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force dans la partie des tableaux évangéliques qui comprend la passion du nouveau maître, sa mort et sa résurrection.

Toutes les croyances du christianisme primitif y sont représentées en caractères ineffaçables, de sorte que si le temps et la nécessité ont concouru à changer ou à modifier sa vraie nature, jamais l'histoire ne s'est vue exposée, à son égard, à perdre les traces de son origine. Le tableau vivant qu'il avait laissé de lui-même offrait un moyen imprescriptible pour en rcvenir à l'exactitude précise des faits.

L'étude de la passion de Jésus-Christ, le modèle original qui lui a prêté ses traits les plus touchans, les différences d'aspect qu'elle découvre quand on s'arrête à ses effets pathétiques et dramatiques, ou bien quand on soumet la réalité locale de ses peintures au jugement sévère de l'esprit, les causes naturelles qui l'auraient précédée et amenée, toute cette étude forme sans aucun doute un des su jets les plus animés et les plus graves que j'ai eu encore à traiter.

Elle remet en présence les deux conceptions en partie opposées, quoique sorties de la même

souche, qui ont été défendues par les Chrétiens et par les Juifs.

Elle est l'abime inévitable à franchir pour arriver à une solution des diversités religieuses.

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Enfin, elle renferme une moralité immédiate très-étendue; car s'il est vrai, comme j'en avais posé les prémisses dans celui des chapitres de mon Histoire des Institutions de Moïse où je m'étais restreint à examiner le jugement de Jésus comme document confirmatif de la législation judiciaire de l'époque 1, s'il est vrai que, pendant dix-huit siècles, l'église chrétienne tout entière ait prêché aux populations sur ce point les erreurs de fait et les injustices les plus certaines, alors quel homme, quelle religion, quelle école oserait prétendre à la possession absolue de la vérité?

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Le chapitre suivant indiquera celle de mes notes de la fin du volume qui doit répondre en détail à l'écrit de M. Dupin aîné intitulé Procès de Jésus-Christ, ou Jésus devant Caiphe et Pilate, réfutation du récit épiso dique de M. Salvador sur le jugement et la condamnation de Jésus. Ici la question des formes judiciaires est trop accessoire. Tout l'intérêt s'attache aux origines du Sujet et au mouvement historique de l'époque.

où trouverait-on quelqu'un qui voulût jeter avec trop de violence la pierre à ses rivaux? Personne ne s'exposerait à faire un appel sérieux à l'infaillibilité de ses propres jugemens; et l'on serait disposé plus que jamais à restituer ce don exclusif d'infaillibilité à Dieu seul, à l'Étre éternel qui ne nait point, qui ne meurt point, que nos sens extérieurs ne peuvent ni voir directement ni toucher, et qui ne nous livre une partie de ses trésors, comme les prophètes de la Judée le disaient, qu'avec le temps et avec mesure.

Les convictions reconnues du fils de Maric ne lui permettaient pas de discuter en paix les opinions rivales et de publier ses doctrines à la manière d'un chef d'école renfermé dans les limites de son auditoire. Un grand éclat était nécessaire pour attirer les yeux sur ses desseins, sur sa personne, et pour confirmer par la preuve la plus irrefragable l'excellence du nouvel esprit qu'il se sentait appelé à introduire. Sans ses attaques directes contre les partis dominans, sans un combat corps à corps, dont l'issue matérielle ne pouvait être longue ni douteusc, mais dont l'effet dogmatique et moral promettait de devenir immense, le nou

veau maitre, entouré de quelques disciples toujours près de lui échapper, se serait regardé comme infidèle à son principe d'interprétation des livres fondamentaux, et aurait couru le risque de passer presque inaperçu au milieu d'autres écoles très-nombreuses et trèspuissantes.

Certes, ce double problème est impossible à résoudre aujourd'hui : ce qui serait advenu de la renommée du fils de Marie, si, par une réunion imprévue de circonstances, les Romains eussent éte chassés de l'Orient, et si l'anéantissement de la Judée n'eût pas disposé une foule de ses membres, dispersés dans tous les climats, à chercher dans la croyance d'un royaume prochain et miraculeux de résurrection, une gloire et un bonheur qui leur paraissaient désespérés par les voies ordinaires de la régénération d'un peuple : ce qui serait advenu de la Judée elle-même, si, au lieu d'opposer aux Romains une résistance terrible, mais insuffisante, et au lieu de se diviser en partis non moins irrités entre eux que contre l'oppresseur commun, elle s'était abandonnée au mouvement moral des esséniens, que nous avons vus prendre tant de part à la formation de l'é

cole de Jésus-Christ; si elle s'était pliée au degré de résignation que son état réclamait; enfin, si elle avait mis tout son espoir dans l'intimité mutuelle de ses défenseurs et dans l'influence que l'exemple d'une vertu des plus religieuses aurait pu exercer sur l'ame de ses adversaires.

Mais là ne réside point en ce moment notre question. Pour l'établir avec clarté, je suis obligé d'émettre encore quelques observations préliminaires succinctes.

Il a toujours existé plusieurs manières d'écrire, de parler, de prêcher, au sujet des événemens passés et contemporains. L'une de ces manières est familière aux époques où un ordre nouveau, une croyance nouvelle, se substitue à un ordre ancien, où de grands principes suspendus et comprimés pendant long-temps s'efforcent de reprendre l'avantage sur d'autres principes qui ont accompli leur période de puissance. Alors la fidélité scrupuleuse dans les récits, dans les argumens et les jugemens, importe peu, pourvu que la croyance nouvelle arrive à son but, qu'elle ébranle les populations, qu'elle excite les sentimens les plus vifs de courage et d'amour pour ce qu'il lui appar

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