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Rien de plus commun dans les ouvrages de ce grand docteur, que » de représenter Adam et tous ses descendans comme une masse de réprouvés auxquels Dieu ne devait que l'enfer, et dont une misé» ricorde purement gratuite séparait quelques individus, auxquels il >> donnait la vie de la foi et de la grâce qu'il ne leur devait pas plus qu'aux autres. Nos déistes seraient terrassés par cette théologie..... » Avec des ménagemens et des sortes de concessions qui portent une » teinte de sémipélagianisme, on ne finit rien avec eux. (ibid). » Il nous prête la naïveté d'avoir déduit cette assertion de ce qui avait été dit dans l'article précédent sur le sort des enfans dont il n'était plus question ici. En voyant ces étranges aberrations, nous sommes induits à croire que votre anonyme aura réfuté nos circulaires d'après des extraits infidèles, que quelque collaborateur irréffléchi lui aura présentés. On est plus excusable d'être dupe que faussaire.

Nous n'avons dit nulle part qu'avant l'Evangile, Dieu n'eût fourni qu'aux Juifs les moyens de connaître et de pratiquer sa loi. Nous anathématisons cette doctrine que vous nous reprochez, pour que nous ne puissions pas vous en accuser, sans paraître récriminateurs ; cependant c'est la vôtre; elle découle nécessairement de vos principes; vous ne laissez aux hommes d'autres moyens de connaître cette loi, que par des traditions forgées plusieurs mille ans après dans vos cabinets, et qui, avec les plus larges concessions, ne seraient jamais arrivées à la millionième partie d'entr'eux. Dieu les traite en tyran et non en père; ils sont dans l'impuissance de connaître sa loi et d'éviter la réprobation. De notre côté nous reconnaissons cette loi, et la connaissance de son auteur, gravée de ses mains dans le cœur de chaque homme. Le sentiment en est développé par le spectacle éloquent des astres du firmament. Nous ne voulons pas que la première communication de ces grandes vérités nous arrive par le canal glacé de la parole des hommes. Nous admettons volontiers, avec Saint-Thomas, que s'ils étaient fidèles à cette loi, Dieu leur enverrait un ange pour les évangéliser. Nous vous le demandons, dans laquelle des deux hypothèses y a-t-il plus de dureté et de jansénisme?

En prononçant ce mot, nous cédons à l'impulsion de signaler un autre point de contact de votre système avec cette hérésie. Ne pensez pas pour cela que nous vous accusions sérieusement d'en être fauteurs. Les garanties que vous nous donnez sont plus que suffisantes. Nous voulons seulement faire observer comment un système incohérent s'associe à toutes les erreurs.

Le jansénisme détruit la liberté dans l'homme, et l'assimile à une balance dans les deux bassins de laquelle on jette différens degrés de grâce et de concupiscence, le plus chargé l'emporte, vous faites venir de dehors ce que les jansénistes mettent dedans. Si, dans un cas embarrassant le plus grand nombre de ceux qu'il m'est possible de consulter ou de pressentir, m'assure qu'il faut me débarasser de mon ennemi, je l'empoisonne, en tout honneur et conscience. Si vous avez de la peine à croire qu'on ose établir quelque rapport de foi entre vous et les jansénistes, nous espérons que vous ferez meilleur accueil à l'hommage qu'on rendrait à votre charité en la plaçant à côté de la leur. C'étaient des hommes excellens en ce genre. Ils la voulaient

partout et à un degré éminent; leur gazette ecclésiastique en ferait foi. Il faudrait cependant qu'ils convinssent qu'à l'àge même de la parfaite maturité, elle n'aurait été qu'un nain à côté de votre jeune mémorial.

Vous trouverez peut-être, Messieurs, que nous nous sommes un peu trop longuement justifiés du reproche de jansénisme. Vous ne nous accuserez pas au moins d'avoir manqué de déférence à votre conseil.

En témoignage de votre satisfaction, veuillez bien répondre avec franchise à une question délicate que vous nous donnez occasion de vous faire. Vous parles au même endroit: d'Hommes qui, ayant vécu avant l'évangile, sans être juifs, ne regretteront pas dans l'autre vie le néant, c'est-à-dire, qu'ils seront sauvés. Qu'étaient ces hommes que vous croyez dans les voies du salut? Adoraient-ils exclusivement le Dieu des Juifs? Ils étaiend donc Juifs. C'est le sens qu'on doit attacher à ce mot dans la question présente, puisque, selon Saint-Paul, ce n'est pas la Circoncision qui constitue essentiellement la qualité de Juif. En nous éloignant du déluge, nous ne connaissons dans l'histoire sainte que Job et sa famille qui aient pu figurer dans cette catégorie. Si vos études profondes de l'antiquité vous ont fait reconnaître quelque contrée habitée par des adorateurs exclusifs du vrai Dieu, veuillez bien nous l'indiquer. Nous les sauverons avec vous. Mais puisque vous nous accusez de barbarie et de n'être occupés qu'à damner les hommes, vous vous donnez par conséquent pour bien plus indulgens que nous, et en placez un plus grand nombre dans les voies du salut. Quels étaient-ils donc ces hommes fortunés que vous traitez si bien, quoiqu'ils ne fussent pas adorateurs exclusifs du Dieu des Juifs? Étaient-ils idolâtres ou non? Si votre réponse est négative, nous vous prions d'aller terminer vos rêves ailleurs; si vous avouez qu'ils étaient idolâtres, nous vous chasserons de nos rangs, et vous dirons, sans hésiter, que vous êtes des impies. Pélage ne voudra pas de votre accolade. Allez la donner à Voltaire et à Rousseau. Pour ne pas multiplier vos blasphèmes, nous ne vous demanderons pas ce que vous faites des idolâtres Mahométans et Juifs qui forment encore la grande majorité des habitans du globe. C'est encore parce que nous les plaçons hors des voies du salut que vous nous accusez d'être occupés à damner les hommes! Vous les placez donc aussi dans le Ciel? Il ne vous reste plus qu'à mettre l'évangile en lambeaux et à fouler la croix sous vos pieds!

CHAPITRE VII.

Reproche d'avoir dit que le Pape pourrait être hérétique et un loup dans la bergerie.

L'anonyme pousse ici des cris de victoire; il nous tient pour convaincus d'hérésie, de schisme, ou du moins d'un rebutant gallicanisme. Pour recueillir de plus amples félicitations, il y revient à deux fois; c'est son exorde et sa péroraison. Il faut avouer que l'argument est parfaitement concluant. Voilà notre complément réfuté. Puisqu'on a dit que le Pape, comme docteur particulier, pouvait être hérétique,

il est clair que la loi naturelle nous arrive par voie traditionnelle, que la raison universelle est infaillible, etc.

Après avoir uni nos voix pour augmenter la solennité de cette petite ovation, nous nous mettons sur les rangs pour en recueillir notre portion. Nous concluons d'abord que nos circulaires n'ayant donné que cette prise à l'accusation de gallicanisme, il s'ensuit qu'elles la méritaient bien peu. Ce qui vous surprendra davantage, c'est que la proposition relevée avec tant d'éclat, ne saurait être traitée ni de fausse, ni de scandaleuse, et n'est pas même gallicane.

Vous connaissez trop l'histoire, celle surtout du dixième siècle, pour vous être sérieusement scandalisés de ce qu'on a dit que le Pape pouvait devenir un loup dans la bergerie. Dieu, en permettant que la première chaire fût souillée par les vices les plus dégoûtans, a montré la force de son bras, et prouvé qu'une religion émanée de son sein, pouvait se soutenir sans le secours des hommes, à qui il avait confié cet honorable ministère. N'ayant pu être scandalisés de cette seconde partie de notre proposition, et paraissant l'être, il est évident, Messieurs, que vous n'avez cherché qu'à attirer sur nous un mépris qui n'était pas mérité.

Vous signalez avec plus d'ostentation encore la première, cependant il est très vrai de dire qu'elle ne tient pas même aux doctrines gallicanes, elle est tout-à-fait ultramontaine. C'est le savant et pieux cardinal Bellarmin que nous en prenons à témoin. Dans son second livre De Rom. pont., cap. 30, il reconnaît que l'opinion la plus commune est que le Pape peut-être hérétique; communis opinio est. On pardonnerait volontiers à des écrivains qui ont eu tant de recherches à faire pour prouver que l'idolâtrie n'avait été qu'un fantôme, de n'avoir pas trouvé le loisir de lire les différens traités de Saint-Augustin contre les Pélagiens; mais on ne devait pas s'attendre à les trouver étrangers aux productions du cardinal Bellarmin, et à les voir nous courir sus pour une proposition qu'il atteste être communément enseignée en Italie, quoiqu'il ne l'enseignât pas lui-même. L'occasion à laquelle nous l'avons émise eût dû éloigner toute pensée d'en faire un tort; elle est placée sans dessein entre deux phrases, dont l'une s'exprime sur l'infaillibilité du Pape, et l'autre sur les rapports de supériorité entre lui et le concile, d'une manière qui ne saurait déplaire à l'ultramontanisme le plus exigeant. Faut-il bien qu'il en soit ainsi, puisque vous n'avez rien trouvé à y flétrir de vos censures. Vous avez compris qu'il ne s'y agissait que du Pape comme docteur particulier; vous auriez dû le dire; la question devient dès-lors toutà-fait étrangère à celle de l'infaillibilité à laquelle on ne croît, même à Rome, que lorsqu'il parle en qualité de juge, et après s'être entouré de ses conseils. Cette modification seule, universellement admise, vient à l'appui de l'opinion commune, que lorsqu'il parle comme théologien particulier, l'hérésie peut sortir de sa plume. La bonne foi aurait du moins exigé que vous eussiez terminé la phrase; la voici en son entier. « Le Pape peut être hérétique, et devenir, par sa mau» vaise administration et la dépravation de ses mœurs, un loup dans »la bergerie, et alors un concile général réuni pour remédier aux » maux de l'Eglise, est son supérieur. » On aurait vu que nous n'a

vions été amenés à la première partie de notre proposition, que pour restreindre dans la seconde ce que plusieurs théologiens enseignent sur la supériorité indéfinie du concile. Les esprits sans prevention auraient pu trouver matière à des éloges là où vous avez cru en trouver à des anathèmes; ils auraient rapproché cette phrase inculpée, de tant d'autres témoignages de notre respect profond pour le SaintSiège et pour les pontifes qui l'ont occupé, et l'auraient interprétée par ceux-ci; ils auraient peut-être daigné signaler avec intérêt ce que nous avons dit en 1823 sur Saint-Grégoire VII. Voici les termes dont nous nous sommes servis: « On a vu avec peine, qu'un procès>> verbal ait traité d'une manière peu respectueuse Saint-Grégoire » VII; le rédacteur ignorait peut-être que l'Eglise l'a placé au rang » de ses saints, et que l'histoire lui en conservera un parmi les plus » grands pontifes. Si Pie VII avait occupé le Siège à la même » époque, il aurait vraisemblablement tenu la même conduite. » Vous auriez d'ailleurs dû sentir que nos circulaires relatives aux conférences, sont exclusivement adressées au clergé, et ont tout-àfait le caractère d'une correspondance de famille. Ši nous avions pu prévoir qu'une main indiscrète les portât à la connaissance du public et les livrât à l'examen de quelques théologiens de salon, nous aurions donné des explications propres à prévenir la sorte de scandale que vous leur avez fait produire. Ils diront à présent que ce sont de bien mauvaises gens que ces examinateurs de Gap, qui traitent le Pape d'hérétique et de loup dans la bergerie; et, avouez-le franchement, c'est là tout se que vous avez voulu.

Il est toutefois un reproche que nous reconnaitrions plus mérité, mais qui ne saurait nous être fait par vous; c'est d'avoir occupé le clergé de ces disputes surannées qui n'auraient jamais dû naître, et que vous deviez encore moins chercher à exhumer. Quand nous avons vu que vous poussiez tout à outrance, que vous faisiez supporter aux doctrines de 1682, les dures conséquences qu'en tirait l'ancienne magistrature; que vous prononciez les noms de schisme et d'hérésie; que vous sonniez le tocsin et appeliez les partis sur le champ de bataille, nous avons dû prendre le caractère de médiateur, et parler malgré nous de ce dont vous n'auriez pas dû parler vousmêmes. Nons pouvons dire ici, comme Saint-Paul aux Galates: si nous avons manqué de sagesse, c'est vous qui nous y avez forcé; vos me coegistis. Au reste, les illusions sont dissipées, votre grand zèle contre le gallicanisme n'a évidemment été qu'une astucieuse diversion imaginée pour déprécier l'épiscopat et faire circuler plus librement vos doctrines sur la loi naturelle. Nous les croyons fausses, hérétiques ou voisines de l'hérésie et impies, au moins dans leurs conséquences. Nous soutiendrons partout notre accusation, et nous ne pensons pas que l'auteur de cette nouveauté voulût se trouver aux côtés de quelqu'un de nous aux pieds du Saint-Siège. Nous y paraîtrions avec toute la sécurité que nous inspirerait le respect profond que nous avons constamment eu pour lui; nous porterions dans nos mains nos circulaires et nos complémens; nous les soumettrions humblement au jugement de celui qui est l'organe de Pierre; s'il les renvoyait à l'examen d'une congrégation, il n'aurait pas à craindre d'importunité de

notre part, et que nous lui dérobassions encore quelqu'un des momens précieux qu'il consacre au gouvernement de l'Eglise et de ses états. Un mot dit à l'oreille par le président de cette congrégation, serait pour nous un jugement définitif; que dis-je? nous déchirerions, foulerions aux pieds et brûlerions toutes les pages qui auraient déplu, et celle où il est dit que le Pape, comme docteur particulier, peut devenir hérétique, etc., si l'opinion que nous avons exprimée avait cessé d'être commune, comme au temps de Bellarmin. En rentrant dans le diocèse, nous publierons telle explication qui nous aurait été conseillée. Partagerait-il notre sécurité et nos sentimens, celui qui a parlé des gouvernemens légitimes, comme en parlent tous les factieux de l'Europe, et porte écrit sur son front, liberté de la presse, à bas les Jésuites. Il faudrait là, sans tergiversations, reconnaître l'illustration immédiate de la loi naturelle, renoncer expressément à la voie traditionnelle, et abjurer toutes les conséquences impies que nous avons signalées. Libre à lui, s'il souscrivait à tous ses points, de solliciter des remerciemens ou des récompenses pour le zèle qu'il a montré contre les doctrines gallicanes; s'il éprouvait quelque difficulté, ce n'est pas nous qui l'aurions suscitée; mais nous craignons bien qu'il ne lui fût répondu que personne n'avait ni commandé, ni conseillé, ni approuvé ce zèle.

CHAPITRE VIII.

Le système menace d'un schisme.

Pour ne pas nous exposer à des exagérations dans les choses péníbles que nous aurons à dire, les faits seuls dirigeront notre marche. Nous n'avons plus rien à ajouter sur le fond même de la doctrine que nous défendons; nous avons prouvé assez au long qu'elle fait partie du dépôt de la foi; nos adversaires en conviennent malgré eux, puisqu'ils rougissent de celle qu'ils prétendent y subroger, et qu'ils la couvrent du voile de la dissimulation. On ne prend pas de si sévères précautions pour des opinions purement philosophiques. L'Eglise ne saurait laisser mettre en problême s'il y a une loi naturelle, et si le paganisme et les abominations qu'il entrainait à sa suite, étaient des crimes. La matière ne manque donc pas à un schisme, si les disputes continuent, et que le chef de l'Eglise se croie obligé de faire entendre sa voix.

Des anxiétés avaient déjà été exprimées dans le premier complément; elles ont depuis beaucoup augmenté. L'auteur du système, à qui nous aurions cru d'abord pouvoir ne pas les étendre, en fait aujourd'hui le principal objet. Il semblera à la plupart de ses disciples qu'il y a une sorte de délire à les soupçonner de pouvoir un jour former une secte, à la tête de laquelle se trouverait celui qui s'est donné pour le défenseur le plus intrépide du Saint-Siège. Cela scul prouve qu'on a parfaitement réussi à leur cacher le piège dans lequel ils sont sur le point de se laisser prendre. Ils ne font pas attention qu'il en est de la foi comme des mœurs, et qu'on n'est jamais plus près d'une chute qu'au moment où l'on s'en croit le plus loin. Le

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