DISCOURS SYNODAUX. 1723. J PREMIER DISCOURS. De l'institution des Synodes. E n'ajoûterai qu'un mot aux inftructions sages que vient de vous donner M. le Promoteur. Il seroit fans doute à souhaiter que dans ces Afsemblées synodales nous n'euffions qu'à nous animer ensemble, & nous confoler des travaux du faint ministère, en racontant, comme les premiers Disciples, les graces & les merveilles que la parole de l'Evangile opère parmi les peuples dont le salut nous est confié. Ce devroit être ici le spectacle édifiant & le témoignage public du zèle des Pasteurs, & non pas la censure affligeante de leurs infirmités & de leurs défordres, & ces Assemblées saintes ont été plutôt établies pour pourvoir aux besoins des Fidèles, و que pour remédier aux foiblesses & aux prévarications des Ministres. Oui, mes Frères nos faints Prédécesseurs appelloient auprès d'eux en certains tems, comme le remarque saint Cyprien, les Prêtres répandus dans les campagnes, & ceux qui dans la Ville épiscopale travailloient sous leurs yeux, pour se fortifier ensemble contre les séductions & les persécutions du monde, contre les ennemis de la foi, contre les périls dont ils étoient environnés: ils les appelloient pour délibérer avec eux fur les besoins des Eglises, pour écouter leurs sages avis, pour éclaircir leurs doutes; de forte que c'étoit le même efprit qui, du premier Pasteur, se répandoit sur tout le ministère, & gouvernoit tout le troupeau. Le zèle s'est refroidi; les abus fe font multipliés; le relâchement des Fidèles loin de ranimer les Ministres, les a affoiblis & l'affoiblissement des Ministres a achevé la corruption des Fidèles. Je dis l'affoiblissement des Ministres, & je ne dis pas affés; car plût-à-Dieu que nous n'euffions qu'à ranimer leur tiédeur, & non pas à déplorer leurs chûtes. On vient de vous marquer la première source de leurs infidélités, c'est un vil intérêt. Dès que vous regardez le faint miniftère comme une occafion fordide de gain; que vous faites servir le don de Dieu à une infâme avarice; que vous êtes plus touchés d'un profit mercénaire, que du salut des ames; que vous exigez de vos peuples avec une basse âpreté au-delà de ce qui vous est dû, en oubliant tous les jours ce que vous leur devez vousmêmes; que vous mesurez les fruits de votre mission sainte, non par l'accroiffement de la foi & de la piété dans vos Eglifes, mais par celui de vos indignes profits; que vous ne diftinguez pas l'art des arts, un ministère redoutable aux Anges mêmes, les fonctions saintes & terribles du Sacerdoce, d'une profeffion vile & mercénaire; en un mot, que vous êtes de ces vendeurs infâmes que Jesus-Chrift chassa du temple: vous n'êtes plus les Ministres des miséricordes du Seigneur envers les peuples; vous anéantissez autant qu'il est en vous, le fruit de fes mystères : vous êtes de ces nuées sans eau, dont parle un Apôtre, de ces hommes de chair & de fang ausquels un jugement févère est réservé. Et delà, tant de chûtes qui nous affligent, & qui fcandalisent les Fidèles; delà, tant de prévarications dans le miniftère; delà, les plus saintes ordonnances de nos Prédécesseurs violées, & toutes les régles méprisées. Dès que le cœur eft corrompu, les œuvres en manifestent manifestent bientôt la corruption; dès que la source est fouillée, la mauvaise odeur se répand bientôt sur toute la conduite. Vous en êtes témoins, vous, mes Frères, qui êtes fidèles dans le ministère; vous en gémissez avec nous; & vos exemples, s'ils ne corrigent pas le mal, du moins ils le confondent & le condamnent. C'eft une confolation que je ne faurois vous refuser, ni me refuser à moi-même: la multitude des Pasteurs édifians & zélés que j'ai trouvés dans mes visites, m'a infiniment adouci l'amertume de l'infidélité d'un petit nombre. J'ai fenti que le fang, que les mérites de tant de mes saints Prédécesseurs dont nous honorons la mémoire, protégeoient & gouvernoient encore cette grande Eglife; que leur esprit vivant encore dans leurs cendres facrées, ne s'étoit pas encore éteint; & que la main. & la protection de Dieu ne s'étoient pas encore retirées de dessus nos peuples. Confervons, mes Frères, les restes précieux de ce premier esprit; & tâchons de le transmettre à nos Successeurs, comme nous l'avons reçu de ceux qui nous ont précédés. Parmi les principaux abus que nous avons remarqués dans nos visites, il y en a deux ausquels nous sommes résolus de remédier. Le premier, ce font les personnes d'un sexe différent que vous employez à votre service, & dont l'âge n'est point conforme aux régles des Canons & aux Statuts de ce Diocèse. Le second, c'est le peu de précaution qu'on apporte à confefser sur-tout les personnes du sexe. Il seroit trop affligeant de dévoiler ici la honte du Sanctuaire, & vous marquer en détail les raisons triftes que nous avons de renouveller fur ces deux points les Ordonnances de nos Prédécesseurs, & même d'en ajoûter de plus sévères. Ce font-là de ces plaies qu'il faut guérir en les cachant: il suffit de vous dire que le bon ordre du Diocèse, l'honneur de l'Eglife, l'édification des peuples, exigent de vous cette précaution. Nous ordonnons donc, &c. SECOND |