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fices, ni des dividendes annuels, première chose dont ils devraient parler. Ils s'en tiennent à vanter les charmes de la philantropie, le bonheur d'être utile à la communauté dont quelques aigrefins soutirent les profits.

Reconnaissons enfin que pour associer, il fallait découvrir une théorie régulière, mathématiquement exacte, et qu'on devait imposer des conditions; à défaut on verra vingt sophistes se flatter, comme M. Owen, qu'ils ont résolu le problème, et qu'on doit se fier aveuglément à leurs illusions philantropiques. Il n'en est rien : j'ai prouvé que la vraie science, en mécanique sociétaire, est partout d'une exactitude mathématique; notamment sur le problème principal, celui de la répartition, chap. 34 et 55 dont les Owénistes esquivent savamment la solution, au moyen de leurs dogmes de cOMMUNAUTÉ.

Je pourrais ajouter beaucoup de preuves de leur impéritie et de leurs intentions suspectes; mais je crois avoir suffisamment désabusé cette multitude crédule qui, lorsqu'on parle d'association, répond: Eh! c'est M. Owen qui fait l'association, il faut lui parler de cela. On peut voir maintenant quel rôle il joue en ce genre, le même rôle qu'ont joué les alchimistes avant la naissance de la chimie expérimentale, ou les magiciens avant la naissance de la médecine. Toute science, dans son origine, est la proie des intrigans, jusqu'à ce qu'on ait substitué une théorie exacte aux charlataneries. Faut-il s'étonner que la théorie sociétaire dont on ne s'occupe que depuis très-peu d'années, ait été, comme toutes les sciences, profanée dans sa naissance par les charlataneries!

3. DU SIMPLISME OU CAUSE DE LA CATARACTE.

Ce reproche de cataracte intellectuelle, adressé à un siècle savant sur divers points, pourrait sembler indécent si je ne l'étayais de preuves très-palpables. Je serai bref sur ce sujet peu flatteur; il va débrouiller une vieille querelle qui s'élève entre chaque siècle et ses inventeurs. Tout siècle se hâte de dire que les inventeurs ont perdu la raison, parce qu'ils ne sont pas d'accord avec le préjugé d'impossibilité; mais d'or

dinaire, c'est le siècle entier qui, comme au temps de Colomb, manque de raison.

La cause de ces bévues générales, de ces faux jugemens de la multitude, nait d'un vice que j'ai nommé SIMPLISME OU manie d'envisager en mode simple tout le système de la nature. Ce travers suffit à fausser les plus beaux génies; c'est le péché originel de l'esprit humain.

Par exemple, nos philosophes prétendent étudier l'homme, l'univers et Dieu, et ils font de Dieu une âme sans corps; de l'homme, un corps sans âme; et de l'univers, un vaisseau sans pilote, sans moteur, sans chef. Ainsi, l'homme, l'univers et Dieu seraient trois corps simples. Aujourd'hui les philosophes, par crainte de l'autorité, ont modifié ces doctrines; ils les désavouent au besoin, mais on sait quelles ont été leurs opinions dans les temps où régnait sur ce point une pleine liberté, à l'époque du matérialisme et des dictionnaires d'athées; on n'admettait pas même un Dieu simple, esprit sans corps; encore moins un Dieu de nature composée, ayant âme et corps. (Son corps est le feu).

Même simplisme dans les details: ceux qui admettent l'âme, ne lui attribuent qu'une destinée simple en ce monde, ils la condamnent à végéter sans retour dans l'état subversif, chaos civilisé et barbare. En étude de l'univers, ils admettent l'analogie nominalement, et ne l'admettent pas réellement, car ils contestent que le monde social ait, comme le monde sidéral, deux destinées figurées par les planètes et comètes. (Harmonie et subversion). Ils nient aussi PAR LE FAIT, que l'analogie s'étende aux substances dont notre globe est meublé, et quelles soient miroir des passions parce qu'ils ne savent pas expliquer ce miroir dans chaque animal, végétal et minéral.

Leur intelligence est donc tout-à-fait faussée par la manie des jugemens simples qui ne savent pas assembler une conséquence avec un principe, et qui prônent tel ressort, commerce ou autre, sans tenir compte de ses résultats vicieux, comme fausseté universelle, etc., etc.

C'est sur ce travers de jugemens simples que reposent les 4 sciences philosophiques; elles tomberaient du moment où on les soumettrait au jugement composé, exigeant le sceau de l'expérience, conformément à l'avis de Jésus-Christ et de Descartes; elle frapperait de nullité toute science, morale, économisme, donnant des résultats contraires à ses pro

messes.

On remplirait cent pages si l'on voulait donner un tableau de nos jugemens et méthodes SIMPLISTES, Comme d'établir des garanties pour la classe riche, sans en établir pour la classe pauvre qui n'a pas même celle de travail et subsistance; des garanties pour le sexe masculin, et non pour le féminin; accueillir des théories d'industrie qui repoussent toute étude sur l'attraction industrielle; des perspectives de bonheur applicable aux civilisés et non aux barbares et sauvages; des systèmes de mœurs qui veulent faire aimer la vertu simple, sans l'étayer du bénéfice et du plaisir, associer l'industrie sans associer les passions, établir le libéralisme et n'admettre pour base d'éligibilité que le marc d'argent; chercher des lumières, et n'estimer les écrits que selon le style.

C'est par cette habitude de faux jugemens, que l'esprit humain s'est engouffré dans tous les ridicules, et dans un abîme intellectuel qui est la DUPLicité d'action. Il serait trop long de la définir ; j'en signale seulement les effets principaux, tels que contrariété de l'intérêt collectif avec l'individuel, haine réciproque des trois classes qui composent le corps social; dissidence entre les gouvernemens et les peuples; dissidence entre les sexes, dont l'un ne cherche qu'à opprimer le faible, et l'autre qu'à tromper l'oppresseur; dissidence de l'homme avec lui-même, par opposition de la raison au vœu des passions; dissidence de la science avec elle-même, par recherche de la vérité, et apologie du trafic ou mensonge; études pour le bonheur du peuple, et apologie de la civilisation qui ne donne pas même du pain au peuple. On n'en finirait pas du tableau de ces duplicités d'action; c'est à tel

point que dans une famille réunie ou trouvera au moins douze duplicités, comme discord de la belle-mère avec la belle-fille, et discords de goûts en toutes choses, en éducation, comestibles, degré de chaleur des appartemens, occupations, délassemens, animaux, etc.

La création a bien dépeint ce destin des sociétés actuelles; elle a soumis par analogie tout le mobilier du globe à la duplicité de système, et d'abord le matériel de l'homme qui tombe en duplicité par la double couleur des races blanche, noire et mixte; par sa discordance avec les eaux de mer dont il ne peut pas s'abreuver, et avec les eaux douces qu'il ne peut parcourir faute d'amphibéité: (elle ne tient qu'à l'ouverture de la cloison du cœur : c'est une des facultés dont jouira la race régénérée après douze générations passées en harmonie).

Il sera curieux de rechercher la source de ces jugemens simples qui nous abusent sur le faussement évident du mécanisme des passions et des sociétés, sur le мONDE A REBOURS que le peuple entrevoit confusément, selon l'adage, un mal ne va pas sans un autre, Abyssus abyssum invocat. La philosophie, au contraire, loin de s'apercevoir que l'homme est fait pour un sort composé, bonheur ou malheur composé, et jamais simple, persiste à nous vanter la simple nature qui est l'antipode de notre destinée.

J'en ai dit assez pour convaincre que le reproche de cataracte intellectuelle n'est pas une facétie critique; l'infirmité est bien régulière dans ses causes, ses développemens et ses résultats; car la civilisation et la philosophie seraient confondues dès le moment où on voudrait passer des jugemens simples aux composés, consulter l'expérience, mettre en parallèle, théories et résultats de nos sciences, dont l'une prêche la vérité et rend les nations de plus en plus fourbes, l'autre promet aux nations des richesses, et ne fait qu'augmenter le nombre de leurs indigens. Il y a certainement croûte de ténèbres sur les esprits d'un siècle qui ne s'aperçoit pas de

cette subversion sociale; et l'honneur de dégager l'entendement humain de ce crétinisme scientifique, de lui lever la cataracte du SIMPLISME, est une des palmes à faire briller aux yeux d'un fondateur.

4. DEMONSTRATIONS FAMILIÈRES DE LA CATARACTE.

J'ai abrégé sur la partie aride, sur l'analyse de la cause, dite SIMPLISME; on sera mieux convaincu par quelques tableaux des effets je vais les observer dans diverses branches de nos connaissances, en choisissant les ridicules à portée de tout le monde.

Dénúment matériel. On nous vante la richesse des nations, le lustre des sciences, et pourtant les grandes capitales, Paris et Londres, n'ont pas même de livres élémentaires pour l'étude de la nature. Il faudrait un ouvrage contenant cent mille planches enluminées, comme celle du cerveau, par Vicq d'Azyr, et représentant tous les animaux, végétaux et minéraux, dans les diverses phases de leur carrière; plus, les explications annexées aux 100,000 planches. L'ouvrage contiendrait au moins mille volumes in-4.o; il en faudrait 2 ou 3 exempl. dans chacune des 500,000 phalanges du globe; ce sera un des premiers travaux de l'harmonie, travail bien impossible en civilisation; elle ne pourrait pas, avec toutes ses perfectibilités, subvenir au quart des frais qu'exige un tel ouvrage. Ces frais seront une bagatelle pour l'harmonie sociétaire, qui aura sur la seule branche des colonisations attrayantes, un bénéfice de quatre mille milliards, somme inconcevable; mais on a vu, que dans les estimations, je cave toujours à demi, ou tiers, ou quart en dessous de la réalité.

Dénúment intellectuel. On voit de bons écrivains se tourmenter toute leur vie à chercher un sujet, sans le trouver; être réduits à des commentaires, des travaux de compilation, etc. On badinait les défunts Auger, Aignan et autres, sur ce que leur génie ne s'élevait pas plus haut que la notice: forcés de se rabattre sur les carrières épuisées, et voulant y paraître neufs, ils tombent dans les paradoxes les plus cho

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