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Dieu; animez vos Confrères par vos exemples, & par ces douces infinuations de la charité qui gagnent les cœurs : qu'ils ne vous regardent plus comme leurs cenfeurs, mais comme leurs amis & leurs frères : ne vous prévalez au-deffus d'eux de votre régularité, que pour être plus doux, plus charitables à leur égard, plus prêts à excufer leurs foibleffes, & à louer tout ce qu'ils peuvent avoir encore de louable : c'eft ainfi qu'on rend la vertu aimable à ceux-mêmes qui en paroiffent les plus éloignés. Attirez-vous par les douceurs de l'amitié & d'un fupport charitable, la confiance des Miniftres dont la conduite ne répond pas à la fainteté de leur ministère : qu'ils vous deviennent plus chers, à mesure que vous voyez qu'ils s'égarent: ne vous rebutez pas, quoiqu'ils paroiffent rebuter eux-mêmes vos douces remontrances; la charité eft patiente, & fouffre tout: forcez-les, pour ainsi dire, de vous aimer, s'ils ne peuvent encore vous imiter: fongez qu'en ramenant un feul de vos Confrères, vous fauvez tout un peuple. On fe fait quelquefois une espéce de devoir de rompre tout commerce avec certains Miniftres moins édifians; on les fuit comme des anathêmes, on évite avec une manière de hauteur, tout ce qui pourroit nous obliger de communiquer avec eux: il femble qu'on veut leur faire fentir avec oftentation la différence qu'il y a d'eux à nous : ce n'eft pas-là l'Efprit de Jesus-Chrift; c'est l'esprit

de ces deux difciples peu inftruits, qui vouloient faire defcendre le feu du ciel fur une ville infidèle. Je fai qu'il ne faut pas autorifer les égaremens de nos Confrères par une affiduité de fociété qui femble les approuver mais il y a de l'orgueil & de l'inhumanité à les abandonner, parcequ'on voit qu'ils fe perdent ; notre tendreffe pour eux doit, pour ainfi dire, redoubler à mefure que leurs maux empirent; il faut leur faire fentir par des prévenances & des démonstrations d'amitié, qu'il y a encore de la reffource pour eux, & qu'on ne regarde pas leur état comme défefpéré. Les cœurs infenfibles à la vérité ne le font pas toujours aux tendres témoignages de la charité; on aigrit fouvent le mal en le condamnant fans réferve; on ramène quelquefois le malade en le fupportant avec bénignité. Je me suis étendu là- deffus, mes Frères, parcequ'il m'a paru que la différence de mœurs & de conduite, mettoit prefque toujours une efpéce de cahos entre les bons & les mauvais Pafteurs ; que l'unique reffource pour ceux-ci, étoit la fréquentation des Miniftres fidèles ; & qu'il étoit effentie de la leur faciliter, afin que vos exemples puffent leur devenir utiles.

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Quis infirmatur, & ego non infirmor? quis fcandalifatur, & ego non uror?

Qui eft foible, fans que je le fois avec lui qui eft fcandalife, fans que je brûle? 2. Cor. II. 29.

OILA, mes Frères, le modèle du zèle que doit avoir un Miniftre de Jefus-Chrift pour le falut des ames qui lui font confiées: voilà les fentimens dont fes entrailles paternelles doivent être fans ceffe émues. Un Pasteur qui voit tranquillement les défordres de fon peuple; qui ne travaille qu'avec nonchalance, & plus par bienséance que par un véritable zèle, à le retirer de fes égaremens; qui borne tout fon ministère à ne pas applaudir aux vices dont il est témoin; en un mot, qui ne

fent

fent pas la perte des ames qui lui font confiées, & qui ne peut pas dire avec l'Apôtre, que la chûte des foibles l'accable de trifteffe, & que les fcandales qui peuvent les féduire, allument dans fon cœur un feu dévorant de zèle & d'une fainte indignation; un Pafteur de ce caractère a perdu la foi & la grace de fa vocation, & peut-être même qu'il ne l'a jamais reçue. Le zèle du falut des ames eft donc comme le premier devoir d'un Pafteur: c'eft le devoir de tous les jours & de tous les momens: c'est lui qui doit animer toutes fes fonctions, adoucir tout ce qu'elles ont de laborieux & de pénible, régler l'ufage.de fon autorité, être la mesure de fes foins & de fes peines, devenir le point de vûe fixe & unique de fes démarches ; & en un mot, qui doit être comme l'ame & toute la confolation de fon miniftère.

En vain fes mœurs feroient d'ailleurs irrépréhenfibles: il ne nous fuffit pas de mener une vie fage & réglée aux yeux des hommes: fi, avec ces dehors infructueux de régularité, nous ne fommes pas pénétrés d'une vive douleur de voir périr des ames qui nous font confiées; fi nous ne nous armons pas du zèle de la foi & de la charité, & du glaive de la parole fainte, pour les retirer des voies de l'égarement; fi nous n'exhortons pas ; fi nous ne conjurons pas; fi nous ne reprenons pas à tems & à contretems; fi contens de notre propre juftice, nous nous croyons en sûreté Conf. Tom. II.

D

en défapprouvant par notre exemple, ou en condamnant mollement les vices de nos peuples; nous ne fommes pas des Pasteurs, nous fommes des idoles : notre prétendue vertu indolente, immobile, létargique, eft un crime & une abomination devant Dieu: nous ne fommes plus chargés des intérêts de Dieu fur la terre; nous n'y vivons que pour nous-mêmes nous ne fommes plus les envoyés de Jefus-Chrift, pour accomplir ce qui manque à fes fouffrances en rendant à nos peuples le prix de fon fang & de leur rédemption utile; nous fommes des fpectateurs tranquilles & inutiles de fes opprobres; & par notre filence & notre infenfibilité, nous confentons au crime de ceux qui le crucifient. Non, mes Frères, défabufons-nous : la régularité des mœurs non feulement n'excufe pas l'indolence. d'un Pasteur, mais la rend plus criminelle, puifqu'elle prive fes peuples d'un zèle que fes exemples auroient rendu plus utile. Mais d'ailleurs, je l'ai déja dit, & je le répéte; quelque réglée que paroiffe fa vie, il n'a que l'apparence de la piété ; il n'en a pas le fond & la vérité: il paroît vivant, & il eft mort aux yeux de Dieu : les hommes peut-être le louent, & Dieu le maudit fa régularité l'endort; mais un fon terrible & les clameurs des ames qu'il laiffe périr, le réveilleront un jour : il fe calme parcequ'il fe compare en fecret à des Miniitres qui ne vivent pas fi régulièrement que lui; mais il verra que fa justice n'étoit que

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