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Parmi les peuples venus de l'Asie pour occuper le nord de l'Europe, et désignés par le nom commun de Teutons ou de Daces (Deutsch), ceux qui se transplantèrent sur le territoire de l'empire romain prirent le nom de Germains et de Francs; ceux qui s'établirent dans la péninsule scandinave et dans les îles environnantes furent appelés Normands, hommes du Nord (North-mann). Quels étaient avant eux les habitants de la Scandinavie? C'est chose trèsobscure, comme tout ce qui concerne les peuples primitifs. On sait seulement que la péninsule danoise fut nommée Chersonèse cimbrique, de ces mêmes Kymris ou Cimbres qui parcoururent d'abord l'Europe, puis se fixèrent dans la Gaule belgique et dans l'île de Bretagne, où leur race subsiste encore dans la Cambrie, ou pays de Galles (2). Peut-être le reste de la Scandinavie était-il habité

(1) Chroniques anglo-normandes. Recueil d'extraits et d'écrits relatifs à l'histoire de Normandie et d'Angleterre pendant les onzième et douzième siècles, publié, pour la première fois, d'après les manuscrits de Londres, de Cambridge, de Douai, de Bruxelles et de Paris; par FRANCISQUE MICHEL. Rouen, 1836.

DEPPING, Hist. des expéditions des Normands.

MALLET, Introduction à l'Hist. de Danemark.

CH. COQUEREL, Résumé de l'Hist. de Suède, deuxième édit., 1825.

LICQUET, Hist. de Normandie. Rouen, 1835.

GRABERG DE HENSÖ, Essai sur les Skalds.

RHUS, l'Edda. Dans l'introduction, il fait un exposé des mœurs de la Norwége et de l'Islande.

HEIBERF, Mythologie du Nord, d'après l'Edda et les poésies d'Oelenschläger. Copenhague.

Edda rhythmica, seu antiquior, vulgo sæmundina dicta. Copenhag., 1827. EDELESTAND DU MÉRIL, Prolégomènes à l'Hist. de la poésie scandinave. Paris, 1839.

BERGMANN, Poëmes islandais. Traduct. de la Voluspa, du Wafthrudnismale et du Lokasenna. L'Edda entière a été traduite en français par mademoiselle Du PUGET. 1840.

X. MARMIER, Histoire de la littérature en Danemark et en Suède, 1840. WHEATON, Hist. des peuples du Nord, ou des Danois et des Normands; traduite en français par Paul Guillot. Paris, 1844.

(2) Voy. tome VII, 270. 1.

par des Finnois (Jotni), qui se trouvèrent ensuite refoulés dans la Finlande et dans la Laponie.

La Scandinavie, ainsi appelée de la Scanie, la partie la plus méridionale de la Suède, la seule que les Romains connussent, forme une vaste péninsule contiguë au nord-est avec la Finlande, partagée, dans sa longueur, par une chaîne de montagnes, et dont les côtes sont baignées par la mer Glaciale, par celle du Nord et par la Baltique. Elle s'ouvre, au midi, comme pour embrasser l'autre péninsule opposée, habitée d'abord par les Kymris, puis par les Jutes, et qui tient, par le Sleswig, au Holstein et au Lauenbourg, anciennes résidences des Angles; et par ces pays, à l'Allemagne. Des golfes et des caps entrecoupent les rivages, qu'entourent une infinité d'îles, parmi lesquelles il en est d'assez étendues, comme la Fionie, Seeland, Laaland. Celles-ci, avec le Jutland, forment aujourd'hui le Danemark, tandis que la péninsule compose les deux royaumes de Suède et de Norwége.

Dans la partie la plus voisine du pôle, le soleil reste sur l'horizon en été, et disparaît en hiver durant plusieurs semaines. Dans le reste de l'année, des scènes magnifiques de neiges et de glaces, qui s'embrasent et se colorent aux rayons des aurores boréales, alternent avec les pompes d'une végétation vigoureuse, que développent rapidement les ardeurs permanentes de l'été.

Odin passe pour avoir conduit sur la Baltique les Germains, qui formèrent les peuples connus depuis sous les noms de Norwégiens, de Suédois et de Danois; mais le temps où s'accomplit cet événement est si incertain, que les érudits ont supposé trois migrations à de longs intervalles. Les nouveaux peuples se mêlèrent avec les indigènes; les Goths, qui s'étaient fixés dans les îles, prirent le nom de Danes ; la population du Jutland, plus ancienne sur le sol, engendra ces Saxons et ces Angles qui conquirent la GrandeBretagne. Le mélange des Teutons et des Scandinaves se fait particulièrement sentir dans les parties méridionales; et la distinction entre les Suédois et les Goths, comme races conquérantes et vaincues, se maintint longtemps en Suède.

Il est dit dans une saga que Thor, chef très-puissant d'une tribu, et prêtre dans le voisinage du golfe de Botnie, ayant invité ses enfants à un sacrifice solennel, Nor et Gor s'y présentèrent, mais sans leur charmante sœur Goa. Les deux frères se mirent donc à sa recherche, Nor par terre, Gor par mer. Le premier, traversant

les monts, trouva une plaine immense et une nation guerrière, commandée par Rolf de la montagne, qui avait enlevé sa sœur; mais, informé de sa puissance, il n'ose l'affronter, et lui laisse celle dont il s'est emparé. Poursuivant alors sa route, il découvre le pays entre l'Océan et les Alpes Dofrines, et l'appelle Nor-veg, c'està-dire voyage de Nor.

La chasse et la pêche, auxquelles les invitaient les forêts et les lacs nombreux de leur pays, étaient, plus que l'agriculture, l'exercice favori des hommes du Nord. Les femmes étaient respectées parmi eux, et apprenaient à tracer les caractères runiques, interdits aux esclaves. Cultivant la poésie, elles s'appliquaient plus souvent à la médecine et à la chirurgie, interprétant les songes, prédisant l'avenir, devinant le caractère par l'inspection de la physionomie. Elles ne négligeaient pas pour cela les soins domestiques; car les reines elles-mêmes préparaient les aliments, brodaient, faisaient le pain et la cervoise. La femme mariée portait à sa ceinture le trousseau de clefs, symbole de l'autorité domestique. Si deux personnes de sexe différent, se rencontrant en voyage, étaient réduites à partager la même couche, l'homme plaçait son épée au milieu du lit, et c'en était assez. C'est ce que rapportent les sagas.

Les Scandinaves obéissaient à plusieurs rois suprêmes (over kongar), et à un grand nombre de rois tributaires (unter kongar). Après ceux-ci venaient les comtes (iarls), chefs des vassaux (herses), et, durant la guerre, capitaines des hommes libres (boendes). Les rois étaient élus, selon les circonstances, dans certaines familles issues d'Odin : les jeunes gens de race royale qui restaient sans domaines se mettaient à faire la course, avec le titre de rois de mer (soe kongar), ou prenaient le commandement de quelque station maritime sur les côtes pillées par leurs compagnons (wikings).

Les rois de Danemark, qui se vantaient de descendre de Skiold, fils d'Odin, étaient aussi tout à la fois pontifes, juges et généraux. Différents chefs, s'étant rendus indépendants, livrèrent le pays à l'anarchie jusqu'au moment où Widfarne les subjugua tous, et étendit ses conquêtes sur le sol même de la Suède. Cette grandeur dura peu, et le royaume alla déclinant jusqu'à Lodbrog Raghenar (chausses de cuir), qui fut pris et tué par le Saxon OElla. Gorm le Vieux, son petit-fils, réunit les différents États danois, sur lesquels régna son fils Harold à la Dent Bleue (Blaatand).

590.

794.

855-939.

991.

En Suède, Yngue, petit-fils d'Odin, fonda le temple national d'Upsal, où ses descendants régnèrent heureusement jusqu'à Yngiald, qui, attaqué par le Danois Widfarne, mit le feu à la ville, et se brûla avec sa famille. Un de ses successeurs, Harold aux Beaux Cheveux (Haarfager), réunit les principautés de la Norwége en un seul royaume, qu'il transmit à ses fils.

Les Normands sont le peuple qui joue le plus grand rôle dans l'histoire après les Hellènes, auxquels ils ressemblent par leur caractère aristocratique, par leurs monarchies tempérées, par un besoin d'action incessant, par l'orgueil, par l'audace, par le goût inné du luxe, qui chez eux devança la civilisation, au lieu d'en être la suite. Aussi ont-ils formé l'aristocratie des temps modernes, comme les Grecs celle des temps anciens; mais ils restèrent de beaucoup au-dessous de ceux-ci dans le sentiment de l'ordre et du beau.

Ils tenaient des Francs et des autres Germains par une stature élevée, un beau visage, un noble maintien (1). Les mœurs farouches que leur inspirait la religion d'Odin, le père du carnage, le déprédateur, l'incendiaire, n'étaient pas tempérées chez eux par le contact de nations plus civilisées. Souillant leur culte de superstitieuses atrocités, ils sacrifiaient des hommes, et se renvoyaient de l'un à l'autre des enfants qu'ils recevaient sur la pointe de leurs lances.

Arrivés au terme de leur vie aventureuse, ils faisaient jeter au feu tout ce qu'ils possédaient, afin que leurs fils fussent obligés de se procurer d'autres richesses en courant la mer. Une fois sur les flots, ils se sentaient par moments pris d'une fièvre de courage (2), et, se plaçant sur la poupe, ils affrontaient les plus terribles dangers. Bardur, roi d'Ulfsdal, disait : Je n'espère rien des idoles. J'ai couru maints pays pour ma part, j'ai rencontré des géants et des esprits, et ils n'ont rien pu contre moi; aussi c'est dans mes seules forces que je me confie. Un législateur modéra ces excès de vaillance, en ordonnant d'attaquer l'ennemi quand il était seul, de se défendre contre deux, de ne pas en éviter trois, de se retirer seulement contre quatre (3). Mais comment tenir en bride une (1) ERM. NIGELLUS, de g. Ludov. Pii.

(2) Ceux qui en étaient atteints s'appelaient Borsekir, frénétiques. Furore bersekico si quis grassetur, disent les sagas, auxquelles nous empruntons encore d'autres traditions.

(3) DEPPING, I, 2.

valeur qui défiait jusqu'aux êtres surnaturels et se riait de la mort même? Quand Lodbrog, fait prisonnier par le Saxon OElla, fut jeté dans une fosse pleine de vipères, il entonna fièrement ce chant de mort :

« Nous avons combattu avec l'épée! Il n'y a pas longtemps que « nous sommes allés combattre un énorme serpent dans la terre « des Goths; Thora (1) fut mon salaire, et les guerriers m'appelè<< rent Lodbrog (2), en souvenance de ma victoire. Alors je triomphais; l'acier luisant de mon sabre frappa le dragon de plusieurs << blessures mortelles.

«

« Nous avons combattu avec l'épée ! J'étais jeune encore quand, à l'orient, dans le détroit d'Eirar, nous avons creusé un fleuve de « sang pour les loups, et convié l'oiseau aux pieds jaunes à un large banquet de cadavres; la mer était rouge comme une blessure qui « vient de s'ouvrir, et les corbeaux nageaient dans le sang,

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« Nous avons combattu avec l'épée! Au sortir de l'enfance, je « tenais déjà ma lance haute; à peine comptais-je vingt hivers, « que l'épée frissonnait dans ma main. Vers l'orient, à l'embou«< chure du Thinu, nous avons vaincu huit puissants iarles; ce jour-là, l'aigle trouva une ample pâture; la sueur tomba dans « un océan de blessures; l'armée perdit son âge.

"

« Nous avons combattu avec l'épée! Nombreux furent nos faits « d'armes, quand nous envoyâmes au palais d'Odin (3) les habitants << de Helsing. Nous remontâmes les eaux de l'Ifa (4). Alors le sabre a mordait profondément dans les chairs; le fleuve roulait des va« gues de sang; la terre était rouge et fumait; l'épée se brisait sur « les cuirasses, sous l'épée les boucliers tombaient en pièces.

<< Nous avons combattu avec l'épée! Personne, je m'en souviens, « ne quitta le combat avant que, frappé d'une blessure mortelle, Hérauth ne fût tombé sur son vaisseau (5). Depuis que les longues

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(1) Fille de Herrauth, iarl de Gotaland, d'après le Landnamabok; I, p. 384; ou roi de Suède, suivant SAXO GRAM., IV, p. 169. Ne voit-on pas ici commencer l'esprit de chevalerie?

(2) Villosa femoralia, dit SAXO GRAM.; mais ce nom, peut-être, ne veut-il signifier autre chose que à la peau dure.

! (3) Les guerriers morts sur le champ de bataille étaient admis dans le palais d'Odin.

(4) La Vistule, ou l'Ibi selon WORM.

(5) La bataille cessait quand le chef était tué. Dans les combats particuliers, une blessure suffisait : qui humum cruore prius tinxisset victus censebatur.

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