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monieuse. Dans le concile du Vatican, elle proclame l'existence de deux ordres de connaissance, l'un reposant sur la raison naturelle, l'autre sur la foi divine. Elle refuse de croire qu'il puisse y avoir contradiction entre l'un et l'autre, car elle sait que tous deux viennent de Dieu. Elle affirme de plus que chacun d'eux à sa sphère à part, son domaine particulier; et, tout en encourageant la science à établir les faits, ce qui est sa propre fonction, elle lui défend de dépasser ses limites et d'envahir le domaine de la foi. Mais elle proclame hautement que chacune des sciences humaines peut procéder, dans sa sphère respective, d'après ses propres principes et suivre sa propre méthode; et c'est ce qu'elle maintient être au nombre des légitimes libertés de la science. Elle ne lui défend aucune recherche, qu'elle qu'en soit la profondeur; elle n'impose aucune limite à la série de ses expériences; il n'y a point de faits qu'elle refuse d'admettre. Seriez-vous même déroutés par une contradiction apparente, entre ce que l'on est convenu d'appeler une découverte scientifique et les enseignements de la foi, l'Église vous fera voir que cette fausse apparence de contradiction est simplement due soit à un défaut d'intelligence des dogmes de la foi, soit à une interprétation hasardée de ces mêmes dogmes, en dehors de l'esprit de l'Eglise, soit enfin à ce fait qu'une simple hypothèse, reposant sur des preuves insuffisantes, a été témérairement acceptée comme la vérité. Tels sont les principes qui, bien loin d'amoindrir l'esprit scientifique, lui donnent la vie et l'énergie. Tels sont les principes sur lesquels repose une université catholique. En plaçant vos études sous la protection de Rome, vous leur ménagez donc une source constante de force.

Voilà comment, aimée, guidée et fortifiée par un pouvoir protecteur, à la fois fidèle, prudent et puissant, l'Université catholique Laval prendra un rapide essor. Sous l'heureuse influence de ce pouvoir, tout ce que la science a de profond, tout ce que la littérature à d'aimable, tout ce qui fait le domaine du beau et du vrai, deviendra sa propriété, et cela sans craindre les atteintes de l'erreur. Et la sublime culture des intelligences n'y sera. surpassée que par l'éducation qu'elle prodiguera au cœur de ses enfants, à qui elle enseignera à chercher dans la crainte du Seigneur le commencement de la sagesse, et sa plénitude en Celui qui seul recèle, en lui-même, le trésor de toute science.

REVUE EUROPÉENNE

Quoique le télégraphe ne nous ait pas encore fait connaître le chiffre précis de la majorité républicaine, dans les élections. qui ont eu lieu avant-hier dans toute la France, nous en savons assez pour voir que la victoire est restée aux républicains, ou, pour nous exprimer plus correctement, aux adversaires de la politique du maréchal MacMahon et de son cabinet.

Cette victoire n'est cependant pas encore tellement complète, tellement écrasante, que le Président doive se trouver placé dans l'alternative que lui avait si cruellement imposée Gambetta : se démettre ou se soumettre. Il y a eu pour le parti vaincu de certaines compensations: les 363 ne reviennent pas tous, il s'en faut; et parmi ceux qui ne reviendront point est le prince Napoléon Bonaparte, battu par un candidat bonapartiste, le fameux baron Haussman. L'ensemble des élections ne présente l'apparence d'un désastre ni pour l'un, ni pour l'autre parti. Tous les deux sont désappointés dans une certaine mesure; ni l'un ni l'autre n'est complétement écrasé. La majorité est républicaine; mais au fond, si elle eût été bonapartiste, qu'auraient dit et fait les légitimistes? si elle eût été légitimiste, qu'auraient dit et fait les bonapartistes?

Il y a tout lieu d'espérer qu'avec la Chambre qui va se réunir, un ministère, pris dans les centres, pourra se former, soit sous M. Dufaure, soit sous quelque autre conservateur modéré. Quoi qu'on en dise, le Président a bien eu le soin de ne pas se mettre lui-même hors la loi, et dans son manifeste, dans lequel l'Univers eût voulu quelque chose de plus, mais où il ne trouve rien à retrancher, pas même cette phrase, qu'il regarde cependant comme inutile, il dit: "Vous écouterez la parole d'un soldat qui ne sert aucun parti, aucune passion révolutionnaire ou rétrograde, et qui n'est guidé que par l'amour de la patrie." I dit aussi plus haut: "On vous dit que je veux renverser la république. Vous ne le croirez pas. La constitution est confiée à ma garde. Je la ferai respecter."

Ce manifeste du Maréchal était comme une réponse au manifeste posthume de M. Thiers. Dans ces deux documents, il y a

du vrai, et ils ne sont pas aussi éloignés l'un de l'autre qu'on le croirait d'abord. C'est ce qui a frappé le journal catholique de Londres, le Tablet, qui n'admet point que l'on puisse s'inscrire en faux contre la dernière de ces pièces, parce que, dit-il, elle est trop dans le genre et dans les idées de M. Thiers, pour qu'il soit permis de nier sa paternité, et qui, de plus, trouve que le défunt homme d'Etat a très bien signalé les deux écueils contre lesquels la France peut se briser: la démagogie d'un côté et les efforts impuissants et téméraires des partis monarchiques, qui, ne s'entendant pas entre eux, ne peuvent que pousser à l'anarchie. Le Maréchal combat la démagogie, tout en tâchant de séparer sa propre cause de celle de chaque parti dynastique; l'ancien président combattait surtout les partis dynastiques, avec la préoccupation de ne point paraître dominé par la démagogie. L'irrépressible Victor Hugo ne pouvait pas laisser passer ces deux manifestes sans faire le sien. Il vient de le lancer sous la forme d'un nouveau livre, qui a pour titre: "Histoire d'un crime-Déposition d'un témoin," avec cette courte mais très significative préface: "Ce livre est plus qu'actuel, il est urgent, je le publie."

Or le coup d'Etat que M. Victor Hugo trouve urgent de préve nir n'a plus, par le résultat des élections, aucune espèce de raison d'être. Il n'y aurait eu que dans le cas où le Maréchal eût été assez fort pour le pouvoir faire avec succès, ou assez faible pour devoir le risquer à tout prix, qu'on aurait pu redouter un acte que la loyauté et la sagesse du Président ne devaient point, du reste, lui permettre. Le maréchal MacMahon doit tenir à honneur de conduire la France jusqu'à l'époque qu'elle a fixée pour se donner de nouvelles institutions. Par cela, il restera beaucoup plus grand dans l'histoire, que s'il se fût adjugé à lui-même une couronne, ou s'il en eût posé une sur la tête de n'importe quel prétendant.

Ce sont précisément les extravagances de M. Victor Hugo et de la détestable école à la tête de laquelle il s'est placé, qui peuvent rendre un coup d'Etat possible, le légitimer même. Ce sont les sauvages projets, les audacieuses menaces des socialistes et des communards, qui justifient le mot de M. Thiers: "Je veux la république sans les républicains."

Un congrès socialiste qui s'est tenu à Gand et où se trouvait l'écume de la scélératesse internationale, vient de donner la mesure de ce que l'on peut encore attendre de cette lave qui

bouillonne toujours au fond des nouvelles couches sociales. Il y avait là des députés de la France, de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Italie et de l'Angleterre.

Tandis que ses camarades en France faisaient une démonstration politique des funérailles de M. Thiers, un des délégués français à Gand rendait au défunt homme d'Etat, bien involontairement sans doute, un hommage beaucoup plus honorable.

"Par bonheur," a dit le citoyen Robin, "la mort a débarrassé la République d'un individu qu'on appelait M. Thiers, et nous autres, les vrais libéraux, nous sommes heureux de cette mort si attendue et désirée."

Puis, après avoir appelé Marat le plus grand citoyen que la France ait produit, il ajouta: "Le peuple se souvient de 93 et de 48, et les ouvriers, fils de ces grandes journées, se lèveront et continueront l'œuvre interrompue de Marat et des journées de février; ils nivelleront l'ancien monde, ils le détruiront pierre par pierre, et sur ses ruines ils élèveront l'édifice vigoureux de la république démocratique et sociale !"

Hélas! on a vu souvent les ruines; mais d'édifice vigoureux construit sur ces ruines, jamais !

Le député italien qui a parlé des sphères officielles de son pays, où ne domine cependant pas le cléricalisme, comme ne présentant que des vices et des attentats innommables, n'a pas été moins violent ni moins sinistre que le sieur Robin.

Si l'italien a tapé fort sur Victor-Emmanuel, comme le député français avait tapé sur M. Thiers et, par conséquent, sur le citoyen Gambetta, qui s'était mis plus ou moins à la remorque de l'ancien président, M. Van Beveren, le président du congrès, n'a trouvé rien de mieux, pour remercier Léopold II de l'hospitalité qu'il accordait à tous ces aimables gens, que de l'appeler le roi Carton II, et de s'indigner de ce que la guillotine ne se dressait pas encore pour le punir de ses forfaits !

On me dira peut-être que Victor Emmanuel, le citoyen Gambetta et le roi Léopold ne l'ont pas volé; mais c'est raide tout de même. Bismarck, l'ennemi acharné du cléricalisme et du catholicisme, a aussi reçu d'un des socialistes de son pays, le citoyen Liebnecht, un avertissement dont il peut faire son profit. "Le chancelier, a-t-il dit, a humilié la France et a fait Sédan. C'est vrai. Et après? Sa convoitise a remplacé celle de la France sur la scène de l'Europe. Il ne rêve qu'annexions et

oppression de peuples. Mais qu'y a-t-il gagné ? L'ennemi qu'il écrasait s'est établi dans le sein de l'Allemagne même, et en 1871, l'année où les mensonges de la réaction flétrissaient et diffamaient la Commune socialiste, cette année même, l'Allemagne donna aux socialistes 160,000 voix.

"Il est vrai, ajoute l'orateur, que Bismarck nous a persécutés; mais heureusement, en même temps il persécute les ultramontains et ainsi il travaille pour nous. Les ultramontains nous disputaient avec avantage l'esprit du peuple; le chancelier luimême nous délivre de cet ennemi. Aussi on voit le résultat : en 1871 nous obtenions 140,000 voix; en 1877, après quatre ans de lutte civilisatrice contre l'ultramontanisme, nous en recueillons 600,000."

Peut-on mieux proclamer que le catholicisme peut seul résister au socialisme? Oui, on peut le dire plus nettement encore, et c'est un socialiste belge qui s'en est chargé, le citoyen Brismée.

"Pour détruire le capital, a-t-il dit, il est un moyen préliminaire infaillible, mais indispensable: il faut frapper le prêtre, le frapper pour jamais, car le prêtre est un être avec qui on ne raisonne pas, on le supprime."

Ne dirait-on pas des démons que l'on exorcise et que l'on force de rendre témoignage à la vérité? Voici maintenant le bouquet de ce feu d'artifice infernal. C'est aux sociétés bibliques, c'est aux convertisseurs acharnés de ces ignorants papistes à en faire leur part. Le citoyen Ruelig, un des délégués de la Suisse, s'est chargé de leur faire voir où conduit la Bible sans la tradition et l'autorité; son commentaire sur les conséquences du sens privé et de la liberté de conscience illimitée, est des plus pratiques et aussi des plus terribles.

"Le doryphora noir (ce monsieur est probablement entomologiste) ne veut pas que la Bible soit connue du peuple. Pourquoi? Parce que la Bible, qui est un livre socialiste, condamne les richesses des papistes. Mais nous qui possédons la Bible, qui la connaissons, qui la lisons sans y croire, nous sommes mieux instruits. Nous ne voulons que mettre en pratique le socialisme, ou plutôt le communisme: l'Etat, maître de tout, distribuant les fruits de la terre suivant les mérites et la quantité de travail manuel exécuté par chaque citoyen. Qui ne travaille pas ne mangera pas, et nous aurons le plaisir d'assister à l'agonie des prêtres, des bourgeois, des capitalistes, qui,

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