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de mille ans, promettait de servir de récompense préalable aux apôtres, et à tous les fidèles qui se seraient sacrifiés en faveur de Jésus-Christ; l'autre est la résurrection universelle. Elles conservaient entre elles les mêmes rapports que les prophètes avaient établis dans l'ordre du monde présent, entre la réhabilitation privée du peuple d'Israël et la reconstitution subséquente de la famille humaine entière. Personne n'est plus en droit de s'étonner si, d'après tous les documens primitifs, le retour visible de Jésus du haut du ciel sur la terre et l'accomplissement de la première résurrection des morts devaient arriver dans une période de temps très-rapprochée.

L'histoire particulière du nouveau dogme prend son point de départ naturel dans un fait qui ira toujours en se confirmant.

L'idée purement métaphysique qu'on attache aujourd'hui à l'immortalité individuelle des ames, conformément au dualisme de l'Égypte modifié par Platon, ou à la division absolue entre la matière et l'esprit, est une conception entièrement distincte des croyances du maitre nazaréen, qui unissait cette durée

des ames à l'immortalité individuelle des corps par des liens indissolubles 1.

Dans l'hébraïsme natif, et quelque initiés qu'ils fussent à tout le savoir égyptien, les législateurs sacrés n'avaient jamais enchainé la liberté de la conscience à ces questions. Et ce qui nous a même déjà convaincus que cet hébraïsme offrait, dans ses doctrines, le cachet de la simplicité et de l'universalité religieuses les plus complètes qu'aucune pensée humaine : puisse dépasser en aucun lieu ni en aucun temps, ce n'est pas seulement parce qu'il avait établi en principe l'unité de Dieu, mais parce qu'il avait admis aussi cette unité comme prin

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Les opinions sur la vie future qui se partageaient le monde à l'époque de Jésus-Christ, constituent trois systêmes distincts. Le plus ancien et la source des deux autres est sans contredit celui de la transmigration des ames, ou la métempsycose conçue en grand. D'après son principe, chaque ame, partie d'un foyer commun, revêtirait sans cesse, en passant dans les différentes sphères de l'univers, un corps nouveau plus ou moins épuré ou dégradé en proportion de sa vie précédente. Par là, les ames se trouvaient avoir parcouru tôt où tard un cercle qui les faisait rentrer dans leur foyer primitif. Le système de l'immortalité de Platon, au contraire, avait immobilisé les ames à mesure qu'elles sortaient de nos

cipe indépendant, comme dogme unique. Toutes les autres croyances sont en dehors de sa loi; il ne les repousse ni ne les impose de sa main, il les livre à leurs propres forces. Voilà pourquoi cet événement historique a pu trèsbien arriver, que ses autels aient vu apparaître tour à tour, et sans en être surpris, des hommes revêtus du suprême pontificat, des hommes chargés de donner la bénédiction au

peuple de par l'Éternel, qui professaient tout haut, au sujet des ames et des corps, les opinions les plus contraires 1.

corps, et il les avait rendues éternelles dans cet état métaphysique. Enfin, la doctrine de la résurrection corporelle des morts, qui est celle du christianisme de Jésus, et qui a réuni des argumens nombreux contre l'immortalité des ames de Platon, regardait la séparation de ces ames d'avec les corps comme un état suspensif ou négatif, comme une époque de captivité et de sommeil, et avait pour objet d'immobiliser, sauf épuration, et d'éterniser la personne tout entière.

'Bossuet expose le fait avec beaucoup de simplicité : «< Encore donc que les Juifs eussent dans leurs écritures, dit-il, quelques promesses des félicités éternelles, et que vers les temps du Messie, où elles devaient être déclarées, ils en parlassent beaucoup davantage, toutefois cette vérité faisait si peu un dogme formel et universel de l'an

C'est principalement durant leur séjour dans la Babylonie et dans la Perse que les Juifs avaient contracté l'habitude de transporter par l'imagination aux choses du monde à venir ce que la lettre des livres sacrés disait de la nature présente. La figure majestueuse, entre autres, d'après laquelle le peuple souffrant, le peuple opprimé, le peuple tombé comme un seul homme sous les coups de ses ennemis, et réduit à un état de mort, saurait se réveiller de la nuit du tombeau et présider

cien peuple, que les Sadducéens, sans la reconnaître, non-seulement étaient admis dans la synagogue, mais encore élevés au sacerdoce. (Disc. sur l'hist. univ. 11o part. chap. vi.) Le même fait, un des plus importans qui existent dans l'histoire des libertés accordées à la conscience et aux opinions religieuses, est exposé aussi dans la correspondance philosophique de d'Alembert et de Voltaire, mais en termes tout différens : « Les Juifs, cette canaille bête et féroce, dit le premier de ces écrivains en s'adressant à l'autre, n'attendaient que des récompenses temporelles, les seules qui leur fussent promises; il ne leur était défendu ni de croire ni d'attaquer l'immortalité de l'ame, dont leur charmante loi ne leur parlait pas. Cette immortalité était donc une simple opinion d'école sur laquelle leurs docteurs étaient libres de se partager, etc............. » Correspond., Lettre CXXXI.)

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à un réveil analogue de toutes les nations, dans l'intérêt d'une alliance commune et perpétuelle, cette figure était l'une de celles qui servaient le plus constamment de base à leurs transpositions. Alors le dogme de la résurrection des morts, compagnon inséparable de la croyance à la fin du monde physique et à sa recomposition, sous l'empire de toutes autres lois, avait jeté des racines très-étendues dans le pays, de sorte que le fils de Marie, en le proclamant, ne faisait que céder à une ancienne impulsion; il se trouvait d'accord, pour le fond de l'idée, avec la majeure partic des écoles juives contemporaines 1.

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Je saisirai ici l'occasion de mieux rapprocher les unes des autres, et de confirmer par quelques exemples les méthodes diverses employées dans la Judée, avant Jésus-Christ, pour mélanger et marier entre eux les dogmes asiatiques et les textes sacrés du pays. Leur connaissance est peut-être la plus nécessaire pour comprendre les théories de l'époque et toute la littérature du christianisme primitif. La première de ces méthodes est celle d'enchâssement, qui se rapporte à ce que j'ai dit cidessus (tome 1, page 269) du moyen de concordance employé dans les Évangiles. On pourrait l'appeler cunéiforme, parce qu'elle agit sur les textes de la même manière qu'un coin sur une pièce de bois. Deux exemples

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