Obrazy na stronie
PDF
ePub

quelquefois l'air de rougir, ce ne sera que pour ceux qui ne savent rougir d'eux-mêmes, et parce qu'ils prendront en pitié cet égarement qui les tient si loin du royaumé du ciel.

Les censures pourront quelquefois nous donner l'éveil et nous rendre plus attentifs à éviter tout ce qui pourrait les motiver; mais celles qui porteraient dans leur généralité même le sceau des passions haineuses qui les auraient dictées, seront aussi méprisées qu'elles sont méprisables.

Votre conduite, N. T. C. F. à l'occasion du jubilé a prouvé que vous en aviez fait justice, et parfaitement compris que la seule opposition à la vérité faisait inventer les moyens d'en avilir les organes. Le temps est passé de vous en laisser imposer par ces vaines clameurs, bien plus avancés dans la grande science, qui seule mérite ce nom, ta science du salut (1), que ceux qui dédaignent vos assemblées, ou n'y paraissent que par une espèce de pudeur publique, vous savez que la sainteté du sacerdoce est tout indépendante des idées qu'on peut s'en former. Il est le plus magnifique don que Dieu ait fait aux hommes. Semblable à cette échelle mystérieuse que vit Jacob, le sacerdoce unit ensemble le ciel et la terre, par un continuel échange de vœux et de bénédictions.

C'est le sacerdoce qui vient nous accueillir dans notre berceau pour nous donner une nouvelle naissance, sans laquelle la première ne mériteraient que les malédictions dont le saint homme Job couvrait la sienne (2). C'est le sacerdoce encore qui nourrit d'abord nos âmes du lait de la plus pure doctrine, et qui plus tard leur rompt le pain des forts et les guérit de tous leurs maux. Il n'en est pas de si désespérés qui ne cèdent à son pouvoir. Il a même celui de ressusciter les morts en rendant à la vie de la grâce ceux qui l'avaient perdue par le péché; il arrache à l'enfer ses victimes pour en faire des citoyens du ciel.

Que le sacerdoce soit donc l'objet de votre reconnaissance. Les hommages qu'on lui rend comme les mépris qu'on en ferait, arrivent également à celui que le père céleste a fait asseoir à sa droite, en le saluant par la qualité de prêtre éternel, selon l'ordre de Melchisedech. C'est ce pontife suprême qui, au jour des révélations, paraîtra avec l'autorité souveraine de juge des vivans et des morts, entouré de ses apôtres et de tous les pasteurs fidèles qui siègeront auprès de lui comme sur autant de tribunaux (3). Il vengera alors bien sévèrement les outrages faits à ses oints, dépositaires de ses oracles (4). [Ils sont les hommes de sa droite (5), ses amis (6), ses ambassadeurs auprès des hommes (7). C'est s'en prendre à la prunelle de ses yeux que de leur nuire (8).

Le retour de la sainte quarantaine va, N. T C. F., vous fournir une nouvelle occasion de recueillir les bénédictions que le ciel répand

(1) Ad dandam scientiam salutis. Luc. 1. v. 77.

(2) Pereat dies in quâ natus sum. Job. 3, v. 3.

(3) Sedebitis et vos super sedes. Math. 19, v. 28.

(4) Nolite tangere christos meos neque in prophetis meis malignari. (5) Virum dextere meæ. Psal. 79.

(6) Vos amici mei estis. Joan. 15, v. 14.

(7) Pro christo legatione fungimur. 2 cor 5, v. 20.

(8) Qui tetigerit vos, tangit pupillam oculi mei. Zach. 2, v. 8.

sur les peuples, par le canal des pasteurs. Des exercices plus fréquents ne seront pas refusés si vous témoignez quelque desir de vous y rendre. Vous serez invités et pressés même à venir vous plonger dans la piscine pour y purifier vos âmes de la lèpre du péché, les revêtir de la robe nuptiale qui vous rende dignes de participer au festin de l'agneau mort et vivant, immolé et triomphant.

A CES CAUSES, après en avoir conféré avec nos vénérables frères les dignitaires et chanoines formant le chapitre de notre cathédrale, nous avons statué et ordonné ce qui suit: 1° nous permettons sans restriction l'usage du laitage pendant tout le carême; 2o celui des œufs jusqu'au mercredi saint inclusivement; 3° nous n'accordons point de permission générale d'user d'aliments gras, seulement nous autorisons MM. les curés et recteurs envers les paroissiens, les confesseurs envers leurs pénitens et les individus qui composent la famille, si ces pénitens en sont le père ou la mère, MM. les commissaires épiscopaux, dans tout leur district, à le permettre sur des demandes motivées, avec les restrictions d'usage et en exigeant une aumône en faveur des établissemens diocésains. Cette condition ne sera pas de rigueur si la permission accordée n'est relative qu'à l'assaisonnement des mets. Ils pourront aussi autoriser, selon les localités, l'usage des œufs le jeudi-saint.

Sera, notre présent mandement, lu et publié à la messe paroissiale, le dimanche de la quinquagésime ou celui du carême qui en suivra de plus près la réception. Cette publication aura lieu le même jour à la messe principale des séminaires, hospices, communautés, maison de détention, etc.

Gap, le 29 janvier 1854.

FR. A. Evêque de Gap.

PAR MANDEMENT:

GARAGNON, Chanoine-Secrétaire.

MANDEMENT

Pour le temps de la Septuagésime et du carême de 1835. NOS TRÈS CHERS FRÈRES.,

Nous prévenons l'époque ordinaire à laquelle nous avons été jusqu'ici en usage de vous adresser la parole par l'intermédiaire de nos coopérateurs. Ce n'était guère qu'au retour de la sainte quarantaine que notre silence était interrompu. Nous laissions s'appaiser cette tourmente périodique qui rend si peu propre à entendre avec fruit ce qu'a de plus sérieux la morale évangélique. Nous ne pensions pas qu'au milieu du tumulte des joies mondaines, il fut prudent de vous annoncer le jeûne solennel; de vous montrer par avance les souffrances et les humiliations de l'homme Dieu, la gloire de sa résurrection; et vous intimer l'accomplissement des grands devoirs dont la transgression, à cette époque, dégénére en une sorte d'apostasie. Il nous avait paru, pour vous parler avec plus de succès, devoir laisser s'écouler

encore cette quinzaine orageuse. Vous en jugez peut-être encore de même: et si nous n'usons pas cette année de ce tempérament, estimé si sage, ce n'est qu'en cédant aux plus graves réflexions.

Nous gémissons tous les ans sur la médiocrité des fruits que produit la précieuse semence de la parole de Dieu, qui, grâce au zèle de nos coopérateurs, est semée avec plus d'abondance pendant la sainte quarantaine; nous nous plaignons du vide qui règne autour de nos tribunaux dans les momens les plus propres à la réconciliation, et se laisse apercevoir aussi près de la table sainte, lorsque tout invite et presse à y aller recevoir le pain de vie, le gage de la résurrection. Le mauvais usage qu'ont fait du temps qui précède immédiatement le carême, nous a paru être une des principales sources des torts qu'on a à se reprocher pendant le carême même: c'est ce qui nous a décidé à attaquer le mal dans son principe. Comment se soumettra-t-on aux austérités qui bientôt nous seront prescrites, si l'on prélude par accorder aux sens toutes les superfluités qu'ils convoitent? Que de prétextes ne vont pas se présenter pour solliciter des dispenses à la loi de l'abstinence et enfreindre celle du jeûne? Sera-t-il bien facile de refuser à la nature ce qu'elle a comme le droit de demander lorsqu'elle aura été lassée à force de jouissances? Cette santé qu'on a exposée, et peut-être même altérée, on l'invoquera sans doute alors pour s'en faire un rempart contre des observances qui n'inspireront plus que du dégoût.

Des oreilles étourdies par le tumulte des assemblées mondaines, amollies par l'harmonie des concerts, et peut-être même par la lubricité des chants; repousseront le langage de la croix; un cœur enivré de folles joies ne sera jamais un terrain que la parole de Dieu trouve disposé à produire des fruits abondans. Tant qu'il y aura la même fureur pour le plaisir nous trouverons toujours même indifférence pour le devoir.

Il faut effacer de l'évangile les anathèmes prononcés contre le monde, faire disparaître dans l'administration du sacrement du baptême ces abjurations solennelles que l'Eglise a reçues en notre nom, et nous fait répéter à nous-mêmes dans les principales circonstances de notre vie; l'évangile et l'Eglise nous arment contre une chimère, si l'on ne reconnaît pas les pompes du monde et du démon, dans ces ridicules et dégoûtans déguisemens, dans ces scènes si contraires à la gravité du chrétien, et dans ces réunions où les deux sexes, ajoutant aux attraits dangereux qu'ils se présentent mutuellement tout ce que la parure la plus recherchée, les manières les plus légères, les démonstrations les moins mesurées ont de plus séducteur, n'en rapportent que trop souvent des images humiliantes, des affections désordonnées, et en dernier lieu un triste échange de blessures.

Que de naufrages occasionnés par la tempête qui agite la mer orageuse du monde! Que d'âmes peuvent dater de cette fâcheuse époque la perte de leur paisible et presque irréparable innocence! Ce qu'elles font pour la recouvrer, au lieu de guérir la plaie ne sert souvent qu'à la couvrir d'un appareil, et à la rendre plus large et plus profonde. Qu'elles confiance peuvent-elles inspirer ces confessions illusoires, où il faudrait bien moins accuser les péchés commis ou occasionnés,

que la volonté fixe de les commettre et de les occasionner encore? Âmes inconsidérées! On ne se joue pas ainsi de Dieu. Deus non irridetur (1). Ecoutez le prophète Elie qui vous adresse ces mêmes paroles qu'il adressait autrefois aux Israëlites: jusques a quand hésiterez-vous entre le créateur de l'univers et une vaine idole? Si vous vous êtes enrôlés sous les étendars de Baal, suivez-en la direction : si vous préférez ceux du Dieu de vos pères, laissez donc Baal. Pourquoi vous traînez-vous ainsi d'un camp à l'autre (2)?

Ne vous le dissimulez pas, mes frêres, on n'est pas chrétien à demi, ni selon les nuances de l'âge ou des saisons. Le baptême a imprimé dans nos âmes le caractère ineffaçable d'enfans de Dieu, sur notre front celui de disciples de Jésus-Christ: nous nous en rendons indignes, si armés de notre croix nous ne marchons courageusement à sa suite décidés à nous conformer à toutes les maximes évangéliques qui ont été scellées par l'effusion de son sang.

Laissons à un monde proscrit les folles joies dont il s'enivre: il ne lui a pas été promis autre chose, Mundus gaudebit (3). Aussi vaines qu'il est frivole lui-même, c'est là que se bornent ses espérances et ses prétentions. Quant à nous les privations et les larmes sont notre partage, et doivent faire nos délices. Cette tristesse sera changée en joie, et cette joie ne nous sera plus enlevée (4). Nous en trouverons un gage dès cette vie dans la participation plus abondante aux grâces dont tant d'autres se rendent indignes.

Oui, N. T. C. F., il est tous les jours une certaine quantité de dons que le ciel répand sur la terre: ils sont une manne précieuse dont chacun, comme autrefois dans le désert, devrait recueillir sa portion; mais il s'en faut bien qu'on ait un égal empressement. Il s'agissait alors d'une nourriture qui soutenait les corps; on en était avide: on n'a plus en ce moment que du dégoût et de l'indifférence pour ces grâces quotidiennes qui sont nécessaires à soutenir la vie spirituelle des âmes. On les repousse avec une sorte de dédain; on se nourrit de de vent et de fumée; on laisse recueillir aux autres cette portion de trésor que l'on répudie pour soi-même. Dans ces jours de délire pour les uns, et de généreux sacrifices pour les autres, s'accomplit l'oracle de l'évangile: Il est donné à celui qui a, et celui qui n'a pas perdra meme ce qu'il paraît avoir (5). La fidélité n'a jamais tant de mérite que lorsqu'elle est conservée au milieu de la révolte. Un prince généreux comble de ses bienfaits les bons serviteurs qui ont su se soutenir dans une telle épreuve. Ces jours sont vraiment des jours d'insurrection contre les maximes de l'évangile; c'est le moment de montrer l'amour et le respect qu'on leur porte, et de lutter contre cette foule de téméraires qui voudraient nous faire une sorte de violence pour nous entraîner dans le même précipice.

(1) Galat. 6, 7.

(2) Usquequo claudicatis in duas partes? Si dominus est Deus, sequimini eum si autem Baal, sequimini illum. Reg. 18, 21.

(3) Joan. 16, 20.

(4) Tristitia vestra vertetur in gaudium, .. .. et gaudium vestrum nemo tollet a vobis. Joan, 16, 21 et 23.

(5) Omni autem habenti dabitur et abundabit: ei autem qui non habet et quod videtur habere, auferetur ab eo. Matth. 25. 29.

Ils feront des efforts pour justifier les prévarications par la multitude des prévaricateurs; ils chercheront des autorités dans la nuit des temps; ils invoqueront une sorte de prescription; mais qu'ils examinent sérieusement le fondement qu'ils donnent à leur triste tradition: le premier anneau de la chaîne à laquelle ils se tiennent a été placé par le paganisme, et au nom de ses fausses divinités, couvertes d'infamies. C'est une vérité malheureusement trop bien prouvée par l'histoire que, dans tous les temps, la multitude des insensés a surpassé le nombre de ceux qui ont servi Dieu en esprit et en vérité (1), que le chemin qui est encombré par l'affluence des voyageurs aboutit à un précipice. Faudra-t-il se laisser toujours entrainer par ce torrent dévastateur de l'usage, de la coutume, et croire qu'il n'y a plus rien à objecter contre une pratique quand une fois on a établi sa grande antiquité? Avec de tels principes il ne resterait plus qu'à redevenir idolâtres.

On nous parle sans cesse de l'esprit progressif du siècle, du développement des lumières; on lui donnerait volontiers la première place parmi ceux qui composent les six mille ans écoulés depuis la création du monde: il serait bien digne de ceux qui s'en font une idée aussi avantageuse de fronder de vieux préjugés, et de commencer à se montrer plus sages que nos pères.

N'admet-on pas des convenances sociales en qui l'on reconnaît le pouvoir d'enchaîner la fureur pour les amusemens? Si la mort frappe auprès de vous quelque coup sensible, vous savez vous interdire les assemblées mondaines; vous reculez devant l'ascendant de l'opinion publique: elle vous fait une loi de la retraite; vous vous y soumettez. Je suis en deuil, dites-vous: je ne saurais faire partie de vos réunions. Y a-t-il donc du temps où un chrétien ne soit pas en deuil? N'a-t-il pas tous les jours sous les yeux ce Dieu crucifié en qui il a perdu le père qui l'a créé, et le conserve, un sauveur qui l'a racheté et à conquis à son profit un magnifique héritage? Il n'a pas besoin de remonter à dix-sept siècles pour trouver l'époque de sa mort: elle date d'hier et de tous les instans où il se commet quelque nouveau péché mortel, puisque selon la doctrine de Saint-Paul, il en est crucifié de nouveau (2). Il n'y a pas de jour de l'année où le chrétien ne doive se couvrir d'un crêpe funèbre qui le rende étranger aux joies tumultueuses du monde.

Par cet eloignement vous vous acquitterez du premier des devoirs que les circonstances vous imposent; mais vous n'auriez pas encore rempli la mesure de ceux qui vous lient en cette circonstance: s'il suffisait pour cela de ne pas grossir les rangs des adorateurs du veau d'or, le nombre de ceux que l'âge, les infirmités, des occupations plus ou moins sérieuses, la dépendance d'une autorité importune dé-tiennent chez eux, ferait presque oublier les prévarications publiques; mais elles ne doivent pas seulement être évitées, il faut encore les prévenir, les arrêter, et en faire l'objet d'une profonde douleur. Si un père est insulté dans le sein de sa famille, ses enfans ne sont pas sans reproches par cela seul qu'ils n'auront pas figuré parmi les agresStultorum infinitus est numerus. Eccl. 1, 15. Hebræ. 6 6.

« PoprzedniaDalej »