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Mais un corps de société, quelle que soit sa nature, est le produit de l'intelligence ou de l'esprit agissant sur des élémens donnés; mais en sa qualité générale de personnification du peuple hébreu, de même qu'en sa qualité privée d'homme de justice et d'intelligence, Jacob ou Israel reçoit continuellement dans les livres sacrés des Juifs les noms d'enfant de Dieu, de fils de la sagesse éternelle qui a présidé à sa formation. Enfin, ces mêmes livres nous ont montré sans cesse l'enfantement de Jérusalem semblable à une femme, à une vierge elle s'épuisait en efforts pour mettre au jour un fils bien-aimé, un peuple de droiture et de gloire. Il est donc facile de prévoir par quelles inflexions rapides, sous l'influence dominante du dogme de la résurrection des morts et du mysticisme apportés de l'Orient, le langage poétique et symbolique des Hébreux

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tutions du peuple hébreu, ce panthéisme, bien différent du principe purement astronomique des religions égyptiennes et grecques, ou plutôt cet infini-théisme, comme je l'ai appelé, n'est pas moins justifié par les écrits des évangélistes et des apôtres que par toute la loi ancienne.

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Voy, les textes cités ci-dessus tom. 1, p. 94,

prit en la personne de Jésus tous les caractères d'un systême mythologique.

Nous nous sommes bien convaincus, en effet, que de tous les besoins de l'époque le premier concernait la mythologie. Là était le cri du siècle; de ce côté, l'esprit humain exigeait un bouleversement immédiat. Il fallait que les dieux de l'Orient et de l'Occident fussent renversés de fond en comble, que toutes les représentations immorales ou bizarres devant lesquelles les populations déposaient leurs sacrifices, tombassent les unes sur les autres avec fracas. Par un entraînement irrésistible, la nature des choses et la voix des sages répétaient alors en commun les paroles que le législateur hébreu avait prononcées depuis quinze siècles : « Démolissez ces autels, coupez ces bocages, jetez au feu toutes les images taillées qui exigent de la part des hommes de se prosterner servilement en leur présence, comme si elles avaient une vie, comme si elles étaient des dieux. » Mais pour opérer une œuvre si grande, il y avait des nécessités consécutives. Jamais les idées et les habitudes antiques des peuples ne se brisent tout-à-coup d'une manière absolue; il est des transitions

graduées. Un Dieu visible pouvait seul lutter
avec succès contre des dieux visibles; et lors
même que
Jésus-Christ eût voulu sortir de la
Judée en qualité d'homme, lors même que les
doctrines évangéliques n'auraient pas fait de
sa divinité une condition irrévocable 1, les
moeurs universelles auraient changé sa nature
et l'auraient forcé d'être Dieu.

Ici donc on voit apparaître de nouveau une des causes nombreuses qui défendaient à la pensée hébraïque, séparée de toute question accessoire d'intérêts et de personnes, d'accorder sa sanction entière au christianisme du fils de Marie, et de se perdre froidement en son sein. La position des Juifs, sous ce rapport, leur spécialité se déployait précisément en sens inverse des populations étrangères. Le progrès était immense pour une partie de l'O

Il est impossible d'admettre, comme quelques-uns l'ont pensé, que la divinité de Jésus-Christ n'aurait été imaginée et adoptée que long-temps après la création de la nouvelle école. Sans doute, parmi les Juifs qui pré-sidèrent à cette création, ou qui y furent initiés dès les premiers jours, un grand nombre conserva les idées nationales sur l'unité de Dicu. Leur influence ne tarda pas à produire la plupart des sectes chrétiennes qui repous

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rient et pour le monde grec à se réfugier dans un jeune Dieu, plein de justice et de chasteté, d'enthousiasme et d'amour, et à délaisser en sa faveur une hiérarchie divine sans dignité, sans frein et sans espérance. Mais chez les Juifs, où, malgré tous les abus et toutes les assertions étranges, inhérens aux moeurs et au langage national, le principe universel de l'unité avait des fondemens immuables, associer au Dieu suprême un Dieu visible et palpable, enchaîner pour jamais l'idée infinie à une forme bornée, c'était dans tous les temps et en tout état de cause, marcher en sens contraire du progrès.

Au reste, cette propre qualification de Dieu, dont la formation grammaticale, inconnue à la langue sacrée, dérive d'un mot grec et mythologique qui a signifié primiti

sèrent de toutes leurs forces la divinité de Jésus-Christ. Mais, avant même que les divers Évangiles fussent rédigés, l'église avait eu surtout à se recruter dans les masses populaires des Grecs qui vivaient de l'idée des dieux visibles. Alors le principe de la divinisation absolue l'emporta avec d'autant plus de facilité qu'il fallait réellement être Dieu pour accomplir toute l'œuvre de résurrection, attribuée dans le présent et dans l'avenir au fils do Marie.

vement Jupiter et l'air 1, s'accordait alors aux hommes vivans avec une facilité qu'on ne concevrait pas aujourd'hui sans quelque peine. De même que l'école juive de la résurrection des morts allait courir de triomphe en triomphe sous les auspices du fils de Marie considéré comme Dieu, de même, pour obtenir la victoire dans la lutte qui était engagée entre les doctrines principales des divers climats, certaines écoles des Orientaux et les écoles des Grecs jetteront bientôt sur la scène du monde plusieurs autres dieux pleins de jeunesse et d'activité comme Jésus, entraînant à leur suite des masses d'adorateurs, et aussi féconds en miracles. De plus, les témoignages réunis de deux écrivains célèbres des premiers siècles confirment l'extension presque familière donnée à ce nom imposant et l'influence que les principes d'incarnation divine et de déification humaine répandus chez les Orientaux avaient exercée depuis long-temps sur le langage.

'Le mot latin Deus et le mot grec Theos dérivent l'un et l'autre du mot grec beaucoup plus ancien Deüs ou Zeüs qui appartenait à la religion des astres et des élémens.

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