Obrazy na stronie
PDF
ePub

leur criminelle carrière dans nos bagnes ou sur nos échafauds. Une éducation religieuse et soignée, sous tous les rapports, pourra en faire de vertueux citoyens et de bons chrétiens. Ils ne pourraient oublier que la religion a ouvert les trésors qui leur ont procuré un si grand bienfait. Tant d'ascendant dans le pasteur, tant de généreuse docilité dans le troupeau, en offrant dans la capitale le spectacle d'une consolante amélioration, semblent donner l'espérance de la voir arriver jusqu'à nous.

Imitons, N. T. C. F, ces beaux exemples. Puissent les membres souffrants de Jésus-Christ, qui souvent, au lieu de pain n'ont que des larmes à joindre à celles que répandent des enfans pressés par la faim, éprouver les effets bienfaisans de cette générosité! Nous en demandons aussi quelque part en faveur des établissemens dans lesquels se trouve réunie la tribu de Lévi, pour se préparer aux fonctions augustes qu'elle aura un jour a remplir au milieu de vous. Celui surtout où ses jeunes plantes reçoivent la première culture est dans un état de détresse qui le menace d'une entière dissolution.

Fasse le ciel, N. T. C. F., que vous ouvriez vos cœurs à ces nobles sentimens. Rendez vous dociles pendant cette quarantaine à la voix de vos pasteurs, lorsqu'ils vous presseront d'être humblement soumis aux lois que l'Eglise y a attachées et de mettre à profit ce qu'a de favorable ce temps pour faciliter le retour à Dieu et lui exprimer les sentimens d'une vive reconnaissance pour ses bienfaits et d'une juste crainte pour le jugement qui nous attend.

A CES CAUSES, après en avoir conféré avec nos vénérables frères les dignitaires et chanoines formant le chapitre de notre cathédrale, nouavons statué et ordonné ce qui suit: 1° nous permettons sans restriction l'usage du laitage pendant tout le carême; 2° celui des œufs jusqu'au mercredi-saint inclusivement; 3° nous autorisons MM. les curés et recteurs envers leurs paroissiens, les confesseurs, envers leurs pénitens et les individus qui composent la famille, si ces pénitens en sont le père ou la mère, MM. les commissaires épiscopaux, dans tout leur district, à permettre l'usage des alimens gras, avec les restrictions d'usage et en exigeant une aumône en faveur des établissemens diocésains. Cette condition ne sera pas de rigueur si la permission accordée n'est relative qu'a l'aissaisonnement des mets. Ils pourront aussi autoriser selon les localités l'usage des œufs le jeudi-saint.

Sera notre présent mandement, lu et publié à la messe paroissiale, le dimanche de la quinquagésime ou celui du carême qui en suivra de plus près la réception. Cette publication aura lieu le même jour à la messe principale des séminaires, hospices, communautés, maison de détention, etc.

Fait à Gap, le 30 janvier 1833.

FR. ANT. Evêq. de Gap.

PAR MANDEMENT:

GARAGNON, Chanoine-Secrétaire.

MANDEMENT

Pour le carême de 1834.

NOS TRÈS CHERS FRÈRES,

三冬

Le premier besoin que nous éprouvons au retour de cette sainte quarantaine, c'est d'épancher notre cœur dans le vôtre, et de vous faire part des divers sentimens qu'ont fait naître en nous, les relations qui nous sont parvenues sur les résultats du dernier jubilé.

Nous ne saurions dire qu'ils aient été également satisfaisants, et de nature a produire cette joie qu'éprouvait le disciple bien-aimé (1), lorsqu'on lui parlait des progrès que faisaient dans les voies du salut, les âmes confiées à sa sollicitude. Nous n'avons pas goûté cette joie dans toute sa plénitude, cependant nous pouvons dire avec vérité que le Seigneur nous en a départi une portion qui a de beaucoup dépassé nos espérances.

Nous en avions d'abord conçu de très faibles. La société tout occupée de froides discussions et d'intérêt purement matériels, paraissait peu disposée à se prêter avec docilité à des impulsions religieuses. On semblait autorisé à craindre que les germes de division semés à pleines mains par l'impiété entre les peuples et les pasteurs, n'eussnt, par avance, paralisé leur ministère. Ce qui vient de se passer a prouvé que ces germes n'existaient plus. Des rapports satisfaisans se sont généralement établis. On a vu dans les pasteurs un généreux dévouement, et dans les peuples, une confiance filiale. Des échanges de zèle d'autant plus édifians qu'ils étaient plus désintéressés, se sont faits entre ceux-là. Ils n'ont cherché d'autres délassemens à de premiers travaux, qu'en allant ailleurs en recommencer de plus pénibles. Ils ont pris sur leur sommeil, sur leurs récréations les plus innocentes; ils se sont oubliés pour ne s'occuper que des autres, et se faire tout à tous. Ce généreux abandon de soi-même a préparé les succès de la parole de Dieu, et ajouté un nouveau principe de fécondité à celui que sa main toute puissante avait déposé en elle. La foule s'est pressée autour des chaires et des tribunaux. Dans plusieurs endroits les ministres de la réconciliation ne suffisaient plus à l'empressement de ceux qui voulaient en hâter le moment. Ce qu'il y avait de plus consolant, c'est que le concours était, en plusieurs endroits, indistinctement formé par toutes les classes de la société.

Quoique, selon la doctrine de Saint-Paul, le prix des âmes ne s'estime pas par la qualité de maître ou d'esclave, de juif ou de gentil, par le sexe ou la dignité (2). Il n'est pas moins vrai que les hommages rendus à la religion, par les chefs de famille exercent la plus utile influence. Du moment que le centenier se fut soumis au joug honorable de la foi, elle devint de suite le patrimoine de sa maison (5).

(1) Majorem horum non habeo gratiam quam ut audiam filios meos in veritate ambulare. 3 Joan. v. 4.

(2) Non est Judæus, neqne Græcus: non est servus, nequer liber; non est masculus, neque fœmina: omnes enim vos unum estis in Christo Jesn, S. Paul Gal. 3, v., 28.

(3) Credidit ipse et domus ejus tota. S. Joan, 4 v. 58.

De semblables exemples produiraient aujourd'hui les mêmes effets, surtout si ceux qui les donneraient avaient quelque chose de distingué par leurs lumières et leur position sociale.

La religion, fille du ciel, entourée du pompeux cortège des miracles et des prophéties qui attestent la divinité de son origine, n'a, sans doute, pas plus de besoin de ces sortes de suffrages, que de ceux du vulgaire; mail il faut avouer qu'ils sont à celui-ci d'une grande utilité. Il ne peut toujours s'empècher de croire l'impiété fondée en raison, quand il l'a voit affichée par ceux dont les lumières sout plus étendues et le rang plus élevé. Plusieurs paroisses viennent d'être bien favorisées en ceci. Les époux y ont rivalisé avec les épouses, les frères avec les sœurs, tous se sont empressés à donner des garanties de leurs sentimens religieux.

Il semble qu'après un siècle entier de déceptions, on entrevoit enfin l'aurore de ce jour, où l'on abjurera sincèrement ces vaines doctrines, dont une philosophie astucieuse avait fasciné les esprits. On semble vouloir en finir avec son matèrialisme avilissant et sa froide impiété. Plutôt ou plus tard, ces dogmes monstrueux ne sauraient avoir d'autre sort. Le mensonge ne satisfera jamais une âme créée à l'image de celui dont l'être est vérité.

Les plus belles apologies de la vertu, comme les plus hideuses peintures du vice, qui de loin en loin se rencontrent sur les pas de ceux qui parcourent les volumineuses productions de nos modernes dissertateurs, n'ont jamais donné à la société un honnête homme de plus, ni rappelé un méchant des sentiers du vice. Que peut sur le cœur humain une morale qui, pour toute sanction, nous présente de belles phrases?

La religion seule avec la juste terreur de ses supplices et la magnificence de ses récompenses, exerce sur lui une véritable influence. Elle seule sait mettre en mouvement les deux grands ressorts qui font agir les hommes, la crainte et l'espérance. Quel spectacle ont présenté nos villes et nos campagnes, depuis qu'ils ont été brisés dans les uns et affaiblis dans les autres. Les injustices s'y sont multipliées; la dépravation des mœurs y a pris le plus scandaleux accroissement. Que d'époux ont vu leur félicité disparaître devant des preuves, ou du moins, des suspicions trop fondées? Que d'enfans prodigues ont déchiré les entrailles paternelles sans leur donner la consolation du retour? Que de jeunes personnes ont fait baisser les yeux à leur mère? Que de familles n'ont pas eu à maudire les prodigalités et l'inconduite d'un chef qui les a vouées à la misère, et quelquefois même à l'ignominie? Que d'imprécations arrachées, par la force des souffrances, à des enfans, à des mères mourant de faim, transis de froid, contre les maisons de jeu et d'intempérance qui se sont multipliées dans les mêmes proportions que l'irréligion a fait de progrès?

Il semblerait par ce qui vient de se passer à l'occasion du jubilé que l'excès du mal a fait sentir le besoin de recourir aux remèdes. Puisse cette conjecture n'être pas une illusion du zèle! Que ne reviennent-ils ces jours où, avec l'accomplissement des devoirs religieux, la paix et la confiance s'établissaient dans les ménages; où la crainte d'un Dieu, dont les regards percent dans les ténèbres, dis

pensait les époux de cette inquiète surveillance qui ne réussit pas toujours à être satisfaite d'elle-même, donnait aux familles des pères économes et rendait les enfans dociles et pleins d'une respectueuse gratitude?

Fasse le ciel qu'à l'occasion de la sainte quarantaine, ce germe de bien prenne quelque accroissement! Ceux surtout qui ont donné des exemples édifiants, doivent se regarder comme plus étroitement obligés à garantir leur persévérance par l'assiduité à entendre la parole de Dieu, et l'empressement à remplir les devoirs honorables et consolants, dont la transgression en cette époque, a toujours constitué une sorte d'apostasie et attesterait de plus en eux une légéreté et une inconstance criminelles. S'ils ont été dociles aux invitations de l'Eglise, se mettraient-ils en état de révolte contre ses ordres? L'intervalle de quelques mois aurait-ils enlevé à la vérité quelque chose de l'éclat avec lequel elle a brillé à leurs yeux?

Nous attendons d'eux, comme autrefois l'attendait Saint-Paul des Thessalonissiens, une conduite plus consolante et mienx en rapport avec l'intérêt de leur satut (1); et nous avons la douce espérance que la bonne odeur de leurs vertus (2) gagnant de proche en proche dans le champ du seigneur, y produira des fruits de vie. Dussions-nous être privés de cette consolation, il nous en restera toujours une: celle de voir les liens qui doivent unir les peuples et les pasteurs se reserrer de plus en plus et l'impiété cesser de faire de nouvelles tentatives pour les rompre.

Il était réservé à notre siècle de donner en ceci l'exemple d'une bisarrerie peut-être inconnue jusqu'à présent. Il est sans doute du sort de l'Eglise d'être persécutée. En parcourant son histoire, on aurait de la peine à y trouver des pages qui ne fussent point rougies du sang de ses martyrs, ou trempées des larmes de ses confesseurs. On n'est pas surpris que des princes païens ou hérétiques aient tourné contre elle le glaive de la puissance publique, ou que des novateurs, après avoir levé l'étendard de la révolte, des Ariens, des Iconoclastes, des Calvinistes se soient montrés hostiles envers le clergé dont ils repoussaien l'enseignement et le ministère. De nos jours, ces passions haineuses sont entrées dans nos temples, ont entouré nos autels; on les a retrouvées dans le cœur de ceux qui viennent invoquer nos bénédictions sur leurs alliances, nous demandent pour leurs enfans, le sacrement de régénération, ne voudraient pas aborder les portes de l'éternité sans être encouragés par les consolations de notre ministère, et mettraient difficilement des bornes à leur exaspération si nous nous refusions à honorer de notre présence la sépulture de leurs proches. Ce sont ceux-là même qui ne restent pas toujours dans les derniers rangs, quand il s'agit de décrier le sacerdoce. Ils ne s'aperçoivent pas assez qu'ils se rendent en cela les échos de ceux qui, dans les commencemens de nos agitations, se portèrent à des excès dont on ne trouve plus d'apologiste aujourd'hui. Nous ne retracerons pas ici les pages sanglantes de notre histoire, nous observerons seulement que lors même que l'on cessa de faire des victimes, que les portes (1) Confidemus de vobis meliora et vicinoria saluti. 2 Thes. 3 v. 4. (2) Christi bonus Odor sumus. Cor. 2, v, 15.

des prisons s'ouvrirent devant les pasteurs, la réconciliation ne fut pas à beaucoup près aussi entière d'un côté, que le pardon fut généreux de l'autre. On continua de semer des préventions et des méfiances; le venin fut déposé dans ces productions éphémères, après lesquelles notre siècle court avec tant de fureur. Il y en eut surtout quelquesunes qui se distinguèrent par ce zèle honteux. On s'agita en tous les sens pour recueillir des anecdotes scandaleuses propres à déverser le mépris sur le sanctuaire. Les imputations calomnieuses y furent placées à côté de celles qui pouvaient avoir quelque fondement; les exagérations ne rebutèrent pas, on n'y regarda pas de si près.

Ce genre d'agression ne pouvait amener rien de concluant contre la vérité. Elle ne perd pas ses droits, parce que ceux qui la prêchent violeraient quelqu'un de leurs devoirs: elle ne paraît jamais aussi forte que lorsqu'elle se soutient, malgré ceux qui sont chargés de la défendre. Son éclat serait d'autant plus vif, qu'elle n'en emprunterait aucun des organes par lesquels elle se verrait forcée de passer. D'ailleurs, l'objection a eté prévue dans l'évangile. La vérité a ses garanties dans la chaire sur laquelle elle est annoncée, et non point dans les mœurs de celui qui l'annonce. Il est inévitable qu'il n'y ait dans le sanctuaire, comme ailleurs, de la zizanie mêlée au bon grain. Les faux frères formeraient l'ombre du magnifique tableau qui représenterait la religion assise sur le sommet d'un rocher dont la base est sans cesse battue par des vagues courroucées; ils la blanchissent d'une écume qui atteste leur impuissance à l'ébranler. Toutes les déclamations contre le sacerdoce tournent à la confusion de ceux qui les font. Ce sont des traits qui reviennent percer la main qui les a lancés.

La cause de cette persévérance dans l'esprit de détraction n'est pas difficile à indiquer. La vue du juste, et à plus forte raison sa voix, sont insuportables aux prévaricateurs. Hérode ne peut souffrir qu'on lui reproche son union incestueuse; Jean-Baptiste est jeté dans une prison et bientôt après décapité. Les chefs de la synaguogue se voyant assimilés à des sépulchres blanchis, se vengèrent par le calvaire et la croix. Les hommes à qui le sauveur a confié l'enseignement de sa morale ne pourraient espérer de trouver grâce devant une génération travaillée par tant de maux. Les usures dans les prêts, les injustices dans les ventes et les achats, le débordement des mœurs dans la jeunesse, les outrages à la sainteté du lien conjugal dans un âge plus mûr, Peuvent-ils demeurer paisiblement en regard, avec des prophètes à qui le ciel ordonne d'emboucher sans cesse la trompette céleste, pour faire retentir les airs de ce cri du précurseur: Tout cela vous est défendu. Non licet? Armés contre toutes les passions, est-il surprenant qu'elles s'arment contre eux.

Dans cette lutte, ne craignez pas, N. T. C. F., pour les intérêts de la vérité et par conséquent pour les vôtres. Dieu donnera à ceux qui sont chargés de la défendre, un front (1) qui ne se pliera pas devant l'arrogance des mauvaises mœurs et de l'irréligion. Ce serait de la part de celle-ci, une grossière erreur que de prendre pour symbole de défaite, le caractère de modestie qui y restera empreint. S'ils ont (1) Dabo frontem tuam duriorem frontibus eorum, Ezech. 3, v. 8.

« PoprzedniaDalej »