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veront pleinement erronées sur la nourriture des enfans, comme sur tous les autres points où elles contrarient l'attraction. L'on reconnaîtra que Dieu fit bien tout ce qu'il fit, qu'il a eu raison de donner aux enfans attraction pour les laitages, fruits et pâtisseries au sucre; et qu'au lieu de perdre follement trois mille ans à déclamer contre le plus docte ouvrage de Dieu, contre la distribution des goûts et attractions passionnées, on aurait mieux fait d'en étudier le but par calcul sur l'ensemble de ces impul sions que la morale insulte en détail, sous prétexte qu'elles sont nuisibles dans l'ordre civilisé et barbare; cela est vrai, mais Dieu n'a pas fait les passions pour l'ordre civilisé et barbare. S'il eût voulu maintenir exclusivement ces deux sociétés, il aurait donné aux enfans l'amour du pain sec, et aux pères l'amour de la pauvreté, puisque tel est le sort de l'immense majorité des civilisés et barbares.

Ce sera une étude amusante et flatteuse que d'examiner les emplois de chaque branche d'attraction, l'utilité de chacune dans le mécanisme sociétaire toutes seront reconnues aussi justes, aussi bien adaptées que la gourmandise des enfans; chacun se convaincra que ses passions, ses instincts les plus critiqués trouvent des emplois précieux dans ee nouvel ordre fut-il jamais de découverte plus flatteuse pour tout le monde ?

« Mais comment se fait-il, dira-t-on, qu'une » invention si précieuse soit l'ouvrage d'un in

» connu, qui ne figure pas dans le monde savant? » Tant d'hommes célèbres, depuis Platon jusqu'à » Voltaire, ont exploré le domaine des sciences: » peut-on penser qu'ils aient manqué la plus pré» cieuse des découvertes? cela n'est pas croyable, ce » calcul de l'attraction et de l'association ne peut » être qu'une charlatanerie : c'est quelque vision, » quelque songe creux, »

Ainsi raisonne l'orgueil: on est choqué de voir un inconnu enlever la palme que tant d'autres auraient pu cueillir avant lui. On aime mieux repousser une heureuse découverte que de la tenir d'un intrus. D'ailleurs, l'amour-propre est flatté en ravalant les idées neuves. Cent mille pygmées du 15e siècle se croyaient hommes de génie, en persifflant Christophe Colomb qui leur démontrait la sphéricité du globe, l'existence probable d'un nouveau monde continental.

Je réponds à ces détracteurs, comment se fait-il que des découvertes émininemment utiles et à portée de tout le monde, comme l'étrier et la soupente, aient échappé à vingt siècles savans? Il ne manquait pas, dans Rome et Athènes, de bons mécaniciens, aptes à faire ces faciles découvertes. Tout charron, tout cavalier pouvait inventer la soupente et l'étrier, choses dont tout le monde avait grand besoin, car chacun voyage en voiture ou à cheval. Les voitures des César et des Périclès étaient cahotautes comme nos charettes; les cavaliers romains

étaient sujets à de graves maladies, qu'un étrier aurait prévenues; on plaçait sur les routes, des bornes de distance en distance, pour leur aider à remonter à cheval.

En considérant cette inadvertance de la docte antiquité sur deux inventions qui étaient à portée de tout bon simple, s'étonnera-t-on qu'une théorie vaste et brillante comme celle de l'attraction passionnée, ait échappé au monde savant? D'ailleurs, on n'en tient le germe que depuis un siècle, depuis Newton, qui a éventé la mine. Or, si l'on commet des étourderics de vingt siècles sur des inventions faciles, comme la soupente et l'étrier, on peut bien en commettre d'un siècle sur des études transcendantes comme celle de l'attraction; calcul bien aisé à com prendre aujourd'hui qu'il est fait, mis en ordre; mais la recherche en était plus difficile pour les savans que pour d'autres hommes, parce que le monde savant est tout imbu d'une doctrine appelée MORALE, qui est mortelle ennemie de l'attraction passionnée.

La morale enseigne à l'homme à être en guerre avec lui-même, résister à ses passions, les réprimer, les mépriser, croire que Dieu n'a pas su organiser sagement nos âmes, nos passions, qu'il avait besoin des leçons de Platon et Sénèque, pour apprendre à distribuer les caractères et les instincts. Imbu de ces préjugés sur l'impéritie de Dieu, le monde savant était inhabile au calcul des impulsions naturelles ou

attractions passionnées, que la morale proscrit et relègue au rang des vices.

Il est vrai que ces impulsions ne nous entraînent qu'au mal quand on s'y livre individuellement ; mais il fallait en calculer le jeu sur une masse d'environ deux mille personnes sociétairement réunies et non sur des familles ou des individus isolés : c'est à quoi le monde savant n'a pas songé ; il aurait reconnu par cette étude, que dès qu'on atteint au nombre de seize cents sociétaires, les impulsions naturelles dites attractions tendent à former des séries de groupes contrastés, dans lesquelles tout entraîne à l'industrie devenue attrayante et à la vertu devenue lucrative.

En voyant ce mécanisme, ou seulement en faisant le calcul de ses propriétés, on comprendra que Dieu a bien fait tout ce qu'il a fait, et qu'au lieu de perdre follement trente siècles à insulter l'attraction qui est l'ouvrage de Dieu, on aurait dû employercomme je l'ai fait,trente ans à l'étudier. Les sciences devaient suivre leurs préceptes d'explorer en entier le domaine de la nature, étudier l'homme, l'univers et Dieu; elles devaient, au lieu de critiquer en détail nos attractions, les étudier dans leur entier, dans leur ensemble, en application à des masses nombreuses. L'attraction est le moteur de l'homme, elle est l'agent que Dieu emploie pour mouvoir l'univers et l'homme; on ne pouvait donc étudier l'homme, l'univers et Dieu, qu'en étudiant l'attraction dans son entier, en passionnel comme en matériel,

Enfin l'inadvertance est réparée, le calcul de l'attraction passionnée est découvert, et le monde peut à l'instant passer aux destinées heureuses. Il ne doit s'attacher dans cette conjoncture qu'à vérifier si la théorie est juste, et non à chicaner l'inventeur sur les formes; c'est le fond qu'il faut examiner. On a accordé tant de faveur aux charlatans en association! Le véritable inventeur ne demande que de la justice. Les charlatans ont trouvé de quoi fonder depuis vingt ans une vingtaine d'établissemens qui en Angleterre comme en Amérique ont manqué complétement le but : l'inventeur ne veut former qu'un seul établissement qui, en deux mois, atteindra le but et opérera l'imitation générale par appât du bénéfice et du plaisir.

Mais cet inventeur a le tort de ne pas s'accorder avec certaines sciences en crédit; eh! si je tombais d'accord avec les sciences politiques et morales, je ne serais qu'un sophiste de plus : Galilée, Colomb, Copernic, Newton, Linné, donnèrent un démenti à leur siècle : un inventeur est obligé de contredire les erreurs dominantes, un charlatan pour faire des dupes flagorne tous les sophistes; lequel des deux est digne de confiance?

On prétend que l'histoire éclaire les peuples et rectifie leur jugement; rien n'est plus faux, car ils sont aujourd'hui plus hostiles contre les inventions qu'ils ne l'étaient au temps de Galilée. Cent fois l'histoire leur a dit que «les grandes découvertes ont été

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