fur vous; fi l'état faint auquel vous afpirez convient à vos moeurs paffées, à la pureté des motifs qui doivent vous y engager, & aux talens que l'Eglife exige de vous: fi l'une de ces conditions vous manque, c'eft comme fi vous manquiez de toutes. Priez fans ceffe, & que votre prière la plus ordinaire foit celle du Prophéte: Seigneur, montrez-moi vous-même la voie par où je dois marcher; & apprenez-moi quels font les fentiers que vous m'avez préparés, & Pf. 24. qui doivent feuls me conduire au falut: Vias tuas, Domine, demonftra mihi, & femitas tuas edoce me. Ce n'est pas trop d'une année d'examen, de prière, & de retraite, pour décider d'un choix qui doit décider lui-même de votre falut éternel, & de celui des peuples qui vous feront un jour confiés : c'eft à dire, & ne l'oubliez jamais, qui doit donner à l'autel des Miniftres du falut, ou de la perte des Fidèles; les opprobres de l'Eglife, ou fa gloire & fon ornement; des pierres de fcandale, ou les coIpmnes & le foutien de l'édifice faint; des profanateurs, ou des difpenfateurs des chofes faintes; en un mot, les inftrumens de la miféricorde, ou de la colère de Dieu fur les hommes. * RETRAITE POUR DES CURÉS. Noli negligere gratiam quæ eft in te quæ data eft tibi cum impofitione manuum Presbyterii. Nenégligez point, ne laissez pas affoiblir la grace facerdotale, que vous avez reçûe par l'impofition des mains. 1. Tim. 4. 14.. EST Pavis que l'Apôtre rappelle plus d'une fois à fon difciple Timothée; & rien ne me paroît plus propre à prévenir cette négligence & cet affoibliffement dong parle l'Apôtre, que de confacrer comme. vous faites, mes Frères, un certain tems de l'année, au recueillement & à la retraite. Les fautes font inévitables dans les fonctions; c'est ici où vous venez vous en ren. dre compte à vous-mêmes, en gémir devant Dieu, & prendre des mesures pour les éviter à l'avenir; première Réflexion. La fervear fe relâche, les forces fpirituelles s'ufent, l'homme prend peu-à-peu le deffus fur I. le Miniftre: c'eft ici où vous venez ranimer ce qui commençoit à languir, & vous renouveller dans le premier efprit de votre ministère; feconde Réflexion. Enfin, le Clergé de ce grand Diocèfe a befoin d'exemples; vous le leur donnez, en leur montrant par votre exactitude édifiante à venir vous recueillir dans cette maison sainte, les précautions qu'ils doivent prendre pour remplir dignement leur ministère ; dernière Réflexion. Voilà, mes Frères, quels font les avantages inféparables de la retraite dans cette maifon fainte, où je vous vois avec tant de confolation affemblés. Réfix. Nos fonctions font fi faintes, mes Frè RÉFLEX.J Os res, vous le favez, elles demandent des dif- tions mettent fouvent à l'épreuve, & où il eft difficile d'être toujours en garde contre foi-même. Que de momens où l'humeur, la rudeffe, l'impatience prennent la place du zèle & de la charité ! que d'occafions, où le dégoût, la pareffe, peut-être des antipathies fecrettes, que fai je? quelques mécon tentemens perfonnels, nous font refufer, ou rendre de mauvaise grace, & comme malgré nous, des fervices à nos peuples, que leurs befoins & nos fonctions exigent de nous! combien d'autres, où la mauvaise honte, la crainte de paffer pour ridicule & pour être de mauvaise compagnie, nous font approuver, imiter peut-être des abus que nous condamnons, & oublier jufqu'à un certain point la décence & la fainte gravité de notre ministère. Cependant les occupations extérieures & continuelles de nos fonctions, nous cachent à nous-mêmes cet état d'infidélité > ou ne nous laiffent pas le loifir d'en appro- . fondir la difformité, & l'obftacle qu'elles mettent aux bontés de Dieu pour nous, & au fuccès de notre miniftère. Nous amaffons peu-à-peu un tréfor de colère que nous ne connoiffons pas, un fonds oppofé aux deffeins de Dieu fur nous, qui n'offrant rien de marqué par les crimes, ne trouble pas notre fauffe paix; & comme les ténébres font toujours la jufte peine de nos infidélités, plus nous les multiplions, plus nous nous calmons; parceque plus les lumières qui devroient nous avertir, & nous ouvrir les yeux, s'éteignent. Voilà, mes Frères,, la fource la plus commune du déréglement: & de la défection entière de ceux que Dieu appelle au faint ministère; il n'eft prefque point pour nous de faute légère; plus Dieu. demande & attend de nous, plus il fe refroidit, & s'irrite, quand nous lui man-quons; plus nous lui fommes confacrés, plus la moindre tache nous fouille & nous rend difformes à fes yeux. Nous fommes la lumière des peuples: le plus léger nuage obfcurcit cet éclat, & nous rend comme ténébreux aux yeux de celui qui nous avoit établis comme des lampes ardentes & toujours luifantes nos fautes deviennent comme des éclipfes, qui renverfent l'ordre de la grace fur les Fidèles, & laiffent dans les ténébres cette portion de l'Eglife que nous étions chargés d'éclairer. Or c'eft ici, mes Frères, où ces infidé lités qui avoient comme difparu au milieu du tumulte de nos fonctions, reparoiffent à nos yeux. C'eft dans ce faint loifir, que repaffant dans la lumière de la foi, fur tout: le cours de notre miniftère, nous découvrons les lieux, les occafions, les circonftances; où notre fidélité s'eft démentie; nous fentons que malgré l'opinion des hommes, & les fauffes louanges qu'ils donnent à quelque extérieur de régularité qu'ils voyent en nous, il s'en faut bien que nous foyons de ces Miniftres faints & fidèles dignes de difpenfer les mystères de Dieu. L'éloignement que nous trouvons de ce que |