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roiffe, la change en une demeure de paix & de charité, la douceur pacifique calme les diffenfions, concilie les cœurs aigris, & leur apprend à pardonner les injures, en comblant elle-même de bienfaits ceux dont elle a reçu des outrages : Deinde quidem pacifica.

Sa douceur eft modefte, fans être baffe & rampante: Modefta. Elle ne fait pas une vaine parade de fon autorité; elle ne la fait fentir que par fa tendreffe & fes empreffemens pour fon peuple: loin de porter avec fierté fur fon front le titre qui l'éléve, elle ne porte dans fon coeur que celui de Pafteur & de père, qui la rend redevable à tous loin d'exiger des diftinctions & des prééminences, elle fouffre avec peine celles que fa vertu & fa modeftie lui attirent, & infpire d'autant plus de refpect pour la Religion, qu'elle en exige peu pour ellemême: Modefta.

Ce n'eft pas encore affés; elle est aisée à perfuader, & par-là infinuante & perfuafive elle-même: Suadibilis. Elle fe défie de fes lumières : la vérité, de quelque part qu'elle lui foit montrée, a toujours fur elle les mêmes droits: pourvu que la vérité triomphe elle croit avoir triomphé elle-même, en lui facrifiant fes propres lumières : elle ne veut pas dominer fur les efprits; c'est affés pour elle de les éclairer & de les inftruire: elle ne veut rien devoir au ton & à l'autorité mais elle attend tout des douceurs de la perfuafion & de la tendreffe:

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c'est un lion que le zèle anime; mais c'eft un lion femblable à celui de Samfon, qui porte toujours le miel de la douceur dans la bouche: Suadibilis.

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Que dirai-je encore? Elle s'attache aux gens de bien; elle recherche leur fociété pour animer les pécheurs à fe rendre dignes de la même confiance: Bonis confentiens. Elle ne diftingue fes Paroiffiens que par leur vertu, & non par leurs biens & par leur naiffance: elle refpecte les Grands & les Puiffans, & leur rend les honneurs que la Religion autorife; mais en refpectant leur rang, elle ne refpecte pas & ne flatte pas leurs vices; & les feuls véritables Grands aux yeux de fa foi, font les gens de bien, & les ferviteurs de Jefus - Chrift Bonis confentiens.

Enfin, pour finir tous ces caractères: cette fageffe a des entrailles de miféricorde pour fon peuple: Plena mifericordiâ & fructibus bonis. Touchée de leurs calamités & de leurs misères; elle leur tend une main fecourable: elle ne fe contente pas de les plaindre, elle joint les fecours à la compaffion : elle fouffre même que la modicité de fes largeffes ne puiffe pas fuffire à leurs befoins, elle s'oublie & fe refufe tout à ellemême, pour ne pas manquer à fes enfans qu'elle voit dans l'indigence : loin d'exiger d'eux fes droits avec rigueur, elle partage avec eux fon néceffaire; auffi elle voit tous les jours croître les fruits de fon ministère avec ceux de la miféricorde : Plena mifericordia & fructibus bonis.

Méditez fans ceffe ces caractères divins, mes chers Frères; ne les perdez jamais de vûe dans l'exercice de votre ministère, afin que les fruits & les fuccès publics de vos fonctions deviennent la gloire de l'Eglife, l'édification de ce grand Diocèfe, les monumens éternels de votre zèle dans vos Paroiffes, & la confolation du Pasteur principal que Dieu fouffre depuis fi long1.Tim. tems à votre tête: Hac meditare, in his efto, ut profecus tuus manifeftus fit omnibus.

4.55.

SEIZIÉME

SEIZIÉ ME

DISCOURS.

De l'étude & de la fcience néceffaires aux Miniftres.

H

Elas! mes Frères, devrions - nous 173 avoir befoin de venir vous annoncer ici, comme M. le Promoteur vient de le faire avec tant de zèle, que l'étude & la fcience font indifpenfables aux Prêtres & aux Pafteurs; que c'est par nous feuls que la Religion fe conferve & fe perpétue parmi les peuples; que c'eft fur nous feuls s que l'Eglife fe repofe de la confervation du dépôt ; que c'eft nous qu'elle établit pour empêcher que les erreurs ne gagnent, & n'altèrent la pureté de la doctrine fainte; que les maximes corrompues de la morale du monde, à force d'être univerfelles, ne prévalent fur celles de l'Evangile, & que les peuples ne redeviennent tels qu'ils étoient, c'eft-à-dire, auffi généralement corrompus, auffi peu inftruits des vérités du Chriftianifme, que lorfque faint Auftremoine & les autres hommes ApostoliConf. Tom. II. Hh

ques vinrent ici la première fois les leur

annoncer?

Sans doute, mes Frères, vous avez prévenu fur cette vérité, tout ce qu'on a pu vous en dire de plus frappant : mais il en eft de ce devoir comme de tous les autres, effentiels au faint ministère; l'évidence feule femble rendre toutes les preuves dont on veut les autorifer, inutiles; parmi les devoirs des autres états, il fe trouve quelquefois des conjonctures, des fituations, des obfcurités qui peuvent adoucir la Loi, & donner lieu à des interprétations favorables; mais les devoirs du faint ministère font tous évidens, inconteftables, attachés effentiellement à la première notion du Sacerdoce, avoués & reconnus pour tels de ceux mêmes qui les tranfgreffent. Cependant, permettez-moi de vous le faire remarquer ici; c'eft cette évidence, même de nos devoirs avec laquelle nous, sommes comme familiarifés, qui ne nous touche plus fur quelque obligation de notre état qu'on entreprenne de nous entretenir, on ne nous apprend rien de nouveau; nous devinons tout ce qu'on va nous dire; nous nous le difons d'avance tranquillement à nous-mêmes, & nous l'écoutons enfuite avec la même infenfibilité quand on nous l'annonce.

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Ainfi vous faviez déja tout ce qu'on vient, de vous expofer fur la néceffité de l'étude & de la fcience dans un Prêtre & dans un Pasteur: vous faviez que nous fammes la

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