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été témoins n'était qu'une hallucination produite par l'esprit malin, dans le but d'empêcher le prêtre d'arriver assez vite pour recevoir la confession du pécheur mourant.

-Il faut que nous ayons eu la vue trouble hier soir, dit Augustin, en constatant l'état de la glace.

- Desiderium peccatorum peribit : le désir du pécheur périra avec lui, prononça gravement le prêtre.

Et ils continuèrent leur route en songeant aux terribles effets de la vengeance du Tout-Puissant.

Tel est le récit que me fit M. G** lui-même.

Mais, ajouta-t-il, j'ai un autre fait qui va vous consoler de cette lugubre histoire. Cette fois, "le bon Dieu s'en est mêlé.” Voici comment la chose est arrivée. Une belle matinée de printemps, un de mes paroissiens irlandais arriva au presbytère, dans une carriole à laquelle était attelé un misérable petit cheval dont vous n'auriez pas donné cent sous. L'Irlandais était un vieillard du nom de Mooney; il venait me chercher en toute hâte pour administrer une de ses parentes très-âgée, qui demeurait à quinze milles du presbytère. Je savais que la vieille ne parlait pas un mot de français et j'ignorais complétement la langue anglaise. Je partis, néanmoins, à la grâce de Dieu, non sans faire remarquer à Mooney que son cheval ne nous rendrait probablement pas à mi-chemin.

- Pourtant, monsieur, répondit-il, s'il nous mène du train. qu'il m'a amené ici, j'ai lieu de croire que vous n'aurez pas à vous plaindre.

En effet, et toute singulière que la chose puisse paraître, le petit cheval partit à fond de train, sans avoir besoin ni des guides ni du fouet.

Mooney me dit pourtant que sa bête n'avait mangé que de la paille pendant tout l'hiver, malgré un travail constant, et que, d'ordinaire, tous les coups de fouet du monde n'auraient pas pu lui faire quitter son allure habituelle, qui était le pas le plus lent possible.

-Ce cheval, ajouta-t-il, est la plus triste rosse que j'aie encore rencontrée; et, cependant, aujourd'hui, voyez comme il nous emporte. Je n'y comprends plus rien du tout.

Nous arrivâmes à une rivière qu'il fallait franchir, à un endroit où un grand nombre d'hommes étaient occupés à couper du bois. En nous voyant arriver, ils se mirent à crier et à courir vers nous. Mais nous n'eûmes pas le temps d'entendre ce qu'ils disaient le petit cheval filait comme un trait. Il passa la

rivière sur la glace, et, en un temps relativement très-court, j'arrivai au chevet de la malade. Je la confessai, et, à mon grand étonnement, je compris parfaitement tout ce qu'elle me dit, tandis qu'elle semblait saisir facilement le sens de mes paroles, quoique je lui parlasse le français, qu'elle ignorait, et qu'elle me répondit en se servant de l'anglais, que je n'avais jamais compris.

J'avais à peine fini de lui administrer les derniers sacrements, qu'elle mourut de la mort des justes, en me jetant un dernier regard rempli de reconnaissance.

Je remontai alors en voiture pour revenir chez moi; mais au bout d'un mille, nous fûmes obligés de prendre un autre cheval notre coursier de tout à l'heure avait repris ses anciennes allures, et nous aurions passé la semaine en route.

Lorsque nous fûmes rendus à la rivière que nous avions traversée quelques heures auparavant, je constatai, à mon grand désappointement, qu'elle était entièrement libre de glaces. On ne voyait pas même ces glaçons flottants qui continuent à passer pendant les trois ou quatre jours qui suivent une débâcle. Il fallut faire un détour de plusieurs milles pour trouver un bac et venir reprendre le chemin vis-à-vis du même point, à l'endroit ou était le chantier dout j'ai parlé un peu plus haut.

A notre arrivée, les hommes du chantier entourèrent la voiture et nous marquèrent leur extrême étonnement de ce que nous avions passé la rivière le matin. Ils nous assurèrent que la glace était partie depuis plusieurs jours; qu'en nous voyant nous engager dans cet endroit, ils avaient crié de toutes leurs forces pour nous avertir; mais que le petit cheval, lancé à toute bride, avait passé sur l'eau, avec la carriole, comme si la glace eût encore été là.

Je voulus leur assurer que j'avais passé sur la glace, mais ils me répondirent qu'il n'y avait pas moyen de s'y tromper: la rivière était libre depuis quatre jours.

Je quittai ces braves gens et poursuivis ma route en songeant aux mystérieux desseins de la Providence, qui sait châtier le coupable endurci, mais qui commande aux éléments pour qu'une âme humble et pieuse ne parte pas de ce monde sans recevoir, par le ministère de la religion, un avant-goût de ce bonheur qui doit luire sur elle pendant toute l'éternité.

ROCLEF.

Traduit de l'anglais par N. L.

DES DOUBLES MARÉES

QUI SE PRODUISENT EN MÊME TEMPS

DES DEUX CÔTÉS OPPOSÉS DU GLOBE

On sait que, deux fois par jour, à 12 heures 25 minutes d'intervalle, les flots de l'Océan produisent en s'élevant un phénomène qu'on appelle marée.

Les astronomes sont d'accord pour reconnaître que ce déplacement d'une partie du volume des eaux, est dû à l'influence de la lune, ou de la lune et du soleil, dont les forces d'attraction s'unissent ou se contrarient, pour produire, selon leur position respective, les marées ordinaires ou les grandes marées Les mêmes influences, mais développées par la situation du globe à l'écliptique, à l'époque des équinoxes, provoquent les marées encore plus considérables qui surviennent alors.

Tout cela est rationnel. Les anciens l'avaient constaté sans l'expliquer, puisqu'on rapporte qu'Aristote se jeta dans l'Euripe et se noya de désespoir, en se voyant incapable d'expliquer le lux et le reflux de la mer.

Mais Kepler pressentit et émit jusqu'à un certain point le principe que Newton développa plus tard, nous voulons parler de cette grande loi de la gravitation universelle, qu'on retrouve partout.

Peut-être même que cette loi est la seule que le Créateur ait faite. Nous sommes induit à le croire par l'idée que nous nous faisons de la grandeur de Dieu, et par tout ce que nous voyons; car on la reconnaît dans la révolution des astres, dont elle preserit la marche et l'équilibre; dans les entrailles de la terre, où elle forme les minéraux, sous le nom d'attraction ou d'affinité des corps; au fond des mers, où la perle et la nacre s'élaborent lentement sous son influence; dans le mariage des plantes;

dans les réactions produites par la chimie, réactions dans lesquelles on voit les contraires s'isoler et les semblables se rechercher et s'unir, avec les apparences d'un mouvement vital On retrouve encore cette loi dans le cerveau de l'homme, car, sans nier l'intervention de Dieu dans la création des éléments de la pensée, on ne peut méconnaître que nos vices et nos qualités ne dépendent, jusqu'à un certain point, de tendances physiques enfantées par cette loi qui engendre ailleurs l'attraction, l'affinité, la gravitation, le niveau ou l'équilibre- c'est-à-dire la même chose, les mêmes actes, sous divers noms, dans différentes circonstances - mais qui est toujours cause de ce qui fait l'ordre, c'est-à-dire l'harmonie dans toute la nature.

Nous désirons qu'on ne voie pas, dans ce qui précède, une tentative philosophique fort loin de notre pensée. Ce que nous venons de dire n'est que le préambule naturel, et presque obligé, de la démonstration d'un phénomène qu'on déclare très-complexe, et qui nous semble, au contraire, essentiellement simple, si on le rapporte à la loi dont nous venons de parler; et c'est pour cela que nous avons dû commencer par dire que cette loi est générale, peut-être même unique.

Sir John Herschell, qu'il importe ici de ne pas confondre avec son père, sir William Herschell, s'exprime ainsi :

"Les marées sont un sujet d'étrange difficulté de compréhension pour un grand nombre de personnes. Que la lune, par son attraction, rapproche d'elle les vagues de l'Océan, cela semble tout naturel; mais que la même attraction provoque les mêmes effets sur le côté opposé de la terre, et au même moment, cela paraît matériellement impossible et d'une absurdité palpable! Pourtant, rien n'est plus vrai."

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Rien n'est plus faux, au contraire, et la suite de cet article le démontrera.

Or, c'est ce phénomène parfaitement défini, que nous croyons inexpliqué jusqu'à ce jour.

En effet, nous croyons que sa simultanéité dans deux hémisphères différents, n'est pas due à l'attraction de la lune s'exerçant en même temps aux deux côtés opposés du globe, ni à la force centrifuge produite par la rotation de la terre, ni aux autres causes présentées jusqu'à présent―qui nous paraissent de véritables aberrations - mais uniquement à la loi de gravi

tation dont nous avons parlé ; et cette loi nous paraît s'exercer ici de la façon la plus élémentaire, la moins complexe, et la plus évidente.

La conscience que nous avons de notre infériorité, au double point de vue de la science et du génie, nous empêche de citer les noms des auteurs des systèmes que nous allons résumer, parce que nous aurons à ajouter que ces systèmes sont faux. Pourtant, il est difficile de n'être pas frappé de l'inconséquence ou de l'incohérence des raisonnements, comme des différences radicales qui existent entre les opinions émises sur ce sujet par des hommes qui sont également illustres. Et si, sur dix théories présentées, il y en a neuf qu'on doit nécessairement rejeter, il ne nous semble pas impossible que la dixième ne soit pas plus vraie que les neuf autres, fût-elle signée par Herschell, puisqu'elle est en opposition avec celle qui est signée par de Laplace.

Aujourd'hui, l'on ne discute plus sur cette question, mais les auteurs des meilleurs traités n'en diffèrent pas moins entre eux. Chacun d'eux a sa théorie et la présente comme un acte de foi que nous sommes invités à répéter dévotement, sans examen et sans discussion: Magister dixit, ça suffit!

Les uns nous disent: "Au lieu de n'y avoir qu'une marée directement sous la lune, comme le raisonnement devrait suggérer de le croire, il existe une autre marée qui se produit en même temps, du côté de la terre directement opposé. Cette agglomération des eaux, dans le même temps et sur deux points diamétralement opposés l'un à l'autre, détermine aux points justement intermédiaires un abaissement de la masse, qu'on appelle, par opposition au phénomène de soulèvement, marée basse.

"Ces quatre marées quotidiennes, dont deux basses et deux hantes, en passant chaque jour d'est en ouest, provoquent le flux et le reflux, tous les 12" 25", sur les mêmes rivages.

"La cause de cette élévation simultanée des flots, de l'un et de l'autre côté de la terre, est due à l'influence de la lune et du soleil sur les eaux, mais plus spécialement à celle de la lune. La principale cause des marées du côté de la terre qui est opposé à la lune, vient de la différence d'attraction de la lune sur les divers points du globe. Cette différence s'ex

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