que cette expression de la Genèse désignait l'univers matériel, les êtres composés. Or, dans ces êtres composés, écartez ce qui ressemble le plus à l'inconstance et à la variété des ondes; écartez les accidents, les phénomènes qui varient chez tous les individus; cherchez ce qui est stable, fixe, éternel, chez chacun d'eux, c'est-à-dire, la nature commune à tous, ainsi, chez les hommes, la nature humaine, l'humanité; quand vous aurez découvert cette part immuable et constante

1. De divis.. nat., lib. III, 26, p. 255, 256. 2. Ibidem, loc. cit.

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