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A la hauteur du Cap Breton, l'Edgar, sur lequel était hissé le pavillon amiral, fut rejoint par le Chester qui mit à son bord le capitaine Paradis. Ce dernier commandait le Neptune de la Rochelle, petit navire de 120 tonneaux, armé de 10 canons, portant 70 hommes, dont trente destinés à la garnison de Québec. Il avait été amariné quelques jours auparavant par le capitaine Matthews. Vieux loup de mer, qui avait fait deux naufrages dans le golfe et en était rendu à son quarantième voyage du Canada, le capitaine Paradis connaissait son Saint-Laurent par cœur, et décidément le ciel semblait se ranger du côté de l'amiral, en jetant sur sa route pareil pilote. Une récompense de cinq cents pistoles-soit deux cent cinquante louis-dont cent pistoles d'arrhes, fut promise au capitaine Paradis, s'il voulait se faire le lamaneur de la flotte; une fois rendu à Québec, le prix du Neptune, devait lui être payé en entier, et sa vieillesse mise à l'abri du besoin.

ignorance or Obstinacy be induced by persons of malignant and turbulent spirits, to resist her Majesty's so good designs, she has thought fit, in Reliance on the Blessing of God upon her so pious and religious Purposes and Endcavors, to send such a strenght as may, by the devine Assistance, be sufficient 10 force a compliance and reduce all opposers to Reason.

And esteeming all the French who are settled in the said Lands and Terriories, under the pretented Title of his most Christian Majesty, to be as much Subjects to the crown of Great Britain, as if born and settled there, or in Ireland, or any other of her Majesty's Colonies, more immediately under her protection...... It is hereby declared that after any hostilities shall be committed, then we think ourselves free from all these premises...... and we shall then have no farther regard than, by the assistance of God, to reduce all that resist by military force trusting in the almighty that he will favour and succeed for Majesty's arms, in so reasonable, just and religious a design.

Walker ajoute à la page 53 de son Journal, que cette proclamation fut soumise au gouverneur Dudley: “he liked it entremely well, declaring himself of opinion that it would be of great use for disposing the minds of Canadians to submit to the British government, where upon we concluded to have it translated into French and printed, in order to have it dispersed amongst the French about Canada.”

FAUCHER DE ST. MAURICE.

(A continuer).

QUELQUES POÈTES ILLETTRÉS DE LOTBINIÈRE

I

Dedans notre canton

Y a des filles, des garçons
Qui veulent se marier;
C'est la pure vérité.
Lorsqu'arrive le soir,
Les garçons vont les voir.
Les filles sont réjouies
En voyant leurs amis,
Elles disent en riant:

Ah! voilà mon amant !

Ainsi chantait, d'une voix forte et légèrement tremblante, au souper qu'il donnait à ses amis, le mardi gras de l'an 1806, le père Lazé Leclerc.

Bien que déjà côtoyant les bords de la cinquantaine, le père Lazé n'en était qu'à ses premiers essais poétiques. Il ne venait que de sortir des ténèbres où sont plongées les âmes qui ne rêvent qu'en prose; et je vous dirai, dans un moment, à quelle occasion. En attendant, écoutez; peut-être entendrez-vous encore un faible écho des applaudissements prolongés qui ac-cueillirent ce couplet; et, encouragé par tant d'enthousiasme, je continuerai avec le vieux chanteur:

Jeunes filles, écoutez :
Vous voulez vous marier;

Mais cet engagement

Vous causera du tourment.

Vous prenez un état
De peine et d'embarras.
Souvent bien du chagrin;
Mais pourtant, à la fin,
Il faut passer par là,
Ça vous amusera.

Le père, je le constate avec plaisir, n'était pas, après tout, trop rigoriste.

Sans plus me laisser troubler par les vivats des vieux compa

gnons de mon troubadour, je continuerai à dire de la façon la plus simple ce qu'il chantait si bien, et voici le troisième couplet:

Tu te maries, ma fille;
Tu laisses ta famille
Et tous les agréments
Avec les jeunes gens.
Faut rester au logis
Avec votre mari;

Faut garder la maison

Sans donner de raison;

Votre époux il faut chèrir,

Et toujours lui obéir.

Vous le voyez, le père Lazé nourrissait des idées assez saines sur les devoirs de la femme.

La coutume voulait alors-et il en est ainsi encore dans plus d'une paroisse-la coutume voulait qu'une jeune femme renonçât à ses amusements de jeune fille, pour devenir sérieuse comme les matrones qui l'entouraient. La fillette d'hier se réveillait avec des idées d'économie domestique qui, certes ! n'avaient jamais auparavant ahuri sa tête éveillée. Elle n'allait plus guère à la soirée, elle ne dansait plus que le menuet, elle ne badinait plus aussi librement avec ses compagnons de la veille; mais elle causait gravement avec les voisines, qui lui donnaient des conseils importants; elle tournait le rouet d'un pied fiévreux; et quelquefois même, elle songeait à tricoter de jolis petits bas de laine rouge ou bleue... selon la passion politique de son cher Jean-Baptiste. Mais revenons à la chanson du père Lazé, et citons le quatrième couplet.

Il parle du mari :

S'il est complaisant,

Vous aurez de l'agrément;

Mais s'il est jaloux;

Vous en aurez pas beaucoup.

Combien y en a-t-il,

De ces méchants maris,

Que tout leur intérêt

Est pour le cabaret,
Qui n'ont aucun souci
De la paix du logis !......

Hélas! ce triste refrain aura toujours de l'actualité. Le père avait raison. Il n'avait pas tort non plus quand il ajoutait:

Mais les femmes parfois

Ont beaucoup trop de voix......
Elles sont mises en vilaines
Pendant toute la semaine ;
Le dimanche venu,

On ne les connaît plus :
Elles ont fleurs et rubans

Et font mille cancans,
Et n'ont aucun soucis
De la paix du logis.

Le père Lazé Leclerc ne connaissait pas mal les femmes de son temps......... et du nôtre, dirais-je, si je voulais risquer ma réputation de galant homme; car s'il revenait au monde un jour de la semaine, c'est-à-dire un jour ouvrable, il prendrait ce jour-là pour le dimanche, supposé qu'il n'eût pour se renseigner que les rubans, les plumes et les cocardes de nos servantes. Il avait un sens droit!

Il avait des idées; et s'il ne les exprimait pas comme aurait pu le faire un rhétoricien, au moins, il paraît qu'il ne les chantait pas trop mal. Il est impossible de faire autre chose que des bouts-rimés et mal rimés, lorsque l'on n'est pas instruit, et que l'on ignore les règles de la prosodie. Mais enfin l'on découvre dans les œuvres de nos poètes illettrés des pensées souvent justes et grandes, une philosophie souvent gaie, plus souvent chrétienne et sévère, de la facilité, et des tournures originales.

C'est l'or en poussière ou mêlé au quartz, qui est resté sans valeur; parce qu'une main habile ne l'a pas recueilli, fondu, passé au creuset, ou ciselé.

Quand Lazé Leclerc composa la chanson que je viens de vous dire, il avait environ cinquante-ans; et comme je vous l'ai dit aussi, il venait de se réveiller poète. C'était un peu tard, mais l'événement qui devait mettre son talent au jour n'avait pas eu lieu plus tôt.-Et vous ne l'ignorez pas, il y a toujours un événement qui nous détermine, souvent à notre insu, à entrer franchement dans la voie où nous sommes appelés.

Le père Lazé devint poète un peu par nécessité, j'oserai dire, à son corps défendant.

Il chantait au lutrin avec Toutit-Jean-Louis. Tous deux chantaient à l'unisson dans l'église; mais, la messe finie, il n'y avait plus d'accord possible entre eux. C'est qu'ils n'étaient pas du même parti. La paroisse était divisée, profondément divisée. On n'y voyait que du feu......et pourtant elle n'était pas tout rouge comme aujourd'hui. Lazé Leclerc était invariablement du parti de son curé. Toutit-Jean-Louis, bien que maître-chantre, ne chantait pas de même. Plusieurs bonnes âmes s'en scandalisaient. Elles étaient convaincues que le Seigneur ne pouvait entendre d'une oreille favorable les chants de ce petit citoyen. Mais le curé n'enveloppait point dans une même réprobation la voix magnifique et les idées émancipatrices du jeune chantre; s'il trouvait celles-ci vilaines, il trouvait celle-là bien belle; s'il tâchait d'imposer silence aux dernières, il écoutait la première avec plaisir. C'était un homme d'esprit que ce curé.

Un dimanche, Toutit-Jean-Louis glissa dans le livre du père Lazé la petite épigramme suivante :

Lazé fait des efforts
Pour hurler au lutrin.
Une fois qu'il est dehors,

Il ne fait pas grand train.

Quand il est dans l'église, il chante la vérité;
Il la dit seulement pas quand il est à côté.

N'est-ce pas que Toutit-Jean-Louis ne tournait pas mal une épigramme? Il faisait aussi des chansons, et surtout des chansons satiriques. Il avait la bosse de la malice considérablement développée. Ce genre de chanson plaît beaucoup ici, parce que sous notre ciel jaloux, on aime à voir déchirer un peu ses amis. Je regrette de n'avoir pas un couplet à citer de ce malin rimeur. Demain, comme il sera trop tard, j'en aurai probablement plusieurs. Toutit est mort jeune. Il s'était marié cependant, et il a laissé, outre ses chansons, trois filles. Son vrai nom était J. Bte. Auger. Il était l'oncle de M. Julien Auger, curé de Rimouski, et d'une légion de neveux.

Il ne se doutait pas, sans doute, qu'un de ses compatriotes parlerait de lui devant un auditoire distingué, un demi-siècle plus tard, car je parie qu'il eût décoché un trait à son adresse. Mais n'oublions pas le père Lazé.

Le dimanche suivant, il arriva àl'église une demi-heure plus

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