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LE LIBÉRALISME, LEÇONS DONNÉES A L'UNIVERSITÉ LAVAL PAR MGR BENJAMIN PAQUET, CAMERIER SECRET DE SA SAINTETÉ PIE IX, DOCTEUR EN THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ GRÉGORIENNE ET PROFESSEUR a la Faculté de Théologie. — Deuxième édition, revue, corrigée et augmentée. - Rome, imprimerie polyglotte de la S. C. de la Propagande, 1877.

Comme on le voit, Mgr Benjamin Pâquet vient de faire imprimer à Rome une deuxième édition de son ouvrage intitulé LE LIBÉRALISME, dont la première parut à Québec en 1872. Tous les amis de la bonne doctrine ne manqueront pas d'applaudir à la pensée du savant théologien, et l'on éprouve un juste sentiment d'orgueil en voyant qu'un ouvrage à la fois si sérieux et si utile a pu, en quelques années, parvenir à sa deuxième édition, dans un pays où on ne lit pas assez les travaux de ce genre, et où l'on dédaigne trop ce qui ne vient pas de l'étranger.

La nouvelle édition est honorée d'un bref du Saint Père et précédée de l'appréciation que la Civiltà Cattolica a faite de cet opuscule, lors de son apparition.

Nous tenons à reproduire d'abord le bref du Saint Père.

PIE IX SOUVERAIN PONTIFE

A NOTRE CHER FILS BENJAMIN PAQUET, PRÊTRE DOYEN ET PROFESSEUR ÉMÉRITE DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL.

Bien-aimé fils, Salut et Bénédiction Apostolique.

Nous vous félicitons, cher fils, de ce que, appelé à enseigner la théologie, vous avez pris soin de prémunir d'une manière toute spéciale les jeunes clers contre l'erreur, très répandue aujourd'hui, du libéralisme; erreur qui, sous le couvert d'une teinte de

DILECTO FILIO BENIAMINO PAQUET PRESBYTERO IAM DECANO ET PROFESSORI EMERITO FACULTATIS THEOLOGICE IN UNIVERSITATE LAVALLENSI,

PIUS PP. IX.

Dilecte Fili, Salutem et Apostolicam Benedictionem.

Gratulamur tibi, Dilecte Fili, quod theologicas traditurus disciplinas, adolescentem Clerum peculiariter munire curaveris adversus errorem, hodie vulgatissimum, liberalismi; qui lenitus catholicoque nomine honestatus sic

modération et du titre de catholique, envahit d'ordinaire les esprits honnêtes et les infecte à leur insu de la peste de principes capables de tout 'renverser. Imbus de ce poison, ils se croient permis de suivre des opinions que leur nature politique semble mettre en dehors de la sphère du magistère de l'Eglise, peu au courant, selon eux, des besoins de la société civile. Ils imaginent, en conséquence, qu'elle use d'une sévérité injuste en réprouvant des doctrines que réclame le progrès de l'humanité, et qu'il vaudrait mieux montrer une indulgence propre à opérer la conciliation avec les dissidents. En agissant ainsi, ils ne s'aperçoivent nullement que, dans l'appréciation de la doctrine ils préfèrent leur sentiment personnel au jugement de l'Eglise ; qu'ils s'éloignent peu à peu de la soumission due à la chaire de vérité; que pour cette raison ils envisagent avec un esprit prévenu ses droits et ses divines prérogatives; qu'ils rompent l'unité; que non-seulement ils divisent des forces qui devraient être opposées unies aux efforts des ennemis, mais encore qu'ils les tournent les unes contre les autres ; qu'ils se rendent aux désirs des adversaires et leur tendent une main amie; qu'ils s'efforcent d'incliner vers l'erreur la vérité, inflexible de sa nature; que par cette conduite ils déplaisent également à Dieu dont ils s'éloignent et à ses ennemis qu'ils ne satisfont pas pleinement, et qui, plus logiques dans leur raisonnement, admettent sans difficulté, défendent et urgent les dernières conhonestos pervadere solet animos, ut iis inopinantibus pestem ingerat principiorum omnia subvertentium. Hoc imbuti veneno, liberum sibi putant eas sequi opiniones, quæ, politica ipsarum indole spectata, alienæ videntur ab Ecclesiæ magisterio, cui minus perspectas esse arbitrantur sæcularis consortii necessitates; adeoque existimant, ipsam severius, quam par est, illas reprobare doctrinas, quas ipse postulat humanitatis progressus, et satius esse futuram eam adhibere indulgentiam, quæ cum dissidentibus conciliationem adduceret. Hæc autem mente revolventes minime animadvertunt, se in iudicio de doctrina sententiam propriam Ecclesiæ sententiæ præferre; recedere paulatim ab obsequio debito cathedræ veritatis, eiusque propterea iura, divinasque prærogativas iam animo se minus æquo spectare; scindere unitatem; vires, quæ coniunctæ deberent hostibus opponi, non modo disgregare, sed in se invicem convertere; descendere in adversariorum postulata amicamque iis manum præbere; conari veritatem, natura sua inflexibilem, inclinare in errorem; per hæc vero displicere se Deo, a quo secedunt, simulque inimicis eius, quibus non prorsus assentiuntur; et qui, sapientius ipsis ratiocinantes, extrema consectaria ab ipsis reiecta, utpote sponte fluentia a præmissis, ultro excipiunt, propugnant et urgent. Equidem tempus hactenus Nobis defuit ea legendi, quæ a te tradita olim hac de re discipulis, libello

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séquences qui découlent rigoureusement de leurs prémisses, bien que rejetées par eux. A la vérité, jusqu'à présent, Nous n'avons pas eu le temps de lire ce que vous avez autrefois enseigné aux élèves sur cette matière et qui se trouve réuni dans le petit livre que vous Nous avez offert; mais le titre même de ce livre et ce que vous avez dit dans la lettre que vous Nous avez adressée, Nous ont assez montré, qu'en traitant du libéralisme, vous avez choisi un sujet très opportun pour notre temps, qui est si infecté de cette erreur pernicieuse. C'est pourquoi Nous ne pouvons Nous empêcher de louer votre entreprise et de souhaiter le succès à votre travail; Nous souhaitons que tout ce qui se trouve dans votre enseignement oral ou écrit sur ce sujet et conforme à la doctrine de ce Saint-Siége éloigne un grand nombre des embûches de cette erreur si répandue, ou ramène à de meilleurs sentiments ceux qui s'y sont laissé prendre. Comme gage de ce succès, recevez la Bénédiction Apostolique que Nous vous donnons, cher fils, en signe de Notre paternelle bienveillance.

Donné à Rome, à St-Pierre, le 23 octobre 1876.

De Notre Pontificat l'année trente-unième.

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L'auteur fait suivre ce bref de quelques observations remar quables de justesse: "Bien des fois Pie IX a dénoncé le libé"ralisme soi-disant catholique et a mis les fidèles en garde "contre cette erreur séduisante; mais jamais peut-être ses fu"nestes conséquences n'ont été décrites avec plus de soin et "d'étendue que dans le bref que nous publions plus haut. Nos Nobis oblato collegisti; verum ipse eius titulus et quæ in epistola illi adiecta scripsisti satis Nobis ostenderunt, opportunissimun ætati nostræ, perniciosissimo liberalismi errore tam late infectæ, argumentum te pertractandum suscepisse. Quocirca nequimus non laudare propositum tuum, tuæque non ominari lucubrationi, ut quidquid iuxta huiusce Sanctæ Sedis doctrinan voce scriptoque de hoc themate tradidisti plurimos a vulgatissimi erroris insidiis avertat, aut iis iam irretitos ad saniorem mentem reducat. Huiusce fructus interim auspicem excipe Apostolicam Benedictionem, quam paternæ benevo lentiæ Nostræ pignus tibi, Dilecte Fili, peramanter impertimus.

Datum Romæ apud S-Petrum die 23 octobris anno 1876.
Pontificatus Nostri anno tricesimo primo.

PIUS PP. IX.

"lecteurs ne manqueront pas de méditer cet enseignement du "Pasteur suprême de l'Eglise. Ils y trouveront une lumière "et un remède lumière qui les empêchera de choir dans l'er"reur la plus subtile de notre époque, et remède qui guérira ceux qui se seraient laissé séduire.

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"On voudra bien remarquer que le Saint Père dans cette "lettre, comme d'ordinaire dans toutes celles de même nature, ne fait, pour ce qui nous regarde, que louer notre intention, "déclarer qu'en donnant ces leçons sur le libéralisme, nous avons fait une chose très opportune. Il souhaite que tout ce qu'elles contiennent de conforme à la doctrine du Saint-Siége "serve à détourner un grand nombre des embûches de cette erreur si répandue, et à ramener à de meilleurs sentiments "ceux qui s'y sont laissé prendre.....

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"Pour atteindre aussi parfaitement que possible le souhait exprimé dans la lettre du Saint Père, nous avons revu et cor "rigé cette nouvelle édition avec le plus grand soin. De plus, nous avons prié un docteur romain très versé dans ces matiè"res, de l'examiner et d'y faire toutes les corrections qu'il ju"gerait convenables."

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Ces dernières paroles ne nuiront pas à la haute réputation. de savoir de Mgr Pâquet, et le soin qu'il a pris de s'aider des lumières d'un docteur romain, s'il peut inspirer un nouveau motif de confiance à ses lecteurs, n'affaiblira en rien ceux que la science de l'auteur nous fournissait déjà par elle-même.

Nous ne pouvons nous empêcher de reproduire ici l'appréciation de la première édition de cet opuscule, faite par la Civiltà Cattolica. L'auteur nous apprend lui-même que cet article est dû à la plume du R. P. Cardella, longtemps professeur de théologie dogmatique au Collége Romain et qui était, au moment où il le publia, directeur de la savante Revue italienne. Cet article du P. Cardella est à la fois une analyse de l'ouvrage et une thèse, qu'on lira avec le plus grand profit.

Le voici :

Leçons données à l'Université Laval par l'abbé BENJAMIN PAQUET, Docteur en Théologie et Professeur à la Faculté de Théologie.

"La lecture de ce livre, qui nous arrive du Canada, nous a donné le plaisir qu'on éprouve à entendre un écho fidèle et lointain plaisir d'autant plus grand que l'écho est plus loin

tain et plus fidèle. Or, voici que de ce Canada si éloigné, nous vient, dans ces leçons sur le libéralisme, le plus fidèle écho des doctrines romaines; et tandis que c'est pour nous un sujet de grande satisfaction, c'est aussi en même temps le plus bel et le plus désirable éloge que nous puissions donner à l'illustre professeur et à cette université catholique; du reste, il le dit lui-même: "Je n'aurai qu'une ambition, qui est et sera toujours celle de l'Université Laval: être l'écho fidèle de la doctrine romaine."

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et le

Ces leçons sont les cinq dernières d'un cours de droit naturel et des gens. Elles traitent du libéralisme, et, grâce à l'actualité du sujet, elles ont été écoutées par un auditoire nombreux et choisi, honorées, jusqu'à la fin, de la présence de l'archevêque de Québec, et ensuite réclamées pour la presse par un grand nombre de personnes. L'illustre professeur explique tout d'abord ce mot magique de liberté, dont on fait un si grand abus. Après avoir fixé la véritable notion de la liberté, ainsi que son objet, qui ne peut être autre que le bien, il distingue entre la possibilité de faire le mal-possibilité inhérente, non pas à l'essence de la liberté, mais à l'imperfection de l'homme droit de faire le mal, droit qui ne peut exister jamais. Il fait également une distinction entre la liberté fausse, qui est la licence effrénée et l'indépendance de toute loi, et la véritable liberté, sous la loi, qui lui sert de règle, de frein et de bouclier. Après ces notions générales de la liberté, il parle de la liberté politique, sociale et civile, autour de laquelle roulent principalement les erreurs du libéralisme, qui, d'après l'auteur, peut se définir d'une manière générale le système qui réclame la liberté, soit pour l'individu soit pour le gouvernement, de croire, de propager et de protéger l'erreur comme la vérité, la liberté de faire et d'autoriser le mal comme le bien.

Il extrait les principales maximes du libéralisme de quelques propositions condamnées dans le Syllabus; il les explique et les réfute à la lumière des Actes Pontificaux où elles furent d'abord condamnées; il foudroie plus spécialement l'indifférentisme, qui, suivant les paroles autorisées de Grégoire XVI et de Pie IX, est la véritable source du libéralisme religieux. Puis il traite de la tolérance, distinguant exactement entre la tolérance religieuse ou dogmatique, qui est toujours impie et absurde, et la tolérance civile, qui peut quelquefois être licite comme un moindre mal; et, à ce sujet, il fait connaître les devoirs d'un

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