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elles remplacèrent le régime colonial. Le principe de l'union de l'Eglise et de l'Etat découle naturellement de l'ordre des choses; il est le complément nécessaire de toute société organisée selon les lois éternelles. Cependant, l'Eglise, pour ne pas être ici protégée par l'État, jouit d'une liberté qu'elle demanderait vainement en Europe. C'est le beau témoignage que l'auguste Pie IX rendait dernièrement au gouvernement de cette République. Pourquoi faut-il qu'en matière d'éducation, l'Etat se soit arrogé un rôle qui est une violation flagrante des droits sacrés de la famille, et une première dérogation à la théorie de tout vrai gouvernement démocratique et chrétien! L'histoire de nos jours, comme celle du passé, prouve donc que l'Eglise s'accommode à toutes les formes de gouvernement. Après avoir été la splendeur la plus pure des empires, elle seule donnera une stabilité permanente aux institutions démocratiques, si toutefois elles sont destinées à prévaloir sur ces vieilles monarchies, qui semblaient avoir leurs racines dans le sol, et même dans le cœur des peuples. Et comment, en effet, celle qui a triomphé de la tyrannie séculaire des Césars et de la force brutale des nations barbares, ne sortirait-elle pas victorieuse de la puissance populaire qui s'attaquerait à ses droits immortels et divins?

Quand on jette un regard sur le passé, on se sent plein de confiance pour l'avenir. Les obstacles les plus redoutables ont été renversés; la sourde opposition des adversaires de la foi a été brisée. Le protestantisme s'en va se divisant et se subdivisant en des milliers de sectes, qui, ici comme ailleurs, finiront par tomber dans les abimes du rationalisme; tandis que l'organisation de l'Église ne peut que se fortifier davantage, préparer, par son admirable unité, le triomphe prochain du catholicisme sur l'hérésie et l'impiété, et assurer en même temps l'avenir des institutions américaines, qui n'ont rien tant à redouter que la division et la discorde civile. Telle est l'impression que l'on ressent et le souhait que l'on forme en étudiant les pages éloquentes que l'évêque de Peoria a consacrées à l'histoire de cette Église dont il est lui-même une des gloires.

M. J. MARSILE, C. St-V.

HISTOIRE D'UNE MORTE

ESSAI PHILOSOPHIQUE

Je me rappelle parfaitement que lorsque j'étais enfant j'entendais des voix ......

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D'où venaient-elles? Elles étaient si harmonieuses et si douces, que je les croyais l'écho de chants séraphiques; car, dès l'âge le plus tendre, ma pensée fut dirigée vers Dieu: ma mère me berçait en me parlant de sa bonté, de son amour pour les petits enfants, et des splendeurs de sa cour, de ses anges, de ses séraphins et de ses chérubins!......

D'autres fois, je pensais que ces voix venaient d'un monde antérieur que j'avais habité, car elles me ravissaient sans me surprendre. Il me semblait qu'elles venaient d'un monde dont j'étais loin dans ce moment, mais que je devais revoir; car, dans ma pensée, c'était la patrie des petits enfants. Mon esprit n'allait pas au delà. Ce que j'éprouvais, c'était comme si j'étais venu du ciel, mais d'un ciel matériel, comme l'éden ou le paradis terrestre, et que j'eusse gardé de ce séjour lumineux un sentiment intime, une sorte de souvenance, certaine mais un peu effacée......

Tout le monde éprouve peut-être cela, ou quelque chose d'analogue.

C'était peut-être une maladie du cerveau, qui m'aurait conduit à la folie par l'extase, si Dieu ne l'avait pas guérie.

C'étaient peut-être les beautés de la nature: l'océan majestueux, les bois odorants et mystérieux, les couchers du soleil dans la mer, les nuages toujours changeants, le chant des oiseaux, les profondeurs bleues et les étoiles du firmament, qui réagissaient sur ma jeune imagination, après avoir frappé mes yeux et surpris mon esprit.

Ou bien, c'était un rapport magnétique, inexplicable mais naturel, un reflet ou une conséquence de l'amour tendre de ma

mère, qui m'inondaient le cœur de félicités ineffables et me remplissaient le cerveau de rêveries délicieuses, que je prenais pour des souvenirs du ciel......

-

Ou bien encore, c'était peut-être mon âme qui s'éveillait à la vie, mon imagination native-venue du Créateur et non de l'étude ou des sciences qu'on enseigne battant des ailes au premier rayon qui venait la réchauffer. Ces pensées étaient peut-être ses premiers efforts, ses premiers pas, ses premiers cris.

Vieux avant l'âge-j'y pense quelquefois aujourd'hui j'ai in terrogé des enfants, pour savoir si eux aussi entendaient des voix. Aucun d'eux ne m'a compris !

Mais pourquoi jeter un regard à des profondeurs insondables? C'est peut-être la sphère immatérielle où la Divinité réside et songe; et quand la créature cesse d'être innocente, son âme devient peut-être aveugle, c'est-à-dire que les avenues du ciel se ferment peut-être devant elle, lui dérobant un monde supérieur que son regard profanerait.

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Nous habitions un vieux château sur le bord de la mer, qu'on appelait "le Veillous."-Ce nom évoque toute une épopée dans les souvenirs du pays, et réveille dans mon cœur bien des regrets. Plusieurs légendes, transmises de génération en géné ration depuis le moyen âge jusqu'à aujourd'hui, sont racontées le soir, à la veillée, par les vieux, et les jeunes apprennent, pour le redire plus tard à leurs petits enfants, combien de gloires et de grandes traditions font comme une couronne à la vieille forteresse, et aussi, pourquoi son nom devint une devise.

Cette sentinelle d'un temps qui n'est plus, drapée dans son manteau de lierre, l'air triste et réfléchi, dominait d'un côté l'océan, de l'autre de grands bois de sapins. Du perron et même du premier étage, le seul que la famille habitât, on eût dit que le soleil ne se levait que pour nous et nos gens, et que les étoiles, lorsque le soir venait, ne s'allumaient au firmament que pour nous éclairer, la nuit. - Mon orgueil et mes rêveries vin rent peut-être de cette solitude grandiose, du bruit des vagues. et de celui des bois, de l'éblouissante clarté des jours et de la sérénité des nuits......

Quoi qu'il en soit, je prêtais une oreille attentive et charmée

à ces bruits mystérieux que j'ai appelés des "voix." J'avais hâte d'aller me coucher, pour me trouver dans l'obscurité et dans le silence, parce que c'était alors que je les entendais. D'autres fois, c'était au fond de la forêt, que je m'étendais sur l'herbe, que je fermais les yeux, et que j'évoquais mes songes... ou mes souvenirs. Ils accouraient, obéissants comme des génies à l'appel de Merlin, et pendant que les horizons reculaient devant ma pensée, que la terre se couvrait de fleurs d'une beauté miraculeuse; pendant que d'immenses portiques s'ouvraient sur un monde plus lointain et qui me paraissait encore plus beau ; tandis que l'atmosphère s'imprégnait pour moi de parfums délicieux et que des flots d'harmonie, roulant dans le vallon, submergeaient les collines et montaient lentement jusqu'à ce qu'ils se perdissent en soupirs mélodieux dans l'éther du ciel; je me sentais transporté, je veux dire ravi à la terre et mollement bercé dans les airs!...

Quand ces sortes d'extases se prolongeaient-et je leur trouvais trop de charmes pour les abréger-on était inquiet au Veillous; on me faisait chercher, et quand ma mère me reprochait doucement mon absence, je m'excusais en lui disant que je m'étais endormi dans les bois. Car, à ma mère elle-même, je n'aurais pas osé dire ce qui, dans ma pensée, était entre Dieu et moi.

Un jour que j'errais dans la forêt, j'eus soif, et je gagnai une source que je connaissais bien, car elle était située dans l'un des endroits les plus pittoresques et les plus sauvages du bois. Elle avait sa légende comme le château. Les paysans en avaient peur, parce que l'eau sortait d'une fente du roc, au fond de laquelle on entendait des bruits... qui ressemblaient à des sanglots. Aussi, était-elle toujours solitaire, et c'était pour cela que je la visitais souvent.

Je me penchais pour boire dans la vasque de granit creusée par la chute de l'eau, quand je vis dans le bassin un autre visage d'enfant se refléter près du mien, au fond de l'eau.

Il me souriait.

J'avais dix ans alors. Cette enfant était de mon âge.

Il m'est impossible d'exprimer combien elle me parut belle, de dire la candeur de son front et la douceur de ses yeux !

*

Nous devinmes inséparables. Elle se prêtait si complaisamment à toutes mes fantaisies, riait si joyeusement, si harmonieusement et si souvent, me suggérait tant d'espiègleries!... Et quand nous avions commis quelque grosse faute, son regard malicieux, qui devenait alors suppliant et doux, avait tant de charme, que ma mère et même mon père étaient désarmés, et n'avaient plus la force de nous gronder; ils m'embrassaient en lui souriant, car c'était toujours Elle qu'ils accusaient de m'avoir entraîné à mal; et comme ce mal n'était jamais bien grand, ils l'accusaient pour m'excuser, mais sans lui en vouloir. Et pendant bien longtemps, les étrangers firent comme ma mère et mon père; car, je vous l'ai dit, son œil était si mutin et si franc, son sourire si naïf et si bon, et son front était si pur, qu'il était impossible de ne pas l'aimer!...

Cependant je grandissais, et nous n'étions plus au temps où fournir un beau coup de lance était la seule affaire d'un gentilhomme. Je dus m'instruire, et elle s'associa à mes travaux; elle y apporta même une assiduité, une sorte d'enthousiasme, qui, par émulation peut-être, me firent si laborieux que je faillis devenir un savant !

Quand, ignorant de la vie, mais sachant tout ce qu'enseignent les livres, nous arrivâmes aux portes du monde; quand nous vîmes cette étonnante cohue, qu'on nomme la société, s'ouvrir devant nous et nous accueillir par un sourire, je me tournai vers elle et lui dis: qu'allons-nous faire?

-Tout ce que tu voudras, me répondit-elle, car je t'appartiens, et tu as dû t'apercevoir que j'étais un peu... fée ! Demande-moi donc tout ce que du désires et je te le procurerai. Veux-tu la couronne de myrte du poëte ou la couronne de laurier du soldat? Veux-tu être législateur ou justicier? Veux-tu posséder le jardin d'Horace et remplir tes ruches du miel que distillent les abeilles de l'Hymette? Veux-tu mêler ta voix au concert des oiseaux, au murmure de la scurce, au cantique de toute la nature ou à l'hymne des séraphins pour louer le TrèsHaut? Veux-tu les grandes luttes d'Augustin, les triomphes de Cicéron ou la sagesse de Platon? Choisis... Toutes les voies te

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