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d'où sortaient des râles d'agonie, où s'entendaient les hoquets de la mort, dans la zone empourprée de la lumière, partout dans la grande salle, on respirait un air épais et chaud, imprégné de ces senteurs âcres et fades qu'exhale le sang. Cette lugubre pièce était plus triste et plus sinistre qu'un champ de bataille, où les armes brisées ou abandonnées, où les cadavres mêmes parlent de luttes héroïques et font tressaillir de colère ou d'enthousiasme, tandis qu'ici, l'âme ne pouvait être émue que de douleur et de pitié profonde.

Au dehors, dans la rue, on entendait quelquefois passer une troupe ou un guerrier, mais l'une et l'autre étaient silencieux; leurs pas semblaient pensifs. Plus loin, au-delà des fortifications, dans la plaine et sur les coteaux, c'était la rumeur sourde, le bruit lointain et indescriptible de la double armée romaine et germaine; mais, si grande qu'elle fût, la victoire était sans joie pour les vainqueurs : dans la ville, comme dans la campagne jonchée de cadavres, cette nuit était solennelle et surtout lugubre !...

Enfin, Vercingétorix releva la tête; son regard fit le tour de la sombre salle où les Gaules agonisaient, et s'arrêta sur Luern. Ses sourcils contractés, ses grands yeux noirs, perdirent leur expression douloureuse; son visage demeura triste, mais ses traits exprimèrent comme une pensée tendre, et il dit affectueusement: Comment es-tu, pauvre enfant ?

Luern saisit l'une de ses mains, la pressa avec une effusion reconnaissante, et lui répondit: Bien, si je peux te servir!.... Mais ne t'occupe pas de moi, pense

....

pense encore! ....

Le Brenn comprit le sentiment d'humilité et de dévouement absolu du jeune Volke, et lui dit avec un sourire d'une amertume navrante: C'est mon égoïsme qui me dicte ma question, Luern, car j'ai besoin de toi.

Je suis prêt! que faut-il faire? ...

-Tout est perdu! répartit Vercingétorix; moi, je n'ai plus qu'à mourir; j'ai fait pour notre patrie tout ce que j'ai pu ; si j'ai été au-dessous de ma mission, je n'en suis pas coupable, car j'ai toujours apporté dans l'accomplissement de ma tâche un dévouement absolu. Je ne crois pas avoir commis de faute, mais il était peut-être trop tard: les Gaules ne pouvaient peut-être plus être sauvées. Il eut en disant cela un soupir déchirant. Quoi qu'il en soit, poursuivit-il, tout est fini, et je dois mourir avec l'indépendance de mon pays; mais je voudrais sauver mon enfant et ma noble Octavia....! En parlant de ces

êtres chers, il ne put retenir une larme. -Luern attendit qu'il se remit et qu'il achevât. - Entre tous mes dévoués, tu es de beaucoup le plus jeune, reprit Vercingétorix; cependant, c'est toi que j'ai choisi pour remplir cette mission sainte, de protéger la femme de ton chef, de sauver ce qui reste du sang de Celtill et de Vercingétorix, de dérober au glaive de César ou à la corruption de Rome le fils du dernier Brenn des Grandes-Gaules! Veux-tu l'essayer?...

- Dis-moi ce que je dois faire, dit Luern, je le ferai, et puis j'irai te rejoindre et rejoindre mon père avant que vous quittiez Boc-an-anaou (1), la baie des Trépassés.

Non, dit Vercingétorix en caressant affectueusement les cheveux de l'adolescent, je te défends de venir nous rejoindre, parce que ceux que je te confie auront longtemps besoin de toi. Mais Bathanat, qui a déjà quitté abred, mais moi-même, qui t'aime comme un fils, quand je serai rentré dans le cercle de lumière, nous t'inspirerons et nous veillerons sur toi. Tu te rendras donc à Gergovie. Tu raconteras à Octavia les événements qu'elle ignore, puisque depuis deux mois je n'ai pu lui envoyer aucun messager, et puis tu la conduiras avec mon fils au seul parent qui nous reste, à Taliésin, le Grand-Druide, qui réside dans la forêt de Méadhon-lan, chez les Aulerkes. Parle souvent de moi, ajouta-t-il encore avec émotion, à celle que j'ai tant aimée! et sois dévoué au fils, comme tu l'as été au père! Me le promets-tu?

― Je mourrai pour t'obéir, si c'est nécessaire; et dussé-je les tuer tous les deux, ni ta femme, ni ton fils, ne tomberont aux mains des Romains, je te le jure! répondit Luern avec une solennité pleine de grandeur.

Le serment du jeune Volke et la pensée qu'il exprimait spontanément, comme une conséquence naturelle de sa protection,

(1) A l'extrémité du continent européen, en face de l'île de Sein, au pied du gigantesque promontoire de Plogoff, à la côte de Bretagne, est la baie des Ames on la baie des Trépassés; c'est son nom encore aujourd'hui. C'était là, selon les druides, que se réunissaient les âmes pour aller se faire juger le 1er novembre; d'où notre fête des morts, actuellement. — “Le peuple de ces côtes, dit le poëte Claudien, entend les gémissements des ombres, volant avec un léger bruit.. il voit passer les pâles fantômes des morts."-"A minuit, dans la nuit du 1er au 2 novembre, les pêcheurs, les nautonniers de ces rivages, entendent heurter à leur porte; ils se lèvent, et trouvent sur la plage des barques inconnues, qu'ils sentent s'appesantir sous le poids d'hôtes invisibles; ils font voile au couchant, emportés sur les flots avec une vitesse étourdissante; lorsqu'ils touchent aux côtes de Bretagne — Albion, Gde-Bretagne - les barques s'allégent, les âmes sont parties!"-Procop., De bello gothico, IV, 20.

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glissèrent sur le cœur du grand patriote comme un rayon de soleil sur une fleur aux pétales inondés: le rayon boit les gouttes de pluie sous le poids desquelles la fleur penche, et la plante redresse sa tige plus vivace et plus forte; telle l'âme de Vercingétorix se releva, car il se dit que le peuple où les jeunes hommes pensaient ainsi, était le peuple élu ! la tribu de la lumière ! la nation privilégiée d'Hésus! un peuple immortel! Et quelque chose comme une lueur d'espérance illumina son âme. Il pressa le jeune homme contre sa poitrine et lui dit :Merci! Maintenant laisse-moi songer à mes frères: la lutte est, hélas ! finie pour moi; mais eux, je puis peut-être les sauver de la mort ou de la servitude personnelle....

La nuit s'écoula, l'une des plus terribles nuits qu'ait enregistrées l'histoire !

Quand vint le jour, Vercingétorix convoqua ses compagnons et "leur proposa de satisfaire aux Romains par sa mort, ou de le livrer vivant (1): il poussait le dévouement jusqu'à renoncer à mourir !

On envoya savoir les volontés de César. Le proconsul ordonna qu'on lui livrât les chefs et les armes, et vint siéger, pour les recevoir, sur un tribunal élevé entre les retranchements et la ville. "Tout à coup un cavalier de haute taille, couvert d'armes resplendissantes, monté sur un cheval magnifiquement caparaçonné, arrive au galop, droit au siége de César. Vercingétorix s'était paré comme la victime pour le sacrifice! Sa brusque apparition, son imposant aspect excitent un mouvement de surprise, presque d'effroi. Il saute à terre, jette ses armes aux pieds de César... et se tait!"

Devant la majesté d'une telle infortune, les durs soldats de Rome se sentaient émus. César seul ne le fut pas, et se montra au-dessous de sa fortune. Il fut implacable pour celui qui lui avait fait perdre, pour un seul jour, le nom d'Invincible.

Il éclata en reproches sur son amitié trahie et ses bienfaits méprisés, et il livra le héros des Gaules aux liens des licteurs.

Vercingétorix, réservé aux pompes outrageantes du triomphe, dut attendre six années, que la hache du bourreau vint enfir affranchir son âme et l'envoyer rejoindre ses pères dans le cercle céleste (2)!

(1) César, VII, 89.

(2) L'auteur croit remplir un devoir de probité en répétant qu'il a extrait la plus grande partie du précis de la guerre, de M. H. Martin et des Commentaires de César.

REVUE DES REVUES:

LA SCIENZA ITALIANA, LA REVUE DU MONDE CATHOLIQUE ET LA REVUE DE MONTRÉAL.

II

Nous ne disons pas que l'Académie philosophico-médicale ait de tout point correspondu à l'attente du souverain Pontife, mais il est indubitable, non-seulement qu'elle a fait du bien, beaucoup de bien, mais encore que si elle a péché, c'est par excès de zèle, soutenant avec trop de confiance, sur la composition des corps en particulier, la théorie de S. Thomas, ou, du moins, la théorie qu'elle croyait être celle du grand docteur.

Cette ardeur, si elle a été un peu trop loin et nous croyons qu'il en est ainsi en effet se trouve aujourd'hui modérée par la lettre de Mgr Czacki, écrite par l'ordre même du souverain Pontife.

Quoi qu'il en soit, nous voudrions voir au milieu de nos concitoyens une académie de ce genre.

Il ne faut pas tarder de ramener la science médicale au devoir. Sans doute, le matérialisme n'est enseigné nulle part au Canada, mais il y a nous le savons énoncées ça et là, des théories qui n'en sont pas aussi éloignées qu'on pourrait le croire.

Nous sommes prêt à le prouver, si on en doute.

Pour en revenir au point d'où nous sommes parti, voici les paroles que La Scienza Italiana écrit à notre adresse, ou plutôt à l'adresse de nos collaborateurs. C'est dans un article bibliographique dù à la plume du savant docteur Venturoli, qu'apparait notre humble Revue. Trois revues y sont annoncées: La Ciencia cristiana, de Madrid, la Revue de Montréal et la Revue des questions scientifiques.

"Puisque nous avons, dit la Revue italienne, dû combattre et déplorer, dans la livraison présente, les écrits consacrés à l'erreur, qui vont se publiant tous les jours, et les signaler au public, afin qu'il en juge avec la sévérité qu'ils méritent, nous

pouvons bien maintenant chercher une compensation en tournant nos regards d'un autre côté, pour y trouver des consolations. Et c'est une consolation, vraiment, de voir qu'à l'erreur envahissante, on ne cesse d'opposer les sains enseignements de la science. De fait, en annonçant ces nouvelles publications périodiques, lesquelles viennent se joindre au grand nombre d'autres qui, depuis longtemps, sous diverses formes, combattent, au nom de la vraie science ainsi que de la religion, les erreurs des sciences mêmes, nous ne pouvons que nous réjouir, en voyant que les phalanges de cette sainte milice vont toujours se renforçant davantage...

"De la Revue de Montréal nous n'avons jusqu'ici que deux livraisons, car elle n'a paru pour la première fois qu'au mois de février (1); mais avec ces deux livraisons, nous en avons assez pour nous promettre une bonne et abondante moisson, dans cette terre lointaine du Canada, toujours française de caractère, et, par conséquent, toujours catholique par la foi."

Nous aimons ce témoignage; il nous plaît, et aucun de nos lecteurs ne voudra qu'on l'apprécie autrement.

La Revue du Monde catholique a, elle aussi, depuis assez longtemps déjà, bien voulu dire un mot de nous.

Cette revue est trop connue au Canada pour que nous ayons besoin d'en faire l'histoire.

On sait qu'elle a été fondée en 1861 par M. Victor Palmé, et qu'elle fut rédigée alors par MM. Veuillot.

On connaît ses rédacteurs actuels, qui sont : MM. Léon Gautier, J. Chantrel, Henri Lasserre, Léon Aubineau, Léonce de la Rallaye, E. Loudun, Paul Féval, Arthur Loth, Poujoulat, Barbey d'Aurevilly, E. Hello, Dubosc de Pesquidoux, Rambosson, E. Charles, A. Leyret, Claire de Chandeneux, Alex. de S-Albin, Deschamps, vicaire général de Châlons, Demimuid et Durand, professeurs à l'Université catholique de Paris, Grandclaude, du diocèse de Saint-Dié, Verlaque, G. Chevallier, P. Pradié, député.

M. Victor Palmé est l'éditeur des Bollandistes.

Il publie le Mois littéraire, artistique et scientifique, comme annexe de la Revue du Monde catholique, ainsi que le Courrier des Universités, etc.

(1) Cet article de la Scienza Italiana est du mois d'avril.

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