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tions, de nous aller remplir aux pieds de Jefus Chrift, de cet efprit qui nous les fait exercer faintement pour nous, & utilement pour nos peuples; c'est au fortir de nos fonctions, de nous aller délaffer quelque moment devant Dieu, & y reprendre de nouvelles forces pour les recommencer avec un nouveau zèle; c'eft de nous accoutumer à ce commerce fecret, & prefque continuel avec Dieu; le trouver par-tout; nous trouver par-tout avec lui, & prendre de tout, occafion de nous élever à lui. Voilà comment un Prêtre & un Pafteur doit être un homme de prière. Si cet efprit de prière n'anime pas toutes nos fonctions, nous fommes bien à 1 plaindre, mes Frères, de remplir tout ce qu'il y a de pénible dans nos devoirs, & d'en omettre l'unique chofe qui peut les adoucir, les rendre utiles, & nous confoler nous-mêmes.

TREIZIÉME

DISCOURS.

De la compaffion des Pauvres.

N

Ous ne devrions pas avoir befoin, mes Frères, de vous infpirer des fentimens de compaffion & de charité pour les pauvres, dont vous êtes les pères & les Pasteurs: c'est à vous à réveiller fur leurs befoins l'indifférence ou la dureté des perfonnes du fiécle qui habitent vos Paroiffes; & il femble qu'étant par votre caractère les tuteurs de vos Paroiffiens indigens, & les feuls dépofitaires de leurs befoins & de leurs peines, il devroit être inutile de vous exhorter à y être fenfibles vousmêmes. Cependant, puifqu'on a commencé à vous représenter avec zèle là-deffus les devoirs attachés à votre état, je vais y ajoûter quelques réflexions.

Je fai, mes Frères, que le malheur des tems & le dérangement des faifons, en multipliant les pauvres dans vos Paroiffes, n'y multiplient pas les reffources des Paf teurs, & qu'ils peuvent fe fentir eux-mêmes des calamités publiques : je sai encore

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que la modicité de vos revenus ne permet pas à la plupart d'entre vous de fournir à vos pauvres tous les foulagemens que demanderoit leur misère ; & ce n'eft pas auffi ce qu'on exige de vous. Mais, mes Frè res, quelle que puiffe être la modicité de vos revenus, & le malheur des tems, il eft toujours vrai qu'au milieu de vos Paroiffes, vous vous trouvez encore plus à votre aife, & plus en état de fournir à vos befoins, que prefque tous ces Laboureurs, & ces pauvres gens de campagne, qui les

habitent. Auffi avons-nous eu la confolation dans nos vifites, d'y trouver beaucoup de Pafteurs charitables, touchés comme des pères doivent l'être, de la misère de leurs enfans: donnant felon leurs forces, & au delà, comme dit l'Apôtre; adouciffant du moins parleurs foins & par leur fenfibilité, les maux de leurs pauvres Paroiffiens, & fouffrant avec ceux qu'ils ne pouvoient foulager: mais d'un autre côté, nous avons fouyent gémi à la vûe de beaucoup de Pafteurs, uniquement occupés du foin honteux d'amaffer, durs pour eux-mêmes, & encore plus durs & plus infenfibles aux befoins & aux calamités de leurs peuples; des Pafteurs baffement avares, qui ne croyent jamais en avoir affés, & qui femblent n'avoir été revêtus d'un caractère faint que pour le faire servir à leur honteufe avarice. Voilà, mes Frères, il faut le dire ici, la plaie la plus univerfelle du Sacerdoce: voilà le vice

qui fouille prefque toute la fainteté & la bonne odeur du fanctuaire : tous ne le portent pas à un certain excès; mais il en eft peu que cette lépre ne faliffe ; & fi les pauvres font abandonnés dans plufieurs Paroiffes, ce n'eft pas toujours la modicité des revenus de leurs Pafteurs, c'est le plus fouvent la dureté & l'avarice qui ferment leurs entrailles aux cris & aux befoins de leurs peuples.

Oui, mes Frères, difons-le ici & difons-le avec douleur, puifque l'occafion s'en préfente: depuis que par le partage des biens Eccléfiaftiques, nos titres dans le ministère font devenus fixes & perpétuels pour nous, nous les avons regardés comme notre bien & notre patrimoine : nous nous y fommes attachés : nous les avons fait valoir comme on fait profiter un fonds profane; & fouvent plus notre portion temporelle s'eft trouvée modique, plus notre cœur s'y eft attaché; & plus fans partager avec les riches du monde le crime de leur luxe & de leur molleffe nous avons partagé avec eux, & pouffe même plus loin qu'eux, le crime de leur attachement & de leur avarice. Il femble même que ce vice eft devenu une malédiction attachée au Sacerdoce; on fe le diffimule à foi-même; on le couvre du prétexte frivole d'une fage précaution; on ne voit dans cette fordide paffion, que le devoir indifpenfable de ne pas laiffer perdre les droits de fon Eglife; & plus on est saisi

& poffédé de ce vice, plus on fe le donne à foi-même comme une vertu.

Cependant, mes Frères, rien ne fouille & n'avilit plus la nobleffe & la fainteté de notre miniltère, que cet indigne panchant. Nous ne fommes fur la terre, vous le favez, que les Miniftres des biens futurs : les tréfors qu'ouvrent & ferment les clefs qui nous font confiées, font les trésors du Ciel; les richeffes que Dieu verfe fur les peuples par notre miniftère, font les richeffes de la grace; l'Evangile que nous. annonçons, eft cette parole de la vie éter, nelle qui maudit les riches, & qui n'appelle heureux & riches, que les pauvres de coeur & d'efprit; en un mot, tout ce que nous fommes, comme Miniftres, c'eftà-dire comme difpenfateurs des biens éternels, n'annonce aux peuples que le mépris de tout ce qui paffe, & le defir tout feul des biens qui ne doivent jamais paffer. Quelle indigníté donc, mes Frères, lorfque le difpenfateur des biens éternels devient lui-même l'efclave d'un tas de boue qui le fafit & le couvre d'opprobre! lorfque le Miniftre, établi de la part de JesusChrift pour détromper les hommes de l'amour des faux biens, leur en inspirer le mépris, les maudire avec Jefus-Chrift, ne paroît vivre, & n'avoir de defirs, de foins & de panchans que pour se les accumuler à lui-même!

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Mais ne faut-il pas diftinguer, dira-ton, une fage prévoyance qui met en ré

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