si peu conforme aux sentiments de la foiblesse humaine. . 19. Credo videre bona Domini in terra viventium. . 19. Je crois fermement voir un jour les biens du Seigneur dans la terre des vivants. Oui, grand Dieu, victorieuse jusqu'ici par le secours de votre bras, de tant de piéges et de combats, je ne puis me persuader que vous ne couronniez pas enfin vos propres dons; toute défiance est désormais bannie de mon cœur; le temps de ma délivrance approche, vous avez assez, grand Dieu, éprouvé la foiblesse de votre créature; je ne doute plus que je n'aie bientôt la consolation de voir les biens et les richesses ineffables que vous versez sur cet asile saint, sur cette terre des vivants, où vous m'appelez, et où tant d'ames innocentes jouissent des douceurs secrètes de la grâce dont vous ne cessez de les combler. La terre que j'habite encore malgré moi, est une terre de mort et de perdition; les hommes qui l'habitent, sont des cadavres vivants, en qui la vie de la foi et de la grâce est éteinte, qui n'exhalent plus à vos yeux que la puanteur et l'infection, et dont le commerce et le souffle seul est contagieux à ceux qui vivent au milieu d'eux : l'air qu'on y respire est empesté; et il n'est qu'un miracle de votre toute-puissance qui puisse sauver une ame de cette contagion générale. Mais la terre sainte où tout me presse d'entrer, mais la retraite religieuse où je veux finir les jours de mon pélerinage, est une terre de vie et de salut; elle est l'image de cette terre des vivants, de cette cité céleste où tous les cœurs sont réunis pour n'aimer que vous seul; où il n'y a plus ni deuil, ni tristesse, ni travail; ni danger; où vous êtes le seul bien qu'on desire et qu'on possède, la seule vérité que l'on connoît et que l'on aime; le seul bonheur qui nous attend et que rien ne pourra plus nous ravir. y. 20. Expecta Dominum, viriliter age; confortetur cor tuum, et sustine Dominum. . 20. Attendez le Seigneur, agissez avee courage; que votre cœur prenne une nouvelle force, et soyez ferme dans l'attente du Seigneur. Ainsi, ô mon ame, dépouillez-vous de toutes vos craintes et de toutes vos inquiétudes passées; que la paix et la sérénité succèdent aux troubles et aux orages dont vous avez été jusqu'ici agitée : laissez élever les flots de cette mer irritée, qui semblent devoir nous engloutir; ils ne viendront que jusqu'au terme immuable que votre époux leur a marqué, et vous les verrez se briser à vos pieds. Attendez avec joie et avec confiance le mo ment du Seigneur; donnez-lui tous les jours de nouvelles preuves de votre persévérance et de votre courage; que votre cœur trouve de nouvelles forces dans les contradictions mêmes qu'on lui suscite pour l'affoiblir; soutenez encore un peu ce temps d'épreuve et de tribulation, que le Seigneur a marqué pour purifier sa victime, et la rendre plus digne de lui : attendez-le encore un moment; le voilà qui arrive la couronne dans la main, pour vous ouvrir les portes du lieu saint, vous introduire au milieu de ses épouses, et vous mettre sur la tête la couronne de la sainte virginité qui va vous consacrer tout entière à lui, et du martyre pour vous récompenser de la victoire que vous avez remportée au milieu de tant d'attaques dangereuses, que le monde et l'enfer n'ont cessé de vous livrer pour vous forcer de renoncer à votre époux céleste. PSAUME XXVII. Prière d'une ame fidèle au milieu du monde qui gėmit devant Dieu sur les dérisions impies que ceux avec qui elle est obligée de vivre, font sans cesse de sa piété; et qui demande le secours d'en-haut, pour demeurer ferme au milieu de toutes les tentations et les contradictions dont elle est environnée. .1. Ad te Domine, clamabo, Deus meus; ne sileas à me nequandò taceas à me, et assimilabor descendentibus in lacum. . 1. Je crierai vers vous; ne gardez pas le silence à mon égard, ô mon Dieu, de peur que si vous refusez de me répondre, je ne devienne semblable à ceux qui descendent dans la fosse. Vous voyez, grand Dieu, la triste situation où je me trouve; je ne connois de grand et de souhaitable sur la terre, que le bonheur de vous servir; et cependant le malheur de ma destinée et les devoirs de mon état m'attachent à un certain nombre de personnes, qui ne connoissent la pieté que comme digne de leurs dérisions et de leurs censures; je les entends tous les jours avec une secrète horreur blasphemer les dons ineffables de votre grâce, et traiter de foiblesse, d'imbécillité et de travers d'esprit, la ferveur et la fidélité de vos serviteurs. Vous ne sauriez répandre comme autrefois les dons de votre grâce et de votre esprit sur vos disciples, que le monde ne les regarde comme des hommes d'une raison peu saine : la conversion des pécheurs, ces miracles de votre miséricorde envers les hommes, si capables de les rappeler à vous, leur fournissent eux-mêmes de nouveaux blasphèmes contre votre saint nom; et le spectacle d'une piété sincère, seul digne ici-bas d'admiration, devient le seul objet de leur mépris et de leur risée. Témoin tous les jours d'un égarement si déplorable, et exposée sans cesse moimême à ces discours de blasphème et d'impiété, toute ma consolation, ô mon Dieu, est de m'adresser à vous, et de faire monter jusqu'au pied de votre trône les cris de ma douleur. Quoique ces dérisions sacriléges ne fassent sur moi que des impressions d'horreur et de pitié, je crains qu'enfin elles ne m'affoiblissent et ne m'engagent à des ménagements, à des dissimulations indignes de votre gloire, et de la reconnoissance que je dois à vos miséricordes înfinies : je crains qu'insensiblement je ne sois assez lâche pour rougir de votre nom; pour me refuser aux impulsions de votre grâce, dans les occasions où il faut rendre un témoignage éclatant à la majesté de la foi contre les dérisions qui la déshonorent je crains qu'une timidité criminelle ne me déguise sous le nom de la prudence, un silence et une circonspection de respect humain. L'amour-propre qui cherche toujours à éloigner ce qui le blesse, ne nous persuade que trop qu'il faut ménager les préjugés de ceux avec qui l'on a à vivre; qu'on rend la piété odieuse à force de n'en vouloir rien relâcher devant ceux qui ne la goûtent pas; et que c'est lui attirer de nouveaux outrages, que d'en vouloir faire à contre-temps une profession publique. Je sens, grand Dieu, que ce poison s'insinue peu à peu dans mon cœur : je ne voudrois pas que ma conduite ressemblât à celle des pécheurs auxquels les devoirs de mon état me lient; mais je ne voudrois pas aussi qu'elle leur déplût je serois fâché de les imiter; mais je le suis aussi de les soulever contre moi je me dis bien à moi-même, qu'il est impossible de vous servir et de plaire au monde corrompu; mais cette vérité s'éclipse dans les occasions ; et tout ce qui n'en reste, sert moins à me soutenir, qu'à me rendre plus inexcusable. Grand Dieu, quelle ressource peut-il me rester dans la vicissitude de ces pensées qui m'agitent, que d'implorer votre secours? affermissez-moi, Seigneur, contre ces égards humains auxquels on ne se livre jamais qu'aux dépens de votre gloire, et de la fidélité qui vous est due: faites entendre à mon cœur cette voix de force et de courage, qui rendit autrefois vos disciples supérieurs, non-seulement aux censures et aux dérisions du monde, mais encore à toute la barbarie des tyrans. Si vous me laissez à moi-même, ô mon Dieu, si la voix de votre grâce ne se fait pas entendre au dedans de moi, et que son cri puissant ne ranime pas ma foible timidité, je sens que je n'ai plus qu'un pas à faire : pour tomber dans le découragement; je me vois à tout moment sur le bord du précipice, et prêt à devenir semblable par une criminelle complaisance, à ceux qui voudroient m'y entraîner avec eux. . 2. Exaudi, Domine, vocem deprecationis meæ ; dum oro ad te, dum extollo manus meas ad templum sanctum tuum. . 2. Exaucez, Seigneur, la voix de mon humble supplication; lorsque je vous prie, et que je lève mes mains vers votre saint temple. La prière, ô mon Dieu, est la seule ressource de ceux qu'un danger évident menace; et vous venez toujours au secours de ceux qui vous réclament faites-moi sentir de plus en plus, ô mon Dieu, la folie et le déplorable égarement des jugements du monde. Comment pourrois-je me laisser ébranler par des discours que l'ivresse seule des passions, et le renversement total de la raison, font retentir sans cesse à mes oreilles? les railleries d'un frénétique ou d'un insensé me paroîtroientelles assez sérieuses pour décider de ma conduite? et que sont les hommes, ô mon Dieu, qui préfèrent un instant de vie sensuelle à vos éternelles promesses, que des insensés, dont le délire devroit nous faire horreur, si leur malheur n'étoit encore plus digne de nos larmes ? Nourrissez ma foi, grand Dieu, de ces vérités immuables; c'est ce que je ne cesserai de vous demander: ce sont là les vœux que mes mains levées vers ce temple éternel, où vos oreilles sont toujours ouvertes à nos supplications, ne cesseront de porter au pied de votre trône. . 3. Ne simul trahas me cum peccatoribus; et cum operantibus iniquitatem ne perdas me. . 3. Ne m'entraînez pas avec les pécheurs; et ne me perdez pas avec ceux qui commettent l'iniquité. Ne permettez pas, grand Dieu, que l'exemple de ces hommes insensés, qui se font une gloire de se livrer au crime et de mépriser la vertu, m'affoiblisse enfin, ou m'entraîne par une funeste complaisance dans le malheur de vous déplaire et de vous perdre. Vous m'avez rappelé par une miséricorde singulière des voies de la perdition; vous m'avez arraché de ces sociétés de plaisir et de débauche, où je courois avec tant d'insensibilité à ma perte éternelle: si les devoirs de mon état me lient encore à ces hommes corrompus, mon cœur, mes inclinations, mes sentiments, mes nouvelles lumières m'en séparent : que rien ne soit plus capable, ô mon Dieu, de m'en rapprocher! ma perte seroit encore plus assurée que la leur, si, après les grâces dont vous m'avez favorisé, je rentrois dans leurs voies, et j'attirois sur moi l'abandon et les jugements terribles que vous exercez sur les ames inconstantes. Vous avez eu pitié de mes premiers égarements, où l'âge, les passions et une profonde ignorance de vos vérités saintes m'avoient précipité mais dois-je me flatter que vous en auriez encore de mes nouvelles chutes, que mes lumières et vos bienfaits rendroient désormais indignes de tout pardon? ✈. 4. Qui loquuntur pacem cum proximo suo, mala autem in cordibus eorum. ỳ. 4. Qui parlent de paix avec leur prochain, et qui dans leur cœur ne pensent qu'à faire du mal. En vain, ô mon Dieu, ces hommes livrés à leurs passions s'efforcent de m'attirer par les vaines apparences de la douceur et de l'amitié; en vain leur langage à mon égard, n'est qu'un langage de paix, de cordialité et de tendresse; ils ont beau se plaindre que la dissemblance seule de ma conduite paroît altérer l'union qui doit être entre nous; et qu'ils m'aiment trop, pour ne pas souhaiter que je ne fasse point bande à part, et que je rentre dans leur société : cette douceur apparente ne cache que les desseins les plus criminels; ils ne cherchent avec ces discours emmiélés, qu'à me souffler le venin dont leur cœur est depuis longtemps infecté. ỳ. 5. Da illis secundùm opera eorum; et secundùm nequitiam adinventionum ipsorum. . 5. Rendez-leur selon leurs œuvres, et selon la malignité de leurs desseins. Peu contents de vous outrager, ô mon Dieu, ils ne paroissent occupés qu'à se faire des complices à leurs crimes: votre miséricorde, grand Dieu, peut trouver dans les foiblesses d'un pécheur et dans le malheur des occasions qui l'entraînent, des motifs pour être touché de ses égarements, et lui en inspirer un repentir salutaire; mais pour les hommes dévoués au crime, qui voudroient en infecter tous ceux qui les approchent, et éteindre, s'ils le pouvoient, toute vertu sur la terre; mais pour ces apologistes du dérèglement et de la licence, qui vous déclarent une guerre ouverte, et qui s'applaudissent comme d'une victoire honorable, quand ils ont réussi à séduire une ame innocente Dieu juste, Dieu vengeur, vous leur rendrez selon leurs œuvres. Oui, grand Dieu, vous, qui dès le commencement n'êtes occupé qu'à sauver les hommes, vous frapperez d'une malédiction éternelle ces enfants d'iniquité qui ne paroissoient nés que pour les perdre; et votre bonté même pour les hommes sollicitera vos foudres et votre indignation contre ces corrupteurs de la société : plus vous avez fait pour nous, plus votre justice déploiera toute sa sévérité contre ces impies, qui ne s'étudient qu'à rendre inutiles toutes les démarches de votre bonté envers les hommes. . 6. Secundùm opera manuum eorum tribue illis; redde retributionem eorum ipsis. . 6. Traitez-les selon que les œuvres de leurs mains le méritent; et donnez-leur la récompense qui leur est due. Ils mettent tout en œuvre pour éloigner les hommes de votre culte, ô mon Dieu; railleries, discours impies, ostentation de licence et de débauche, mépris public de la vertu : la corruption de tous ceux qui les approchent, est l'ouvrage funeste et infaillible de leurs mains : vous prendrez à leur égard, ô mon Dieu, les mêmes sentiments qu'ils ont eus pour leurs frères; vous ne serez occupé qu'à les éloigner de vous pour toujours. Ils ont regardé comme un gain affreux pour eux de vous faire des ennemis; ils auront la consolation désespérante de l'être eux-mêmes dans toute l'éternité : c'est la funeste récompense qui les attend; et quelle plus juste punition pour des impies qui auroient voulu révolter tous les cœurs contre votre majesté adorable, que de les mettre euxmêmes dans l'éternelle et l'affreuse nécessité de vous hair? ỳ. 7. Quoniam non intellexerunt opera Domini, et in opera manuum ejus destrues illos, et non ædificabis eos. y. 7. Parce qu'ils ne sont point entrés dans l'intelligence des ouvrages du Seigneur, et des œuvres de ses mains vous les détruirez et ne les rétablirez pas. Aveuglés par les passions auxquelles ils se livrent sans mesure, la sagesse admirable de vos ouvrages dans l'univers, et les prodiges que vous avez opérés dans tous les temps pour le salut des hommes, leur sont, ô mon Dieu, absolument inconnus. L'Étre Suprême et invisible qui règle tout ici-bas, qui, par des voies adorables dispose de tous les événements, et fait servir à ses desseins éternels de miséricorde les passions et les vices même des méchants, est pour eux, comme s'il n'étoit pas. En vain, ô mon Dieu, votre puissance, votre justice, et votre sagesse infinie éclate tous les jours ici-bas dans les diverses révolutions qui agitent la terre: ils ferment les yeux pour ne pas la voir; ils vivent comme s'ils n'étoient faits que pour un monde auquel ils ne tiennent que pour un instant, et que tout dût finir avec eux ; ils attribuent au concours aveugle et fortuit des parties d'une matière informe, l'arrangement admirable de l'univers, et les effets les plus surprenants de votre toute-puissance : hommes abrutis et corrompus dans l'esprit et dans le cœur, ils font honneur à des êtres grossiers et inanimés, aux mouvements d'une vile matière agitée; ils lui font honneur d'un ordre, d'une harmonie admirable, d'une vicissitude constante et toujours égale de productions, dont ils n'oseroient faire honneur aux lumières des créatures les plus intelligentes. Vous rappelez tous les jours, ô mon Dieu, des pécheurs que l'âge, les passions, la fragilité inséparable de notre corruption, avoient éloignés de vous; vous réparez en eux ce que le dérèglement avoit altéré et corrompu; vous y rétablissez tous les dons et tous les avantages qu'ils avoient perdus par leur révolte criminelle; vous y créez de nouveau cet homme céleste, cette vie de la grâce éteinte depuis longtemps dans leur cœur : cette régénération, ce renouvellement, le fruit de leurs larmes et de vos miséricordes, les élève souvent à un état plus sublime, que ne l'étoit celui dont ils étoient déchus par leur infidélité. Mais pour ces hommes impies, qui, en se livrant à la plus infâme débauche, se font une gloire affreuse de vous insulter; qui ne trouvent dans le crime rien de plus agréable que le plaisir impie de vous outrager; qui peu contents de blasphemer votre majesté adorable, ne cherchent qu'à vous enlever vos adorateurs, qu'à corrompre et à infecter de leur impiété tout ce qui les approche, et voudroient, s'il étoit possible, anéantir votre étre éternel, et votre nom dans l'esprit de tous les hommes: votre justice, grand Dieu, et votre gloire demandent une vengeance éclatante contre ces monstres dont la nature seule a horreur. Après les avoir livrés à tout ce que les passions ont de plus honteux; après avoir permis que tout ce qui étoit en eux l'ouvrage de votre grâce, fût détruit; que la justice, la foi, les premiers principes même de la probité, de l'humanité, y fussent renversés: vous les laisserez jusqu'à la fin dans cet état affreux, il ne se relèveront jamais de cette destruction totale de tout bien où ils sont ensevelis; ils demeureront écrasés sous ces tristes ruines: vous n'y retrouverez plus rien sur quoi vous puissiez y réédifier un nouvel édifice; plus de germe que vous puissiez ranimer de votre esprit, et qui soit capable de vivifier tout le reste. Vous devez à l'univers ces terribles exemples, ô mon Dieu : ils mourront détestés des hommes qu'ils avoient scandalisés, et abandonnés du Dieu qu'ils avoient publiquement rejeté; ils mourront la honte de l'humanité, l'opprobre de la religion, l'anathème du ciel et de la terre; et si leur nom subsiste après leur mort, ce ne sera que pour salir nos histoires, et être un monument perpétuel de votre justice sur les impies. . 8. Benedictus Dominus: quoniam exaudivit vocem deprecationis meæ. . 8. Que le Seigneur soit béni, parce qu'il a exaucé la voix de mon humble supplication. Pourrois-je assez, ô mon Dieu, bénir votre saint nom! Quelle abondance de miséricordes ne répandez-vous pas tous les jours sur votre foible créature! après m'avoir retiré du fond de l'abîme, et du gouffre de dissolution où le premier âge m'avoit précipité, vous m'armez encore contre ma propre foiblesse et contre les séductions qui m'environnent; vous ôtez aux discours du libertinage et de l'impiété, qui retentissent sans cesse à mes oreilles, tout ce qu'ils pourroient avoir de spécieux et de frappant, ou pour m'affoiblir ou pour me corrompre; vous m'en faites sentir toute l'extravagance et toute l'horreur. Je vous réclame au milieu de mes peines et des périls qui m'entourent, et vous venez à mon secours; et je me sens rempli d'une nouvelle force, et tous les brouillards se dissipent ; et la lumière de votre vérité me rend la paix et le courage, que mille nuages assemblés autour de mon cœur m'avoient ôtés. . 9 et 10. Dominus adjutor meus et protector meus ; in ipso speravit cor meum, et adjutus sum; et refloruit caro mea, et ex voluntate med confitebor ei. . 9 et 10. Le Seigneur est mon asile et mon protecteur, mon cœur a mis en lui son espérance, et j'ai été secouru ma chair a pris une nouvelle vigueur, et j'en rendrai gråces à mon Dieu du fond du cœur. Oui, grand Dieu, ce n'est pas vous qui manquez à nos besoins; ce sont nos infidélités, et notre peu de confiance, qui vous obligent de suspendre vos secours : vous n'êtes l'auteur et le père des créatures formées à votre image que pour en être l'asile et le protecteur : vous ne nous avez tirés du néant et envoyé votre Fils unique pour nous relever de nos chutes, que pour nous conduire et nous aider à parvenir à la fin que vos desseins éternels nous ont préparée; vous prévoyiez le malheur de notre nature déchue de son excellence, un moment après qu'elle fut sortie de vos mains; et malgré sa dépravation que vous voyiez devoir succéder à l'instant aux bienfaits dont vous l'aviez comblée en la créant, vous lui prépariez un remède, un réparateur qui devoit l'élever encore à un état plus sublime que n'étoit celui dont elle alloit déchoir. Dans ces vérités consolantes, quelle source inépuisable de confiance pour vos créatures! aussi l'espérance en vos miséricordes infinies est le bouclier le plus ferme que mon cœur oppose à tous les assauts de l'ennemi; je me sens plus fort à mesure que mon espérance augmente; le poids de la chair se fait moins sentir; ses révoltes contre l'esprit sont moins vives et moins fréquentes; il semble qu'elle commence à jouir de ce renouvellement dont elle ne sera revêtue qu'au jour de sa résurrection. Mais ce calme n'endort pas ma vigilance: je sais trop, ô mon Dieu, qu'il ne nous est pas promis pour long-temps ici-bas; et tout l'usage que j'en fais pour les moments heureux que je le goûte, c'est de recueillir toutes les puissances de mon ame pour vous louer, et célébrer les merveilles de votre bonté et de votre puissance. . 11. Dominus fortitudo plebis suæ, et protector salvationum Christi sui est. . 11. Le Seigneur est la force de son peuple, et le protecteur qui sauve son oint et son Christ en tant de rencontres. Oui, grand Dieu, tout ce qui est en nous, n'est que foiblesse ; vous seul êtes la force des ames qui vous servent, de ce peuple choisi qui vous bénira éternellement : nous n'avons de nous-mêmes que cette pente malheureuse qui nous éloigne sans cesse de l'ordre et de la justice; voilà tout ce que vous trouvez en nous: si vous vous retirez un moment, si vous nous laissez entre les mains de notre infirmité, chaque pas devient une chute : ce ne seroit rien de nous retirer du désordre, et de répandre sur nos oints l'abondance de vos grâces; il faut que vous soyez le protecteur continuel de votre ouvrage, du salut que vous avez opéré dans nos cœurs. Mais cette dépendance de tous les moments, loin de nous être à charge, fait toute notre consolation, comme notre sûreté. Qu'il est doux, grand Dieu, de vivre toujours sous votre main, de ne pouvoir agir et nous mouvoir que sous les regards et par les soins de votre bonté paternelle! que ce joug est doux et léger! et de quel supplice plus affreux pouvez-vous punir les pécheurs, que de les livrer à eux-mêmes à leurs passions, à leurs remords, à leurs agitations secrètes, aux terreurs de leur propre conscience? c'est le malheur dont vous leur faites sentir ici-bas les tristes commencements, et qui sera fixe et consommé dans l'éternité, s'ils persévèrent jusqu'à la fin dans leur endurcissement. . 12. Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hæreditati tua; et rege eos, et extolle illos usque in æternum. . 12. Seigneur, sauvez votre peuple, et bénissez votre héritage; soyez leur Pasteur, et soutenez-les jusque dans l'éternité. O Dieu, continuez donc à sauver le peuple que vous avez choisi; ne cessez pas un moment de répandre sur lui les secours et les bénédictions de votre grâce; défendez votre héritage, ne le laissez pas un moment exposé tout seul à l'ennemi qui veille pour vous enlever c'est le sang de votre Fils qui vous l'a acquis; qu'un prix si estimable vous le rende encore plus cher : purifiez-le de plus en plus, enrichissez-le tous les jours de nouveaux dons de votre esprit; afin que vous le trouviez digne de devenir le royaume glorieux et éternel que vous avez préparé à votre Fils. PSAUME XXVIII. Actions de grâces que rend un pécheur jusque là endurci au Seigneur, qui lui a fait entendre sa voir puissante, et l'a retiré miraculeusement de ses désordres, .1. Afferte Domino, filii Dei: afferte Domino filios arietum. . 1. Apportez au Seigneur vos offrandes, enfants de Dieu apportez au Seigneur les petits des béliers. Ames justes, enfants de Dieu, vous qui avez le bonheur de servir un si bon maître, unissez-vous à moi; unissez vos actions de grâces aux miennes; offrez-lui, non le sang des victimes, mais vos louanges pures et vos hommages fervents: suppléez par la grandeur et la vivacité de votre reconnoissance, ce qui manque à celle dont mon cœur est pénétré; venez au secours de mon insuffisance, et aidez-moi à témoigner au père miséricordieux, qui a rappelé son enfant depuis si long-temps rebelle, toute la douleur et toute la gratitude que m'inspirent en ce moment mes crimes et ses bienfaits. . 2. Afferte Domino gloriam et honorem, afferte Domino gloriam nomini ejus; adorate Dominum in atrio sancto ejus. ỳ. 2. Rendez au Seigneur la gloire et l'honneur qui lui sont dûs; rendez au Seigneur la gloire que vous devez à son nom; adorez le Seigneur à l'entrée de son tabernacle. Rendez au Seigneur l'honneur et la gloire qui est due à lui seul, pour le changement admirable qu'il a opéré dans mon cœur; il n'a trouvé dans mon fonds qu'un endurcissement impie et des désordres invétérés; c'est dans cet état où tout paroissoit en moi sans ressource, qu'il m'a changé en un homme nouveau, pour faire éclater avec plus de magnificence la gloire de son nom et la puissance de sa grâce; à lui seul il appartient d'opérer de semblables prodiges; les impies qui refu |